Selon un article publié dans le Guardian en janvier 2019, la GRC avait
planifié un raid militarisé pour se débarrasser des militants (non armés) de la
Première nation Wetʼsuwetʼen, qui conteste le passage du gazoduc Coastal
GasLink sur son territoire. «Lethal
overwatch is req’d» lisait-on dans un communiqué, ce qui signifie déployer
des tireurs d’élite (snipers), et dans un autre communiqué, «des arrestations seront nécessaires pour stériliser le site». Cela prouve deux
choses : nous sommes tous à la merci des criminels financiers qui mènent
le monde et les armes ont le dernier mot.
Documentaire et résumé de la situation :
Documentaire et résumé de la situation :
La communauté Wet’suwet’en refuse de négocier avec les chefs de bandes
autochtones et la gouvernement fédéral, si les agents de la GRC ne quittent pas
leur territoire. Ce n’est pas la fin du monde que d’acquiescer, ça règlerait les blocages ferroviaires. Mais c'est trop demander au pétro sapiens.
Photo via The Star
Il ne nous reste qu’à attendre que Mère Nature ferme elle-même les robinets brutalement puisque que nous n’avons pas tenu compte des alertes. Mauvais karma.
De l’eau et de l’air propres
Aurélie
Lanctôt
Le Devoir /
Chronique / 14 février 2020
(Extrait)
On ne dit pas
un mot du fait que l’expansion du capitalisme repose nécessairement sur la
dépossession violente et que le capitalisme opère par ailleurs main dans la
main avec le colonialisme, ce dont le projet Coastal GasLink est, tiens donc,
un exemple parfait.
Bien sûr,
cette violence est toujours voilée – elle ne s’annonce pas directement. On nous
parlera plutôt de promesses de prospérité, d’emplois, de belles occasions. Mais
elle se laisse toujours voir si l’on s’attarde au discours. Dans une conférence
organisée à Prince George en janvier dernier, où étaient rassemblés les patrons
de Coastal GasLink et de LNG Canada, le p.-d.g. de LNG Canada, Peter Zebedee, a
eu ces mots surréalistes pour parler des progrès du projet contesté par les
Wet’suwet’en : «We just finished what we call our pioneering work, clearing the land.»
Nettoyer,
conquérir : le choix des mots est formidable. Ils révèlent en fait l’esprit
dont s’imprègne chacun de ces projets de développement. Il faut purger l’espace
de ce qui l’encombre, afin de prendre, d’accaparer, d’exploiter. À grande
échelle, l’accumulation privée de la richesse se réalise au fond toujours
ainsi, sur le mode de la prédation. Là se révèle aussi tout le courage dont les
Wet’suwet’en et tous ceux qui dressent des barricades font preuve. Ces
militants mettent leur corps en jeu pour opposer résistance à cette prédation,
et ils le font pour la population entière. Ils résistent pour nous tous à la liquidation
de l’avenir et du vivant, car après tout, tout le monde mérite de l’eau et de
l’air propres.
Article
intégral :
Vous pouvez changer
le nom de la pétrolière et du PDG à volonté, le discours sera identique.
Le PDG d'ExxonMobil est déprimé après avoir réalisé
que la fin du monde pourrait survenir avant d’avoir extrait tout le
pétrole
The Onion* | 10 octobre 2018
IRVING – TX – À la suite d'un
rapport des scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur
l’évolution du climat qui prévoyait que la planète ne disposerait que d'une
décennie pour éviter un réchauffement climatique catastrophique, Darren Woods,
le PDG d'ExxonMobil, se serait senti déprimé après avoir réalisé que
la fin du monde pourrait survenir avant qu'ils n’aient fini d'extraire tout le
pétrole. «Quand j'ai lu le rapport, ça
m’a frappé comme une tonne de briques – nous pourrions tous mourir et laisser
des milliards de barils de pétrole piégés dans le sol pour toujours», a
déclaré Woods, essuyant une larme et ajoutant que l'ensemble de l'industrie
pétrolière avait le cœur brisé à l’idée qu'on pourrait ne pas avoir les
décennies nécessaires pour extraire tout le pétrole de la planète comme on
l'avait initialement projeté. «Nous avions déjà planifié la production de gaz
pour les futures générations d'employés d'ExxonMobil, c'est donc très
traumatisant pour moi de penser qu'ils n’auront peut-être jamais la chance de
tirer profit des mêmes avantages que nous avons maintenant. Pensez-y, un jour,
bientôt, nous serons tous partis et le pétrole restera toujours là sous terre,
sans jamais être extrait. C'est une parodie.» Au moment d’aller sous presse, Woods a annoncé qu’ExxonMobil allait
quadrupler sa production de pétrole pour tenter de tout l’extraire de la terre
pendant qu'il était encore temps.
