Voulez-vous voir ce qui peut arriver à deux pas de chez vous?
Conduite à
risque (version web – transcriptions, cartes et vidéos) :
http://www.radio-canada.ca/special/enquete/pipeline9B/index.shtml
La question de la sécurité du transport du pétrole se pose avec acuité au Québec depuis la catastrophe de Lac-Mégantic. Les pipelines, l’autre principale option, sont sous les projecteurs de l’actualité avec la demande d’Enbridge d’inverser le sens de sa ligne 9B au Québec et en Ontario. L’entreprise veut ainsi transporter jusqu’à 300 000 barils par jour de pétrole issu, entre autres, des sables bitumineux. C’est un autre oléoduc d’Enbridge qui est à l’origine de l’un des plus importants déversements terrestres de pétrole enregistrés aux États-Unis. Enquête se penche sur les similitudes entre les deux pipelines.
En passant : 117 des 125 sites de pompage d’Enbridge ne sont pas conformes aux normes de sécurité. Comme dit l’une des victimes : «Le profit avant la sécurité.»
La terre s’est tue...
Gavé de junk food
L’obèse morbide s’épand,
Se remplit la panse
Au point d’exploser
Gavée de junk industriel
La terre craque, fend
Se vide les tripes
Avant d’exploser
Irruptions cutanées
Vidange et remplissage
Fukushima mon amour…
Aux entrailles stériles
Vents, pluies et océans
Crachent du césium
Partout sur terre
Vive le nucléaire!
Une poignée d’individus
Aveugles, sourds, insensibles
Réduisent les peuples à la famine
Pour satisfaire leurs vices délétères
La terre s’est tue…
Cris et gémissements
Ont cessé d’étourdir
Sang et pétrole
Ont cessé de couler
Silence des silences
Paix des paix
L’humanité s’est tue…
~ Boudabla, mars 2012
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Le Misanthrope
Molière (1622-1673)
[Extraits]
ALCESTE
Je ne me moque point,
Et je vais n’épargner personne sur ce point.
Mes yeux sont trop blessés ; et la cour, et la ville,
Ne m’offrent rien qu’objets à m’échauffer la bile :
J’entre en une humeur noire, en un chagrin profond,
Quand je vois vivre entre eux, les hommes comme ils font ;
Je ne trouve, partout, que lâche flatterie,
Qu’injustice, intérêt, trahison, fourberie ;
Je n’y puis plus tenir, j’enrage, et mon dessein
Est de rompre en visière à tout le genre humain.
PHILINTE
Ce chagrin philosophe est un peu trop sauvage,
Je ris des noirs accès où je vous envisage ;
Et crois voir, en nous deux, sous mêmes soins nourris,
Ces deux frères que peint l’École des maris,
Dont...
ALCESTE
Mon Dieu, laissons là, vos comparaisons fades.
PHILINTE
Non, tout de bon, quittez toutes ces incartades,
Le monde, par vos soins, ne se changera pas ;
Et puisque la franchise a, pour vous, tant d’appas,
Je vous dirai tout franc, que cette maladie,
Partout où vous allez, donne la comédie,
Et qu’un si grand courroux contre les mœurs du temps,
Vous tourne en ridicule auprès de bien des gens.
ALCESTE
Tant mieux, morbleu, tant mieux, c’est ce que je demande,
Ce m’est un fort bon signe, et ma joie en est grande :
Tous les hommes me sont, à tel point, odieux,
Que je serais fâché d’être sage à leurs yeux.
PHILINTE
Vous voulez un grand mal à la nature humaine !
ALCESTE
Oui ! j’ai conçu pour elle, une effroyable haine.
PHILINTE
Tous les pauvres mortels, sans nulle exception,
Seront enveloppés dans cette aversion ?
Encor, en est-il bien, dans le siècle où nous sommes...
ALCESTE
Non, elle est générale, et je hais tous les hommes :
Les uns, parce qu’ils sont méchants, et malfaisants ;
Et les autres, pour être aux méchants, complaisants,
Et n’avoir pas, pour eux, ces haines vigoureuses
Que doit donner le vice aux âmes vertueuses.
De cette complaisance, on voit l’injuste excès,
Pour le franc scélérat avec qui j’ai procès ;
Au travers de son masque, on voit à plein le traître,
Partout, il est connu pour tout ce qu’il peut être ;
Et ses roulements d’yeux, et son ton radouci,
N’imposent qu’à des gens qui ne sont point d’ici.
On sait que ce pied plat, digne qu’on le confonde,
Par de sales emplois, s’est poussé dans le monde :
Et, que, par eux, son sort, de splendeur revêtu,
Fait gronder le mérite, et rougir la vertu.
Quelques titres honteux qu’en tous lieux on lui donne,
Son misérable honneur ne voit, pour lui, personne :
Nommez-le fourbe, infâme, et scélérat maudit,
Tout le monde en convient, et nul n’y contredit.
Cependant, sa grimace est, partout, bienvenue,
On l’accueille, on lui rit ; partout, il s’insinue ;
Et s’il est, par la brigue, un rang à disputer,
Sur le plus honnête homme, on le voit l’emporter.
Têtebleu, ce me sont de mortelles blessures,
De voir qu’avec le vice on garde des mesures ;
Et, parfois, il me prend des mouvements soudains,
De fuir, dans un désert, l’approche des humains.
PHILINTE
Mon Dieu, des mœurs du temps, mettons-nous moins en peine,
Et faisons un peu grâce à la nature humaine ;
Ne l’examinons point dans la grande rigueur,
Et voyons ses défauts, avec quelque douceur.
Il faut, parmi le monde, une vertu traitable,
À force de sagesse on peut être blâmable,La parfaite raison fuit toute extrémité,
Et veut que l’on soit sage avec sobriété.
Cette grande raideur des vertus des vieux âges,
Heurte trop notre siècle, et les communs usages,
Elle veut aux mortels, trop de perfection,
Il faut fléchir au temps, sans obstination ;
Et c’est une folie, à nulle autre, seconde,
De vouloir se mêler de corriger le monde.
J’observe, comme vous, cent choses, tous les jours,
Qui pourraient mieux aller, prenant un autre cours :
Mais quoi qu’à chaque pas, je puisse voir paraître,
En courroux, comme vous, on ne me voit point être ;
Je prends, tout doucement, les hommes comme ils sont,
J’accoutume mon âme à souffrir ce qu’ils font ;
Et je crois qu’à la cour, de même qu’à la ville,
Mon flegme est philosophe, autant que votre bile.
***
ALCESTE
Allons, c'est trop souffrir les chagrins qu'on nous forge:
Tirons-nous de ce bois et de ce coupe-gorge.
Puisque entre humains ainsi vous vivez en vrais loups,
Traitres, vous ne m'aurez de ma vie avec vous.
***
ALCESTE
Trahi de toutes parts, accablé d’injustices,
Je vais sortir d’un gouffre où triomphent les vices ;
Et chercher sur la terre, un endroit écarté,
Où d’être homme d’honneur, on ait la liberté.
COMMENTAIRE
À l’époque de Molière, je suppose qu’il était facile de trouver un lieu isolé, non touché par les affaires humaines. Il n’y a pas si longtemps, je pensais fuir à Anticosti; mais là, on s’apprête à vider l’île de ses entrailles…
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