1 septembre 2016

Travail, argent et style de vie

Dernière énigme Donald Trump : une visite de courtoisie au président du Mexique Enrique Peña Nieto – le pays des «trafiquants de drogues, des violeurs et des criminels», selon les propres mots du candidat. Aussitôt de retour chez lui, il a repris son discours haineux. Les comportements sociaux qu’il attribue aux Mexicains existent aussi chez les blancs d’origine; ce n'est pas une question de nationalité ou de race. Trump devrait revoir la série The Godfather...  

Il semble que les nouveaux riches capitalistes chinois adorent Trump. Bon à savoir puisque le Canada courtise la Chine (et vice-versa). Autrefois, justement en cas de problèmes d’identité raciale, on disait «pass for white»; bientôt on dira «pass for yellow». 
   «Sur le site de microblogage le plus populaire du pays, on trouve une vingtaine de groupes de fans de M. Trump (par ex. : Trump : la lumière du monde, avec 3513 membres). Avec les mots-clés ‘les Chinois soutiennent Trump’, le plus grand moteur de recherche chinois, Baidu, donne 1 800 000 résultats. Selon un sondage réalisé en mars dernier par le Global Times, journal appartenant au gouvernement, 54 % des Chinois sondés déclarent aimer le magnat de l'immobilier.» ~ Ping Huang, chargée de cours, Université de Sherbrooke (Source : La Presse, Opinions)

The world turns on a dime, the same now as it always has – which is to say, money makes the world go 'round. It's also what makes the world go spinning out of control. ~ Joe Murray (History updates current events, Spartanburg Herald-Journal, 1992)


Congé de la fête du travail au Canada et aux États-Unis ce week-end :
argent et bonheur sont-ils indissolublement mariés?

L’argent selon David Suzuki
Par Claudine Hébert (Le fric et moi)
Les affaires plus, printemps 2016

Habitué à discuter de génétique, d’écologie et de Premières Nations, David Suzuki accepte à l’occasion de parler d’argent.

Quel est justement votre rapport avec l’argent?

J’aborde un peu le sujet dans mon dernier livre, Lettres à mes petits-enfants. Je n’ai jamais eu l’appât du gain, je n’ai jamais été impressionné par le pouvoir et la notoriété. Je n’ai jamais acheté d’accessoires ou de biens dont je n’avais pas besoin. Je suis issu d’une génération où l’on se contentait du strict nécessaire, soit la nourriture, les vêtements, la cuisinière, le réfrigérateur, des casseroles, un lit et des draps. J’ai appris à travailler pour mes besoins, et non mes désirs. Évidemment, il faut aimer ce que l’on fait et y croire pour mieux faire nos choix dans la vie. Pendant ma deuxième année de baccalauréat en biologie, au Massachusetts, j’ai découvert la génétique. Ma mère était déçue que je délaisse une possible carrière de médecin pour étudier les mouches à fruits. Je n’ai pourtant jamais regretté mon choix.

Dans quoi alors dépensez-vous le plus d’argent?

La majeure partie de mes revenus, qui proviennent principalement des conférences que je donne, des droits d’auteur qu’on me verse et des propriétés que je possède à Vancouver, sont versés à ma fondation.

Quel a été à ce jour votre meilleur investissement?

Ce sont les expériences de vie que j’ai pu offrir à mes enfants. Je les ai régulièrement emmenés en voyage. Au Kenya, en Tanzanie, au Brésil. À la fin des années 1980, mon épouse et moi avions participé à un événement pour empêcher la construction d’un barrage sur les terres de la tribu Kayapo au Brésil. Pour nous remercier de notre engagement, les responsable de la manifestation avait invité toute la famille à séjourner en Amazonie. Ce furent 14 journées extraordinaires passées à pagayer, à pêcher, à vivre dans un village en pleine forêt tropicale amazonienne où les coutumes sont les mêmes depuis des millénaires. Mes enfants ont adoré.

Et l’immobilier?

L’immobilier a effectivement grimpé de façon exponentielle à Vancouver. La maison familiale achetée pour moins de 150 000 dollars en 1975, au bord de l’eau, vaut aujourd’hui quelques millions en raison de l’inflation de l’immobilier. C’est une maison où mes parents et mes beaux-parents ont vécu. J’aimerais la léguer à mes enfants à ma mort. Ils ont tous refusé... Incapables, disent-ils, d’assumer le coût des taxes.

Y a-t-il une dépense que vous regrettez?

Des regrets? Si peu. Il y a tout de même cette histoire qui remonte au début des années 1970. J’ai voulu aider un jeune étudiant qui souhaitait organiser un événement «Woodstock» en banlieue de Vancouver. Cet étudiant m’avait convaincu d’investir 5 000 dollars dans son entreprise. Oui, c’était beaucoup d’argent à l’époque. Il m’avait promis de me rembourser 10 fois la mise. Le spectacle devait réunir une vingtaine de groupes. Les propriétaires des terrains ont eu peur des excès. Tout a été annulé. Je n’ai jamais revu mon argent, qui a servi à dédommager les groupes.

