15 septembre 2013

Opulence dorée et sale indigence…

La semaine dernière j’ai reçu un mail illustrant quelques extravagances alimentaires à prix exorbitant; c’est inimaginable. Ces rubriques orientées sur l’opulence dorée du petit nombre d’individus qui en sont pourvus ne m’intéressent pas; mais elles apparaissent parfois sur mon écran… deux ans après le boom. Difficile d’ignorer celle qui suit.

Faut-il être fou pour payer si cher des aliments/produits qui aboutiront aux égouts…
Avis aux chercheurs : il y a de l’or dans les étrons!

Quelques exemples en dollars US (chiffres non vérifiés; mais bon, les humains sont capables des pires excentricités quand ils ne savent pas quoi faire de leurs fortunes). 

Bagel : 1000$
Des truffes blanches, du fromage à la crème aux baies de goji infusées au Riesling et des flocons de feuilles d’or. Westin Hotels, chef Frank Tujague. Le prix inclut une donation aux étudiants de l’école hôtelière Les Amis d’Escoffier. (Il faut quand même se donner bonne conscience…)

Popsicle : 1000$
Recette : Tequila Premium Clase Azul Ultra à 1500$ la bouteille, sucre et flocons de feuilles d’or.

Café Wild Kopi Luwak : entre 1000$ et 3000$ le kilo
Ce café est récolté dans les excréments de la civette asiatique, le luwak. La civette mange les cerises du caféier et digère leur pulpe mais pas leur noyau qui se retrouve dans les excréments qu’on récolte. Ce café est essentiellement produit dans l'archipel indonésien (Sumatra, Java, Bali, Sulawesi, Philippines, Timor oriental).

Pizza : 4,200$
Une pizza de 12 po : homard mariné dans le cognac et caviar trempé dans le champagne, garniture de feuilles d’or 24-carats (ce n’est pas celle qu’on voit sur la photo – celle-ci est sans doute moins dispendieuse). Restaurant Maze, chef Gordon Ramsay, Londres.
(Avec ou sans gluten?)

Melon d’eau Densuke : 6100$
Ce melon «noir» (en fait vert très foncé) est cultivé uniquement sur l’île Hokkaido au nord du Japon. (Un internaute originaire de l’Idaho en fait pousser dans son jardin…) 

Caviar Almas : 25000$ (le kilo)
Les oeufs proviennent d’esturgeons iraniens âgés entre 60 et 100 ans. Unique distributeur en Occident : Caviar House & Prunier, Londres.

Truffes blanches : 330 000$ (un kilo et demi)
La truffe blanche est au second rang des denrées les plus dispendieuses extrêmement prisée par les grands chefs. Elle pousse sous une espèce de chênes particulière à Alba, en Italie, où sangliers et chiens la récoltent. (Stanley Ho a payé 330 000$ pour deux truffes pesant au total moins d’un kilo et demi.) 

The Frozen Haute Chocolate : 25000$
Ce sundae incluant 28 sortes de chocolat (dont 14 sont les plus dispendieux au monde) est servi dans un gobelet chemisé d’or, et décoré de pépites d’or. Au fond du récipient se trouve un bracelet en or 18-carats orné de diamants 1-carat. La cuillère en or, on vous la donne aussi... Restaurant Serendipity 3, New-York, US. 

Gâteau de mariage : 52 millions $ (pas de photo)
Un gâteau de six étages atteignant 1,50 m de haut, décoré de 2000 diamants (totalisant 2046 carats). Le gâteau a été créé par Tim et Jules Smith de la pâtisserie Cake à Chester, Angleterre. (Quel dommage, aux égouts…)

Photo (La boîte verte) : En 1920, le roi George V d’Angleterre se rend, comme chaque année, au traditionnel Derby d’Epsom. Sur sa route, le carrosse royal croise un mendiant. Celui-ci court aux côtés du carrosse pour essayer de recueillir une aumône. Le mendiant ne récoltera rien, pas même un regard. Le roi ne semble s’intéresser qu’au photographe. 

Sale indigence


Comparons ce luxe alimentaire à l’indigence où pataugent près des trois-quarts de l’humanité, notamment à cause du gaspillage alimentaire.

