L’autre jour,
je feuilletais un vieux livre au hasard. Diable! en lisant le passage reproduit
ci-après, j’ai reconnu quantité de personnalités publiques de divers milieux :
politique, financier, entrepreneurial, artistique, etc. Plusieurs sont en lice
pour un trophée «Pire Ennemi de la Terre» – catégorie pillage planétaire / pollution
atmosphérique. À chaque année, on trouve une liste partielle des récipiendaires
sur Forbes.
Dans la première partie de cet ouvrage * (Une méthode pour connaître le caractère
d’autrui; V. Par la conversation) l’auteur écrit :
«On n’étudie pas un homme comme on suppute
la qualité d’un cheval, simplement en tournant autour, en lui tâtant les
muscles et en examinant ses dents. Il faut bien vous décider à lui parler.»
Les personnalités publiques sont rarement abordables.
Mais il n’est pas nécessaire de parler directement au proprio d’Amazon, Jeff
Bezos, pour savoir que les profits «pléthoriques» de ses entreprises, tel le
commerce en ligne, n’empêcheront pas l’ambitieux milliardaire d’inventer autre
chose pour combler son appétit insatiable de profit.
Portrait du meneur d’affaire : l’homme
voué à une activité sans fin
C’est l’homme
qui crée, organise, dirige une entreprise. Son influence dans la vie sociale
est considérable. Même quand son activité est contrôlée ou commandée par
l’État, «Monsieur le Directeur» est un personnage dont, à chaque instant,
beaucoup de citoyens dépendent. Il est donc utile de se faire une opinion sur
sa psychologie en tant que «meneur d’affaire».
En général, c’est un individu qui paraît se
complaire en une activité «dévorante», tourbillonnante. Dur, inflexible,
exigeant, impitoyable, on le sent tendu
par une volonté de réussir. Toujours
pressé et cependant maître de lui, il n’a pas le temps de bavarder, ni de
s’épancher en confidences sentimentales. On discerne mal le fond de son
âme. Sa froideur d’acier déconcerte,
rien ne transparaît sur son visage figé en une mimique de commandement. On devine seulement l’homme qui se surveille, prépare ses projets en secret qu’il
exécutera avec audace au moment
voulu.
Se trouve-t-il en présence de gens qu’il a
intérêt à ménager ou dont il veut conquérir les bonnes grâces? Il sait alors se
composer l’attitude convenable qui va parfois jusqu’à l’amabilité. Mais avec ses subordonnés il ne tolère pas la
contradiction. Il a un plan mûri; l’entreprise doit produire tant de tonnes
de marchandises par an, donner tant de bénéfices; ce but doit être atteint
coûte que coûte. Une moins-value de l’affaire, au bilan, est à ses yeux une
catastrophe. Pour l’éviter, il mettra
tout en œuvre, exigera des exécutants des efforts redoublés, il trouvera des
combinaisons, des expédients, stimulera la production, augmentera la publicité,
réduira les frais inutiles, etc.
La prospérité ne ralentira pas son effort,
au contraire. Les bénéfices doivent
aller en croissant. Toute affaire qui ne progresse pas meurt. Voilà les
dogmes qu’il a acceptés, une fois pour toute, comme base de sa conduite.
Aussi l’usine a beau «tourner» intensément,
il faut qu’elle accélère encore son allure; on achète des machines nouvelles,
on agrandit les ateliers, on crée des succursales, des filiales; on cherche des débouchés nouveaux.
L’homme qui «anime» cette ruche ne connaît
pas de repos. Il reste à son poste, de plus en plus tendu, secret,
machiavélique, adroit, opiniâtre; on dirait le pilote d’un navire en pleine
bourrasque. Et pourtant tout va bien, les
comptes en banque sont pléthoriques, l’homme règne sur un peuple d’employés,
d’ouvriers, de clients, les journaux chantent la gloire de l’affaire!