* La publication satirique The Onion (publiée depuis 1988) met le
doigt sur nos paradoxes et notre crédulité sans ménagement.
~~~
Québec permet la destruction gratuite
de l'environnement au nord du 49e parallèle
Thomas Gerbet / Radio-Canada, 27
septembre 2018
Une arme contre les changements climatiques
Les milieux humides comme les
tourbières sont extrêmement utiles pour capter et séquestrer le carbone, ce qui
contribue à réduire de façon naturelle la présence des gaz à effet de serre
dans l'atmosphère.
Une étude de 2015, financée par le gouvernement, révélait que 95 % du
carbone stocké dans les tourbières et les forêts du Québec se situe au nord du
49e parallèle.
Les milieux humides et hydriques remplissent d'indispensables fonctions
écologiques et constituent un maillon déterminant de la biodiversité du Québec.
Selon le gouvernement du Québec
lui-même, le nord du 49e parallèle «constitue l’un des derniers endroits de la
planète présentant un potentiel de conservation de vastes territoires naturels»
et «dispose de ressources fauniques exceptionnelles, dont des rivières à saumon
mondialement reconnues».
Le nord du 49e renferme plus de 200 000 km2 de forêts commerciales. Les
grands sites d'épinettes noires sont généralement situés sur des milieux
humides. Cette région compte aussi une quinzaine de mines actives et autant de
projets en développement. La production hydroélectrique est une autre cause de
disparition de milieux humides et hydriques.
Photo : Michelle Garneau /
UQAM
«Si le règlement s'appliquait au
nord du 49e, ça limiterait considérablement le potentiel de développement
industriel», croit Michelle Garneau, directrice de la Chaire de recherche sur
la dynamique des écosystèmes tourbeux et changements climatiques de
l'Université du Québec à Montréal (UQAM). «Ce seraient des sommes astronomiques
qu'il faudrait payer dans cette région.» Elle pense que c'est ce qui a guidé le
gouvernement dans sa décision. La zone exemptée rappelle le territoire
d'application du Plan Nord des libéraux.
«Je ne vois pas pourquoi les mines ne paieraient pas. Pourquoi le
développement du nord ne serait pas soumis aux mêmes règles?» ~ Monique Poulin,
professeure au département de phytologie de l'Université Laval et spécialiste
des tourbières
«On aurait pu utiliser ces fonds-là pour renflouer certaines régions
dans le sud qui ont un manque criant de milieux humides », estime Monique
Poulin, professeure au département de phytologie de l'Université Laval et
spécialiste des tourbières. Elle pense que le règlement «vient amoindrir la
loi» et crée des disparités entre les régions et les secteurs industriels.
~~~
(1) Pollue ta maison pour dépolluer celle
de ton voisin!
Ce gaz
naturel supposément moins polluant
L'hydrofracturation utilisée pour extraire le gaz de schiste requiert
des trains d’explosions puis l’injection sous très haute pression d’un fluide de fracturation constitué
d'eau, de sable et d'additifs (toxiques pour certains). Cette pratique affecte le sous-sol, les écosystèmes
en surface et la santé. Les
fuites de gaz fréquentes peuvent contaminer des puits. L'utilisation de
produits toxiques risque de polluer les nappes phréatiques. L'eau de
fracturation remonte avec des contaminants indésirables pour la santé et les
écosystèmes (sels, métaux et radionucléides) pour toute personne vivant près d'une
source d'extraction.
Le gaz naturel et le pétrole brut sont
souvent associés et extraits simultanément des mêmes gisements, ou encore des
mêmes zones de production. Les hydrocarbures liquides proviennent du pétrole
brut pour une proportion moyenne de l'ordre de 80 %; les 20 % restants, parmi
les fractions les plus légères, le propane et le butane sont presque toujours
liquéfiés pour en faciliter le transport.
