Explosion
garantie. Peut-être qu’il ne sait pas lire...
Réflexions lucides sur l’argent, le pouvoir, la politique et la guerre.
POUVOIR
«Après
le temps des rois est venu celui des individus. Du point de vue des
connecteurs, un président élu au suffrage universel ne diffère guère d'un roi,
sinon qu'une assemblée législative pondère sa toute-puissance. Ce pouvoir à
deux têtes peut être considéré comme une oligarchie, plusieurs personnes exerçant
ensemble l'autorité royale, ou comme un jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs
qui se neutralisent. Aucune de ces deux perspectives n'est réjouissante. La
seconde, synonyme d'impuissance, est caractéristique de la plupart des
démocraties.» ~ Thierry Crouzet (Le
peuple des connecteurs, p.48, Bourin éditeur, 2006)
«Après
avoir sapé et jeté à bas l'odieuse tyrannie implantée pendant des siècles sous
la férule des rois, des empereurs, des princes et autres noblaillons dont
l'arbitraire se revendiquait du bon plaisir de Dieu, c'est le libre-échange et son idéologie libérale, inspiratrice des
droits de l'homme, qui, deux siècles
plus tard, s'érigeront en pouvoir absolu,
réduisant la circulation des personnes à une circulation de marchandises.
Le pouvoir de l'argent et l'argent du
pouvoir ont toujours été inséparables. La folie de l'argent et le pouvoir fou
vont de pair, fouaillés par l'avidité ascétique et les plaisirs réduits aux
déjections de la carence affective.» ~ Raoul Vaneigem (Pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante, Rivages
poche n°480)
«De toutes les activités humaines, le
pouvoir est celle où l'on voit le plus de personnes médiocres accomplir
d'éclatantes carrières. Cela tient de ce qu'il existe dans la société un
certain nombre de fonctions de gouvernement qui doivent être tenues
continûment, et qu'il ne se trouve pas toujours assez d'hommes supérieurs pour
les occuper.» ~ Maurice Druon (Le pouvoir,
p.61, Hachette (Notes et maximes), 1964)
«Pour
maintenir l'humain à son niveau le plus bas, là où il ne risque pas de faire
des vagues, rien ne vaut une organisation structurée avec des niveaux de
pouvoir et des pions disciplinés capables de les exercer.» ~ Georges Picard (Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours
avoir raison, p.17, José Corti, 1999)
Dictature : pouvoir absolu d'un seul.
Démocratie : pouvoir absolu de
quelques-uns.
~ Paul
Carvel (Sel d'esprit, Laetoli, 2005)
«Ce qui est redoutable [...] c'est un pouvoir illimité commandé par un
esprit borné. Il n'est pas de violence ni de crime qu'il ne faille craindre
de mains vigoureuses au service d'une tête faible.» ~ Michel Tournier (Gilles
& Jeanne, p.91, Folio n° 1707)
«Le
pouvoir n'est pas un moyen, il est une fin. On n'établit pas une dictature pour
sauvegarder une révolution. On fait une révolution pour établir une dictature.
La persécution a pour objet la persécution. La torture a pour objet la torture.
Le pouvoir a pour objet le pouvoir.» ~ George Orwell (1984, Folio n° 177, trad. Amélie Audiberti, p.372)
«Le
pouvoir des choses sur l'homme est plus propre que le pouvoir d'un homme sur un
autre homme.» ~ Louis Pauwels (Blumroch l'admirable, Éd. Gallimard, p.
175)
POLITIQUE
«[...]
Monsieur Neandertal, avec trente
grognements signifiants, dix consonnes et trois voyelles, pourrait aujourd'hui
faire une carrière politique.» ~ Boris Cyrulnik (L'Ensorcellement du monde, p.64, Odile Jacob n°67)
«Campagne électorale : Hostilités portées sur la place publique
par les partis politiques, et menées avec les armes conventionnelles du
mensonge, du vol, de la haine, du préjugé, du fanatisme, de la calomnie, de la
bassesse et de la canaillerie. La lutte se termine ordinairement par la
victoire du parti qui a su faire le plus éclatant usage de ces vertus
démocratiques.» ~ Albert Brie (Le mot du
silencieux, p.227, Fides, 1978)
«La
politique, c'est l'écume sale sur la surface de la rivière, alors qu'en fait la
vie de la rivière s'accomplit à une bien plus grande profondeur.» ~ Milan
Kundera (La valse aux adieux, trad.
François Kérel, p.159, Folio n°1043)
«Il
existe deux types de travail : le premier consiste à déplacer une certaine
quantité de matière se trouvant à la surface de la terre, ou dans le sol même;
le second, à dire à quelqu'un d'autre de le faire. Le premier type de travail
est désagréable et mal payé; le second est agréable et très bien payé. Le
second type de travail peut s'étendre de façon illimitée : il y a non seulement
ceux qui donnent des ordres, mais aussi ceux qui donnent des conseils sur le
genre d'ordres à donner. Normalement, deux sortes de conseils sont données
simultanément par deux groupes organisés : c'est ce qu'on appelle la politique.