Pourquoi ce meneur d’affaire s’impose-t-il
un tel effort? – Parbleu, dites-vous, il veut faire fortune pour pouvoir
satisfaire tous ses désirs?
Sans doute voit-on des hommes d’affaires
jouisseurs qui, après avoir amassé de l’argent, vont le dépenser au cabaret,
achètent des châteaux, un yacht, des autos, entretiennent des danseuses! On en
rencontre aussi dont l’idéal est de mener la vie bourgeoise de rentier; ils
marient leurs filles richement, se meublent confortablement, deviennent
arthritiques pas excès d’alimentation, se glorifient d’appartenir à un club
chic ou s’efforcent d’être le grand
homme politique de leur canton. D’autres encore se promènent de palaces en
palaces, en toutes les parties du monde, des malles de luxe et un ennui
distingué; ils visitent, en baillant, tous les musées, tous les sites fameux,
goûtent à toutes les cuisines exotiques, assistent à tous les spectacles,
achètent de faux ou de vrais tableaux de maîtres, et meurent un beau jour dégoûtés
du monde et d’eux-mêmes.
Mais, dans la mesure où l’homme essaie ainsi
de jouir de son argent, il cesse d’être un meneur d’affaire pour devenir un
simple bourgeois rentier. Cette perspective déplaît souverainement à celui qui
possède vraiment le goût de l’action. Le repos, le loisir, le bonheur, tout
cela, à ses yeux, sont des aspects de la déchéance. Il n’est pas au monde pour
être heureux, mais pour produire. Âme
d’une entreprise mécanisée et emballée, il en est aussi l’esclave. En
réalité, l’argent ne l’intéresse qu’en tant que signe, symbole de sa réussite.
Il faut reconnaître que cette conception de
la vie en vaut peut-être une autre. L’activité, en effet, est un plaisir en
soi. Notre organisme est une machine productrice d’énergie que nous avons
besoin de dépenser. Évidemment, nous pouvons l’employer à nous amuser; c’est ce
que font les jouisseurs dont je viens de parler, mais s’amusent-ils vraiment
tant que ça? Le métier d’homme riche et oisif est peut-être celui qui use le
plus rapidement et qui satisfait le moins, car hélas! le plaisir n’est pas une
sensation qu’on trouve à volonté.
Le meneur d’affaire sent cette vérité
profonde et en tire les déductions logiques. De toutes les manières de jouir, il
préfère celles qu’il trouvera dans une activité accrue. C’est même ce qui lui
donne une sorte de grandeur désintéressée. On le croit, et il se dit peut-être
réaliste, matérialiste; en fait, il
tient moins aux choses qu’il conquiert qu’à l’effort qu’il faut faire pour les
conquérir.
Les
obstacles s’accumulent-ils devant lui? Tant mieux! En les bousculant il prendra
une conscience plus aiguë de sa force. Le risque ne l’effraye pas, au
contraire; il en retire une excitation qui est le sel de sa vie. Volontiers,
parfois, il s’expose à perdre sa fortune pour avoir le plaisir d’en regagner
une autre. Subit-il des échecs? Est-il accablé par les soucis? Son visage peut
se rembrunir, mais en lui, l’exaltation de l’instinct de lutte s’accroît.
– Comment peut-il, demandez-vous, accepter
sans frémir tant de responsabilités?
Mais ce sont elles qui lui donnent le plus
mâle plaisir! Ne sentez-vous pas que cet
homme, en développant son «affaire», en attirant à lui des capitaux, des
confiances, des sympathies, des intérêts; en prenant des engagements dont
dépendent la vie d’autres êtres, ne sentez-vous pas, dis-je, que cet homme
éprouve une pathétique sensation : celle de la paternité! Voilà le
salaire que reçoit cet esclave opulent!