Pour transporter le gaz naturel des gisements vers les lieux de
consommation, les gazoducs sont le moyen le plus courant. Mais une part
croissante du gaz consommé est transportée sous forme liquide, à − 162 °C et à
pression atmosphérique, dans des méthaniers du lieu de production vers les
lieux de consommation : c'est ce que l'on appelle le GNL, ou Gaz Naturel
Liquéfié.
Cette solution qui permet de «condenser»
l'énergie gazeuse sous un volume réduit exige des investissements très lourds,
tant pour la liquéfaction que pour le
transport. À titre indicatif, le coût d'une usine de liquéfaction, de
taille minimale de l'ordre de 45 Gthermies/an (3,5 millions de tonnes de gaz
naturel liquéfié) est de l'ordre de 400
à 500 millions USD et si l'on veut doubler cette capacité, il faut ajouter 85 %
de plus à ce coût.
Lors de sa
liquéfaction, le gaz naturel est fractionné, si nécessaire, pour le séparer de
l'éthane, du propane et du butane. À l'arrivée près des lieux de consommation,
le GNL est éventuellement stocké sous forme liquide puis vaporisé dans des
terminaux méthaniers. Il est alors émis sur un réseau de transport classique.
Ici encore, il faut des investissements
importants pour la réception, le stockage et la vaporisation.
Pas étonnant qu’Énergie Saguenay GNL Québec lobbytomise le gouvernement (2).
La fracturation hydraulique consomme de grandes quantités d'eau et utilise des additifs chimiques souvent toxiques. Le torchage et les fuites ont, en outre, des effets directs et indirects sur le climat et l'acidification des milieux.
Pas étonnant qu’Énergie Saguenay GNL Québec lobbytomise le gouvernement (2).
La fracturation hydraulique consomme de grandes quantités d'eau et utilise des additifs chimiques souvent toxiques. Le torchage et les fuites ont, en outre, des effets directs et indirects sur le climat et l'acidification des milieux.
Le gaz naturel est souvent
présenté comme moins polluant que le pétrole et préférable au charbon, avec des
émissions de CO2 inférieures de 40 % et pratiquement pas d'émissions de dioxyde
de soufre s'il est désoufré. Mais les fuites de méthane menacent d'annuler ces
avantages, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui estime que
chaque année, les compagnies pétrolières et gazières émettent plus de 75
millions de tonnes de méthane dans l'atmosphère, et que le taux de fuite moyen
atteint 1,7 % pour la chaîne du gaz.
Le secteur gazier génère en outre des émissions de méthane (CH4) et
d'autres polluants durant le forage, l'exploitation du gisement, le stockage,
la compression, le transport et la distribution du gaz. Les techniques modernes
de fracturation hydraulique augmentent le risque et le niveau de fuites ou de
perte lors des forages et des incertitudes existent quant à la fiabilité à
moyen ou long terme du colmatage des puits en fin de production, notamment en
zone sismiquement active.
Risques pour le grand public
Les
principaux dangers directs sont l'explosion, l'incendie. Les produits de
combustion du méthane sont dangereux pour la santé (risque d'asphyxie en
atmosphère confinée ou en cas de mauvaise combustion).
• inflammation : le méthane peut
s'enflammer en présence d'air, d'autres oxydants et d'une source de chaleur. Sa
limite inférieure d'inflammabilité est de 5 % et sa limite supérieure
d'inflammabilité est de 15 %;
• explosion d'un mélange air/gaz :
a) en milieu
non confiné, ce gaz ne détone pas et son inflammation conduit à de faibles
surpressions
b) en milieu
confiné, il peut exploser (en cas d'inflammation d'un mélange air/gaz s’il y a
suffisamment de gaz dans le mélange);
• décompression : la libération brutale
de gaz comprimé à haute-pression peut s'accompagner d'un effet local de
congélation et de projections violentes d'objets (éclats métalliques, terre,
pierres...);
• anoxie/asphyxie :
a) en milieu
libre ce gaz plus léger que l'air s'élève rapidement et se disperse sans créer
de nappe gazeuse au sol ni dans l'air
b) en milieu
confiné le gaz naturel est un gaz asphyxiant (par privation d'oxygène);
• intoxication
: en cas de combustion incomplète en milieu confiné ou en milieu appauvri en
oxygène (défaut d'air de combustion ou ventilation insuffisante), il y a
production de monoxyde de carbone (toxique à de très faibles concentrations);
• particules : ce gaz n'étant pas livré
pur à 100 %, et les systèmes de combustion étant imparfaits, sa combustion est
source de microparticules et nanoparticules dont les effets sur la santé sont
encore mal appréhendés.
