Une vieille boutade de bancs d’école!
Stupide… mais était-elle prémonitoire à notre présent?
En réponse à la nucléo-schisto-mania et à l’infernalia agroalimentaire qui en résulte, voici un article de Pierre Rabhi. Nul besoin d’être un «bolé scientifique» pour comprendre!
Pierre Rabhi, photo de son site |
J'ai un énorme contentieux avec la modernité
Par Pierre Rabhi le vendredi 14 janvier 2011, 16:33
Je ne partage pas l'idée selon laquelle l'économie de marché à sorti le monde de la précarité. Je suis témoin du contraire. Dans cette oasis du Sud algérien où j'ai grandi, j'ai vu une petite société pastorale bouleversée par l'arrivée de l'industrie houillère. Mon père, qui faisait chanter l'enclume pour entretenir les outils des cultivateurs, a dû fermer son atelier pour s'abîmer dans les entrailles de la terre. Au Nord comme au Sud, des hommes ont été consignés pour faire grossir un capital financier dont ils n'avaient que des miettes. Ils y ont perdu leur liberté, leur dignité, leurs savoir-faire. J'avais 20 ans quand j'ai réalisé que la modernité n'était qu'une vaste imposture.
Je n'ai cessé, depuis, de rechercher les moyens d'échapper au salariat, que je considère, à tort ou à raison, comme facteur d'aliénation. C'est ainsi que je suis devenu "paysan agroécologiste sans frontières". Depuis trente ans, j'enseigne en Afrique des techniques que j'ai débord expérimentées sur notre ferme ardéchoise. Je rencontre des agriculteurs pris dans le traquenard de la mondialisation. Des hommes à qui l'on a dit : "Le gouvernement compte sur vous pour produire des devises avec des denrées exportables. Vous devez cultiver plus d'arachide, de coton, de café. Il vous faut pour cela des engrais, des semences, des pesticides." Dans un premier temps, on leur distribue gratuitement. Cadeau empoisonné. Car, à l'évidence, la terre est dopée et la récolte est plus abondante. Impressionné, le paysan retourne à la coopérative. Cette fois, les produits miracles sont en vente, à prix indexé sur celui du pétrole qui a servi à produire des engrais. "Tu n'as pas d'argent? On va te les avancer et on déduira de la vente de ta récolte."
Le paysan sahélien qui cultivait un lopin familial se retrouve alors propulsé par la loi du marché dans la même arène que le gros producteur de plaines américaines ; endetté, puis insolvable. On a ainsi provoqué une misère de masse, bien au-delà de la pauvreté. Le travail que nous faisons au Burkina Faso, au Maroc, au Mali et, depuis peu, au Bénin et en Roumanie, consiste à affranchir les agriculteurs en leur transmettant des savoir-faire écologiques et en réhabilitant leurs pratiques traditionnelles.
Pendant des siècles, on a su travailler la terre sans intrants et sans la crise qui affecte aujourd'hui même les pays dits prospères. Je réfléchis à la création d'un modèle qui s'appellerait "un hectare, une famille, un habitat". Demain, on ne pourra plus assurer les retraites, les indemnités de chômage. Il faudra réapprendre à vivre avec un potager, un verger, un clapier, un poulailler, une ruche et des petits ruminants. Retrouver une performance qui ne se fonde pas sur une croissance illusoire mais sur la capacité à satisfaire ses besoins avec les moyens les plus simples.
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Un de ses poèmes :
Des songes heureux pour ensemencer les siècles...
Sachez que la Création ne nous appartient pas, mais que nous sommes ses enfants.
Gardez-vous de toute arrogance car les arbres et toutes les créatures sont également enfants de la Création.
Vivez avec légèreté sans jamais outrager l’eau, le souffle ou la lumière.
Et si vous prélevez de la vie pour votre vie, ayez de la gratitude.
Lorsque vous immolez un animal, sachez que c’est la vie qui se donne à la vie et que rien ne soit dilapidé de ce don.
Sachez établir la mesure de toute chose.
Ne faites point de bruit inutile, ne tuez pas sans nécessité ou par divertissement.
Sachez que les arbres et le vent se délectent de la mélodie qu’ensemble ils enfantent, et l’oiseau, porté par le souffle, est un messager du ciel autant que la terre.
Soyez très éveillés lorsque le soleil illumine vos sentiers et lorsque la nuit vous rassemble, ayez confiance en elle, car si vous n’avez ni haine ni ennemi, elle vous conduira sans dommage, sur ses pirogues de silence, jusqu’aux rives de l’aurore.
Que le temps et l’âge ne vous accablent pas, car ils vous préparent à d’autres naissances, et dans vos jours amoindris, si votre vie fut juste, il naîtra de nouveaux songes heureux, pour ensemencer les siècles.
Pierre Rabhi, Extrait du Recours à la Terre, Terre du ciel, 1995
Son dernier livre :
Terre Mère, homicide volontaire?
Nouvel ouvrage de Pierre Rabhi. Entretiens avec Jacques-Olivier Durand. Editions le Navire. "De quoi manque le plus notre monde? D'humain ! ... Humain, humanisme, humanité... autant de termes qui ont la même racine qu'humus, cette vitamine indispensable à la mince couverture de terre qui, à la surface de notre planète, assure notre survie." Dans cet ouvrage, Pierre Rabhi en appelle aux consciences, particulièrement à celles des jeunes, pour que l'humain se réconcilie avec la nature. Pour que chacun cultive, là où il vit, une "oasis d'humain dans ce désert d'inhumanité".
Son site - à lire de A à Z : http://www.pierrerabhi.org/blog/index.php?post/2011/01/14/Jai-un-enorme-contentieux-avec-la-modernite
Rabbi était le titre donné aux docteurs de la loi juive et notamment aux maitres palestiniens du Talmud.
RépondreEffacerRabbi était le nom donné à Jésus Christ par ses disciples et petit clin d’œil « rabhisien », Pierre était le prénom du premier des apôtres…
Ceci dit, Pierre Rabhi, malgré son nom n’est pas le Jésus de la religion mais un homme comme les autres qui entraine à sa suite des adeptes transformés en cour.
Ex candidat à la l’élection présidentielle française de 2002 il publie désormais des livres, anime des conférences et brille divinement sous les feux de la rampe de l’économie de marché capitaliste…qui ne sortira malheureusement pas, il a raison et c’est certain, le monde de la précarité !
Ainsi, il vient récemment de donner sa caution d’homme sage à un riche animateur de télévision (vendeur de shampoings exotiques) candidat à l’élection présidentielle de 2012 !
Ainsi, nous le voyons poser (revue Terraeco), bras dessus, bras dessous avec une princesse dans le parc d'un château (transformé en partie en hôtel de charme pour les élites économiques et politiques) pour admirer la roseraie « bio » de la noble dame…
Les médias ont érigé cet homme en star de l’écologie car la sommité morale de sagesse qu’il incarne ne menace désormais plus le système sectaire néolibéral.
L’insurrection des consciences semble ne plus être à l’ordre du jour !
Cohérence ?
Yvan Burtin
Ah bon?!...
RépondreEffacerPublié pour la valeur du texte.
Si l'homme a changé, eh bien, on n'y peut pas grand chose.