Il est d’ailleurs probable qu’à tout cela s’ajoute la satisfaction de voir tout un
petit peuple de subordonnés obéir à ses ordres. On sait que l’instinct de
domination est un des mieux enracinés au cœur de tout homme; l’ascète riche,
qui dirige une entreprise, en est peut-être enfiévré plus que tout autre.
Quoi qu’il en soit, vous pouvez déduire de
cette analyse que pour attirer l’attention, l’intérêt, la sympathie, l’amitié,
la bienveillance d’un tel homme, il convient en principe, d’apparaître à ses
yeux comme un collaborateur dévoué de l’«Entreprise» dont il est le premier serviteur.
Cet homme passionné de production est
habitué à juger les autres sur leurs capacités de rendement.
Ce «Patron» n’a pas de temps à perdre aux
bagatelles. Si vous écrivez des vers, mieux vaut ne pas lui en parler car,
après cette confidence, il vous confierait difficilement un poste important
dans son affaire.
* Source :
Dictionnaire des caractères Connaître et manier les hommes; [Jean
Taboureau dit] Jean des Vignes Rouges; Éditions J. Oliven. Mon exemplaire tout jauni a
été imprimé en 1945, mais il n’a pas pris une ride. J’ai découvert que l’auteur
avait enseigné la psychologie à Charles de Gaulles...!
Image :
Aurélien R.R. Bonnetaud. Parodie d’un monde sans failles.
Le
documentaire Le monde selon Amazon avait
pris l’affiche le 29 novembre dans quelques cinémas de répertoire au Québec. Si
vous l’avez manqué, j’imagine qu’il est/sera achetable en ligne... sur Amazon!
«Cette enquête, tirée du livre éponyme de
Benoît Berthelot, tient plus du reportage télévisuel que du documentaire de
création. En revanche, elle a le mérite d'exposer, à travers le cas précis
d'Amazon, l'avenir que nous réservent les GAFA (Google, Amazon, Facebook et
Apple). Le début du film donne le ton, avec ses spectaculaires images du désert
que Jeff Bezos a acquis pour le lancement de «ses» fusées dans l'espace. Il
faut néanmoins attendre le dernier tiers, centré sur l'impuissance des gouvernements à encadrer ce géant, pour voir le
film tenir sa promesse militante. La présence sentie de Richard Desjardins à la
narration compense l'impersonnalité de la réalisation, qui mixe
statistiques-chocs et témoignages informatifs mais neutres.» – Georges Privet
L’infrastructure
économique d’Amazon fonctionne à peu près comme une mafia – chantage, écrasement des compétiteurs (petits, moyens et grands) et contrôle des gouvernements. Voilà sans
doute pourquoi MM. Justin Trudeau et François Legault hésitent à taxer les géants du numérique. Selon M. Legault,
Google a «des projets intéressants» d’investissements au Québec, mais les deux
parties ont convenu de garder le tout confidentiel. «On peut parler de beaucoup
d’emplois payants potentiels», s’est limité à dire M. Legault. Le gouvernement
projette de dézoner un territoire agricole à Beauharnois afin de permettre à
Google d’y installer un centre de stockage de serveurs informatiques. Dans la
métropole, Google compte déjà un centre de données, un studio de jeux vidéo, un
laboratoire de recherche en intelligence artificielle et un bureau de sa
filiale DeepMind.
Qui plus est, en raison des récents vols de
données personnelles chez Desjardins et Capital One, les ministres Éric Girard
et Éric Caire (ministre délégué à la Transformation numérique qui louche sur les
géants américains de stockage numérique) veulent instaurer un processus
d’identification numérique – empreintes digitales et/ou reconnaissance faciale
– pour tous les Québécois en 2021, pour réduire le risque de fraude d’identité.
Éric Caire voit très grand, il désire
créer des «citoyens numériques : «Je veux développer une “start-up” du
gouvernement en matière de transformation numérique [...] Pourquoi on n’irait pas chercher des gens de chez Amazon qui aimerait
travailler chez nous? Il ne faut pas oublier une chose : le gouvernement du
Québec, c’est la plus grosse entreprise au Québec.»
