Assoles: a Theory
(V.F. Trous de cul, une théorie)
Réalisateur /
producteur : John Walker, Canada, 2019, 81 minutes
Coproduction
/ distribution : Office national du film
Au Cinéma du
Parc les 25, 26, 27, 28 novembre; projection spéciale le 30, suivie d’une
période de questions-réponses avec le réalisateur John Walker, en anglais
Seulement cinq
représentations à Montréal. Dommage, c’est très peu; tous les Québécois
devraient le voir. L’humour est
un désinfectant, un outil pédagogique très efficace. Les tyrans sont incapables
d’humour; pourtant leurs comportements sont des sources intarissables de
dérision – demandez aux caricaturistes!
Illustration:
Steve Cutts, «The Rat Trap»
«Comptez sur John Walker
pour plonger dans le vif du sujet […] beaucoup d’humour et aussi quelques bons
coups de pied au derrière.»
(Toronto Star)
«Un documentaire unique
et décalé, franchement humoristique.» (Cinema Axis)
Résumé : Le déferlement de hargne dans les médias sociaux, la montée de l’autoritarisme et le narcissisme endémique menacent de faire chavirer la civilisation telle qu’on la connaît.
Pourquoi certains milieux sont-ils si propices à l’épanouissement des trous du cul? Qu’est-ce qui explique l’attrait pervers que ces derniers exercent? Et, surtout, comment se fait-il que nous continuions à les élire?
Résumé : Le déferlement de hargne dans les médias sociaux, la montée de l’autoritarisme et le narcissisme endémique menacent de faire chavirer la civilisation telle qu’on la connaît.
Pourquoi certains milieux sont-ils si propices à l’épanouissement des trous du cul? Qu’est-ce qui explique l’attrait pervers que ces derniers exercent? Et, surtout, comment se fait-il que nous continuions à les élire?
Trous
de cul, une théorie enquête sur le terreau de la «culture du trou du cul»
et repère des signes de civilité dans un univers par ailleurs grossier et
méchant. S’aventurant en territoire majoritairement masculin, Walker visite les
clubs d’étudiants de l’Ivy League, la présomptueuse principauté de la Silicon
Valley et les marchés baissiers de la finance internationale.
Le film s’accompagne d’un commentaire vivant
livré par des personnalités comme l’acteur John Cleese; l’ancienne
policière de la GRC Sherry Lee Benson-Podolchuk; et le militant LGBTQ italien
Vladimir Luxuria, célèbre pour avoir croisé le fer avec Silvio Berlusconi,
l’archétype du démagogue-peloteur du 21e siècle.
~~~
A conversation with John Walker
Highlights
“On our birthdays, we have a sense of entitlement.
It's our day. I want to have my cake and eat it too and all your family and
friends buy into this because they're going to have their day in the sun,
right? For the asshole, it's his birthday every day.”
“I think that
as you get older, you get a little bit more, a little more compassionate. I
think when I was a kid I was, you know, a teenager, younger, you know, you're,
you're much more likely to make some asshole moves.”
“Bullying is
asshole behavior, and uh, you know, if you don't do anything about it, it's
going to make you internally very angry.”
“My first
motivation for the film was to give her (my daughter) the tools to avoid
assholes, know how to deal with assholes, and don't work for an asshole, and
give the tools, so this film is really an activist film.”
“I do think an
asshole-free environment in cooperative things is a much better environment,
and yes, ultimately, as a big statement, the world would be better without
assholes, but we're not going to get rid of them all, that's for sure.”
~~~
(1) Le TDAH fut
inclus au DSM-IV (bible des troubles psychologiques) en 1994, et certains médicaments semblent apporter
quelque soulagement. Le trouble de la personnalité narcissique (TDC pour «trou
de cul» dans mon jargon) fut inclus au DSM autour de 2005;
malheureusement le traitement médicamenteux est fréquemment sans effet. Alors,
il faut apprendre à les détecter pour s’en protéger car en effet nous n’arriverons
jamais à nous en débarrasser totalement.
Deux ouvrages
pour mieux comprendre comment fonctionnent ces «trous de cul» qui mènent notre
monde.
Les Narcisse
Ils ont pris le pouvoir
Marie-France
HIRIGOYEN
Éditions La
Découverte 2019
Narcisse
pathologiques mégalomanes, prêts à tout pour réussir, Narcisse vulnérables,
hypersensibles à la critique, dissimulant leur désir de toute-puissance
derrière une façade d’humilité, les Narcisse sont de tous les fronts et font
recette. Pour s’en prémunir, il faut pouvoir les reconnaître :
Marie-France Hirigoyen propose ici une grille de lecture explicite et
salutaire.
Dans un monde toujours plus compétitif, les
Narcisse ont pris le pouvoir. Notre société de performance et de consommation
pousse les individus à se centrer toujours plus sur eux-mêmes, renforçant leurs
traits narcissiques et sélectionnant les plus ostensibles pour les plus hauts
postes. Comme Narcisse contemplant son reflet dans l’étang, de plus en plus de
personnes, accros à leurs écrans et aux réseaux sociaux, n’existent que dans le
regard de l’autre.
