19 juillet 2021

La première des libertés...

«La première des libertés est de ne pas répondre au téléphone» 

Essayez d’inculquer cette maxime aux accros qui dorment avec leur smartphone sous l’oreiller... bonne chance. C’est un outil formidable pour perdre la mémoire et nos facultés cognitives et nous zombifier à haute vitesse. Plus on est zombie, plus on utilise ce symbole de notre déclin. Et la fichue pandémie a rendu beaucoup de gens encore plus dépendants. Triste quand même. Mémoriser, réfléchir et penser par soi-même vont devenir vintage et hors d’usage dans peu de temps.

Le smartphone : poison ou remède?

Par Fabien Trécourt / CNRS Le Journal / 07.11.2018

Photo : Srinapa Wannapat, Bangkok / Getty images. Selon Pierre-Marc de Biasi, nous déléguons aux téléphones de nombreuses fonctions cognitives, perdant ainsi certaines facultés comme la capacité à s'orienter.

Dans son essai Le Troisième Cerveau, Pierre-Marc de Biasi, directeur de recherche émérite au CNRS, alerte sur la relation de dépendance que nous entretenons avec le Smartphone, outil «intrusif, injonctif et addictif».

Pour le moment, nous sommes les maîtres, et les Smartphones sont nos esclaves. Plus nous déléguons de tâches à cet outil, plus il devient compétent pour satisfaire et anticiper nos désirs, et plus nous devenons dépendants de lui : le petit serviteur zélé finira par se faire le maître de ses maîtres. J’ai eu envie d’approfondir cette réflexion en me donnant l’espace d’un essai. Il n’y avait pas de livre sur le sujet.

Il est déraisonnable d’échanger ses données personnelles et son profil contre des applications gratuites, même excellentes. Si vous vous vendez, on vous revendra. L’objectif reste de vous manipuler, de vous imposer des produits et, le cas échéant, de vous faire voter pour un candidat plutôt que pour un autre, comme l’ont prouvé plusieurs scandales récents.

Nous pourrons toujours tenter d’y opposer une posture de maîtrise – par exemple, en diminuant notre temps passé sur écran –, il reste que les algorithmes sauront de mieux en mieux capter notre attention au bon endroit, au bon moment et avec des arguments sur mesure qui feront toujours mouche. La seule résistance plausible serait l’émergence d’un mouvement low-tech, diminuant radicalement la part du technologique dans nos vies.

J’en doute beaucoup, car tout concourt à ce que le Smartphone devienne un outil universel du quotidien dont l’usage relèvera de la prescription : pour payer ses achats, ses impôts, prendre rendez-vous, s’informer, voyager, communiquer… Comment s’en passer? On ne vous le permettra pas.

Le Troisième Cerveau, Pierre-Marc de Biasi, CNRS Éditions (septembre 2018)  

Article intégral :

https://lejournal.cnrs.fr/articles/le-smartphone-poison-ou-remede  

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