La biométrie n’éliminera pas les risques. Un
expert en cybersécurité invite à la plus grande prudence : «Si on perd
l'information biométrique à notre sujet, ça peut avoir de très graves
conséquences pour toute notre vie. Qui nous sommes [biologiquement], c'est le
facteur d'identification qui est généralement le plus fort, mais c'est aussi le
talon d'Achille. » (Pascal Fortin, ex-président de la firme GoSecure)
Ainsi on
balancerait toutes nos données personnelles dans la gueule de prédateurs numériques
américains, livrées du même coup aux renseignements américains. Totalement
inconscient et irresponsable. Découvrez ce qu’est le Patriot Act et le Cloud
Act, et ce que pense Edward Snowden du stockage de données chez des pourvoyeurs
de nuages (cloud) étrangers (américains ou
autres); une très mauvaise idée...
– 9 décembre
2019 : Le NHS (système de santé
public britannique) donne à Amazon le droit d'utiliser librement les données de
santé émanant des utilisateurs d'Alexa. ~ Benoît Berthelot https://twitter.com/benoitberthelot?lang=fr
Bezos :
un digne rejeton d’Edward Bernays... En août 2019, ont estimait la valeur nette de
Bezos à 131 milliards de dollars. Les bénéfices boursiers de Bezos en 2018 lui
ont rapporté environ 260 millions de dollars par jour.
«Le monde selon Amazon» : l’économie,
c’est moi!
Caroline
Montpetit
Le Devoir, 29
novembre 2019
Vous avez
probablement contribué à sa fortune, à un moment ou un autre de votre vie :
Jeff Bezos, le fondateur et PDG d’Amazon, est considéré comme l’homme le plus
riche du monde. Son empire étend ses tentacules partout. Et son but est de
s’infiltrer encore plus, dans toutes les sphères de nos vies.
Le documentaire Le monde selon Amazon, d’Adrien Pinon et Thomas Lafarge, qui prend
l’affiche vendredi, jour du Vendredi fou (Black Friday), effectue une plongée
fascinante dans l’univers de ce géant, dont l’idée a germé dans un sous-sol de
Seattle, en 1994.
À l’époque de sa fondation, Amazon livrait
une vingtaine de livres par jour, raconte un ancien partenaire de Bezos,
interrogé dans le film. Aujourd’hui, l’entreprise livre cinq milliards de colis
par année, au rythme de 158 par seconde.
Et les activités de l’entreprise ne
s’arrêtent pas là. 60 % des bénéfices d’Amazon proviennent des stockages de
données, dans les 120 centres de données qu’elle gère dans le monde, dont l’un
est établi à Varennes, en banlieue de Montréal.
Les ambitions de Jeff Bezos vont plus loin.
Jusqu’où? Par le biais de sa compagnie Blue Origin, il vise rien de moins que
la colonisation de l’espace, voire de la Lune, explique en entrevue Alexandre
Sheldon, assistant réalisateur du film.
«La
terre suffira-t-elle à combler son appétit?», demande d’ailleurs dans le
film Richard Desjardins, qui assure la narration du film pour le Québec. «Que veut Jeff Bezos qu’il n’ait déjà? Quel
avenir la multinationale veut-elle nous imposer et à quel prix?», demande-t-il
encore.
Le film, une coproduction entre la compagnie
française Little big story, et les productions du Rapide blanc, au Québec,
explore avec brio la dynamique mise en place par Amazon au sein de l’économie
mondiale, et le pouvoir que la géante exerce auprès des commerçants qu’elle
dessert comme auprès de ses clients.
«On ne veut culpabiliser personne d’acheter
par exemple leurs cadeaux de Noël sur Amazon, poursuit Alexandre Sheldon. On
veut que tout le monde s’interroge sur les enjeux liés à la présence d’Amazon».