Face à cette narcissisation de notre
société, certains peuvent avoir le sentiment de perdre leurs repères et leur
identité. Ils souffrent d’une chute de l’estime de soi, se sentent méprisés par
l’exercice abusif des pouvoirs. Le repli sur soi, les addictions, les
comportements discriminatoires, le refus de l’autre deviennent alors leurs
mécanismes de défense.
Partant de sa clinique, Marie-France
Hirigoyen pointe la confusion entre le narcissisme sain, qui permet d’avoir
suffisamment confiance en soi pour s’affirmer, et le narcissisme pathologique
consistant à se mettre en avant aux dépens des autres. Elle invite à mieux
comprendre ce qu’est cette pathologie afin d’en repérer les dérives et de
contrer l’ascension des Narcisse tout-puissants. Un projet indispensable pour
notre avenir commun.
Tiré de
l’introduction (disponible sur le site des éditeurs) :
Dans un monde
de plus en plus complexe et compétitif, en politique, dans les affaires ou dans
la communication, les Narcisse sont désormais au premier plan. Ces hommes (plus
rarement ces femmes), séducteurs, dominants, affichant haut et fort leur
supériorité, occupent en grand nombre les plus hauts postes. [...]
Pour illustrer notre propos et décrire
précisément les différents symptômes qui le caractérisent, nous analyserons le
cas de Donald Trump, puisqu’il semble en être un exemple flagrant et qu’en
accédant aux plus hautes fonctions, il réalise le rêve de tout Narcisse
(chapitre 1*). Sa vantardise, son comportement extraverti, son manque complet
d’inhibition et d’empathie en font un cas d’école, qui nous donne à voir tous
les critères définissant le «narcissisme grandiose». Complètement décomplexé,
il n’hésite pas à dire n’importe quoi pour faire son autopromotion. La
dimension la plus visible de son narcissisme est l’arrogance, une très haute
opinion de lui-même, un égocentrisme rare et une absence complète de honte.
Pourtant, nous verrons que son cas n’est pas aussi simple et cela nous amènera
à nous interroger sur la place du narcissisme chez les dirigeants et dans les
sociétés actuelles, au Nord comme au Sud de la planète. L’arrivée d’un Narcisse
à la présidence des États-Unis ne serait-elle pas le reflet, certes
caricatural, des dérives de notre monde moderne où de plus en plus d’individus
sont centrés sur eux-mêmes, «accros» aux réseaux sociaux et se mettant sans
cesse an avant afin de démontrer qu’ils sont les meilleurs? [...]
Les conséquences de l’envahissement par le
narcissisme se voient partout (chapitre 7). Pour «réussir» professionnellement
ou dans sa vie privée, il faut se mettre en avant, se valoriser. Cela apparaît
de façon évidente sur les réseaux sociaux et dans les émissions de téléréalité où
on peine à réguler les dérapages, mais aussi dans les familles où les couples
sont de plus en plus éphémères, et bien sûr sur les lieux de travail, où on
constate de plus en plus de pression et de souffrance psychique liée au
harcèlement moral ou au burn out. Il est incontestable que ces
nouvelles normes de société centrées sur l’apparence facilitent le mensonge et
les tricheries, car chacun doit faire sa promotion, même si c’est en déformant
la vérité. Partout on voit des dérives de comportement qui ne sont plus cadrées
par des repères moraux.
On essaiera de comprendre pourquoi on
retrouve fréquemment des narcissiques aux postes de direction des grandes
entreprises et parmi les hommes politiques (chapitre 8). Il est clair que leur
désir de pouvoir, leur capacité de séduction et leur art de la manipulation les
font apparaître comme des leaders charismatiques. Nous savons aussi que le
narcissisme pathologique favorise les prises de risque, la recherche du profit
à court terme et est à l’origine d’un certain nombre d’incivilités et d’actes
de corruption; pourtant nous continuons à placer des Narcisse à la tête des
États et des grandes entreprises. [...]
Dans un monde mené par des Narcisse tout-puissants,
on ne peut que s’inquiéter. Quelques Narcisse ont été démasqués, bien moins en
raison des conséquences humaines de leurs dérapages que parce que leur réussite
est illusoire et rarement à long terme. Apprenons à les repérer afin de stopper
leur ascension. [...]