Risque industriel
Il concerne
surtout l'amont de la filière (du puits au client final) et les gros clients
industriels. Les principaux dangers du
gaz naturel sont liés au fait qu'il est extrait, véhiculé et fourni sous pression,
qu'il est inflammable et explosif. L’exploitation offshore ou terrestre de gaz
profonds (à plus de 4 ou 5 km de profondeur), chauds (de 190 °C à plus de 200
°C), très corrosifs et sous très haute pression est source de risques nouveaux,
comme l'a montré l'accident d'Elgin.
La «fuite d'Elgin», survenue en mars 2012, désigne un blowout – expulsion
brutale et accidentelle de gaz et de boue – suivi d'une exceptionnelle fuite de
gaz et condensats de gaz naturel sur la plateforme pétrolière et gazière
offshore située entre l'Écosse et le Sud de la Norvège. Total aurait mal évalué
le risque d’accident. Est-il raisonnable de forer à de si grandes profondeurs
en mer? Il est évident que les compagnies n’ont tiré aucune leçon de la marée
noire de Deepwater Horizon en 2010 causée par la plateforme de BP
dans le Golfe du Mexique.
Total compte
une vingtaine de plateformes pétrolières qui siphonnent le gisement
Elgin-Franklin en mer du Nord.
Risques pour les écosystèmes
Ils peuvent
s'exprimer tout au long de la filière – de l'accident de forage à la
contribution du gaz naturel à l'effet de serre en passant par les séismes
induits.
Les gisements les plus accessibles étant en
cours d'épuisement, les industriels gaziers doivent forer plus profondément et
exploiter des gaz «non-conventionnels» souvent plus sales, c'est-à-dire plus
acides, corrosifs et toxiques. Les industriels ont ainsi à traiter et gérer une
quantité croissante de soufre. Ils sont de plus en plus confrontés à la
présence de mercure et de sulfure de plomb et/ou de sulfure de zinc, sources de
risques de colmatage par entartrage minéral dans le puits, les vannes de
sécurité ou la tête de puits. On parle maintenant de «gaz ultra-acides» (Sour and Acid Gas). 40 % du gaz des réserves
mondiales connues en 2005 et susceptibles d'être exploitées (plus de 2 600
billions de pieds cubes) étaient acides ou ultra-acides et riches en H2S. Dans
ces réserves, plus de 350 milliards de pieds cubes contiennent plus de 10 % de
H2S. Outre des risques de corrosion exacerbés pour l'infrastructure extractive,
ce caractère acido-toxique est a priori source d'un risque environnemental
supplémentaire en cas d'accident ou de fuites chroniques.
Info sur le
gaz naturel : Wikipedia
~~~
(2) Toujours la même fable à
dormir debout. «Il est plus facile de duper les gens... que de les convaincre
qu'ils ont été dupés.» ~ Mark Twain
GNL Québec est un projet «vertueux» pour l’environnement, selon Jonatan Julien
Le ministre de l’Énergie Jonatan
Julien affirme que l’usine gazière Énergie Saguenay, de GNL Québec, est un
projet «vertueux» et «hyperimportant» en
matière de lutte contre les changements climatiques, tout en étant
«fantastique» pour le développement économique du Québec. Selon les
informations inscrites au registre des lobbyistes mercredi, les entreprises GNL
Québec et Gazoduq (qui doit construire le gazoduc qui alimentera l’usine
Énergie Saguenay) ont actuellement un total de 25 lobbyistes inscrits. Le mandat de certains lobbyistes comprend
des démarches en vue de «l’obtention de
puissance hydroélectrique et l’obtention potentielle de soutien financier»
du gouvernement pour la réalisation du projet.
Alexandre Shields / Le Devoir, 12
février 2020
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