La justice, c’est l’appréciation, la reconnaissance
et le respect des droits et du mérite de chacun (Petit Robert). Quand j’ai pris connaissance (sur le tard) de ce qu’on
avait fait aux Autochtones, j’ai été outrée – horrifiée est plus approprié.
Même chose quand j’ai entendu parler des prêtres pédophiles qui s’adonnaient à cette
pratique non seulement dans les pensionnats autochtones mais aussi dans ce
qu’on appelait les «écoles de réforme» réservées aux orphelins et en d'autres institutions cléricales. Quelle édifiante civilisation
judéo-chrétienne!
Pensionnat autochtone
Je comprends que les Premières Nations n’aient pas
envie de fêter le 150e du Canada, car ce faisant on célébre
l'assise de la monarchie constitutionnelle d'un océan à l'autre qui, d'une certaine manière, légitima le génocide de leur peuple. Habituellement cette fête entend surtout glorifier l’histoire
des Canadiens d’origine européenne.
À ce sujet, je vous invite à écouter les panelistes
de l’émission Aujourd’hui l’histoire :
Le Canada,
une histoire de relation trouble avec les Autochtones Dépossédés de leurs terres et brimés dans leur
identité, les premiers habitants du pays ont connu une histoire tumultueuse et
douloureuse. Pour discuter des relations du Canada avec ses populations
autochtones, racontant les pensionnats autochtones, le déplacement de familles
inuites vers le cercle polaire et la mythique bataille de Batoche, Jacques
Beauchamp reçoit Brian Gettler, professeur d’histoire à l’Université de
Toronto, Marquise Lepage, réalisatrice,
productrice et scénariste, et Serge Bouchard, anthropologue, écrivain et
animateur de radio. (...)
M. Trudeau n’a pas donné aux nations autochtones
de l’Ouest le cadeau le plus précieux qu’il aurait pu leur offrir :
stopper le projet Trans Mountain de
Kinder Morgan. Au contraire, il le soutient avec vigueur, parfois même avec
véhémence quand on s’y oppose. Or ce faisant, il nuit au Canada tout entier car
cela augmentera la production de sables bitumineux. Pourquoi le Canada a-t-il
signé l’accord de Paris? Pour créer une image de «bonne volonté»? Ce n’était
pas la peine.
Unsettling 150 June
29 2017
In
honour of Art Manuel and the integrity with which he always began with the land
and honoured the grassroots people, the #Unsettling150 crew are proud to launch
this video filled with Art's words, read by his daughter Kanahus Manuel, to
launch the final lead-up to the national day of action, education, and
reflection.
Les combats pour la suprématie et la sécurisation
des territoires conquis ont forgé l’histoire de la terre. Chaque nation attend
patiemment son tour… Aujourd’hui, des méthodes un peu plus «raffinées» se sont
ajoutées aux autres techniques d’invasion. Il suffit de provoquer un trouble
quelconque d’ordre économique, écologique ou idéologique, ou encore
d’introduire des drogues, des maladies, etc., et d’installer des bases
militaires pour assurer une protection territoriale, non pas des populations
locales mais des ressources qu’on vole.
Ensuite, on envoie une armada de «colons»...
Notre vernis socioculturel ou religieux ainsi que
notre arsenal de combat plus sophistiqué ne changent rien à la dynamique de la
préséance. Toujours le même scénario d’une pièce de théâtre de mauvais goût
qu’on joue depuis des éons.
Y a-t-il encore des gens assez naïfs pour croire
aux négociations diplomatiques internationales, aux accords de libre-échange équitable, à la réduction de la
production et de l’usage des énergies fossiles?
En lisant des titres comme «100 000 civils
pris au piège à Raqqa, en Syrie» on se dit : quelle civilisation de
paranoïaques! La série Homeland a souvent été décrite comme un instrument de
propagande anti-islamique. J’ai trouvé qu’elle était tout autant
antiaméricaine, anti-israélienne, antirusse et anti-européenne. Les
personnages sont antisociaux, pervers-narcissiques, paranoïaques et psychopathiques, ce sont des
criminels notoires, des mercenaires, des agents-double, des traitres et des faux-jetons d'origines et d'allégeances diverses qui luttent
pour le pouvoir et l’argent, même à l’intérieur de leurs propres organisations. Il appartient à chacun d'en juger. Il va sans dire que la démocratie prend une méchante claque quand au nom de la lutte antiterroriste, la bonne vieille raison d'État peut suspendre l'état de droit et autoriser l'exception.
«Les hommes
d’État inventeront des mensonges bon marché et blâmeront la nation assiégée; et
chacun apaisera sa conscience avec ces faussetés, les étudiera diligemment et
refusera d'examiner toute contestation. Ainsi l’on se convaincra bientôt que la
guerre est justifiable, et l’on remerciera Dieu de pouvoir dormir en paix grâce
à ce grotesque processus d’aveuglement.» ~
Mark Twain, Chronicle of Young Satan
“We
will force you to be free (The Trap).
We live in a time of great uncertainty and confusion. Events keep happening
that seem inexplicable and out of control. Donald Trump, Brexit, the War in
Syria, the endless migrant crisis, random bomb attacks. And those who are
supposed to be in power are paralysed – they have no idea what to do” (HyperNormalisation). ~ Adam Curtis, réalisateur
britannique, BBC
Les humains poursuivent donc leur course vers
l’extinction – c’est à qui tuera le plus de monde le plus rapidement possible,
non stop. Je reviens donc à cette brillante idée, soit rassembler tous ceux qui
aiment dominer, voler, se battre, tuer, violer, torturer, museler, et j’en
passe – oui, offrons-leur un immense champ de bataille isolé, dépourvu de toute
vie humaine et animale, et laissons-les s’entretuer à mains nues, sans aucune
armes. Le dernier survivant sera le grand vainqueur de la compétition. Pendant
ce temps-là (ça risque d’être très long) nous pourrons vivre en paix et restaurer
la terre.
En tout cas, si Dieu existe, il doit se mordre les
doigts d’avoir confié l’évolution de la planète terre à des sous-traitants aussi
abjects que les humains.
«L’humanité a essayé plusieurs choses pour se
sauver. Premièrement on a pensé que la religion nous sauverait. Ça n’a pas
marché. Ensuite on est passé aux armements – le plus fort l’emporterait et
sauverait l’humanité. Ensuite l’économie et la finance sont devenues la
nouvelle religion. Mais je pense qu’en bout de ligne, c’est la collaboration,
la coopération et la solidarité qui va nous sauver, et ça, il est temps qu’on
le comprenne.» ~ Jean-Martin
Aussant (La nature selon Boucar, ICI
Radio-Canada Première, 24 juin 2017)
Bien sûr, cette course folle à l’extinction inclut
la destruction de l’environnement.
Que d’inventions toxiques et mortelles et d’objets
futiles ont vu le jour, plus encore depuis le début des Trente Glorieuses. Les
centres de recyclage, les dépotoirs et les sites d’enfouissement ne suffisent
plus.
Immersion
de déchets en mer
Environnement Canada délivre des permis
d'immersion en mer de déblais de terre, de déblais de dragage de voies
navigables, de déchets de poisson, de navires désaffectés et de matières
organiques. Chaque permis fait l'objet d'un examen technique et d'un avis
public. On ne délivre pas de permis s'il existe une solution de rechange
pratique à l'immersion en mer. Entre
avril 2000 et mars 2011, 1 026 permis
d'immersion en mer ont été délivrés au Canada portant sur 43 380 716 tonnes de
déchets. Environ 76 % de ces déchets étaient des débris dragués. Près des
deux tiers des permis, selon le poids, ont été délivrés dans la région du
Pacifique et du Yukon, permettant le
déversement de 28 442 422 tonnes de déchets dans leurs eaux. La plupart des
permis délivrés dans la région de l'Atlantique portaient sur des déchets de
poisson.
