12 juin 2010

Noces noires

Les grandes nations courtisent l'Alberta

Par 4 chemins, samedi 12 juin 2010
Jacques Laguirand
À écouter : http://www.radio-canada.ca/emissions/par_4_chemins/2009-2010/index.asp

Première heure : L'après-pétrole a commencé

L'or noir s'épuise. Dans deux ou trois décennies, les réserves auront diminué de façon spectaculaire, selon les pessimistes. Au contraire, rétorquent les optimistes, il en reste beaucoup. Au fond, peu importe, car le pétrole doit mourir.

L'après-pétrole a commencé, de Serge Enderlin, Éditions du Seuil

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Les sables bitumineux  

Source: Wikipédia 
Un sable bitumineux (ou bitumeux) est un mélange de bitume brut, qui est une forme semi-solide de pétrole brut, de sable, d'argile minérale et de l'eau. En d’autres mots, c’est un sable enrobé d’une couche d’eau sur laquelle se dépose la pellicule de bitume. Plus la pellicule de bitume est épaisse, meilleurs sont les sables bitumineux en termes de quantité de pétrole extractible. Après extraction et transformation des sables bitumineux, on obtient le bitume, qui est un mélange d’hydrocarbures sous forme solide, ou liquide dense, épais et visqueux. Les gisements de sable bitumineux représentent une importante source de pétrole brut de synthèse, ou non conventionnelle. Les principales réserves se situent en Alberta (Canada) et dans le bassin du fleuve de l'Orénoque, au Venezuela. De plus petits gisements de sables bitumineux existent dans d'autres endroits du monde.

Impact environnemental
L'extraction minière des sables bitumineux a un impact important sur les écosystèmes. En Alberta, cette forme d'extraction détruit complètement, dès l'ouverture de la mine à ciel ouvert, la forêt boréale, et a des conséquences directes sur l’air. Des centaines de km2 de territoires sont dévastés. La forêt boréale canadienne couvre 5 millions de km2 dont les trois quarts restent totalement vierges. Le développement de l'extraction des sables bitumineux pourrait toutefois affecter une zone bien plus large. L'exploitation sylvicole et minière fragmente la forêt à grande vitesse. La vie de la forêt boréale provient du sol, qui est composé d’ingrédients biologiques essentiels. En rasant la forêt boréale et en détruisant le sol, il y a destruction de ces ingrédients biologiques essentiels à la vie de la forêt boréale. L'industrie minière considère que la forêt boréale reprendra sa place sur les terrains restaurés après la période d'extraction, mais aucun terrain n'est considéré «restauré» quelque trente ans après l'ouverture de la première mine dans la région du Fort McMurray en Alberta.

De plus, l’extraction des sables bitumineux dégage des agents polluants, tel que le méthane. Aussi, la forêt boréale est composée de tourbières, qui sont des réservoirs naturels de dioxyde de carbone. En détruisant la forêt, on détruit ces tourbières, ce qui engendre une augmentation des émissions de gaz à effet de serre.

Or l'extraction d'un seul baril de pétrole des sables bitumineux de l'Alberta génère plus de 190 kg de gaz à effet de serre (GES). L’exploitation des sables bitumineux génère des gaz très nocifs, tel que l’anhydride sulfureux, qui est responsable, même à des quantités très faibles, de l’acidification des lacs et des forêts. En 2003, l’Alberta a été nommée la capitale de la pollution atmosphérique du Canada avec une génération de plus d’un milliard de kilogrammes d’émissions de gaz à effet de serre. En produisant un baril de pétrole extrait des sables bitumineux, on génère trois fois plus d’émissions de gaz à effet de serre que la production d’un baril de pétrole classique. Aujourd’hui, la compagnie d’exploitation des sables bitumineux Suncor rejette 600 tonnes de gaz naturel à l’heure.

La croissance prévue de la production du pétrole synthétique albertain menace aussi les engagements internationaux du Canada. En ratifiant le Protocole de Kyoto, le Canada s'est engagé à réduire, d'ici 2012, ses émissions de GES de 6 pourcent par rapport à l'année de référence (1990). Au lieu de la diminution des GES, une augmentation de 145 mégatonnes des émissions de GES sera observée, dont le quart proviendrait de l’exploitation des sables bitumineux. En 2002, ses émissions étaient supérieures de 24 pourcent à l'année de référence.

