Extrait de L’achat en ligne permet-il de réduire notre
empreinte écologique?
CÉRSÉ –
Centre d’étude en responsabilité sociale et écocitoyenneté; mars 2019
40 % des
adultes Québécois font au moins un achat par mois sur Internet. La place du
géant Amazon est telle qu’on parle d’une “Amazonization”
des ventes en ligne, avec 4 Québécois sur 10 qui utilisent cette plateforme
pour leurs achats en ligne.
Selon le Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), des actions urgentes
doivent être entreprise si l’on veut limiter le réchauffement climatique à
1,5°C. Les ordinateurs, les centres de
données et les réseaux consommeraient près de 10 % de l’électricité mondiale,
et avec une augmentation de 8,5 % par an de la consommation énergétique du
numérique, sa part pourrait atteindre de 20 % à 50 % de la consommation
mondiale d’électricité en 2030 selon différents scénarios. Amazon prétend verdir ses installations, mais certaines
pratiques comme l’obsolescence programmée laissent perplexe.
Les produits et les services deviennent
disponibles partout et à toute heure, et les coûts de transactions sont souvent
moins élevés. Néanmoins, les clients n’ont pas la même expérience que dans un
point de vente : ils ne peuvent voir, sentir et toucher les produits avant d’en
faire l’achat. Certains d’entre eux peuvent également avoir des inquiétudes quant à la sécurité de leurs
données et le respect de leur vie privée, et un manque de confiance dans
les paiements en ligne.
Bien que les achats en ligne épargnent aux consommateurs de se rendre en
magasin, les articles doivent toutefois être expédiés par avion ou par camion
pour être livrés jusqu’à leur domicile ou un point de livraison.
Le
transport et l’emballage sont ainsi deux facteurs majeurs qui augmentent
l’empreinte écologique des achats sur Internet. Et l’empreinte écologique s’intensifie
encore avec les retours de marchandise, avec des taux de retour pour les
commandes en ligne variant de 25 % à 30 %, comparativement à 6 % à 10 % pour
les achats en magasin. Par ailleurs, les options de livraison gratuite auraient
un impact environnemental encore plus élevé.
Pour réduire notre empreinte écologique :
achetons en magasin lorsqu’on en a la possibilité, et plus globalement adoptons un comportement minimaliste.
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Extrait
de : Achats impulsifs, retours,
invendus et gros gâchis
Agence
France-Presse, novembre 2018
Photo : Slow Fashion Next
Le choix du
e-commerce de faciliter le retour gratuit des colis génère des montagnes
d'invendus qui finissent parfois à la broyeuse, en particulier lors des
opérations de super promotions. Plus on commande, plus on renvoie [...] et chaque
paquet a un impact sur le climat. Plus de la moitié des jeunes consommateurs de
moins de 30 ans savent, dès l'achat, qu'ils renverront une partie de leurs
commandes.
Chez le géant du secteur Amazon, le
reconditionnement ou la vérification de l'état du produit retourné sont parfois
jugés plus coûteux que la destruction pure et simple de l'article. Environ 30 %
des articles réexpédiés par les clients déçus d'Amazon finissent à la poubelle.
Des équipes sont affectées chaque jour à la destruction de meubles, téléphones,
matelas, portables, ou machines à laver neuves, selon les témoignages des
employés de la firme américaine, photos et vidéos à l'appui. Le géant américain
affirme «travailler continuellement» à
minimiser le nombre d'articles invendus. Il cite ses circuits de seconde main,
ou même de don caritatif.
Dans le e-commerce, le client ne peut tester
correctement son achat qu'après une prise en main, la possibilité du retour
fait donc intégralement partie du modèle économique et intervient dès le choix
du produit.
D'autres plateformes ont intégré le coût du
retour dans leur stratégie, jugeant la satisfaction complète du client et
l'assurance de son retour sur leurs sites plus importante que les frais de
logistique. Zalando, le géant européen de la mode en ligne, encourage ainsi ses
clients à commander en plusieurs tailles.
Cette stratégie dite de «cabine d'essayage à
domicile», couplé à un service de coursiers dépêché chez le client à sa
convenance pour venir récupérer par exemple les chaussures trop grandes et trop
petites, est déjà mise en place dans plusieurs pays.
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Extrait de :
C'est plutôt stupéfiant : les achats en
ligne retournés sont souvent envoyés à la décharge, selon les recherches de la
journaliste Adria Vasil
Interview par
Laura Lynch, émission The Current
CBC Radio, 12
décembre 2019
Selon Adria
Vasil, journaliste spécialiste de l'environnement et rédactrice en chef du
magazine Corporate Knights, le magasinage en ligne a créé une pléthore de
produits en parfait état qui se retrouvent dans les décharges et les dépotoirs.