[À
mon avis, les six baleines noires trouvées mortes dans le fleuve Saint-Laurent
nous envoient un message sans équivoque!]
Importation
et exportation de déchets dangereux
La Loi canadienne sur la protection de
l'environnement (LCPE 1999) permet de mettre en place des règlements régissant
les exportations et les importations de déchets dangereux, y compris les
matières dangereuses recyclables. En 2010,358 236 tonnes de déchets dangereux ont été importés au Canada, la
grande majorité en provenance des États-Unis. Les importations de déchets
dangereux destinés à des opérations d'élimination comprenaient des déchets
solides inutilisables pour la récupération des métaux, des résidus industriels
et d'autres substances dangereuses pour l'environnement. Les matières
recyclables représentaient 59 % des importations totales de déchets dangereux et
comprenaient des piles, des déchets métallifères, des liqueurs employées dans
les procédés métallurgiques, des huiles de graissage usées et des résidus de
fabrication.
Déchets
radioactifs
Des
déchets radioactifs sont produits au Canada depuis les années 1930. Le
radium a été la première matière radioactive traitée et a été utilisé comme
agent de luminescence dans des applications de génie [mais pas géniales!].
Aujourd'hui, les déchets radioactifs au Canada proviennent principalement de
l'extraction, de la concentration, du raffinage et de la conversion de
l'uranium, de la fabrication de combustible nucléaire, de l'exploitation de
réacteurs nucléaires, de la recherche dans le domaine nucléaire ainsi que de la
fabrication et l'utilisation de radio-isotopes. La plus grande partie du stock accumulé de
déchets faiblement radioactifs au Canada a été produite il y a de nombreuses
années par les activités d'extraction minière et de transformation. ... La
plupart des déchets moyennement radioactifs sont produits par les activités de
recherche et de développement nucléaires. En 2007,
ces déchets s'accumulaient au taux annuel de 890 mètres cubes; il est
prévu que ces stocks de déchets atteindront 79 000 mètres cubes
d'ici 2050. On prévoit
également une augmentation de plus du double de la quantité de déchets
radioactifs à activité élevée provenant de la production d'énergie nucléaire au
cours de cette période.
Le fumier
de bétail
Le fumier de bétail contient des éléments comme
l'azote et le phosphore, et est une source de matière organique qui peut
contribuer à réduire l'érosion des sols et à accroître leur capacité de
rétention d'eau. Toutefois, il peut être une source de pollution entraînant des
conséquences pour l'environnement et la santé humaine. En 2006, le bétail canadien a produit plus de 180 millions de tonnes de
fumier, ce qui représente une augmentation de 16 % depuis 1981.
Deux exemples d’inventions stupides/futiles qui
contribuent à la pollution sonore et environnementale.
Les rivières et les grands lacs du Québec
subissent l’invasion des motomarines à chaque été. Un de mes amis a vendu sa propriété
située près d’une rivière de plus en plus fréquentée par ces engins. Il ne
pouvait plus supporter le bruit infernal et continuel.
Le scooter
des mers
Les crevettes grises batifolaient dans l’eau
bleue, les daurades faisaient la sieste, les méduses méditaient, les maquereaux
scintillaient. C’était un beau jour de l’été, paisible, calme et tranquille. Il est
arrivé, il a tout gâché. Un bruit
énorme, de la fumée, une odeur de brûlé, des remous. Sur un scooter des mers,
un crétin s’amuse à faire des ronds sur la mer. Il ne va nulle part, il fait
seulement du bruit. Il n’a pas honte. Au contraire, il est fier. Fier d’avoir
réveillé et terrorisé les poissons endormis et les vacanciers assoupis sur la
plage. Des vacanciers venus au bord de la mer pour entendre le silence. Des
vacanciers qui habitent au bord d’une route et qui, pour s’endormir, ne
comptent pas les moutons mais les camions. Le crétin
s’en fout, il veut en foutre plein la vue, plein l’ouïe, montrer qu’il est
riche et con à la fois. J’en veux
beaucoup à celui qui a inventé le scooter des mers, maudit engin qui vient
troubler le silence de la nature et nous empêche d’entendre le bruit de la mer
et le chant des sirènes. C’est un
malfaiteur de l’humanité.
Source : Ça
m’agace!Jean-Louis Fournier
Éditions Anne Carrière 2012; p. 47
Quant aux appareils de nettoyage à jet (karcher),
c’est un honteux gaspillage d’eau. Une plaie de société, tout comme la tonte de
la pelouse. En passant,
le couvre-sol comestible est une alternative pérenne à la pelouse qui en outre élimine
les pissenlits. The American way of life, avec DDT et Roundup, est révolue. «Notre histoire d’amour contemporaine avec
le gazon va quelque peu à l'encontre de bon nombre de nos efforts pour économiser
l'eau et l'énergie dans nos jardins, ainsi que notre désir de cultiver plus de
végétaux comestibles. En remplaçant une partie ou la totalité de la pelouse
avec du couvre-sol comestible, dans les sentiers, autour des arbres et du
potager, nous pouvons garder notre jardin vert et luxuriant sans avoir à
constamment tondre.»~
Derek Markham (Tree Hugger)
La joueuse
de karcher
Avant, j’aimais beaucoup le dimanche. Surtout au
printemps ou à la fin de l’été. Je m’installais dans mon petit jardin. Je
regardais le ciel, j’écoutais les oiseaux chanter. Je rêvais au paradis. J’écris «je
rêvais». L’imparfait indique une action qui est passée. Depuis,
ma voisine s’est mise à karcher. Elle en joue tous les dimanches après-midi.
Elle joue avec passion, avec frénésie, allegro
vivace, pendant des heures. Elle nettoie au karcher sa terrasse de deux
mètres cinquante, centimètre par centimètre. C’est
effrayant, une passion, ça vous dévore, on en perd la tête. Je suis
sûr que si elle ne travaillait pas pendant la semaine, elle passerait toute la
rue au karcher, puis le boulevard, les grandes avenues, les Champs-Élysées,
l’Arc de triomphe, tout Paris et la grande banlieue. Pourquoi ne
ravalerait-elle pas la France qui a grise mine? Quelquefois, j’ai envie de lui dire que j’en ai ras les oreilles de son
karcher, qu’elle m’empêche d’écouter Schubert. Mais je me retiens, je croise
son regard et je rentre bien vite chez moi. J’ai peur qu’elle me passe au
karcher. Pourquoi
elle ne se met pas plutôt au piano? Je suis
prêt à tout, même à faire assassiner Beethoven.
Source : Ça
m’agace!Jean-Louis Fournier
Éditions Anne Carrière 2012; p. 99
«Que savons-nous faire d’autre qu’enlaidir ce
monde? Rien ne justifie tout le mal que nous faisons.» (Peter Quinn, série Homeland)
Ah, ce bien-aimé Boucar – toujours dans le mille! Tandis que plusieurs s'affairent à enlaidir le monde, d'autres s'efforcent de l'embellir.
L'économie de partage...