L’extraction du bitume des sables bitumineux a des conséquences directes sur l’eau et l’air. Une grande quantité d’eau est requise pour le procédé à l’eau chaude, soit de 2 à 5 barils d’eau douce pour produire un seul baril de pétrole. Il faut donc puiser cette eau dans les grands cours d’eau, ce qui va entraîner un assèchement des sols et une baisse de la nappe phréatique. L’eau usée, qui est un mélange très toxique, est rejetée dans les bassins situés près de la rivière Athabaska. La pêche, étant la source de subsistance de la communauté, est donc impossible à pratiquer, puisque l’eau de la rivière est trop polluée. Aussi, cette eau à des conséquences néfastes pour les animaux. Il faut donc empêcher les animaux de s’approcher de la rivière. Aussi, l’eau usée peut être utilisée pour la réhabilitation du territoire, qui a été perturbé. Cependant, cette eau est très polluée, puisqu’elle contient plus de 250 ingrédients différents toxiques, tel que le méthane, le xylène, le benzène, le mercure, l’arsenic et d’autres hydrocarbures. Avec le temps, il y a une bioaccumulation de ces produits chimiques, mais la concentration n’est pas connue. La toxicité s’amplifie donc, puisque la plupart des produits chimiques ne disparaissent pas et ne se dégradent pas biologiquement.

Enfin, le chauffage des sables bitumineux, en but d’extraire le bitume, nécessite beaucoup de gaz naturel, ce qui va augmenter les émissions de gaz à effet de serre. Il y a 10 ans, 16 millions de tonnes de gaz à effet de serre étaient rejetés lors du chauffage des sables bitumineux et dans 10 ans, ce sera 65 millions de tonnes de gaz à effet de serre, qui proviendront de la même source. De plus, une odeur désagréable rend les gens malades et cette pollution de l’air est entraînée vers les provinces de l’Est du pays, causant ainsi des pluies acides.

La parution de mars 2009 du National Geographic contient un reportage de 24 pages qui dénonce la pollution liée à l'exploitation des sables bitumineux en Alberta.

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Comme des vautours...

Janvier 2007 - L'entente canado-américaine sur les sables bitumineux qui quintuplerait la production pétrolière albertaine pour satisfaire les besoins du marché américain prévoit également de simplifier le processus d'approbation environnementale pour les nouveaux projets énergétiques.

Quelles seront les conséquences d'une telle augmentation de la production de pétrole tiré des sables bitumineux sur l'environnement?

Cette hausse nécessitera la construction de nouvelles raffineries et de nouveaux oléoducs, pour transporter le brut albertain jusqu'en Californie et dans le sud du Texas. Et avec une production actuelle de un million de barils par jour, le pétrole des sables bitumineux est déjà la principale source d'augmentation des gaz à effet de serre au Canada. (Desautels, Radio-Canada)

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Février 2007 - Selon le magazine Time, le Canada possède un immense trésor : les gisements de sables bitumineux de l’Alberta, deuxièmes en importance au monde après les réserves de l’Arabie saoudite. Pour mettre la main sur ce trésor, il faut pourtant payer un prix exorbitant sur le plan environnemental. En effet, l’extraction du pétrole des sables bitumineux consomme beaucoup plus d’énergie que l’exploitation des puits de pétrole traditionnels et émet une grande quantité de gaz à effet de serre (GES).

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Parmi les impacts

http://lcn.canoe.ca/lcn/infos/national/archives/2008/08/20080819-210147.html?22082f5bb90f4120a1c9547d00ba0fa8

(Avec PC) 12 juin 2010 – Un poisson mutant a été capturé en aval de la région des sables bitumineux, dans le lac Athabasca, en Alberta.

Ce laquaiche aux yeux d’or, qui pèse 2,5 kilogrammes, a deux bouches.

Il a été découvert par deux garçons, qui ont ensuite montré le spécimen au responsable de la conservation de la ressource pour Parcs Canada, au parc national de Wood Buffalo.

Les informations au sujet du poisson mutant seront envoyées à un organisme constitué de spécialistes du gouvernement et de l’industrie surveillant la santé des rivières et des lacs.

Un rapport devrait être envoyé au Programme de surveillance aquatique régionale (RAMP) de l’Alberta, qui a été établi afin d’identifier et de faire face aux éventuels impacts de l’exploitation des sables bitumineux.

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