23 juin 2011

Haïku Portugais

Fascinant le Fado.

Destin, fatalité?
Lawton McCowl disait : «Le Fado c’est la vie».
La vie dans le passé et la doléance de ce qu’on croit perdu à jamais.
Pourtant…

Quoiqu’il en soit, ce chant traditionnel poétique me fait penser au haïku de par son extrême simplicité. En réalité, c’est ce qui lui donne sa richesse et sa profondeur.

Le nostalgique Fado Menor s’interroge, entre autres, sur l’âme et la nature éphémère de nos désirs toujours exposés à la destruction (par des forces hors de notre contrôle). Le mélodrame passionnel y tient une place d’importance, de même que certaines grandes vérités.


À titre d’exemple, quelques strophes de Fado Menor (menor pour mode mineur, associé en musique à la tristesse, au chagrin, etc.)  

Le vent souffle si fort
Que je ne trouve pas de paix
Quelque chose dans mon esprit
Est prêt à s’arrêter
Peut-être que ce qu’on appelle l’âme
Croit que la vie est réelle
Peut-être que c’est ce calme
Qui fait vivre mon âme
Il souffle un vent trop violent
J’ai peur de mes pensées
Mon mystère s’approfondit
Si je me perds dans mes pensées
Le vent qui passe et oublie
La poussière qui monte et retombe
Ah que j’aimerais
Savoir ce qui s’agite en moi

***
Reviens vie que j’ai vécue
Que je puisse revoir
Cette vie perdue
Que je n’ai pas su vivre
J’aimerais tant
Revenir en arrière
Ô ce temps
Il me manque tant
Le printemps revient toujours
Mais la jeunesse ne revient jamais
Le temps passe
Nous refusons de le voir
On rit, on pleure
Mon Dieu, comme le temps passe
Disons-nous parfois
Mais en réalité
Le temps est immobile
Et nous ne faisons que passer

[Commentaire : frappant comme les trois dernières lignes résument la «réalité du temps» en très peu de mots]

Crédit de traduction française des strophes :
Josiane Bardon  
Film Fados de Carlos Saura

Je suis une inconditionnelle de ce réalisateur.
De la beauté, de la beauté et encore de la beauté…
La perfection de l’imperfection humaine.

***
Autre stance - non extraite de ce film :

Fado d’amour
Mon corps n’est qu’un bateau sans port
Quand tu n’es pas là
Ton corps n’est qu’un désert
Quand je ne le rencontre pas
Tes yeux sont mémoire de désirs
Que je ne vois plus
Mes yeux sont les larmes du Tage
Que je revois toujours

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