La nature
selon Boucar Émission du 24 juin 2017
Les
lichens, les champignons et l’économie sociale
La coopération végétale : les mycorhizes
constituent un réseau coopératif essentiel à la vie, selon le biologiste André
Fortin. Grand spécialiste de la question, il a fondé l’Institut de recherche en
biologie végétale (rattaché au Jardin botanique). Info et articles : http://www.cef-cfr.ca/index.php?n=Membres.Jandrefortin
Entrevue
avec Jean-Martin Aussant
«Je pense qu'en bout de ligne, c'est la
coopération, la collaboration et la solidarité qui va nous sauver et ça, il est
temps qu'on le comprenne.» Ancien de la finance, le directeur du Chantier de l'économie sociale,
Jean-Martin Aussant, vient nous prouver que les humains auraient avantage à
fonctionner comme les plantes, les champignons et les animaux. On pourrait
enfin obtenir un équilibre parfait de l'écosystème social. http://www.chantier.qc.ca/
Il n’y a pas que le gouvernement et le
privé «Je ne
me définis pas comme un anticapitaliste, sauf que les abus du capitalisme sont
intenables et inacceptables. Une société est basée sur trois piliers, on pense
souvent au gouvernement et au privé et on arrête là.» Jean-Martin Aussant
affirme qu’on oublie le pilier collectif, qui est aussi important.
L’importance du collectif dans l’économie Le
pilier collectif regroupe l’économie sociale, l’entrepreneuriat collectif et
tout ce qui est collaboratif comme les OBNL, mutuelles, etc. «On le soupçonne
peu, mais au Québec, c’est 40 milliards de dollars. Si on veut comparer avec
des sujets plus connus, c’est l’équivalent des mines, de la construction et du
secteur de l’aéronautique, mis ensemble.» Jean-Martin Aussant rappelle que cette
économie représente 10% du PIB. «C’est assez rare qu’un pays ait autant de ressources
provenant du collectif.»
André
Fortin, Boucar Diouf et Jean-Martin Aussant à l'enregistrement de La nature selon Boucar. Photo :
Radio-Canada/Lisa Marie Noël
«L’économie sociale permet de mieux répartir la
richesse, parce que dans la structure de ces entreprises-là, quand des profits
sont générés, ils doivent êtres réinvestis dans la collectivité, dans
l’entreprise et les services, au lieu d’aller dans les poches des
actionnaires.» ~ Jean-Martin
Aussant
De Uber au
communautaire «Au Québec, on a une loi sur l’économie sociale
qui définit les entreprises collectives(coopératives, mutuelles, obnl) avec un
volet marchand. Donc, les groupes communautaires qui ne vendent rien comme
service ou bien, c’est du communautaire, mais ce n’est pas de l’économie
sociale.» «Uber aurait pu être de l’économie sociale, si ça
avait été fondé comme une coopérative, et la richesse aurait été mieux répartie
entre les chauffeurs. Alors qu’en ce moment les propriétaires sont
milliardaires et les chauffeurs sont à 5 ou 6 dollars de l’heure.»
L’avenir de
la planète passe par la coopération «L’humanité a essayé plusieurs choses. On pensait
que ce serait la religion qui nous sauverait, ensuite c’est passé aux
armements, et après c’est l’économie et la finance qui sont devenus la nouvelle
religion.» Selon Jean-Martin Aussant, plus on continue de laisser aller les
inégalités créées par le capitalisme moderne, plus notre société atteindra un
point de non retour. On assistera peut-être à une révolte.
Après avoir publié les récents messages sur les Autochtones,
je me disais que nous étions en train de vivre la même chose qu’eux, puisque le
Canada, d’un océan à l’autre, est vendu à l’enchère à de grandes corporations
étrangères, déjà maîtres chez nous. Bizarrement, en cherchant des notes biographiques, je suis tombée par
hasard sur un article de Stefan Zweig, paru dans le Frankfurter Zeitung le 25
mars 1911, où il écrivait ‘À propos des Français du Canada’ (Bei den Franzosen in Canada) : «Ils partagent aujourd'hui, cent cinquante
ans plus tard, le sort des Indiens qu'ils furent les premiers à expulser de
leurs foyers, les chassant des forêts sacrées pour les refouler dans les
steppes jusqu'à ce qu'ils fussent broyés, dissous dans des nations étrangères,
dispersés, brisés. Maintenant, c'est à leur tour de devoir, poussés par les
occupants du pays, abandonner une culture (sans aucun doute supérieure), celle
de la France, pour entrer dans la sphère américaine.»
~~~ «La
‘Belle Province’ n'est pas seulement une région d'avenir, c'est aussi et
surtout une exception culturelle : l'écrivain autrichien Stefan Zweig, qui
durant un voyage en Amérique du Nord en 1910 se passionna pour la culture
francophone, trouva que le Québec se distinguait du reste du continent
nord-américain. Il admira la ténacité des Francophones qui – contrairement aux Germanophones qui ont
perdu leur identité en se noyant dans la masse – ont pu préserver leurs particularités
culturelles. ~ Christoph Immanuel Barmeyer (Encyclopédie de l’Agora, avril 2012)
~~~
Zweig n’a omis aucune des principales
caractéristiques de la population canadienne française – la convivialité, l’omniprésence
du clergé, les familles nombreuses, etc.
Photo : Château
Frontenac. «J’aime l’histoire» / Le Québec en cartes postales 1902-1950
Enfin Québec, l'ancienne capitale de la
Nouvelle-France. Pour l'atteindre il faut traverser le Saint-Laurent à Lévis.
Et quel spectacle grandiose que cet immense fleuve gelé devenu, d'une rive à
l'autre, un gigantesque bloc de glace! De grands vapeurs sont emprisonnés dans
cette couverture verte, des voiliers plus petits sont recouverts d'une couche
de glace jusqu'en haut du mât, enveloppés, dirait-on, d'une housse de verre. Le
bac, avec son propre brise-glace, se fraie une voie, il assure inlassablement
la navette. Mais au bout d'une demi-heure une croûte s'est de nouveau formée
sur l'eau : de la quille montent de légers craquements, comme si on cassait en
deux du verre filé.
De l'autre côté, Québec attend. Je ne sais rien de
plus émouvant dans notre vision du monde actuel que ces îlots linguistiques
isolés qui, après avoir subsisté pendant des siècles, s'effritent petit à petit
et vont au devant de leur perte, contre laquelle ils se rebellent, mais sans
espoir. La culture allemande tout entière en Amérique est un de ces îlots en
déliquescence, néanmoins ce déclin n'est pas aussi tragique à voir, aussi
évident que dans les possessions françaises. De l'Inde, conquise jadis pour eux
par Dupleix, les Français n'ont conservé que Pondichéry – encore une de ces petites villes touchantes respectueuses de la
tradition –, du Canada, qui
leur appartient en propre sous trois rois, leur sont restées simplement ces
quelques cités qui continuent à se défendre avec bravoure contre le raz de
marée anglais. Deux cents, trois cents soldats, envoyés alors à temps par la
France, auraient pu sauver l'Inde ou le Canada des Anglais : c'est ce que
répètent avec tristesse çà et là ces derniers Français, les descendants des
grands hommes célébrés par Cooper, Thackeray dans leurs romans. Champlain et
Dupleix, ces deux figures historiques françaises – auxquelles manqua uniquement un succès durable qui aurait porté
sur ses ailes leurs hauts faits –,
sont les véritables ancêtres spirituels de Napoléon. On ne saurait le
comprendre sans ces hardis aventuriers (pas plus qu'il n'est possible
d'expliquer Shakespeare sans les dramaturges pré-élisabéthains). Leurs tombes à
l'un et à l'autre sont oubliées de tous et il faut dénicher des livres rares ou
se rendre dans des pays lointains pour connaître l'étendue de leur action.