Il n'est pas nécessaire pour accomplir ce type de travail de posséder des
connaissances dans le domaine où l'on dispense des conseils : ce qu'il faut par
contre, c'est maîtriser l'art de persuader par la parole et par l'écrit,
c'est-à-dire l'art de la publicité.» ~ Bertrand Russell (Éloge de l'oisiveté, trad. Michel Parmentier, p.11, Éditions Allia,
2002)
«C'était
une des rares choses qui l'intéressaient encore. Trahir sans être découvert. Répandre des leurres et des illusions. Ses
nombreuses années d'activité politique l'avaient convaincu que la seule chose
qui subsiste est le mensonge. La vérité habillée en mensonge, ou le
mensonge déguisé en vérité.» ~ Henning Mankell (Le Guerrier solitaire, trad. Christofer Bjurström, p.29, Point
P792)
«La
politique est un chapitre de la météorologie. La météorologie est la science
des courants d'air.» ~ Édouard Herriot (Notes
et Maximes, p.25, Hachette, 1961)
«Ministre : gouvernant qui croit pouvoir
utiliser les technocrates, comme le marin, les vents; quelles que soient leur
direction ou leur force. De là vient qu'il louvoie ou qu'il échoue plus souvent
qu'il n'arrive à bon port.» ~ Georges Elgozy (L'esprit des mots ou l'antidictionnaire, p.118, Denoël, 1981)
GUERRE
«On appelle fin du monde le jour où le monde
se montre juste ce qu'il est : explosible, submersible, combustible, comme on
appelle guerre le jour où l'âme humaine se donne à sa nature. Nous vivons avec
le feu qui brûle, l'eau qui noie, le gaz qui étouffe. Nous vivons avec la
haine, la bêtise. Ce sont nos risques.» ~ Jean Giraudoux (Sodome
et Gomorrhe, p.97, Grasset)
«Par le fait qu'une mère m'a mis au monde,
je suis fautif, je suis condamné à vivre, je dois appartenir à un État, être
soldat, tuer, payer des impôts pour des armements. Et, en ce moment, la
faute de la vie m'a amené de nouveau, comme jadis en temps de guerre, au devoir
de tuer. Mais, cette fois, je ne tue pas à contrecoeur, je prends conscience de
la faute, et, si ce monde stupide et abruti vole en miettes, je ne proteste
pas, je fais de mon mieux pour l'y aider et je péris volontiers avec.» ~ Hermann
Hesse (Le loup des steppes, Livre de
Poche n° 2008)
«La
guerre est beaucoup plus qu'agression et conquête, c'est une suspension des
contrôles de ‘civilisation’, un déchaînement des forces de destruction. Et
quand s'opposent, dans le jeu de la vie et de mort, non seulement des intérêts
et des fureurs, mais aussi le sens de ce qui est sacré et maudit, de ce qui est
juste et de ce qui est vrai, lorsque les dieux combattent avec les armées, le
déferlement va jusqu'au génocide.» ~ Edgar Morin (Le paradigme perdu, p.202, Points n°109)
«Les
guerres sont comme les feux de broussailles, si on n'y prend garde, elles se
mondialisent.» ~ Daniel Pennac (La fée carabine, Folio n°2043, p. 162)
«La guerre est, au sens le plus strict, la
sanctification de l'homicide.» ~ Miguel de Unamuno (Le
sentiment tragique de la vie, trad. Marcel Faure-Beaulieu, p.322,
Idées/Gallimard n°68)
«Quand les riches se font la guerre, ce sont
les pauvres qui meurent.» ~ Jean-Paul Sartre (Le diable et le bon dieu, p.23, Folio n° 52)
«[...]
quand on invoque Dieu pour résoudre un problème d'immobilier, autant dire qu'on
prépare la guerre.» ~ Boris Cyrulnik (L'Ensorcellement
du monde, p.221, Odile Jacob n°67)
«La
guerre... Peut-être les peuples ont-ils besoin de ces cauchemars. Ils saccagent
ce qu'ils ont mis des siècles à construire. On détruit ce que l'on interdisait.
On favorise ce que jadis on condamnait. La
guerre, c'est une grande main qui balaie le monde. C'est le lieu où triomphe le
médiocre, le criminel reçoit l'auréole du saint, on se prosterne devant lui, on
l'acclame, on l'adule. Faut-il donc que la vie paraisse aux hommes d'une si
lugubre monotonie pour qu'ils désirent ainsi le massacre et la ruine? Je les ai
vus bondir au bord du gouffre, cheminer sur son arête et regarder avec
fascination l'horreur du vide dans lequel s'agitaient les plus viles passions.
Détruire! Violer! Égorger!» ~ Philippe Claudel (Le rapport de Brodeck, p.174, Stock, 2007)
«Les
assassinats, ces meurtres individuels, les exécutions, ces meurtres sociaux,
les guerres, ces meurtres internationaux, ne seraient-ils pas pour l'Humanité
une sorte d'expiation d'ailleurs insuffisante du massacre qu'elle fait de tant
d'animaux innocents ? Oui, il semble que l'Humanité venge sur elle-même
les pauvres bêtes.» ~ Edmond Thiaudière (La Proie du Néant Notes d'un pessimiste, p.78, Paul Ollendorff,
1886)
«La
guerre est la projection spectaculaire et sanglante de notre vie quotidienne.
C'est un précipité de nos vies de tous les jours. Et sans une transformation de
nous-mêmes, il y aura forcément toujours des antagonismes nationaux et raciaux,
de puériles querelles idéologiques, une multiplication de soldats, les saluts
aux drapeaux et les brutalités sans nombre qui concourent à créer le meurtre
organisé.» ~ Jiddu Krishnamurti (De
l'Éducation, trad. Carlo Suarès, p.76, Delachaux et Niestlé, 1965)
«La
guerre a prouvé tout ce qu'on peut obtenir des hommes en flattant ce qu'il y a
de meilleur en eux : le sentiment du devoir, l'esprit de dévouement et de
sacrifice, la conviction qu'ils luttent pour une grande cause... Que
n'obtiendrait-on pas d'eux, si ces mêmes passions étaient dirigées, non plus
vers l'oeuvre de mort, non plus vers la destruction, mais vers la création?» ~ Paul
Brulat (Pensées, p.20, E. Figuière
éd., 1919)
Source
des citations : Au fil de mes
lectures
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