26 décembre 2019

Dans la mire de 2019 – 1

«Quand la nature aura passé, l’homme la suivra.» ~ Roger Heim

2020 ne changera rien à la destinée de notre civilisation «bulldozer» : une chute vertigineuse dans l’abîme à plus ou moins court terme.
  
Longue vie à la pollution industrielle! Le projet de saccager la terre jusqu’au dernier cm2 a le vent dans les voiles. Ce serait dommage que l’humanité disparaisse avant d’avoir vu ça!

Certains projets «phare» garantissent l’atteinte de nos objectifs : «augmentation des GES», «consommation ostentatoire» et «paix économique». Trinquons avec les Albertains. À bas l’écologie, cessons d’être à contre-courant, polluons dans la joie et la bonne humeur! Remercions notre leader environnemental autoproclamé Justin Trudeau, et dansons le rigodon avec François Legault et ses députés (1a) [avec pareille vidéo, ils ne devraient pas se moquer de Catherine Dorion!].

«La forêt précède les peuples; le désert les suit.» ~ Chateaubriand

Je venais de regarder le documentaire Invasion, lorsque l’article du Guardian a été publié le 20 décembre dernier. Selon l’article, en janvier 2019, la GRC avait planifié un raid militarisé pour se débarrasser des militants (non armés) de la Première nation Wetʼsuwetʼen, qui contestait le passage du gazoduc Coastal GasLink sur son territoire. ‘Lethal overwatch is req’d’ lit-on dans un communiqué, ce qui signifie déployer des tireurs d’élite (snipers), et dans un autre «des arrestations seront nécessaires pour stériliser le site». On se croirait au Brésil où les persécutions contre les peuples autochtones sont violentes, sinon létales. Ça prouve que nous sommes tous à la merci des criminels financiers qui mènent le monde et que les armes ont le dernier mot.

Photo : Alexander Shafir. Canyon à Moricetown, un village Wet'suwet'en situé à mi-chemin entre Smithers et Terrace

Rivière Morice  

Pourquoi saccager un territoire d'une telle beauté?! Nous sommes saturés de gaz, on en respire, on en boit, on en mange, ça nous sort par les oreilles, le nez, la bouche, la peau et le reste! Le gazoduc Coastal GasLink acheminera le gaz naturel vers Kitimat où des méthaniers l’expédieront vers les marchés asiatiques. Encore et toujours l’Asie (1b).
  
Invasion a été filmé lors des événements de janvier 2019.

Invasion
Franklin López 2019 18:19

Invasion is a short film about the Unist’ot’en camp, where Wetʼsuwetʼen First Nation peoples have been living on their traditional unceded territory since time immemorial, only to face repeated threats in the past decade by the Canadian government and corporations that are relentlessly pushing to install oil pipelines and other extractive industries on their land. Wetʼsuwetʼen feel they have a sacred duty to protect their land from harm and preserve it for future generations, and so formed the Unist’ot’en camp to resist the colonisers and their destructive ways. Located 1,200 km from Vancouver, the camp is on the shores of the Wedzin Kwah and mouth of Gosnell Creek, as a healing space for Indigenous people and settlers alike, and an active example of decolonisation and resistance.


La «violence» pour protéger un gazoduc en Colombie-Britannique

Marco Fortier 21 décembre 2019
Le Devoir / Société


Le recours autorisé à la force policière «létale» pour déloger des Autochtones opposés à la construction d’un pipeline de gaz naturel en Colombie-Britannique, en janvier dernier, soulève l’indignation des Premières Nations et des défenseurs des droits de la personne.
   Les policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) ont reçu l’autorisation de tirer sur les manifestants et de recourir à toute la «violence» nécessaire pour démanteler une barricade érigée par des Autochtones non armés, a révélé une enquête du quotidien britannique The Guardian.
   Le gazoduc Coastal GasLink, long de 670 kilomètres, fait partie du «plus grand projet d’investissement privé de l’histoire canadienne», avait déclaré le premier ministre Justin Trudeau en octobre 2018. Ottawa a investi 275 millions dans ce projet qui comporte une usine de liquéfaction du gaz naturel, un pipeline et un terminal maritime. Le projet de 40 milliards de dollars créera 10 000 emplois au plus fort des travaux de construction, avait souligné le premier ministre.
   Le terminal doit permettre d’exporter au moins 26 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par année, principalement vers l’Asie, ce qui représente environ 20 % de la production de gaz au Canada.
   La nation Wet’suwet’en s’oppose au passage du gazoduc sur un territoire qu’elle revendique devant les tribunaux. Celui-ci doit passer sous la rivière Morice, jugée cruciale pour la région. Le consortium LNG Canada, promoteur du projet, avait obtenu une injonction provisoire interdisant la présence de barricades pour bloquer les ouvriers de TC Energy (anciennement TransCanada) – responsable de la construction.
   La GRC était prête à prendre les grands moyens pour faire respecter l’injonction, a découvert le quotidien britannique en mettant la main sur des documents internes de la police fédérale. La police a arrêté 14 manifestants pacifiques le 7 janvier 2019. Les agents étaient prêts à recourir à la force «létale».


