Les propos des infirmières du Centre hospitalier de Joliette sentent la radio-poubelle à plein nez. Leur attitude méchante, vulgaire, irrespectueuse et raciste envers la patiente autochtone Joyce Echaquan est clairement dans cette ligne d’influence.
Voici des exemples de propos rapportés en 2016 par le Comité des femmes de l'AFPC-Québec (Alliance de la Fonction publique du Canada). Je cite :
Radio X se démarque de ses concurrents avec les attaques les plus vicieuses. Sexisme, antiféministe, racisme et la haine font partie prenante de leurs sujets quotidiens. Malheureusement, les propos tordus et diffamatoires qui sévissent sur nos ondes trouvent écho dans la population et se répandent insidieusement au sein de notre communauté. Jeff Fillion et ses acolytes plongent leur public dans un univers d’imbécillité, de stupidité et de médiocrité d’une ampleur difficilement concevable. Traitant notamment les femmes comme des déchets, des sous-personnes. Allant même jusqu’à justifier leur diarrhée verbale au nom de la liberté d’expression. Jeff Fillion a osé affirmer en ondes le 15 novembre 2016, qu’il n’était pas possible que des femmes autochtones de Val d’Or aient pu être agressées sexuellement parce qu’elles sont «déboitées, maganées, elles ont les dents pourries et souffrent probablement d’hépatite». Impossible que des policiers jeunes et beaux, ayant de belles femmes et une belle famille aient eu l’espace d’un instant une mauvaise pulsion. Il ramène un débat concernant également l’abus de pouvoir, la violence et l’intimidation à une analyse faite de mauvaise foi.
Selon une conversation qu'il aurait eue avec un policier de Val-d'Or, les agents qui y travaillent sont jeunes et beaux, en couple et n'entretiendraient jamais de relation avec des femmes des Premières nations.
L'animateur les qualifie de «cas problématiques, [...], de filles qui sniffent de la colle, c’est des filles qui sont en boisson comme ça se peut pas [...]. Vraiment maganés, déboîtés».
Il est revenu sur le sujet dans une autre émission une semaine plus tard, suggérant que ces femmes «étaient peut-être belles là, il y a 15 ans là, mais sont tellement maganées par la vie, ils [sic] ont tellement une vie qui est une vie de décadence. […] Il y a toutes sortes d’affaires. Les policiers arrivent là-dedans, c’est le bordel. Les filles sont, ont, euh, l’hépatite, euh, les filles sont, leur donnent des claques dans la face, leur crachent dans la face.»
L’animateur est revenu sur le sujet dans une autre émission une semaine plus tard, suggérant que ces femmes «étaient peut-être belles là, il y a 15 ans là, mais sont tellement maganées par la vie, ils [sic] ont tellement une vie qui est une vie de décadence. [...] Il y a toutes sortes d’affaires. Les policiers arrivent là-dedans, c’est le bordel. Les filles sont, ont, euh, l’hépatite, euh, les filles sont, leur donnent des claques dans la face, leur crachent dans la face.»
Comparez les clichés racistes de 2016 à ceux de 2021 – voyez-vous une différence?
Voici quelques citations rapportées au cours de l’enquête sur la mort de Joyce Echaquan.
Plusieurs témoins des propos tenus envers la défunte
Ariane Lacoursière / La Presse 25 mai 2021
[...] Pendant que Joyce Echaquan hurlait de douleur aux urgences de l’hôpital de Joliette, au moins quatre infirmières «riaient d’elle», selon une jeune femme de 34 ans venue témoigner mardi à l’enquête publique du coroner sur la mort de la mère de famille atikamekw. Trois autres témoins ont raconté avoir entendu des propos comme «c’est une Indienne, c’est pas grave» ou «ça aime mieux se faire fourrer pis avoir des enfants».
Dans un témoignage fort émotif, Annie Desroches a raconté les heures qu’elle a passées aux urgences, étendue sur une civière, aux côtés de Joyce Echaquan. Annie Desroches a affirmé que Joyce Echaquan disait être là pour «des douleurs au ventre» qu’elle a associées à un sevrage. «Elle disait aux infirmières qu’elle repartait toujours avec des morphines» et disait «ne plus vouloir cette cochonnerie de médicament de merde», a lu Mme Desroches.