Cette ville de Québec, autrefois la plus
importante de l'Amérique, le point à partir duquel la France dominait les États
jusqu'aux Grands Lacs du Nord –
elle qui jadis baignait dans un romantisme sauvage inspiré par les Indiens –, fait l'effet à présent d'une
aimable sous-préfecture française. D'un seul coup, on oublie qu'on est en
Amérique. Les gens ici ne sont pas en proie à la même précipitation agaçante,
ils sont polis et comme ravis lorsqu'un étranger leur adresse la parole en
français. Pour la première fois depuis des semaines, j'ai de nouveau entendu
ici de vrais rires, francs et naturels; pour la première fois j'ai ressenti à
nouveau dans les ruelles étroites quelque chose qui s'apparentait au bien-être.
En bas, le port a beau avoir déjà été envahi par les tapageuses affiches
anglaises, les constructions en brique américaines bon marché peuvent se mettre
en avant (sans sacrifier un cent à la beauté) – les gens les ignorent. On entend parler exclusivement français
dans les rues, et aussi en rase campagne jusque loin vers l'est.
Comment ne pas éprouver de l'estime devant cette
admirable ténacité avec laquelle quelques milliers de Français défendent leur
langue depuis maintenant environ cent cinquante ans? Sans aucun doute, six
millions d'Allemands, si ce n'est plus, ont été aspirés par l'Amérique et n'ont
laissé pratiquement aucune trace; il n'est pas une seule ville, une seule
province où ils aient su sauver leur langue. Et là, ces quelques milliers de
Français, sans renfort venu de leur pays d'origine, sans le soutien de
quiconque, ont préservé leur idiome et leurs coutumes. Voilà bien un des plus
curieux tours de force de cette race prétendument si décadente, exemple presque
unique dans l'Histoire moderne.
Une promenade à travers la ville livre quelques
explications. De droite et de gauche, on rencontre des religieuses et des
prêtres. Ce sont eux qui ont, au fond, maintenu la résistance. Rien n'a autant
protégé les races latines – les
Français au Canada, les États espagnols d'Amérique centrale faibles et délabrés
– d'un amalgame avec le
caractère anglais que l'attitude de refus sèche adoptée par le catholicisme,
uni a toujours vu dans les Anglais des hérétiques et des ennemis héréditaires.
Si le protestantisme allemand se fondit rapidement dans l'Église libre
américaine et si la plupart des pasteurs très vite abandonnèrent dans leurs
prêches l'allemand au profit de l'anglais, les prêtres, eux, ont dans leurs
écoles donné aux enfants une éducation française et catholique. Omnia instaurare in Christo*, telle est
la devise des journaux français ici (ils ont d'ailleurs gardé également leur
particularité nationale, alors que la presse allemande singe avec le plus grand
empressement les méthodes des reporters américains). L'intransigeance du
catholicisme mais aussi le nombre élevé d'enfants chez les Français du Canada – phénomène bien connu et sans cesse
cité en exemple en France, sans pour autant être imité – ont édifié dans ce pays un rempart qui est un véritable
monument à la gloire d'une énergie nationale comme il n'en existe de nos jours
aucun autre.
À vrai dire, ce combat héroïque contre une
suprématie illimitée semble désormais toucher à sa fin. Montréal est déjà perdu
pour les Français en raison de la rapidité avec laquelle afflue une population
étrangère. Cette ville, dont le développement a été gigantesque au cours des
dernières décennies, est au centre d'une invasion européenne croissante d'année
en année. Et c'est précisément le côté cosmopolite de ces masses qui impose
l'utilisation d'une langue commune –
l'anglais bien sûr. Toute personne raisonnable devrait conseiller à ces
Français de mettre un terme à leur résistance (rendue d'autant plus obstinée
par le danger actuel), mais la déraison est ici si merveilleusement héroïque
que l'on a une seule envie : encourager ces descendants des hardis aventuriers.
Ils partagent aujourd'hui, cent cinquante ans plus tard, le sort des Indiens
qu'ils furent les premiers à expulser de leurs foyers, les chassant des forêts
sacrées pour les refouler dans les steppes jusqu'à ce qu'ils fussent broyés,
dissous dans des nations étrangères, dispersés, brisés. Maintenant, c'est à
leur tour de devoir, poussés par les occupants du pays, abandonner une culture
(sans aucun doute supérieure), celle de la France, pour entrer dans la sphère
américaine. Il faudrait, si l'on voulait les sauver de l'oubli, la venue d'un
poète qui, à la manière de Cooper, décrivant la fin des Mohicans, ferait
connaître aux générations futures ce douloureux changement, l'héroïsme secret
de cet ultime repli. Leur destin fut de n’être qu'un épisode. Avec eux se ferme
un volume de l'Histoire et un autre s'ouvre, consacré à la puissance de ce
gigantesque État canadien, dont peut-être les prochaines décennies rempliront
déjà une page.»
Première source : Luc Bureau,Mots d'ailleurs, le Québec sous la plume
d'écrivains étrangers, Boréal, Montréal 2004, p.19-22.
* Instaurare
omnia in Christo est «la devise que saint Paul donne aux chrétiens
d'Éphèse; ordonner toutes choses selon l'esprit de Jésus, placer le Christ au
sein même de toutes choses». (Définition de l’Opus Dei, un organisme de propagation des valeurs catholiques créé
en 1928)
Citation du
jour
«L'histoire ne tolère aucun intrus, elle choisit
elle-même ses héros et rejette sans pitié les êtres qu'elle n'a pas élus, si
grande soit la peine qu'ils se sont donnée.» ~
Stefan Zweig; 1881-1942 (Histoire d'une
déchéance)
En
complément
La guerre
des couleurs à Québec Michel Lessard
Au
Québec et dans la Cité de Champlain, notre capitale nationale, chef-lieu des
francophones d’Amérique, la question des drapeaux reste toujours délicate. On
vient de le constater encore une fois avec la décision de l’administration du
Musée national des beaux-arts du Québec de retirer le mât du fleurdelisé qui
triomphait au sommet de l’édifice. Le gouvernement refuse la décision du musée.
Il ne faut pas se fermer les yeux, à Québec la guerre des couleurs entre le
bleu et le rouge pour affirmer possession, pouvoir et autorité demeure
omniprésente surtout depuis le référendum de 1995.
Québec
demeure une ville phare au Canada, une cité touristique iconique mondialement
reconnue. Les Québécois forment une société distincte, française, dont les
aspirations ne sont souvent pas celles du Canada...Et, en règle générale, tous nos gouvernements
ont défendu becs et ongle, même symboliquement, cette originalité. Des millions
de visiteurs s’arrêtent chaque année dans nos murs. Québec est bâtie pour être
regardée à partir du fleuve et être marchée sur ses littoraux et dans ses murs.
En conclusion, l’on pourrait donc souhaiter un
pays et des provinces... libres!
Mais il faudrait que le gouvernement fédéral consente
à réviser le dossier de la Constitution :
Après 1982, deux tentatives majeures de modifier
la Constitution ont échoué : l'accord du lac Meech et l'Accord de
Charlottetown. Le Québec
n'ayant pas signé la Loi constitutionnelle de 1982, l'accord du lac Meech
visait à apporter des modifications à la Constitution afin d'obtenir l'accord
du Québec. Élaboré en 1987, l'accord prévoyait cinq modifications : la
reconnaissance du Québec comme une société distincte, de plus grands pouvoirs
au Québec sur l'immigration, la limitation du pouvoir fédéral de dépenser,
l'octroi d'un droit de veto au Québec pour les modifications constitutionnelles
et une participation à la nomination des juges québécois à la Cour suprême.