L’expression «létale» a été utilisée hors contexte, explique au Devoir la sergente Janelle Shoihet, de la GRC en Colombie-Britannique. Il s’agit d’un terme générique [«observation létale»] qui  ne mène pas à une action autre que l’observation», a-t-elle précisé. «La référence à l’observation létale, pour la GRC et pour les forces policières partout dans le monde, indique une position d’observation prise par des policiers armés pour assurer la protection de la police et de la population», écrit la sergente.

Le «progrès» d’abord

Les explications de la GRC n’ont pas convaincu les Premières Nations de la Colombie-Britannique, qui luttent depuis des décennies pour revendiquer des droits ancestraux. «Rien n’a changé en 150 ans! Ils sont prêts à nous tuer pour nos terres et à voler nos enfants», a réagi sur Twitter le groupe Gidimt’en Checkpoint.
   Dans ses documents internes, la GRC avait évoqué la possibilité de remettre aux services sociaux des enfants qui se seraient trouvés sur les lieux de la barricade – d’où l’accusation de «voler nos enfants», un traumatisme bien documenté par l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées.
   «La GRC ne fait que renouveler ses premières responsabilités qui étaient de tasser les peuples autochtones pour laisser place au progrès», dit Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador. Cet épisode rappelle que les mentalités restent les mêmes malgré les excuses de la GRC dans la foulée de l’enquête sur les femmes autochtones, souligne le chef Picard.
   L’avocate Karina Kesserwan, spécialiste du droit autochtone, explique que le statut juridique des Premières Nations dans cette région de la Colombie-Britannique est très complexe : le consortium LNG Canada affirme avoir signé des ententes avec le conseil de bande de toutes les nations situées le long du gazoduc projeté, mais d’autres groupes traditionnels – opposés au projet – ont aussi voix au chapitre.
   «Les tribunaux n’ont pas encore tranché au sujet des revendications territoriales dans cette région. D’ici là, la jurisprudence indique que les Autochtones doivent être consultés et accommodés, mais ces notions laissent place à interprétation», dit-elle.

L’article du Guardian (en anglais) :

Mise à jour : réponse de la GRC à l’article du Guardian

CBC / La Presse canadienne / Radio-Canada Espaces autochtones / 23.12.2019 – La Gendarmerie royale du Canada (GRC) nie avoir voulu tirer sur des manifestants autochtones qui bloquaient la construction d'un gazoduc dans le nord de la Colombie-Britannique, comme le révélait The Guardian la semaine dernière.
   «La GRC a commencé à examiner tous les documents relatifs à l’exécution de l’injonction ordonnée par le tribunal et, à ce jour, elle n’a trouvé ni document ni référence qui reflète les déclarations faites dans l’article», affirme Dwayne McDonald, commandant divisionnaire intérimaire de la GRC en Colombie-Britannique, dans un communiqué envoyé mardi.


«Quelle que soit la source, les affirmations faites dans l’article ne sont aucunement représentatives de l’esprit et de l’intention de la directive des commandants de la GRC chargés de planifier et d’exécuter la directive du tribunal, et elles ne correspondent pas non plus à ce qui s’est réellement passé.» (Dwayne McDonald) 
   La GRC a arrêté 14 manifestants membres de la Première Nation Wet’suwet’en en janvier 2019.
   La police fédérale dénonce en outre un article «non corroboré, incomplet et de nature incendiaire», qui compromet les relations entre «la GRC et l’ensemble des intervenants, nouées après des années d’efforts».
   Le Guardian a déclaré mardi dans un communiqué que son article avait été soigneusement fouillé et préparé.
  Pour cette histoire, le quotidien dit se baser sur des notes de la GRC provenant d'une séance préparatoire à une opération policière datant du 6 janvier dernier, à Smithers, en Colombie-Britannique. Radio-Canada n'a pas eu accès aux documents originaux.