* Chapitre 1
– Le narcissisme pathologique de Donald Trump
Diagnostic clinique : Trump coche
toutes les cases
Les neuf critères du «trouble de la
personnalité narcissique»
Les autres diagnostics évoqués
Aux origines du narcissisme pathologique
de Trump
Les fragilités du président
L’impératif de masquer son incompétence
Sa communication et ses atouts
Pourquoi il ne changera pas : il
est le miroir d’une société
Le harcèlement moral
La violence
perverse au quotidien
Marie-France
HIRIGOYEN
Éditions La Découverte
Il est
possible de détruire quelqu'un juste avec des mots, des regards, des
sous-entendus : cela se nomme violence perverse ou harcèlement moral. Dans ce
livre nourri de nombreux témoignages, l'auteur analyse la spécificité de la
relation perverse et met en garde contre toute tentative de banalisation. Elle
nous montre qu'un même processus mortifère est à l'œuvre, qu'il s'agisse d'un
couple, d'une famille ou d'une entreprise, entraînant les victimes dans une
spirale dépressive, voire suicidaire. Ces violences insidieuses découlent d'une
même volonté de se débarrasser de quelqu'un sans se salir les mains. Car le
propre du pervers est d'avancer masqué. C'est cette imposture qu'il faut
dévoiler pour permettre à la victime de retrouver ses repères et de se
soustraire à l'emprise de son agresseur. S'appuyant sur son expérience
clinique, l'auteur se place en effet, en tant que victimologue, du côté des personnes
agressées pour que le harcèlement qu'elles subissent quotidiennement soit pris
en compte et nommé pour ce qu'il est : un véritable meurtre psychique. Le sujet
du harcèlement moral reste largement inédit en France. D'où l'intérêt de ce
livre remarquablement documenté, qui est aussi un guide pratique pour les
victimes ou ceux qui veulent les aider (choix de la thérapie la mieux adaptée,
étapes à court et long terme vers la guérison...) et pour les professionnels
auxquels il propose une approche nouvelle. Mais plus largement, par son style
clair et vivant, il intéressera tous ceux qui ne souhaitent pas rester
indifférents face à ce problème de société.
Extrait de la
conclusion (exemplaire Pocket 1998) :
[...] L’imagination
humaine est sans limites quand il s’agit de tuer chez l’autre la bonne image
qu’il a de lui-même; on masque ainsi ses propres faiblesses et on se met en
position de supériorité. C’est la société tout entière qui est concernée dès
qu’il est question de pouvoir. De tout temps, il y a eu des êtres dépourvus de
scrupules, calculateurs, manipulateurs pour qui la fin justifiait les moyens,
mais la multiplication actuelle des actes de perversité dans les familles et
dans les entreprises est un indicateur de l’individualisme qui domine dans notre
société. Dans un système qui fonctionne sur la loi du plus fort, du plus malin,
les pervers sont rois. Quand la réussite est la principale valeur, l’honnêteté
paraît faiblesse et la perversité prend un air de débrouillardise.
Sous prétexte de tolérance, les sociétés
occidentales renoncent peu à peu à leurs propres interdits. Mais, à trop
accepter, comme le font les victimes des pervers narcissiques, elles laissent
se développer en leur sein des fonctionnements pervers. De nombreux dirigeants ou hommes politiques, qui sont pourtant en
position de modèles pour les jeunes, ne s’embarrassent pas de morale pour
liquider un rival ou se maintenir au pouvoir. Certains abusent de leurs
prorogatives, usent de pressions psychologiques, de la raison d’État ou du «secret défense» pour protéger leur vie
privée. D’autres s’enrichissent grâce à une délinquance astucieuse faite d’abus
de biens sociaux, d’escroqueries ou de fraude fiscale. La corruption est
devenue monnaie courante. Or, il suffit d’un ou de plusieurs individus
pervers dans un groupe, dans une entreprise ou dans un gouvernement pour que le
système tout entier devienne pervers. Si
cette perversion n’est pas dénoncée, elle se répand de façon souterraine par
l’intimidation, la peur, la manipulation. En effet, pour ligoter
psychologiquement quelqu’un, il suffit de l’entraîner dans des mensonges ou des
compromissions qui le rendront complice du processus pervers. C’est la base
elle-même du fonctionnement de la mafia ou des régimes totalitaires. Que ce
soit dans les familles, les entreprises ou les États, les personnes
narcissiques s’arrangent pour porter au crédit des autres le désastre qu’ils
déclenchent, afin de se poser en sauveurs et de prendre ainsi le pouvoir. Il
leur suffit ensuite de ne pas s’embarrasser de scrupules pour s’y maintenir.
L’histoire nous a montré de ces hommes qui refusent de reconnaître leurs
erreurs, n’assument pas leurs responsabilités, manient la falsification et
manipulent la réalité afin de gommer les traces de leurs méfaits.
Au-delà de la question individuelle du
harcèlement moral, ce sont des questions plus générales qui se posent à nous.
Comment rétablir le respect entre les individus? Quelles sont les limites à
mettre à notre tolérance? Si les individus ne stoppent pas seuls ces processus
destructeurs, ce sera à la société d’intervenir en légiférant. Récemment un
projet de loi a été déposé, se proposant d’instituer un délit de bizutage,
réprimant tout acte dégradant et humiliant en milieu scolaire et
socio-éducatif. Si nous ne voulons pas que nos relations humaines soient
complètement réglementées par des lois, il est essentiel de faire acte de
prévention auprès des enfants.
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