10 juillet 2021

Marie Grégoire : le favoritisme l’emporte sur le bon sens

Le gouvernement Legault ne cesse de nous prouver qu’il n’est pas nécessaire d’avoir des compétences pour être élu, gouverner et obtenir des postes de haute direction au sein de la fonction publique.

 

La ministre Nathalie Roy avait déclaré qu’elle n’excluait pas la possibilité de passer outre la recommandation du conseil d’administration de BAnQ pour placer Marie Grégoire à la tête de l’institution (comme sa prédécesseur Marie Montpetit l’avait fait il y a trois ans). La justification? Le besoin crucial d’un ou d’une gestionnaire à la tête de BAnQ. Ridicule, les gestionnaires financiers compétents sont légion, néanmoins on ne leur confierait pas la direction d’une institution culturelle comme BAnQ. 

 

Je comprends que Marie Grégoire refuse d’accorder des entrevues aux médias. Normalement lorsqu’on obtient un poste prestigieux on se réjouit haut et fort devant tout le monde. Éprouve-t-elle de la gêne? En tout cas, elle ne semble pas souffrir du syndrome de l’imposteur.

 

L’ancienne adéquiste ne critique pas les politiques de gestion de la CAQ. Quand on l’avait invitée à commenter les agissements de Fitzgibbon, elle avait habilement esquivé. Le chien ne mord pas la main qui le nourrit.

 

Des articles comme ceux qui suivent, vous en trouverez plusieurs sur le web. Tout le monde voit le problème sauf les caquistes aux yeux bandés. Si le message n’est pas compris j’ignore ce qu’il faudra... On sait que François Legault est extrêmement buté; si un projet n’a rien de bon (ex. : le troisième lien et GNL Québec) il voudra le réaliser coûte que coûte, même en l’absence d’acceptation sociale. Il a un côté tyrannique assez prononcé...

 

«La véracité n'a jamais figuré au nombre des vertus politiques, et le mensonge a toujours été considéré comme un moyen parfaitement justifié dans les affaires politiques.» ~ Hannah Arendt  (Les origines du totalitarisme, Tome 3 : Le système totalitaire – 1951)

 

Nomination de Marie Grégoire à BAnQ : vent de déception dans le milieu

Charles-Éric Poulin / La Presse / 9 juillet 2021

 

«C’est une nomination qui est partisane, politique, fulmine Marie D. Martel, professeure adjointe à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’Université de Montréal (UdeM). Malheureusement, il n’y a rien dans le profil de Mme Grégoire qui correspond aux attentes et aux compétences qu’exige le poste.»

 

Je pense que l’ensemble du milieu est en état de choc, de stupéfaction. Les milieux documentaires avaient déjà communiqué certaines attentes et fait part publiquement des enjeux actuels. ~ Marie D. Martel, professeure adjointe à l’École de bibliothéconomie et des sciences de l’information de l’UdeM

 

Dans une lettre publiée dans Le Devoir le 8 juin, la chercheuse et une quinzaine de ses collègues à l’UdeM exposaient les défis colossaux – technologiques et budgétaires – de BAnQ et plaidaient pour la nomination d’un dirigeant «avec des qualifications véritables et appropriées pour les affronter».

 

«Dans l’appel pour l’embauche, c’était écrit noir sur blanc que ça prenait une connaissance particulière dans le domaine de la bibliothéconomie, des sciences de l’information et de la gestion documentaire, fait remarquer Mme D. Martel. On se demande ce qu’on a écrit dans la case associée à ce critère de sélection pour recommander Mme Grégoire, qui est sans doute quelqu’un de fort compétent dans d’autres domaines.»

 

Le curriculum vitæ de la communicatrice politique et ex-députée de l’ADQ, parti qui s’est greffé à la CAQ en 2012, a été retenu parmi une vingtaine de candidatures. Le Conseil des ministres a entériné la nomination mercredi.

 

«Rien, mais alors absolument rien dans le CV de Marie Grégoire ne justifie sa nomination à ce poste d’une importance capitale, a pour sa part écrit Patrick Poirier, directeur des Presses de l’Université de Montréal, sur Facebook. C’est une farce sans nom. Honte à ce conseil des ministres qui, visiblement, ne pige pas du tout ce qu’il en est de piloter une institution comme BAnQ. Quelle misère

 

«Mme Grégoire est une excellente communicatrice, mais est-ce suffisant pour être à la tête d’une institution culturelle aussi capitale que BAnQ?», s’est-il enquis à La Presse.