Si Joyce Echaquan était calme au début, elle aurait ensuite commencé à souffrir et à crier. À un certain moment, elle aurait demandé d’être contentionnée, ce qu’on lui aurait refusé. Elle serait tombée et une infirmière aurait dit à une collègue : «Elle s’est jetée à terre, tu sais bien!», soutient Mme Desroches, qui a beaucoup pleuré dans son témoignage. Joyce Echaquan aurait continué de hurler, selon la témoin, et une infirmière aurait dit : «Là, tu vas arrêter de crier d’même, là, tu déranges tout l’monde ici. On n’est pas dans une garderie ici, on gère pas les bébés.»
Mme Desroches indique qu’au moins quatre infirmières riaient à ce moment de Joyce Echaquan. Si elle n’a pas entendu ce qu’elles disaient, Mme Desroches estime que celles-ci se moquaient clairement de la patiente atikamekw, qui hurlait qu’elle allait «quitter son corps» et qui disait : «vous me laissez mourir!» «C’était de Joyce qu’elles riaient. Elles la regardaient et riaient», a dit Mme Desroches.
Deux autres témoins présents aux urgences le jour du drame ont aussi rapporté différents propos tenus envers Joyce Echaquan. Stéphane Guilbault, dont la fille était traitée aux urgences, dit avoir entendu du personnel crier et certains dire : «Les Indiennes, elles aiment ça se plaindre pour rien, se faire fourrer pis avoir des enfants». Josiane Ulrich affirme avoir entendu des infirmières dirent qu’elles étaient «tannées de l’entendre se plaindre» en parlant de Joyce Echaquan et qu’«on paye pour ça».
Un peu plus tôt mardi, une infirmière ayant travaillé de 2010 à 2020 à l’hôpital de Joliette a affirmé avoir déjà entendu des commentaires «négatifs» de la part de certains collègues sur les patients autochtones et de différentes nationalités. Cette infirmière a aussi raconté avoir été témoin d’un évènement troublant impliquant l’infirmière congédiée à la suite de la mort de Joyce Echaquan; cette dernière a dit que Joyce Echaquan était «épaisse en câlice» et «ben meilleure pour fourrer».
Depuis la mort de Joyce Echaquan des autochtones de partout ont peur des hôpitaux
Stéphanie Marin, La Presse canadienne à Québec / Le Devoir 31 mai 2021
L’impact de la mort de Joyce Echaquan s’est fait ressentir bien au-delà de l’hôpital de Joliette : des Autochtones de diverses communautés craignent d’aller se faire soigner depuis qu’ils ont appris ce qui lui est arrivé.
Photo : Paul Chiasson, La Presse canadienne / via Le Devoir
C’est ce qu’a rapporté le chirurgien innu Stanley Vollant, qui a témoigné lundi matin à l’enquête publique de la coroner sur la mort de la mère de famille atikamekw.
Dr Vollant a raconté son parcours personnel, miné par le racisme tout au long de ses études qui l’ont mené à devenir chirurgien digestif. Il y a des préjugés fortement ancrés dans le système de santé, a-t-il dit : du racisme intégré et parfois « invisible ».
Vidéo : interview avec le Dr Vollant
Un cas de harcèlement de la part d’un supérieur hiérarchique :
Un policier autochtone bafoué
Sylvain Desjardins / ICI Radio-Canada Société 31 mai 2021
Un officier autochtone de la GRC accuse son employeur de racisme et de discrimination. Le caporal Jeremy Tomlinson, d’origine mohawk, est en quête de justice. Ébranlé par le traitement qu’on lui a fait subir, il cherche réparation. Il s’est confié à notre journaliste Sylvain Desjardins.
Une perle rare. Un policier d’élite, rompu aux techniques de tir et d’interventions tactiques, doté en plus d’une expérience d'enquêteur de terrain. Ajoutez à cela qu’il est un Autochtone de la nation mohawk.
Pas étonnant qu’après 15 ans de service pour la GRC on l’ait recruté en 2017, pour faire partie d’une nouvelle équipe spéciale de lutte contre le crime organisé en milieu autochtone au Québec. [...]
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1796845/policier-autochtone-tomlinson-caporal-mohawk-grc
Les coups de grâce d’un génocide programmé
Ici, on donne dans l’innommable : 215 enfants autochtones enfouis dans une fausse commune sur le site du pensionnat de Kamloops. Disparus, rayés de la carte, sans avoir été identifiés et répertoriés.
