Source : Tchouang Tseu 2, La musique de la vie; Tsai Chih Chung, Philo Bédé, Carthame Éditions
Le Deuil de Qin Shi
Aux funérailles de Lao Tseu, Qin Shi ne sanglota que trois fois, puis resta en silence.
- N’étais-tu pas l’ami de notre maître? Trouves-tu décent d’être aussi peu affligé?
- Être juste un peu triste me suffit amplement.
- Lao Tseu vint parmi nous parce c’était le moment, puis suivant le mouvement de la nature, il nous quitta. C’est vivre dans l’instant et suivre le flux. Ainsi je ne suis pas triste pour lui.
À ces mots, les disciples de Lao Tseu cessèrent de pleurer.
La mort ne concerne que le corps et non l’essence vitale. Sachant cela, Qin Shi ne ressentait aucune peine.
***
Naître au bon moment est une action juste.
Mourir au bon moment est une action juste.
Être né et ne pas chérir la vie,
c’est s’opposer au ciel.
Ne pas vouloir mourir au moment opportun,
c’est s’opposer au ciel.
(Lao Tseu)
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La Forme et l’Esprit Confucius s’adressa au Duc Ai de Lu :
«Alors que j’étais en mission à l’État de Chu, je vis des porcelets qui tétaient leur mère. Soudain, la truie roula sur elle-même et mourut. Les porcelets l’abandonnèrent. Ce que les porcelets aimaient dans leur mère était non pas sa forme, mais la vie qui l’animait. Morte ou vivante, la truie est la même. Le changement se situe au niveau de sa vitalité. Ce qui est représentatif d’une personne est son essence et non pas sa forme.»
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Quand la partie est finie, le Roi et le Pion retournent dans la même boîte.
(Proverbe italien)
Le conte taoïste suivant illustre bien que tout a intérêt à mourir ici-bas, et que le pouvoir et la richesse ne sont que les instruments d’une temporaire illusion de suprématie.
Source : Lie Tseu, Les ailes de la joie; Tsai Chih Chung, Philo Bédé, Carthame Éditions
S’accrocher à la Vie et fuir la Mort
Un grand roi partit un jour en promenade avec ses ministres. Ils firent une pause au sommet d’une colline d’où l’on pouvait voir à des kilomètres à la ronde. Tandis que le roi admirait ses terres luxuriantes et ses riches cités, les larmes lui montèrent aux yeux. Il pensa à ses palais et à ses amis, aux honneurs et à sa prospérité et à l’amour de son peuple.
- Dire qu’un jour je vais mourir et laisser tout cela derrière moi!, se plaignit-il.
Ses ministres se mirent à réfléchir et à s’apitoyer en pensant qu’eux aussi perdraient à leur mort palais, richesses et honneurs.
- Ah, si seulement nous pouvions vivre éternellement !, dit le roi.
- Eh, oui!, acquiescèrent les nobles, les yeux tout brillants, juste de penser à l’immortalité.
Un des ministres éclata de rire.
- Nous ne devrions jamais quitter tout ça!, ajouta le roi, ignorant cette interruption.
Mais le ministre rit de nouveau. L’incident se produisit à quelques reprises, de sorte que le roi lui demanda la raison de son hilarité.
Le ministre s’inclina devant le roi et dit :
- Imaginez ce que ce serait si la mort n’existait pas. Le premier Empereur serait encore ici. Si par le seul mérite, nous pouvions nous accrocher à la vie, vos ancêtres Tai Gonc et le Duc Huan seraient éternels. Et si le courage suffisait, le Duc Zhuang et le Duc Ling seraient toujours parmi nous. Si ces princes étaient encore en vie, votre altesse travaillerait actuellement dans les rizières et n’aurait pas le temps de penser à la mort. À quoi devez-vous votre trône? Au fait que vos ancêtres l’ont occupé l’un après l’autre jusqu’à que vienne votre tour. Il est ignoble que vous en pleuriez. Je vois un Duc ignoble entouré de deux ministres flagorneurs. Voilà ce qui me fait rire.
Les autres ministres retinrent leur souffle, craignant la fureur du roi. Après un moment de tension aiguë, le roi se mit à rire. Il leva son verre vers ses amis et dit :
- Pour avoir encouragé ma stupidité, je vous condamne à boire un verre de vin!
On doit regarder la vie et la mort en face avec courage et confiance. S’accrocher à la vie et craindre la mort, c’est être comme un voyageur perdu sans espoir de retour.
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Lorsque vous accédez à la réelle, à la véritable perception ou compréhension, la naissance et la mort ne vous affectent plus. Vous êtes libre de partir ou de rester.
(Linji, 867- ?)
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