 

«On est déçus, lance Julien Bréard, président de l’Association des archivistes du Québec. On aurait aimé que ce soit quelqu’un avec une formation de bibliothécaire ou d’archiviste, ou à la limite spécialisé dans les technologies de l’information. J’ai l’impression que Mme Grégoire n’a pas ces compétences-là

 

https://www.lapresse.ca/arts/2021-07-09/nomination-de-marie-gregoire-a-banq/vent-de-deception-dans-le-milieu.php

 

Nominations partisanes : plus ça change...

Jean-Charles Morin / Le Devoir, libre opinion, 10 juillet 2021

 

On se doit de le dire : la nomination de l’ancienne «ex-clubeuse» Marie Grégoire au poste de directrice de BAnQ n’est que la dernière d’une longue série de nominations pour le moins douteuses où on tente chaque fois, tous partis confondus, de faire avaler la même vieille couleuvre : après une recherche de candidatures bidon, le comité de sélection nous apprend – ô surprise! – que le candidat retenu – et soi-disant le plus qualifié – est un habitué de longue date des coulisses de la scène politique et ne possède pas vraiment le profil rêvé pour occuper le poste en question.

 

Il semble que le fait d’être connu du pouvoir constitue un atout qui prime largement toute expérience pertinente ou diplôme universitaire. À ce jeu hautement partisan, la notoriété et une fidélité sans failles battent la compétence et l’expérience à plate couture. On verra donc d’anciens députés, ministres ou employés politiques dûment pistonnés atterrir comme des ovnis dans des postes stratégiques dont, au départ, ils ignorent à peu près tout.

 

Soyons clairs : je n’ai rien a priori contre Mme Grégoire, que je trouve au demeurant plutôt sympathique. Sa notoriété est bien établie et sa feuille de route est impressionnante. Le seul problème, toutefois, est que cette dernière n’a aucune pertinence avec le poste convoité et que rien, dans sa formation universitaire, ne la prédestine à ce type d’emploi. Les gens du milieu se sont d’ailleurs faits fort de relever l’incongruité de sa nomination en soulignant ce point crucial.

 

On prétendra bien sûr qu’une personne de son calibre va apprendre «sur le tas» et saura vite tirer les marrons du feu. Cette attitude de matamore trahit en fait une méconnaissance profonde de la tâche à accomplir et sous-estime grandement la nature des nombreux défis auxquels on devra faire face.

 

Dans ce genre de formation «à chaud», on apprend surtout des erreurs qu’on ne manquera pas de commettre ; il s’agit maintenant de savoir quel tribut plus ou moins lourd devra être payé à terme pour réparer les dégâts qui vont survenir. Ces derniers risquent d’être sévères et de compromettre au final l’institution qu’on croit ainsi servir. 


Au Québec, ce procédé de nomination dommageable et condamnable relève d’une tradition bien établie de copinage et de patronage. On est en droit de se demander comment un comité de sélection prétendument neutre peut arriver à faire des recommandations qui tiennent si peu compte de l’expérience pertinente et du profil universitaire des divers candidats.


Comment quelqu’un qui n’a pas au départ la formation minimale requise pour occuper un poste stratégique peut-il croire un seul instant que sa candidature sera vue comme sérieuse? À moins, bien sûr, que cette personne n’ait été approchée au préalable et ses démarches, encouragées en sous-main par des gens bien placés pouvant influer efficacement sur le processus de sélection.

 

C’est sans compter également le souverain mépris dans lequel les gouvernants et leurs mandarins dociles tiennent la formation universitaire. D’une part, on prétend encourager les étudiants à faire des maîtrises et des doctorats susceptibles de les qualifier pour des postes de pointe, mais quand vient le temps de pourvoir ces derniers, on leur fait savoir par la bande qu’on va possiblement leur préférer un candidat parachuté notoire sans qualités particulières, venu de nulle part.

 

Le gouvernement actuel avait promis de mettre fin aux nominations partisanes. À la lumière de ce qui vient de se produire, on est en droit maintenant d’être déçu et de douter sérieusement de sa parole.

https://www.ledevoir.com/opinion/libre-opinion/617127/nominations-partisanes-plus-ca-change 

L’art du favoritisme politique

https://artdanstout.blogspot.com/2021/06/lart-du-favoritisme-politique.html   

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