Plusieurs de ces modifications nécessitaient l'accord unanime des provinces et
du gouvernement fédéral. Le Manitoba et Terre-Neuve n'ayant pas adopté l'accord
à l'intérieur du délai de 3 ans prévu à la formule de modification, l'accord du
lac Meech n'est jamais entré en vigueur. Il en a
été de même pour l'accord de Charlottetown. Cet accord, conclu en 1992 à la
suite d'intenses négociations constitutionnelles, comprenait une révision
majeure de la Constitution canadienne. On y trouvait notamment une plus grande
autonomie pour les peuples autochtones, quelques mesures de décentralisation de
la fédération, une réforme du Sénat et du processus de nomination des juges à
la Cour suprême, etc. Cet accord a été rejeté par référendum par 54 % de la
population. Finalement, quelques autres modifications constitutionnelles ont été
tentées sans succès par des députés ou des gouvernements. Elles visaient à
ajouter un droit à la propriété dans la Constitution, reformer le Sénat,
reconnaître des droits au fœtus ou retirer la référence à Dieu dans la Loi
constitutionnelle de 1982. Aucune d'entre elles n'a abouti. (Source : Wikipédia)
Caricature : Serge Chapleau, La Presse, 4 juin 2017
Le 21 juin marque la Journée nationale des
Autochtones. C’est le jour choisi pour rendre hommage aux Premières Nations,
aux Inuits et aux Métis du Canada, et pour souligner leur importante contribution
à l’essor du pays.
Monsieur Trudeau a offert trois cadeaux aux
Premières Nations
Le premier ministre Justin
Trudeau et le chef national de l'Assemblée des Premières Nations Perry
Bellegarde. Photo Chris Wattie, archives Reuters
1. Le bureau de Justin Trudeau est situé dans l’édifice
Langevin, ainsi baptisé en l'honneur d'Hector-Louis Langevin, surintendant des
Affaires indiennes dans le cabinet du premier ministre John A. Macdonald et
considéré comme l'un des architectes de l’horrible système de pensionnats
autochtones. Dorénavant, l'édifice sera tout simplement connu sous le nom de
«bureau du premier ministre et du conseil privé».
2. Le premier ministre a également confirmé que le
100, rue Wellington, l'ancien siège de l'ambassade américaine à Ottawa, face au
parlement, deviendra un édifice emblématique des peuples autochtones. «Cet
espace (...) sera converti en un espace pour les Autochtones. Un espace que les
Premières Nations, les Inuits et la nation métisse seront appelés à imaginer, à
planifier, à construire.» (1)
3. Enfin, le premier ministre a également annoncé
que son gouvernement rebaptise la Journée nationale des Autochtones pour en
faire la Journée nationale des peuples autochtones.
(Presse canadienne)
Malheureusement, Justin Trudeau ne leur a pas
offert l’unique cadeau qui importe. À Ottawa on concède les territoires
aux riches investisseurs étrangers.
Kinder
Morgan répond à la question climatique que Trudeau refuse de clarifier Keith Stewart, le 14 juin 2017
Le ministre des Ressources naturelles, Jim Carr
est de retour de Chine, où il a poussé sur les exportations de pétrole
canadien, et la ministre de l'environnement Catherine McKenna est revenue de la
rencontre sur l'environnement du G7 en Italie. Comme
le Canada continue de claironner son leadership et son engagement en matière d’environnement
sur la scène internationale, il est intéressant de revoir comment une société
pétrolière basée au Texas répond à la question que le gouvernement Trudeau
refuse de clarifier : comment peut-il agressivement poursuivre ses exportations
de combustibles fossiles par le biais de nouveaux pipelines et respecter son
engagement à l'accord de Paris? En
campagne électorale, Justin Trudeau avait dit à Dogwood Initiative's Kai Nagata
que le processus d'approbation pour le projet Trans Mountain Pipeline de Kinder
Morgan «devait être révisé». Cependant, une fois au pouvoir, il a simplement désigné
un groupe pour mener des consultations publiques supplémentaires. Le projet controversé de Trans Mountain vise l’installation
d’un nouveau pipeline de 987 kilomètres connecté à un système existant qui
relie les sables bitumineux de l'Alberta à la côte de la Colombie-Britannique. Sa
construction triplerait la capacité du système qui pourrait ainsi expédier quotidiennement
890 000 barils de pétrole directement vers les tankers locaux dans les eaux longeant
la ville de Vancouver.
Kinder Morgan reconnaît le challenge de Greenpeace
La société a révisé son prospectus et reconnu le
challenge de Greenpeace, en disant que les efforts combinés du gouvernement et des entreprises
visant à réduire le réchauffement climatique et les émissions de carbone, «incluant,
par exemple, les objectifs de décarbonisation énoncés dans l'accord de Paris et
l'émergence de la technologie et de l'opinion publique, contribuent à une plus
grande demande pour les énergies renouvelables... Cela pourrait non seulement
entraîner une augmentation des coûts pour les producteurs d'hydrocarbures, mais
aussi à une diminution globale de la demande mondiale en hydrocarbures». [...] Les nouveaux projets de sables bitumineux ne seraient pas
rentables, reconnaît l’entreprise, et il est possible que dans le futur il n’y
ait pas «de nouveaux pipelines construits dans la région des sables bitumineux
de l'Athabasca». [Catherine] McKenna devraient réfléchir à ses rencontres avec ses
homologues du G7 qui ont renouvelé leur appui à l'accord de Paris après que le
président américain Donald Trump se soit retiré. Ce serait une honte de ridiculiser
cette coopération en continuant de soutenir un pipeline qui serait viable
uniquement si l’accord de Paris échouait.
Roy
(left) and his great-grandfather Amos Collinson from the Haida
ROY
HENRY VICKERS: Life was just about horses in the north country and fishing out
on the ocean with my Grampa. And when I got to Victoria I came across
discrimination for the first time in my life and I didn't know what it was. And
when I discovered that it was people in the city who didn't know First Nations
Peoples, I started to look at myself differently and realize, well, I guess I
am a First Nations person and what is that? So my life became a journey of
discovery of the Tsimshian and the Haida and the Kwagiulth, all of who are part
of my ancestry. And so that led me on a journey to be an artist to teach people
the culture and the art of the Northwest coast and here I am still doing it
today.
AMT:
You were the only First Nation kidding around at some point. You didn't feel
different until they made you feel different?
ROY
HENRY VICKERS: That's right, yeah.
AMT:
How old were you?
ROY
HENRY VICKERS: I was 17 years old. I was an Oak Bay High School in Victoria and
when I looked at my class picture there are all these white faces and this one
little brown face and that was me.
AMT:
What would they say to you? How would they discriminate?
ROY
HENRY VICKERS: It wasn't any spoken word. I was just excluded, instead of
included. And I guess it was part of the generational abuse left over from
residential schools. And I refused to give in to it and it actually got me to
study the culture and become an educator. (...) And I became an artist,
colour blind and all.
AMT:
You were a firefighter at one point too, though, weren’t you?