Selon une analyse menée en 2011 par la FAO, on estime que la quantité de gaspillage alimentaire dans le monde s’élève à 1,3 milliard de tonnes par an (1 300 000 000 000 kilos par an), soit environ un tiers de la production totale de denrées alimentaires destinée à la consommation humaine.
       Une autre étude (Smil, 2010) indique que 43% seulement des produits cultivés mondialement dans un but alimentaire sont consommés par les humains.
       Pour l'ensemble des pays développés, le gaspillage alimentaire est évalué entre 30 et 40% de la production de nourriture.
       Dans les pays riches, le gaspillage serait essentiellement dû au circuit de distribution : les distributeurs prennent peu de risque avec les dates de péremption et jettent les produits qui sont visuellement imparfaits. D’énormes quantités de nourriture sont également perdues au cours des processus de transformation des aliments, lors de leur transport, mais aussi dans nos cuisines.
       Dans les pays les plus pauvres, une très grandes quantité de nourriture est perdue avant même d’avoir pu être consommée. En fonction du type de culture, de 15 à 35% des produits alimentaires sont perdus directement dans le champ. 10 à 15% supplémentaires sont perdus au cours de leur transformation, du transport et du stockage.


L’alimentation est une des premières sources d’émission de gaz à effet de serre. Depuis la production jusqu’au traitement des déchets, le cycle de vie de la nourriture d’un Français, par exemple,  moyen représente environ 20% du total de ses émissions quotidiennes.
       Une étude publiée lors de la Semaine mondiale de l'eau à Stockholm en 2008 rappelle aussi que le gaspillage alimentaire au cours de la chaîne de production et dans les foyers revient à perdre les volumes d'eau importants qui ont été nécessaires à sa fabrication.

Selon la Commission Européenne les millions de tonnes d'aliments gaspillés par les européens se répartissent de la manière suivante :
- 42 % par les ménages
- 39% par l'industrie agroalimentaire
- 5% par les détaillants
- 14% par le secteur de la restauration

Des recherches menées aux États-Unis au niveau de l'industrie alimentaire, dont la production est la plus diverse et la plus abondante de tous les pays de la planète, indiquent des pertes alimentaires dés le début de la production. Après plantation, les cultures peuvent être perdues avant la récolte en raison de maladies ou du mauvais temps. L'utilisation de machines lors de la récolte peut augmenter les pertes puisqu’il est impossible de sélectionner ce qui est mûr de ce qui n’est pas.
       Une partie du gaspillage est dû au dépassement de quotas (agriculture, pêche) ou à des normes (tailles minimales des produits de la pêche, standards de qualité et d'apparence…) ou à des prix seuils en dessous desquels les produits ne sont pas commercialisés. On jette le surplus produit ou pêché ou ce qui ne correspond pas à la norme.
       En ce qui concerne la pêche, les chalutiers estiment que 30 à 40 % du total pêché est remis à la mer. Sept millions de tonnes de poissons seraient ainsi rejetés chaque année dans l'océan, soit un peu moins de 10 % des captures totales.
       Les agriculteurs quant-à-eux récoltent souvent de façon sélective, préférant laisser des cultures ne correspondants pas aux standards dans le champ (où ils peuvent être utilisés comme fertilisant ou nourriture animale), dans la mesure où les aliments seraient écartés plus tard de la chaîne.

Le gaspillage a de graves conséquences socioéconomiques. Il pèse sur le budget des familles. Ainsi que sur l’environnement : gaspillage d'eau, d'énergie, pollution des sols et des cours d’eau (engrais et pesticides utilisés en pure perte), augmentation du trafic routier et de la gestion des déchets, impact de carbone direct (émission de gaz à effet de serre des déchets) et indirect…

Source : http://www.planetoscope.com/restauration/542-cout-du-gaspillage-alimentaire-aux-etats-unis-en-euros-.html


Les villes tentaculaires
(Statistiques 2011)

- À chaque seconde, la population urbaine augmente de 2 personnes
- 95% de la croissance de la population urbaine dans les prochaines décennies se produira dans les pays en voie de développement
- 27% de la population urbaine dans les pays en voie de développement ne dispose pas de l'eau courante à la maison
- Pour faire face à une urbanisation rapide et répondre à la demande en eau croissante, les villes puisent leur eau plus profondément et plus loin : ce qui engendre une surexploitation des ressources en eau
- À chaque jour, 2 millions de tonnes de déchets d'origine humaine sont déversées dans les cours d'eau
- Dans de nombreuses villes, particulièrement dans les pays en voie de développement, le manque de traitement efficace des eaux usées et d'équipements de drainage entraine la pollution des ressources en eau souterraines et de surface
- Des installations sanitaires inadéquates ou de fortes pluies entrainent souvent la contamination de l'eau potable
- L'eau potable contaminée est alors source d'épidémies de choléra, de diarrhée et de malaria
- Alors que la malaria était souvent considérée comme une maladie rurale, elle est maintenant parmi les principales causes de maladie et de mort dans de nombreuses zones urbaines
- Des taux de perte d'eau potable de 50% dus aux fuites ne sont pas rares dans les systèmes de distribution urbains
- 493 millions d'habitants dans les villes partagent leurs installations sanitaires; en 1990, ce nombre était de 259 millions

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