Selon Stacy Mitchell, de l’Institut américain pour l’autonomie locale, qui est
interrogée dans le film, deux emplois
sont perdus pour chacun des emplois créés par Amazon. Le chiffre fait
réfléchir, au moment où Amazon s’apprête à
ouvrir un nouvel entrepôt dans le secteur de Lachine à Montréal.
L’équipe de réalisation du film s’est
notamment rendue en Inde, où Amazon tente de faire sa place en livrant une concurrence féroce à deux autres géants,
Flipkart et PayTm (une filiale d’Alibaba).
Ses efforts provoquent la colère de
boutiquiers indépendants du Vieux Delhi, qui y font commerce depuis des
générations.
Alors qu’un géant comme Amazon peut se
permettre de perdre de l’argent durant cinq ans pour se faire une place dans le
marché, ces commerçants ne peuvent tenir ainsi que quelques mois, explique l’un
d’eux.
En réponse à ces critiques, le gouvernement
de l’Inde, dont ces commerçants forment la base nationaliste, réclame notamment
à Amazon que 30 % des produits vendus par l’entreprise soient fabriqués en
Inde.
En Europe, où l’entreprise est déjà bien
implantée, l’approche de Jeff Bezos heurte les syndicats, qui critiquent les
conditions de travail difficiles de l’entreprise.
On apprend par exemple que les personnes qui
travaillent dans les entrepôts doivent obéir aux ordres d’une machine, qui leur
dit quel bras lever pour atteindre l’objet par exemple, ou comment bouger dans
l’entrepôt.
Photo tirée du documentaire
Selon un employé de l’entreprise de Leipzig,
en Allemagne, une personne qui effectue ainsi les mêmes gestes, 500 fois par
jour, est très à risque de faire un burn out.
«En Europe, les normes en matière de
conditions de travail ne sont pas les mêmes», relève Alexandre Sheldon.
Le Parlement européen a également décidé
d’imposer des sanctions contre Amazon, déclarant illégales des exemptions
fiscales dont l’entreprise a bénéficié au Luxembourg. Mais le Luxembourg est en
appel de cette décision.
Toutes
ces critiques semblent d’ailleurs glisser sur le dos de Jeff Bezos comme sur
celui d’un canard. «Mon impression, c’est que ça ne les inquiète pas du
tout ou très peu», dit Alexandre Sheldon.
Au début du film, il est mentionné que Jeff
Bezos s’est porté acquéreur il y a quelques années du Washington Post, l’un des quotidiens les plus influents, aussi
considéré comme un adversaire de Donald Trump.
Or, Amazon espérait récemment décrocher un
énorme contrat, nommé JEDI, avec le ministère de la Défense américaine. «Finalement,
c’est Microsoft qui a eu le contrat», dit Alexandre Sheldon.
Reste que Jeff Bezos est décrit dans le film
comme un libertarien pur jus, qui
déteste se soumettre à quelque réglementation que ce soit.
À Seattle, où la compagnie a son siège
social, une bataille musclée a eu lieu entre l’entreprise et le conseil
municipal, au sujet de l’aide que les grosses entreprises devaient apporter aux
sans-abri, en finançant la construction de logements abordables.
Alors que le conseil municipal a tenté
d’imposer une contribution obligatoire à ces grosses entreprises par le biais
d’un règlement, Amazon a organisé une vigoureuse contestation, forçant le
conseil municipal à reculer.
Quelque temps plus tard, Jeff Bezos a
annoncé un don de deux milliards de dollars pour venir en aide aux sans-abri
dans l’ensemble du pays.
Pour la conseillère municipale de Seattle
qui avait lutté pour obtenir du financement de logement social par voie de
règlement, cette érosion des pouvoirs publics au profit du pouvoir privé,
reposant entre les mains d’un seul homme, est inquiétante.