ROY
HENRY VICKERS: I was. I was. My art teacher William West at the time said, Roy,
what do you plan to do now? And I said, well, I'm going to make my living as an
artist, I guess. I'll go to university and study fine art. And he said, well,
do an old man a favour and don't study fine art. If you have to go to
university, study anything but fine art. And I asked him why he would say that,
because he was an art teacher. And he said, that's exactly my point. I wanted
to be an artist. I went through the whole program and I got my Master's in art
and by then I was married with children and had to get a job and I became a
teacher. So, if you want to study art, you study what you want to study,
not what the academy tells you should study to get a degree. And if you have
the fortune to find out who you are and create images from that special place,
because every human being is special, then you may be creating something that
only you can create. And you will know when that happens because people will
come up to you and say, I was out fishing the other day and looking at the
water and I saw your water, or I was looking at the sun going down and I saw
one of your sunsets. And when you hear that you will know that you are creating
impressions on people and helping them to see the world the way you see it. And
I've heard that thousands of times in 42 years as an artist.
(...)
And those images look traditional, but the subject matter was not First
Nations. And so I gradually broke down the barriers of my isolation, so to
speak, and began being a bridge between cultures and that desire to express
myself eventually led me to work with something fearful, and that was colour
and sunsets and blue skies and green. And how am I going to do that if I'm
partially colour blind?
AMT:
I was just going to ask you - how do you do that if you’re partially colour
blind?
ROY
HENRY VICKERS: Well, I just paint what I see and apparently people like it.
Salute to a whale, Roy Henry Vickers
AMT:
When did your career really take off?
ROY
HENRY VICKERS: As soon as I left Ksan in 1974 the very first pieces that I did
sold out. And so in two weeks I made more money than I was making in the fire
department in a year. And so that kind of gave me the courage or the knowledge
that I was going to be able to do this. But in 1987, an original painting
called A Meeting of Chiefs was given to Queen Elizabeth here in Vancouver and
that put me in a place that very few artists in the Commonwealth get to be and
that's when everything changed.
AMT:
And stories and storytelling and creating art keep you in the place you need to
be, so that the addiction can be kept away?
ROY
HENRY VICKERS: Well, addiction is what people turn to when they are not
comfortable with their emotions. And so the addict is someone who is trying to
get away from their emotions. I don't want to be away from my emotions. Fear
teaches me that something, there is some danger present, and when I process the
fear I'm given wisdom. Pain helps me realize that there's a pain that everyone
carries and the more that I work at knowing where the pain comes from the more
healing comes to me. And the more healing that comes to me the more healing I
have to give to others. And that's what life is about: giving love and
respect to the world around us.
*** Vous aimerez peut-être La Légende des oiseaux qui ne savaient plus voler par Christine Sioui-Wawanoloath
Si vous êtes doué, c’est le temps de postuler, je
suppose qu’on recrute... Pourtant les assurances tous risques en matière de
sécurité n’existent pas. La confusion règne partout, et bien malin celui qui
réussira à se protéger contre tout dommage collatéral. Quand on allait entendre
Jacques Brel ou Barbara ou Leonard Cohen en spectacle, on ne craignait pas qu’une
bombe explose. Quand on allait à la gare ou à l’aéroport non plus. Les temps
ont changé. Les jeunes rient des vieux qui disent «c’était mieux dans notre
temps»; à certains égards, les vieux ont raison.
De plus en
plus de citoyens bâillonnés dans le monde
Le cas
du blogueur saoudien Raif Badawi, emprisonné depuis cinq ans pour avoir insulté
l'islam, est loin d'être unique. Les détentions arbitraires et autres dérives
contre la liberté d'expression sont monnaie courante dans le monde, souvent au
nom de la sécurité nationale. État des lieux. Des milliers de citoyens dans le monde
entier, voire des centaines de milliers, sont emprisonnés ou assignés à
résidence du fait de leurs convictions politiques ou religieuses, de leur
origine ethnique, de leur sexe ou encore de leur orientation sexuelle. [...] Au nom du terrorisme et de la sécurité nationale, il y a de plus en plus
d’atteintes à la liberté d’expression, constate Amnistie internationale, et pas
seulement dans les régimes totalitaires. Même son de cloche du côté du Rapporteur
spécial des Nations unies sur la promotion et la protection du droit à la
liberté d’expression et d’opinion, David Kaye. Dans son plus récent rapport
annuel, David Kaye conclut que la liberté d’expression est gravement menacée
dans le monde et qu’il n’y a pas lieu d’être optimiste. Risquer sa vie pour défendre les droits de la personne Les défenseurs des droits de la personne sont de plue en plus persécutés, qu'ils soient avocats, journalistes, syndicalistes, lanceurs d'alerte ou encore paysans. En 2016, 281 militants ont été tués pour avoir défendu pacifiquement les droits de la personne, comparativement à 156 en 2015, selon les données de l'ONG Front Line Defenders. Un texte de Danielle Beaudoin; publié
le vendredi 16 juin 2017 http://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1039953/citoyens-baillonnes-etat-des-lieux-liberte-expression
Je lis la traduction du roman Little America de Henry Bromell (Éditions
Gallmeister 2017). Un roman doublement fascinant compte tenu de ce qui se
passe dans le Golfe Persique. La presqu’île du Qatar est une excroissance sur
le nez de l’Arabie saoudite qui d’ailleurs s’en irrite. Étrange que ce petit royaume
pétrolier entouré de grands prédateurs, n’ait pas encore été avalé. Les liens
diplomatiques entre le Qatar et l’Iran seraient à l’origine de la crise et du blocus
terrestre, aérien et maritime. De ce fait, à la demande de Doha, c’est le FBI,
semble-t-il, qui mène l’enquête et tente de dissiper les soupçons.
Une des
principales préoccupations du leadership qatari après 1995 fut la poursuite de
politiques régionales autonomes conçues pour sortir le pays de l'ombre de
l'Arabie saoudite. Bien
que les mesures prises jusqu'à présent ne soient pas des actes de guerre purs
et simples, à la fois le Qatar et ses accusateurs sont coincés, et peut-être
pas disposés à renoncer à ce jeu de poker politique de haut calibre. Et
pourtant, tous les espoirs que l'Arabie et les Émirats pourraient avoir
d'obliger l'administration Trump à prendre parti seront compliqués vu les nombreux
intérêts américains en matière de défense, de sécurité et de ressources
pétrolières au Qatar qui ne peuvent pas être facilement dénoués ou transférés ailleurs.
Cela étant, la soudaine montée de tension dans la région ajoute un problème de
taille qui défie toute résolution, facile et jette un froid sur l’enthousiasme du
président Donald Trump qui avait apprécié sa visite dans le Golfe, il y a deux
semaines.
Donald Trump a signé un contrat de vente d’armes
avec l’Arabie saoudite lors de sa visite. Après le blocus, dans un tweet, il aurait
proposé des armes au Qatar (fausse nouvelle?, sais pas). De toute façon, en
géopolitique, il est courant d’armer des clans opposés sans prendre parti –
c’est bien plus payant! Les scrupules moraux n’existent pas en espionnage et en
diplomatie.
Revenons à Little
America : les similitudes entre les ingérences géopolitiques d’hier et
d’aujourd’hui sont criantes.
Extrait de la présentation de Philippe Beyvin,
directeur de la collection Americana :
Publié six mois avant les attentats du 11
septembre 2001, Little America est
pourtantun roman troublant de
presciencedans les thèmes qu’il aborde:
l’arrogance de la diplomatie américaine au Moyen-Orient, obsédée avant tout par
la menace du bloc soviétique; le patriotisme; le prix du conflit entre morale
personnelle et loyauté aux institutions. Mais dans ce roman, Henry Bromell
revient aussi sur son histoire personnelle : son père était agent de la
CIA, recruté au début des années 1950 alors qu’il dépérissait à Wall Street.
