14 juin 2011

J’émigre en Suisse!

Saga du mourir dans la dignité (suite)

Euthanasier ne signifie pas tuer des civils à bout portant sur la rue; ça, c’est du vrai dérapage, tout le monde en conviendra…

Euthanasier signifie aider un individu (qui le demande) à quitter son corps (inutilisable) parce que son état ne lui permet pas de le faire lui-même et qu'on s'arrange pour le maintenir en vie coûte que coûte. On agira par compassion, ou par «gros bon sens» si l’individu est impotent et ne peut en faire la demande consciemment. Bien sûr, il ne s’agit pas d’ôter la vie aux personnes handicapées (toutes catégories confondues) contre leur gré si elles désirent vivre en dépit de leurs maux; ça, ce serait du dérapage aussi.

Parenthèse
Quand je pense au cas de Robert Latimer, je suis consternée de voir à quel point nos lois sont arriérées et barbares, et de constater que les «pro-vie» tous azimuts contribuent, peut-être inconsciemment, à torturer des gens en raison de croyances religieuses ou socioculturelles.

Source – Radio-Canada, février 2011 :
[Robert Latimer a été condamné pour meurtre au second degré pour avoir empoisonné sa fille, Tracy, au monoxyde de carbone. Il a toujours affirmé qu’il avait agi par amour et par compassion envers sa fille. «C’était difficile, mais ce n’était pas triste», a dit l’ancien fermier de la Saskatchewan en expliquant son geste, qui, à l’époque, avait soulevé un débat au pays.
      «C’est quelque qui devait arriver, selon moi. Les opinions divergent à ce sujet», a-t-il confié à la journaliste Anne-Marie Dussault.» C’était la bonne chose à faire. Elle en avait assez. C’était fini.» Robert Latimer explique ce que sa fille, qui ne pouvait ni parler, ni marcher, ni se nourrir, a dû traverser : «C’est une torture. Tracy avait subi beaucoup d’épreuves, des opérations au dos et des tiges dans la colonne.»
      Après deux procès, des appels successifs jusqu’en  Cours suprême et des années de prison, il est toujours en colère contre le système judiciaire et ceux qui osent condamner son geste. «On m’a accordé plus d’attention qu’à Karla Homolka», déplore-t-til, constatant que l’ex-conjointe de Paul Bernardo, condamnée pour son rôle dans le viol et le meurtre de deux adolescentes ontariennes, s’en est mieux tirée que lui. Karla Homolka est libre maintenant. Moi, j’ai une peine d’emprisonnement à vie et mes déplacements sont restreints à un rayon de 50 milles.
      Même s’il assure ne pas mener une croisade pour l’euthanasie, Robert Latimer applaudit le débat sur lequel se penche le Québec avec sa Commission spéciale sur la question de mourir dans la dignité. «On en fera jamais assez pour clouer le bec à ceux qui brandissent leur rectitude morale et leur image, ceux qui se moquent de ce que vit une personne.»] 

Latimer a obtenu une libération conditionnelle totale en décembre 2010. Bien sûr, sa fille ne pouvait pas lui demander verbalement de la libérer. Je ne peux oublier le documentaire où l’on voit les tortures infligées par la science médicale sans conscience à cette petite fille. Une horreur. Imaginons alors ce qu’on peut faire endurer aux animaux de laboratoire déclarés sans âmes…
Fin de la parenthèse

«Quand ta maison tombe en ruines, tu la quittes.»
(Film Au-delà de nos rêves)
Ainsi, ma mère n’en finit pas de se morfondre à l’hôpital. Elle sera acheminée vers un établissement de soins prolongés puis au mouroir. Rien de moins. À 90 ans, elle ne souhaite que mourir en paix étant donné qu’elle ne fait rien d’autre que dormir sous l’effet des opiacées, qui ne soulagent même pas les douleurs d’arthrose. Et, elle répète continuellement «pourquoi prolonger la vie d’un corps qui ne sert plus à rien?». (Voyez les messages «Dans les chaussures de la déprimée» et «Prolongation indue de la vie»

J’ai décidé de m’amuser, même si la situation est loin d’être comique. Comme le disait George Bernard Shaw : «La vie ne cesse pas d’être drôle quand les gens meurent pas plus qu’elle ne cesse d’être sérieuse quand les gens rient.» Quand je vais à l’hôpital et que je m’adresse à une nouvelle infirmière, je lui annonce que j’émigre en Suisse. Aussitôt on me dit : «Ah, vous avez rencontré un Suisse qui vous invite à vivre là-bas? Chanceuse!», et blablabla. (Drôle comme les gens scénarisent selon les patterns de films romantiques américains!) Je laisse donc spéculer un moment pour finalement déclarer : «Non, je veux simplement avoir le choix de mourir dans la dignité!» Alors là, j’aimerais bien avoir une caméra cachée pour filmer la tête qu’elles font!

À suivre... 

1 commentaire:

  1. Anonyme16.6.11

    Pauvre Latimer!
    Ils se sont tous lancé dessus avec la grande armée de moralistes obsolètes!

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