19 mai 2021

Pierre-Olivier Limoges : un Bolsonaro en herbe?

«La forêt précède les peuples; le désert les suit.» ~ Chateaubriand

«Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature; elle se venge de chacune d’elles.» ~ Engels

«Ils, nos ennemis, pourront couper toutes les fleurs, mais jamais ils ne seront les maîtres du printemps.» ~ Pablo Neruda

«Malgré tout ce que les gens disent, à long terme, y’a pas de place pour les animaux sur terre avec nous. Malgré tout ce qu’on dit, y’a pas de place pour les arbres non plus. Y’a pas de place pour rien d’autre que nous, et ce que nous faisons, et ce que nous détruisons. L’être humain détruit, change, aménage, il humanise tout.» ~ Serge Bouchard (1947-2021), anthropologue, écrivain, animateur de radio  

D’entrée de jeu, on le sait et c’est infiniment triste, que tout le vivant a disparu avec la coupe à blanc des 20 hectares d’érables : animaux, oiseaux, insectes, plantes, etc., tout un monde vivant n’est plus.

Quand le bois disparaît, la faune disparaît. (Campagne pour la sauvegarde des forêts tropicales en Asie)

M. Limoges pourrait souffrir de glaucome environnemental s’il mesure tout à l’argent. L’affaire sent l’hypocrisie crasse, visqueuse, aussi nauséabonde que du lisier porcin. Le nouveau propriétaire terrien n’ayant pas respecté l’ordre de l’huissier lui intimant de stopper la coupe à blanc, et flairant l’injonction de la Cour supérieure, a plutôt accéléré le saccage – jour et nuit, à haute vitesse, sans permission, en toute impunité. Donc, le résultat est pitoyable : 20 hectares d’érables abattus. C’est comme les enfants qui se dépêchent à faire leurs mauvais coups avant de se faire pogner – quand on découvre le larcin, il est trop tard, le mal est fait et irréversible.

   Le monsieur prétend vouloir cultiver du foin, de l’ail et des vignes à raisin – au Roundup Monsanto? Est-il fermier ou homme d’affaires?

   Merci à notre système de justice inefficace et pas du tout inoculé contre la corruption. Merci à nos fonctionnaires en pantoufles des ministères concernés – agriculture, forêts, environnement – inefficaces et facilement corruptibles aussi.

   Pour ceux qui voudraient voir les dégâts en personne ou sur Google maps / satellite, voici l'adresse : Les Fermes Jules-Édouard,195, chemin Saint-Guillaume, Sainte-Marthe QC (Montérégie)

Une coupe à blanc d’érables aggravée par les délais de justice

Thomas Gerbet ICI Radio-Canada Info / 18 mai 2021

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1793640/remblai-arbres-foret-sainte-marthe-terres-agricoles

L'érablière abattue sans autorisation n'a pas pu être sauvée à temps par une municipalité de la Montérégie. Le propriétaire veut cultiver à la place foin, ail et vignes.

   Sans permission, un propriétaire terrien a coupé vingt hectares de forêt à Sainte-Marthe, une localité située à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Montréal. C'est l'équivalent de 28 terrains de football remplis d'érables jetés à terre en quelques jours.

   Huit jours se sont écoulés avant que la municipalité puisse présenter le dossier en cour et obtenir une injonction pour faire cesser les travaux. Entre-temps, le contrevenant a accéléré la coupe d'arbres.

   Le directeur général de Sainte-Marthe s'est senti comme dans une ambulance immobilisée à un passage à niveau jusqu'à ce que le train passe. «On était totalement impuissants et catastrophés, raconte Michel Bertrand. On s'est retrouvé les mains liées.»

   Contrairement au palais de justice de Montréal qui peut traiter des demandes d'injonction du genre sur une base quotidienne, ce type de cause ne peut être entendu qu'aux deux semaines au palais de justice de Valleyfield.

   Le 4 mai, la municipalité constate que le nouvel acquéreur d'une propriété agricole défriche et remblaie son terrain de 95 hectares. Il n'a aucune autorisation et contrevient aux règlements municipaux.

   Le 5 mai, un huissier lui intime l'ordre d'arrêter les travaux immédiatement, mais la coupe d'arbres et le remblai se poursuivent.

   Le 6 mai, Sainte-Marthe mandate ses avocats pour obtenir une injonction en Cour supérieure. Mais la cause ne sera entendue que le 14 mai, faute d'un juge disponible.