Pendant son enfance, Bromell l’a accompagné au gré de ses affectations, enfermé
dans ce «petites Amériques» du roman : Athènes, Bagdad (où il a assisté à
la révolution et au coup d’État de 1958), Amman, le Koweït, Le Caire et enfin
Téhéran. [...] À la
question de savoir si espionner son père avait fait de lui un écrivain en lui
apprenant à observer, Bromell apportait cette réponse : «Oui, c’est ça.
Parce que j’avais le sentiment, lorsque j’étais enfant, qu’il y avait chez mon
père quelque chose de différent de tous les autres pères. Parfois, le téléphone
sonnait au milieu de la nuit et il disparaissait pendant deux semaines... J’ai
donc commencé à fouiller son bureau, trouvant parfois une arme ou un émetteur
radio haute fréquence, ce genre de choses. J’imagine que la curiosité faisait
partie de ma nature, mais en grandissant, chaque enfant traverse cela, apprend
à regarder autour de lui, cherche à comprendre ce qui se passe et qui est caché
aux yeux de tous.» [...] Dans ce roman, Henry Bromell déroule une enquête sur un
territoire qu’il connaît – le Moyen-Orient des années 1950 –, sur ses propres
obsessions – l’enfance perdue, les difficiles relations père-fils – et sur un
monde méconnu, celui des Américains expatriés et la communauté du renseignement
à une époque où le monde des espions, qui sera l’une des raisons de sa
contribution à Homeland, est sans nul
doute celui qu’il avait toujours voulu écrire, le livre de sa propre enfance et
de ce père dont le métier était le secret, car, comme il le dit dans Little America, «nous avons besoin de
connaître l’histoire, nous avons besoin d’une fin, nous en inventons même une
si nécessaire, c’est ainsi que l’histoire devient mythe». Le
dernier projet télévisuel sur lequel il travaillera, avant de disparaître d’une
crise cardiaque en 2013, est la série Homeland
dont il fut scénariste et producteur ...
(Espionner
le père, p. 12-13)
Notes de
lecture
Le Korach est un état fictif, bien sûr.
Le Korach était un petit pays coincé entre la
frontière est de la Jordanie, l’extrémité de la Syrie et la pointe sud-ouest de
l’Irak. Il n’existe plus. Ce que
dit l’histoire, à tort, est ceci : en décembre 1958, au Korach, le jeune
roi, qui n’avait à l’époque que vingt-trois ans, fut tué alors qu’il fumait une
cigarette derrière le palais d’Hamzah. Son règne, qui n’avait duré que cinq
ans, prit fin dans l’obscurité du jardin, son corps étendu face contre terre
sur le gravier, une ombre s’écoulant de lui-même, l’essence de lui-même, celle
du roi déchu. Le sang de ses blessures se répandit, l’ombre bientôt
l’enveloppa, le dissimula, cette nuit du 31 décembre 1958. Trois heures et
demie du matin. Un mardi, Il mourut sur le coup. Son
royaume s’effondra. La branche de la famille Hachémite à laquelle il
appartenait s’embrasa et se consuma. Son
petit pays, le Korach, disparut, avalé, comme un amuse-gueule, par l’Irak et la
Syrie, en 1965. [...] Quand je dis que le Korach a
disparu, je dis bien disparu, volatilisé, évaporé. Sur toutes les cartes du
Moyen-Orient publiées après 1965, là où se trouvait autrefois un triangle de
terre bien net du nom de Korach, là où les frontières de la Syrie, de la Jordanie
et de l’Irak s’arrêtaient et devaient contourner ce beau royaume anachronique,
elles se rejoignaient désormais sans entrave, nettement côte à côte. [...] Mon
père était le chef de la station de la CIA à Hamra à l’époque de l’assassinat. (p.
18-19) ... Les
États-Unis, que la grosse Chevrolet rouge qui accueillit mon père à sa descente
d’avion symbolise le mieux, s’étaient embusqués pour mener la guerre froide et
la gagner. La guerre froide n’était pas seulement une extension géopolitique de
l’orgueil national, même si cet orgueil menait vraiment la danse. Les
épiscopaliens chassieux et les presbytériens insensibles de Yale et de Wall
Street avaient de l’influence et projetaient sur le monde leur propre vision
des vertus de l’Église contre les hordes de populace impie. Ce n’était pas
exactement de l’impérialisme, même si les hommes d’affaires américains
réclamaient à cor et à cri davantage de marchés et avaient le sentiment que
c’était leur droit et leur devoir de s’en emparer où et quand ils le pouvaient.
Après tout, nous venions juste d’envoyer des Marines débarquer au Liban pour
protéger Les Choses comme elles sont. ... À l’autre bout du monde, loin de
leurs allées de Chevy Chase et de leurs maisons alignées de Georgetown, le roi
du Korach maintenait une domination fragile sur un pays sommairement et
arbitrairement découpé dans le désert. [...] (p. 37) Nasser,
le socialiste, voulait que le roi [du
Korach], un monarchiste, parte.
Ses services secrets, aidés par le KGB, travaillaient déjà dur à divers plans
pour l’assassiner. Les Israéliens ne faisaient pas confiance au nouveau roi
parce qu’il était jeune, inexpérimenté, et que c’était un Hachémite. D’un autre
côté, ils avaient à tel point infiltré les services secrets et l’armée
korachites qu’ils se sentaient en sécurité. Les Russes avaient décidé que le
roi novice était une cible à laquelle ils ne pouvaient résister, une
opportunité pour eux de saper un gouvernement réactionnaire et de refermer
leurs serres sur Israël. (p. 39) C’est
au Korach que j’ai décidé que mon père n’était pas normal. [...] Le téléphone sonnait souvent au milieu de la nuit. Mon père
répondait, marmonnait quelques mots laconiques, puis s’habillait et
disparaissait dans l’obscurité au-dehors. Parfois, il partait pendant des
jours. Une fois, il ne revint pas pendant trois semaines. Il y avait une grande
radio compliquée dans son bureau dont j’avais décidé pour je ne sais quelle
raison qu’elle était un indice, la preuve de communications clandestines. (p.
51) Je ne pouvais dire à personne ce que faisait mon père. Je protégeais un
mystère. (p. 52) Mon
père fut envoyé à Abou Dhabi, puis au Koweït, où il se distingua en devenant
très proche de la famille régnante. [...] Quand plusieurs tribus de
l’intérieur des terres menacèrent de couper les pipelines jusqu’à ce qu’on leur
permette d’avoir leur part de profits de la soudaine manne noire, c’est mon
père qui persuada le gouvernement koweïtien d’accéder à leur demande. Quand, à
l’intérieur de Koweït City, un petit parti communiste, aidé de façon inepte par
Moscou, essaya de syndiquer les travailleurs palestiniens, c’est mon père qui
alerta les autorités. (p. 53) Rose du
Désert était le nom que le KGB avait donné à une opération clandestine,
destinée à aider les services secrets égyptiens qui désiraient écarter le roi
et mettre à sa place quelqu’un de plus favorable à la croisade panarabe,
antiaméricaine, de Nasser. Les Russes cherchaient à nouer de meilleures
relations avec Nasser, des relations qu’ils pourraient manipuler à leur
avantage – un objectif qu’ils finirent par atteindre, neuf ans plus tard, à la
suite de la guerre des Six Jours. À l’époque, au Korach, en 1958, la CIA
n’avait qu’un nom, Rose du Désert, et pas la moindre idée de ce qu’il
signifiait. (p. 76) Milton
Gourlie, le chef de station d’Hamra, reçut de Washington le câble
suivant : Il est maintenant clair, sur la base de toutes les
données disponibles, qu’un complot en vue d’assassiner le roi est en cours, mis
en place par les services secrets égyptiens, soutenus, à bonne distance, par le
KGB. Nasser ne peut tolérer des monarchies indépendantes au milieu de son
fantasme panarabe. Ce qui n’est pas clair, cependant, est : (a) la nature
du complot pour l’assassiner, c.-à-d., comment et quand et (b) si des
Korachites sont ou non impliqués, et, si oui, qui ils pourraient être. Freeman.