Jeff Bezos a refusé d’accorder une entrevue
aux réalisateurs.
Regard critique sur Amazon
Silvia
Galipeau La Presse, 29 novembre 2019
(Extrait)
Le tiers du cloud mondial
C’est l’une
des activités les moins connues d’Amazon, et pourtant la plus lucrative : 30 % du cloud mondial appartient à Amazon
(Amazon Web Services). «C’est la division la plus profitable d’Amazon»,
confirme l’assistant-réalisateur québécois. Netflix, Airbnb, Waze, Expedia et la plupart des
applications de vos téléphones intelligents transitent par des serveurs qui
appartiennent à Amazon. Même le New
York Times et, bien évidemment, le Washington
Post, ce dernier ayant été racheté récemment par la multinationale. «Le
tiers des informations disponibles sont hébergées chez des serveurs appartenant
à Amazon», révèle le documentaire.
Pour
chaque emploi créé par Amazon, que ce soit dans un entrepôt en Amérique, en
Europe ou en Asie, deux autres sont perdus. On estime qu’en tout, 85 000 petites entreprises ont disparu en
10 ans et 35 000 petites et moyennes usines. Amazon ne serait pas la seule,
mais la «principale» cause de ces pertes, signale le documentaire. Et quand des
emplois sont créés, encore faut-il s’interroger : «Quels emplois, et de quelle
qualité? s’interroge à son tour le recherchiste. Ce sont des emplois au bas de
l’échelle, dans des conditions déshumanisantes, avec un rythme de travail
imposé par des promesses de livraison rapide.»
Impossible de rester ici indifférent. Car si
Amazon fait déjà partie de nos vies, sa présence et son emprise soulèvent à
court, moyen et long terme une foule d’enjeux économiques, mais aussi
(surtout?) collectifs. En résumé : «Est-ce qu’on est juste des consommateurs, à
la recherche du meilleur deal? Ou est-ce qu’on est aussi des citoyens, qui
cherchent un certain tissu social, un milieu, des rencontres?» À voir. À méditer.
Commentaire sur
le livre de Benoît Berthelot
Koatiraleur, 24
septembre 2019 (Babelio)
Des chiffres
qui donnent le vertige! 10,1 milliards de $ de bénéfices... 650 000 employés –
100 millions d'abonnés; Amazon a été créée en 1995 aux USA, le 28 août 2000, la
conquête du marché français commence!
Jeff Bezos, le créateur d'Amazon, est un
visionnaire nourri à la Science-fiction... une devise «get big fast»! Indéniablement,
c'est un génie qui a au moins dix années d'avance, mais c'est aussi un esclavagiste à l'ego démesuré dépourvu
d'empathie, semblable aux robots qu'il s'ingénie à perfectionner chaque
jour un peu plus! La terre ne lui suffit pas, une société dédiée à la conquête
spatiale a vu le jour. [...]
On n'imagine même pas les ramifications d'Amazon,
ni les projets «démentiels» que nourrit son inventeur! Aujourd'hui il n'hésite
pas à se lancer dans la bataille de l'alimentaire avec, en partenariat, en
France, une grande enseigne! j'ai d'ailleurs découvert avec stupéfaction ses
partenaires français... Aucun pays n'a échappé à Jeff Bezos et à son mastodonte!
L'épilogue s'intitule : 2030, selon Amazon... (tout un programme).
C'est une enquête très documentée, très détaillée
et accessible à tous... rien de rébarbatif. Le journaliste a parcouru divers
pays sur une durée de trois ans.
J'ai apprécié ce livre mais j'en suis sortie
complètement sonnée par la découverte de ce géant du e-commerce mais aussi par
la diversité de ses sociétés satellites, abasourdie par sa manière d'exploiter
sa main d'oeuvre; ses milliards le rendent intouchable... pour le moment!
Le Monde selon Amazon, Benoît Berthelot; Éd. Le Cherche
midi (22/08/2019)
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