Pensionnats autochtones : des appels à étudier d’autres emplacements
ICI Radio-Canada / 31 mai 2021
Des voix s’élèvent pour que les anciens pensionnats autochtones soient passés au peigne fin, dans le but d’identifier d’éventuels lieux contenant des restes d’enfants enterrés.
Après la découverte de 215 restes d’enfants sur le site d’un ancien pensionnat de Kamloops, des Autochtones de la Colombie-Britannique, de l’Alberta et de la Saskatchewan demandent que les lieux d'anciens pensionnats soient étudiés pour déterminer si d'autres restes d’enfants internés de force sont présents dans le sol.
Mary Ellen Turpel-Lafond, directrice du Centre d'histoire et de dialogue sur les pensionnats autochtones de l'Université de la Colombie-Britannique (UBC), pense que les sites des pensionnats devraient être protégés. "Nous devons nous assurer qu'ils sont contrôlés et protégés afin que des enquêtes approfondies puissent être menées."
_______
En 2015, j’ai publié plusieurs articles sur les persécutions subies par les autochtones; tapez «Pensionnats autochtones» dans le moteur de recherche de mon site à droite.
«Ils m’attrapaient et m’amenaient à ce pédophile»
Quand on observe les maîtres du monde concurrencer sur l’échiquier planétaire, soutenir les tensions raciales, les désordres sociaux, les guerres frontalières et économiques, armer simultanément les factions opposées, vendre des humains comme du bétail, et génocider des populations autochtones pour s’accaparer de leurs ressources, il ne reste pas de place pour l’optimisme.
«150 000 enfants ont été arrachés à leur famille et placés dans des pensionnats pour la plupart sous l’égide de différentes communautés religieuses.»
https://situationplanetaire.blogspot.com/2015/06/ils-mattrapaient-et-mamenaient-ce.html
J’ai sauté au plafond en lisant des extraits du document d’enquête de Kevin D. Annet : Hidden No Longer; Genocide in Canada, Past and Present. Non pas à cause des méthodes génocidaires utilisées – toujours les mêmes horreurs! – mais parce que nous ne savions rien de ce qui se passait. Qui étaient les assassins? De fervents chrétiens supposés suivre religieusement le Décalogue. Notamment : «tu ne tueras point», «tu ne déroberas point», «tu ne convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain» – ah mais... le mot «prochain» n'incluait pas les autochtones bien entendu (ou les "sauvages" comme ils disaient).
«Cette histoire de génocide délibéré implique tous les niveaux de gouvernement au Canada, la Gendarmerie royale du Canada (GRC), chaque église dominante, les grandes entreprises, la police locale, des médecins et des juges. Le réseau de complices de cette machine à tuer était, et demeure, si vaste que sa dissimulation a nécessité une procédure complexe de camouflage conçue par les hautes sphères du pouvoir au pays. Le cover-up se poursuit, surtout que maintenant des témoins oculaires des meurtres et des atrocités commis par l'Église dans les «pensionnats» sont révélés pour la première fois :
»On entend toujours des histoires au sujet de tous les enfants qui ont été tués à Kuper Island. L’existence du cimetière au sud de l’école, où l’on enterrait les bébés des jeunes filles violées par les prêtres, a été ignorée jusqu'à ce qu'il soit creusé par les prêtres à la fermeture de l’école en 1973. Les religieuses pratiquaient les avortements et parfois elles tuaient les mères. Il y avait beaucoup de disparitions. Ma mère, âgée de 83 ans maintenant, a vu un prêtre descendre un escalier en traînant une fille par les cheveux; la jeune fille est morte. Des filles ont été violées, tuées et enterrées sous le plancher. Nous avons demandé à la GRC de la région d'exhumer cet endroit et de rechercher les restes, mais ils ont toujours refusé jusqu’à récemment, en 1996. Le caporal Sampson nous a même menacés. Ce genre de cover-up est la norme. Les enfants ont délibérément été mis en contact avec des malades atteints de tuberculose à l'infirmerie. C'était une procédure standard. Nous avons recensé 35 meurtres sur une période de sept ans.» ~ Témoignage de Diane Harris au Tribunal IHRAAM, le 13 juin 1998 (agente en santé communautaire pour le Conseil de bande Chemainus, Vancouver)
_______Ne me demandez pas pourquoi je déteste les religions, toutes! Je ne me réconcilierai jamais avec l’hypocrite espèce humaine qui prêche l’amour.