(p. 77) «Nous devons découvrir si un de ces
enfoirés prévoit de tuer le roi.» Milton tendit un morceau de papier à mon
père. Celui-ci y jeta un œil. Milton avait listé diverses organisations – le
parti communiste, les Frères musulmans, le parti Baas – qui pouvaient être
considérées comme des menaces pour le roi, des organisations déclarées
illégales, mais toujours vivantes et actives dans l’opposition, des organisations
ignorées benoîtement par le roi. (...) La
nuit, l’obscurité glacée qui écrasait le théâtre en ruine racontait à mon père
des souvenirs violents, des actes froids et durs, ou d’une absurdité absolue,
qui l’accablaient de désespoir : cette petite osais, ce havre d’ombre,
conquis par les Sumériens, conquis par les Babyloniens, conquis par Alexandre,
conquis par les Romains, conquis par les Arabes du désert venus du sud,
apportant la parole de l’Islam, conquis par les Ottomans, colonisé par les
Britanniques, passant maintenant sous la sphère d’influence américaine...
Qu’était un roi parmi tant de morts et de pertes, de langues disparues à
jamais? Et qu’était un officier des services secrets parmi tant de conseillers
à la cour sinon un crâne desséché, mis à nu par le vent et le sable? (p. 78)
– Nasser
essaie de tuer le roi, dit mon père. – Je
sais, répondit Rashid avec tristesse, scrutant le fond de sa tasse, lisant le
marc du café. – Vous
savez? – Oui.
– Pourquoi
ne m’avez-vous rien dit? – Je
ne savais pas que ça faisait partie de mon travail de vous dire tout ce que je
savais. (Il sourit à mon père, alluma une cigarette.) De toute façon, je n’ai
pas de véritable information. Où, quand, comment... – Nous
aimerions vous aider. (p. 80) ...En
1957, l’Égypte et la Syrie formèrent une alliance, la République arabe unie,
encerclant de ce fait les monarchies du désert traditionnelles, la Jordanie,
l’Irak et le Korach. [...] Washington – la paranoïa
s’installant, aussi lugubre qu’un mauvais temps permanent – formula ce qu’on
appela la doctrine Eisenhower, par laquelle les États-Unis promettaient de
venir en aide à tous les pays qui auraient besoin d’un soutien militaire pour
combattre le communisme. (p. 83) C’était
un monde d’espions, alors des espions et leurs femmes sorties de la chic
université de Vassar, avec leurs grands sourires, leurs dents blanches, leur
rouge à lèvres rouge et leurs paquets de cigarettes, des espions avec leurs
bols d’Equanil et leurs shakers de dry Martini très corsé, des espions et leurs
redoutables familles de Cincinnati, Hartford et leurs nuits sur le lac avec les
lucioles et leurs courts de tennis. ... Des espions qui avaient répondu à
l’appel du devoir, des espions qui avaient répondu à l’appel de l’aventure, des
garçons de Yale, Harvard, Princeton et de l’université de Virginie ... des
garçons qui attendaient par un chaudmatin grec d’appuyer sur la détente qui allait faire exploser la tête d’un
officier allemand qui se baissait maintenant pour enlever une poussière qui
offensait ses bottes étincelantes, son dernier acte, son dernier geste d’obsédé
de l’ordre, sa dernière pensée elle-même un éclat ... – VLAN, rideau, le jeune
Américain, l’espion américain, souriant tout seul de satisfaction,
reconnaissant envers son père de lui avoir appris le tir au pigeon d’argile
pendant ces matins d’hiver glacés à Greenwich. Pull. VLAN. (p. 89)
Un roman de grande qualité. Le voyage dans le
temps entre 1958 et 1998 coule de source, sans créer de confusion. On n’est pas
obligé de reculer de quatre ou cinq chapitres pour vérifier qui faisait quoi à quelle
époque. Un coup de maître.
J’ai abandonné Homeland à la quatrième saison. Je suis persuadée que si Bromell avait continué de mener l’histoire, elle aurait pris une tangente différente. À
un moment donné, la sauce est tellement épaisse qu’on a mal au cœur (une septième saison à venir). Savoir s’arrêter avant de lasser l’auditoire est
un art que bien peu de producteurs de séries connaissent...
Vous aimerez peut-être :
– L’espion britannique à la John le Carré qui se cachait au Canada Cet
agent du MI-5 pendant la Deuxième Guerre se cachait sous les traits d’un petit
journaliste. Le chroniqueur d’un petit journal local de la côte ouest en
Colombie-Britannique dans les années 1950 était dans les faits un ancien très
important espion britannique.
– Comment des scouts russes ont permis d’espionner les Américains pendant 7
ans En
recevant son cadeau de la part des jeunes Russes, Averell Harriman ne se
doutait pas qu’il allait permettre aux Soviétiques d’écouter ce qui se disait à
la Spaso House (la résidence des ambassadeurs américains à Moscou). Le début du XXe siècle marque le
développement des nouvelles technologies en matière de mise sur écoute et de
surveillance. «The Thing», comme l’appelle les Américains, se compose d’une
petite antenne et d’un cylindre ainsi que d’une fine membrane. Les agents
soviétiques, en se plaçant à proximité de la résidence, peuvent actionner le
micro et grâce à des fréquences radios, écouter ce que disent les diplomates
américains. Un système étonnant de simplicité qui représente une avancée
majeure à cette époque. «J’ai le sentiment qu’avec cette découverte, tout l’art
de l’écoute intergouvernementale s’est élevé à un niveau technologique»,
écrivait Georges Kennan, l’ambassadeur en fonction lors de la découverte du
mouchard.
Portrait
de Georges Kennan, réalisé par Ned Siedler
Ces
sept ans d’espionnage ont permis aux Russes d’obtenir des informations
spécifiques très importantes qui se sont révélées avantageuses dans la
prédiction et dans l’action des politiques du monde, et ce pendant la difficile
période de la guerre froide. ... Une dizaine d’années plus tard, en 1960,
l’URSS abat un avion américain U-2 qui volait au dessus de son espace aérien.
La Russie organise une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies et
accuse les États-Unis d’espionnage. Seulement, Henry Cabot Lodge, Jr.,
l’ambassadeur américain, dévoile l’affaire du Grand sceau au Conseil de
sécurité et à la presse, prouvant que les Russes aussi espionnent les
États-Unis. «C’est celui qui dit qui y est», ça marche aussi en politique.
– Enfin,
si vous aimez ce genre littéraire : Le
Détectionnaire, un dictionnaire des personnages principaux de la littérature
policière et d’espionnage; Norbert Spehner, Les Éditions ALIRE Inc., 2016
Dès son apparition au XIXe siècle, la littérature
policière a fasciné. D’abord récit d’énigmes et de détection, le roman policier
a évolué et s’est diversifié au fil des décennies, tant et si bien qu’il est
d’usage maintenant de parler «des» littératures policières. ... Plus de 2600 personnages.