Enfin, avez-vous un conseil à nous donner pour économiser?

Cessez d’acheter des bouteilles d’eau. C’est fou, l’eau en bouteille coûte plus cher que l’essence. Youhou! On est au Canada, entourés d’eau douce. Quand je pense en plus qu’il y a une entreprise de l’Alberta qui vend maintenant des bouteilles remplies d’air de Banff. Une centaine de bouffées d’air pour une vingtaine de dollars...



«Rien ne tue plus sûrement la pensée, la créativité, le rêve, la lucidité ou le délire que le travail intensif, l’efficience, l’amour frénétique du gain, la course au profit et aux boulots profitables.» ~ Jacques Sternberg

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“Tomorrow and plans for tomorrow can have no significance at all unless you are in full contact with the reality of the present, since it is in the present and only in the present that you live. There is no other reality than present reality, so that, even if one were to live for endless ages, to live for the future would be to miss the point everlastingly. 
   [...] The future is a hoax. There is no point whatever in making plans for a future which you will never be able to enjoy. When your plans mature, you will still be living for some other future beyond. You will never, never be able to sit back with full contentment and say, ‘Now, I've arrived!’ Your entire education has deprived you of this capacity because it was preparing you for the future, instead of showing you how to be alive now.”

~ Alan Watts (The Wisdom of Insecurity: A Message for an Age of Anxiety) 

«Il n’est guère de château d’un entretien aussi dispendieux que les châteaux en Espagne.» (Auteur inconnu)

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Vu qu’il est question du Mexique, revoyons l’histoire du pêcheur mexicain (publiée des milliers de fois sur le web). Le rapport argent / travail peut changer au cours d’une vie. En fait, tout dépend de notre capacité de vivre simplement ou non. Ça doit être difficile pour les gens hantés par le besoin de toujours posséder plus – plus d’or, plus d’argent, plus de propriétés, plus d’entreprises, plus de collections d’objets, plus d’armes, etc.

«La première partie de la vie se passe à désirer la seconde; la seconde à regretter la première.» ~ Alphonse Karr

(L’homme d’affaires de l’histoire pourrait être de n’importe quelle nationalité)

Un chalutier vient d’accoster sur la plage d’un petit village mexicain. Un touriste américain aborde le pêcheur. 
  – Belle pêche! Il vous a fallu beaucoup de temps? 
  – Non, pas beaucoup, répond le Mexicain. 
  – Mais alors, pourquoi n’êtes-vous pas resté en mer plus longtemps pour en ramener davantage?, demande l’entrepreneur. 
   Le Mexicain répond que ces quelques poissons suffisent à assurer la subsistance de sa famille. 
   L’Américain demande alors : 
   – Mais que faites-vous le reste du temps? 
   – Je fais la grasse matinée, je pêche un peu, je joue avec mes enfants, je fais la sieste avec ma femme. Le soir, je vais au village voir mes amis, nous buvons un peu de vin et jouons de la guitare. J’ai une vie bien remplie. 
   L’homme d’affaires reprend : 
   – J’ai un MBA de l’université de Harvard et je peux vous aider. Vous devriez commencer par pêcher plus longtemps. Avec les bénéfices dégagés, vous pourriez acheter un plus gros bateau. Avec l’argent que vous rapporterait ce bateau, vous pourriez en acheter un deuxième et ainsi de suite jusqu’à ce que vous possédiez une flotte. Au lieu de vendre votre poisson à un intermédiaire, vous pourriez négocier directement avec l’usine et même ouvrir votre propre usine. Vous pourriez ensuite quitter votre petit village pour Mexico, Los Angeles, et même New-York d’où vous pourriez gérer toutes vos affaires.» 
   Le Mexicain demande alors : 
   – Et combien de temps cela prendrait-il? 
   – 10 ou 20 ans, répond l’Américain. 
   – Et après? 
   – Ensuite? C’est là que ça devient intéressant, répond l’Américain en riant. Quand le moment sera venu, vous pourrez introduire votre société en bourse et vous gagnerez des millions. 
   – Des millions... Et après? 
   – Après? 
   – Eh bien, vous pourrez prendre votre retraite, vivre dans un petit village côtier, faire la grasse matinée, jouer avec vos enfants, pêcher un peu, faire la sieste avec votre femme et passer vos soirées à boire et à jouer de la guitare avec vos amis...

«Je suis d’avis que si le travail était une chose vraiment merveilleuse, les riches en auraient gardé pour eux.» ~ Bruce Grocott

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