29 octobre 2013

Noam Chomsky de passage

Comme la vidéo de Radio Canada n'est plus disponible, je vous propose ce qui suit :
http://www.youtube.com/watch?v=-wJDf9gAWW4
Version française
A l'occasion du 19e congrès international des linguistes qui a lieu à Genève, le linguiste américain Noam Chomsky a donné une conférence, le jeudi 25 juillet à Uni Dufour.



De la GRANDE visite! 
Noam Chomsky a révolutionné la linguistique tout en étant l'un des activistes les plus pertinents de notre époque, l'un des observateurs les plus lucides du monde sociopolitique. Il fait une visite québécoise et commente au micro de Franco Nuovo les récents événements du printemps érable qu'il a jugés très importants dans le contexte de déresponsabilisation de l'État partout dans le monde. Anarcho-syndicalisme, grandes menaces à l'humanité et démocratisation du savoir sont également au menu de la conversation.
       Il se montre particulièrement critique du Canada, qui s'allie aux États-Unis pour nier les dangers du réchauffement climatique et tarder à y chercher des solutions. Les activistes d'aujourd'hui devraient, à son avis, faire de ces enjeux environnementaux une priorité, de même que se préoccuper des catastrophes nucléaires. Et, il ne faut pas agir, bien sûr, au détriment de la lutte pour une meilleure répartition de la richesse dans le monde. 
(Source : Dessine-moi un dimanche, Ici Radio Canada Première, 27.10.13) 

Quelques citations de N.C. :

«Cette société durera, avec ses souffrances et ses injustices, tant et aussi longtemps qu'on prétendra que les engins de mort créés par les hommes sont limités, que la Terre est inépuisable et que le monde est une poubelle sans fond. A ce stade de l'histoire, il n'y a plus qu'une alternative. Ou bien la population prend sa destinée en main et se préoccupe de l'intérêt général guidée en cela par des valeurs de solidarité ou bien c'en sera fait de sa destinée tout court.» (1974)

«Il me semble que, au moins dans les sociétés occidentales riches, la démocratie et le marché libre déclinent à mesure que le pouvoir se concentre, chaque jour davantage, dans les mains d'une élite privilégiée.»

«J’essaie d’encourager les gens à penser de façon autonome, à remettre en question les idées communément admises. Ne prenez pas vos présomptions pour des faits acquis. Commencez par adopter une position critique envers toute idée ‘politiquement correcte’. Forcez-la à se justifier. La plupart du temps, elle n’y arrive pas. Soyez prêts à poser des questions sur tout ce qui est considéré comme un fait acquis. Essayez de penser par vous-même. Il y a beaucoup d’information en circulation. Vous devez apprendre à juger, à évaluer et à comparer les choses. Il vous faudra faire confiance à certaines choses, sinon vous ne pourriez pas survivre. Mais lorsqu’il s’agit de choses importantes, ne faites pas confiance. Dés que vous lisez quelque chose d’anonyme, il faut se méfier.»

«Nous pensons qu'entre autres fonctions, ces médias se livrent à une propagande qui sert les intérêts des puissantes firmes qui les contrôlent en les finançant et dont les représentants sont bien placés pour orienter l'information. Une telle intervention est généralement assez subtile : elle passe par la sélection de tout un personnel bien-pensant et par l'intériorisation, chez les journalistes et les rédacteurs, de certaines définitions de ce qu'il convient d'imprimer en priorité, conformément à la ligne politique de l'institution.» (La Fabrique de l'Opinion publique - La Politique économique des médias américains) 

«On avait parfaitement compris, longtemps avant Georges Orwell, qu'il fallait réprimer la mémoire. Et pas seulement la mémoire, mais aussi la conscience de ce qui se passe sous nos yeux, car, si la population comprend ce qu'on est en train de faire en son nom, il est probable qu'elle ne le permettra pas.» (La doctrine des bonnes intentions)

«Par miracle économique, on entend un ensemble intégré de belles statistiques macroéconomiques, de grands profits pour les investisseurs étrangers et de vie de luxe pour les élites locales ; avec, en petits caractères, un accroissement de la misère pour la majorité de la population.» (L'an 501 : La conquête continue) 


Le bien commun
Noam Chomsky*
Éditions Écosociété; 2013

Doit-on revendiquer l’égalité des revenus pour tous les citoyens? La mondialisation est-elle inéluctable? Les termes gauche et droite ont-ils encore un sens? Les médias peuvent-ils être progressistes? Devons-nous avoir une idée claire de nos objectifs à long terme pour élaborer une stratégie politique? Telles sont quelques-unes des questions auxquelles tente de répondre Le bien commun.
(...)

* Noam Chomsky est linguiste, analyste des médias et professeur au Massachusetts Institute of Technology. Il est célèbre dans le monde entier pour ses écrits, notamment les livres suivants aux Éditions Écosociété : L’an 501, Le pouvoir mis à nu, Le nouvel humanisme militaire; Les dessous de la politique de l’Oncle Sam, Propagandes, médias et démocratie; Quel rôle pour l’État?; Israël, Palestine, États-Unis : le triangle fatidique; et La poudrière du Moyen-Orient.

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Résumé de librairies :

S'initier à la pensée de Chomsky permet de déboulonner plusieurs idées. Qu'il soit question de relations internationales, d'économie ou de démocratie, on ne voit généralement plus le monde de la même façon après avoir lu Chomsky!

Publié initialement en 2008, Le bien commun ne fait pas exception à la règle. Construit autour d'entretiens réalisés en 1996 et 1997 avec le journaliste indépendant étatsunien David Barsamian, l'ouvrage couvre un large spectre des questions sur lesquelles Chomsky s'est penché et qui ont fait sa renommée. Véritable condensé de la pensée politique de Chomsky, ce livre frappera le lecteur par l'actualité criante du propos.

Remontant aux fondements de la pensée politique - aussi bien chez Aristote que les chez les Pères fondateurs états-uniens - Chomsky réfléchit dans cet opuscule à l'état actuel de la démocratie états-unienne et y analyse les faux-fuyants des élites politiques et économiques. Détournement de la notion de «liberté» au profit du concept de «libre-marché», transfert de richesses des pauvres vers les riches, montée en puissance de multinationales définies comme des «institutions totalitaires» et des «tyrannies privées», justice différenciée entre les riches et les pauvres, imposition de la logique de marché à l'ensemble des institutions, autant d'éléments qui définissent notre monde et qui sont mis en lumière par Chomsky.

Revenant également sur la critique des médias qu'il a élaborée avec Edward S. Herman, Chomsky démontre à quel point les idéaux démocratiques ont depuis longtemps été dévoyés par la puissance de l'argent et les intérêts particuliers, nous éloignant toujours davantage du «bien commun». Un mise au rencart des principes démocratiques qui trouvent également son corollaire sur la scène internationale, la politique étrangère étatsunienne étant depuis toujours guidée par une implacable logique du «deux poids, deux mesures» menée au seul profit de la grande entreprise.

Mais fidèle à sa posture rationnelle, en aucune façon Chomsky ne voit là les résultats d'un quelconque complot. Il s'agit plutôt «d'un capitalisme d'État ordinaire. C'est l'évolution naturelle d'un système qui subventionne le développement industriel et cherche à maximiser les profits à court terme pour une poignée d'individus au détriment de la majorité».

Mais l'espoir de changer les choses n'est jamais loin. Chomsky aborde en conclusion les diverses formes de résistance et la nécessité de travailler à des perspectives de changement sur le long terme plutôt que d'espérer une quelconque formule magique à même de régler tous les problèmes.

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