Le contrevenant a accéléré la coupe

La municipalité et le voisinage constatent qu'après le 6 mai, le défrichage s'intensifie sur le terrain des Fermes Jules-Édouard. De la machinerie supplémentaire est envoyée sur place pour couper les arbres de jour comme de nuit.

   Des cartes satellites consultées par Radio-Canada démontrent que la superficie abattue est passée de 10 hectares à 20 hectares entre le 6 et le 14 mai.

   «Ça a eu l'effet contraire, déplore le directeur général de Sainte-Marthe. On était découragés.»

   Radio-Canada a demandé au greffe du palais de justice de Valleyfield quelle serait la prochaine date d'audience disponible si une municipalité devait demander injonction pour une même situation. Le greffe a répondu «le 18 juin».

   Sainte-Marthe a l'intention de dénoncer «cette incongruité» auprès du gouvernement du Québec.

Le silence des autorités provinciales dénoncées

Radio-Canada a découvert que dès le 2 mars un enquêteur de la Commission de protection du territoire agricole (CPTAQ) avait constaté une première coupe à blanc illégale dans l'érablière. Un ordre de cesser immédiatement la coupe et de reboiser a été remis le 22 avril.

   Le propriétaire ne s'est pas conformé et Sainte-Marthe déplore le fait de ne pas avoir été informée par la CPTAQ. C'est même Radio-Canada qui a appris l'existence de cet avis à la municipalité, le 14 mai, après l'audience.

   Quant au ministère de l'Environnement du Québec, il n'a pas été en mesure de dire quand il a pris connaissance de la situation et quelles actions il a posées. Nous savons seulement qu'un inspecteur du ministère s'est rendu sur place pour analyser le remblai et prendre des échantillons afin de déterminer s'il s'agit de sols contaminés.

   Il y a tellement de véhicules lourds remplis de terre de l’extérieur qui ont emprunté la route qu’elle s’est affaissée sur une centaine de mètres.

   Ronald Verdonck, qui cultive du maïs et du soya sur des terres voisines, dénonce «le silence des autorités» dans ce dossier. «Toutes les personnes autour d'ici ont des puits artésiens ou des puits de surface, donc on ne veut pas contaminer notre eau qui est d'excellente qualité», dit-il.

    Deux ruisseaux traversent la propriété en plus de la présence de plusieurs milieux humides. Par ailleurs, la municipalité suspecte la présence de rainettes faux-grillon.

Le propriétaire s’explique

Pierre-Olivier Limoges a fait l’acquisition, en décembre dernier, de ces terres zonées agricoles pour 1,1 million de dollars.

   Dans un communiqué transmis aux médias, il explique vouloir agrandir la superficie cultivable pour produire du foin, de l'ail et des vignes à raisin. «Il s’agit d’un projet de retraite et d’un legs que je souhaite laisser à mes enfants», affirme-t-il.

   Le propriétaire soutient avoir averti la municipalité dès le mois d'octobre de ses intentions de «défricher totalement la terre» et remblayer une partie. Il plaide que la municipalité lui a alors signifié qu'il n'avait pas besoin d'autorisation.

   «Par un revirement de situation inattendu on apprend que le conseil municipal a adopté en février 2021 deux nouveaux règlements visant spécifiquement à empêcher les travaux en question.» ~ Pierre-Olivier Limoges, propriétaire des Fermes Jules-Édouard

   M. Limoges affirme que la municipalité ne l'a jamais informé de ces nouveaux règlements qui l'obligeaient à demander des autorisations pour les coupes d'arbres et le remblai.

   De son côté, Sainte-Marthe affirme l'avoir prévenu. Le juge a retenu l'argument de la municipalité.

Avec la collaboration de Daniel Boily, Mathieu Bolduc et Vianney Leudière

Commentaires d’internautes :

«Au prix que ce vend le bois, du bois franc en plus, le propriétaire va s'en mettre plein les poches.» ~ Robert Rochon

«Il existe, au Québec, une loi sur la protection des érables. De mémoire, cette loi impose des amendes salées pour chaque arbre coupé. Si les avocats avaient fait leur travail, cette hécatombe aurait pu être évitée... Il y aurait lieu pour eux, maintenant, de demander à la Cour une injonction pour bloquer la vente du bois coupé en contravention de la loi.» ~ Denis Lesage  

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