ICI Radio-Canada, le 2 août 2019 : L'entreprise à l'origine du projet affirme pour sa part avoir signé des accords avec les 20 Premières Nations élues, le long de la route de 670 kilomètres menant au terminal d’exportation de LNG Canada, sur la côte à Kitimat, dont le conseil des Wet'suwet'en.

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(1a) GNL Québec est une filiale de Pacific NorthWest LNG (LNG Canada), géré par le géant énergétique privé Petronas Malaisie œuvrant dans le nord de la Colombie-Britannique et promoteur de l’usine de liquéfaction à Kitimat en vue d’acheminer le gaz vers les marchés asiatiques.
   Gazoduq, une nouvelle entreprise fondée par GNL Québec, avait annoncé en novembre 2018 son projet de conduite souterraine de gaz naturel reliant l'Ontario au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Le corridor de 750 kilomètres proposé débute en Ontario, à l’ouest de Rouyn-Noranda, puis passe par le sud du lac Saint-Jean pour finalement se rendre à Saguenay dans le secteur de La Baie. Il vise à alimenter le port de Grande-Anse. La société en commandite GNL Québec est propriétaire de Gazoduq ainsi que de l’entreprise Énergie Saguenay. Le projet gazier est scindé en deux : l'usine de liquéfaction et le gazoduc seraient construits par des entreprises différentes, bien qu'elles aient toutes deux le même actionnaire principal, GNL Québec.

(1b) Quand t’as épuisé tes propres ressources, tu vas en chercher ailleurs, si? Les investisseurs chinois grafignent  pour s’approprier le pétrole canadien, nos minéraux, nos terres agricoles et notre surproduction de bétail – nous en produisons trop pour répondre à leur demande, et ce faisant nous polluons irrémédiablement notre environnement... Allez visiter une mégaporcherie vous en aurez une idée.
   Le Dragon à mille têtes crache le feu et donne des coups de queue... Le chantage des Chinois concernant l’affaire Meng Wanzhou, ayant entraîné l’emprisonnement de deux Canadiens, est une mascarade car ils ne cesseront jamais de faire main basse sur nos ressources par tous les moyens, avec la bénédiction de nos gouvernements. Y a-t-il quelqu’un d’assez naïf pour croire qu’ils laisseraient tomber leur participation au développement du leur réseau sans fil 5G au Canada? Ben voyons. Voilà pourquoi en dépit de la discorde politique visant à protéger l’image de Pékin :
   «[En juillet dernier] ...Huawei Canada a lancé une opération charme, avec publicité, lobbying et, surtout, l’annonce de son soutien au déploiement, d’ici 2025, de services haute vitesse sans fil dans au moins 70 communautés nordiques, dont 50 dans le Nord-du-Québec. [...] Mais quel est l’intérêt véritable de Huawei dans cette affaire? Est-on face à une entreprise simplement désireuse d’entrer dans les bonnes grâces des Canadiens ou à une compagnie qui exploite une faille canadienne pour faire d’une pierre deux coups, c’est-à-dire charmer d’un côté et, de l’autre, servir les intérêts du gouvernement chinois? [...] La Chine a des visées sur l’Arctique et le gouvernement chinois ne s’en cache d’ailleurs pas. En janvier 2018, il a publié un livre blanc décrivant ses ambitions d’édification d’une «route de la soie polaire» qui mise sur l’ouverture des voies maritimes arctiques pour, entre autres, accéder aux ressources. Ses entrepreneurs sont déjà actifs dans l’Arctique canadien et au Groenland. Des communautés inuit ont été approchées avec des propositions d’investissements dans des infrastructures importantes. Huawei est une entreprise chinoise, soumise à la loi chinoise. La réponse musclée de Pékin à l’arrestation en décembre dernier [2018] de Mme Wanzhou démontre l’importance stratégique de ce fleuron industriel pour les autorités chinoises. La détention arbitraire de deux Canadiens accusés faussement d’espionnage et les représailles commerciales contre des produits agricoles d’ici ne visent qu’à forcer le Canada à refuser l’extradition de cette femme qui fait face à des accusations de fraude aux États-Unis.» (Manon Cornellier, Le Devoir / 29 juillet 2019)

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