Amazon a fait face à des accusations de
destruction d'articles retournés en France et en Allemagne. Le problème
concerne également les produits invendus. Burberry a admis en 2018 qu'elle
avait incinéré 90 millions de livres sterling de vêtements et d'accessoires au
cours des cinq années précédentes. L'entreprise a mis fin à cette politique
l'an dernier à la suite d'un tollé public. La marque de mode de luxe
britannique Burberry se concentrera désormais sur le recyclage et les dons.
Comment l'essor des achats en ligne
influe-t-il sur la quantité de bons produits qui est gaspillée?
C'est plutôt
stupéfiant. L'augmentation du volume des retours a explosé de 95 % au cours des
cinq dernières années. Et au Canada
seulement, nous retournons 46 milliards de dollars de marchandises chaque année.
Et tu penses, OK, c'est quoi le problème? Eh bien, le problème, c'est que – surtout
lorsque nous retournons en ligne – beaucoup de ces produits finissent dans des
sites d'enfouissement.
Pourquoi on retourne quelque chose de neuf
et en parfait état?
En fait, il
en coûte beaucoup plus cher aux entreprises de demander à un employé d’inspecter
visuellement le produit et de vérifier s’il est conforme aux normes et au code.
Pourrait-il occasionner une poursuite? Quelqu'un a-t-il trafiqué la boîte d'une
façon ou d'une autre? Est-ce remboursable? Si c'est un vêtement, il faut le
repasser et le remettre dans un bel emballage. Et pour beaucoup d'entreprises,
ça n'en vaut pas la peine. Donc, ils vont littéralement l'incinérer ou
l'envoyer à la poubelle.
Nous achetons davantage nos vêtements en
ligne, mais c'est en fait difficile parce que nous ne connaissons pas vraiment
la taille qui convient. Alors, nous achèterons un petit, un moyen et un grand,
ou taille 8, 10 et 12; puis nous les essayerons, et retournerons les deux qui
ne font pas. Le problème, c'est que les deux que nous retournons sont en fait,
dans de nombreux cas, envoyés à la décharge. Et les grandes marques ne veulent rien
savoir des retours. Donc ils préfèrent les jeter.
Y a-t-il des entreprises qui essaient
de mettre un frein à cette pratique? Existe-t-il des solutions?
Nous voyons
tellement de grandes marques de vêtements, en particulier, jeter ou incinérer
des vêtements, comme l'a fait Burberry. Ils ont été pris en train de brûler des
milliards de dollars de vêtements. H&M aussi. Et vous savez, c'était un scandale
pour les gens de l'industrie du vêtement. Si vous êtes un client, découvrir que
des milliards de dollars sont brûlés parce que l’entreprise ne veut pas sous-évaluer
ses vêtements en les remettant sur les tablettes. Cela ferait baisser les prix.
Par
contre, nous voyons certaines marques s'y opposer. Patagonia a créé un magasin
en ligne et un magasin de surface pour les produits qui sont peut-être
légèrement endommagés, mais qu'ils ont réparés. Il y a des marques qui réparent,
qui encouragent la réparation, de sorte qu'elles remettent les colis et les
marchandises sur les tablettes.
La France interdit ... l’envoi des marchandises
retournées à la décharge.
Nous commençons donc à voir un changement
d'attitude. Je pense que les gens en ont vraiment marre de cette pratique et
qu'ils en sont dégoûtés.
Les magasins jettent parfois les
marchandises retournées au lieu de les vérifier et de les reconditionner.
Pourquoi les entreprises ne
donnent-elles pas les vêtements à des organismes de bienfaisance?
C'est une question d'image. Elles essaient de
maintenir l'exclusivité. Elles essaient de maintenir la spécificité de leur
produit. Mais c'est vraiment symptomatique d'un problème plus vaste qui touche
notre culture de consommation à l'heure actuelle.
Alors, que pouvons-nous faire en tant
que consommateurs, surtout maintenant que nous faisons du shopping pour les Fêtes?
Je vous
recommande fortement de repenser à vos retours de marchandises. Avant de le
retourner, réfléchissez attentivement et voyez s'il n’y a pas quelqu'un à qui
vous pourriez le donner. Si vous ne voulez pas le retourner, pouvez-vous le
donner?
Achetez des articles d'occasion. Nous sommes
nombreux à acheter des articles neufs dont nous n'avons pas vraiment besoin. Néanmoins,
la tendance à acheter des articles d'occasion est en hausse en ce moment. Alors,
je vous encouragerais à y participer et à rechercher des marques qui font
partie de l'économie circulaire, qui, comme Patagonia, réparent, reconditionnent
et rénovent des biens en fin de vie pour qu'ils puissent avoir une seconde vie.
Et pour qu’on ne se retrouve pas avec autant de déchets dans les dépotoirs.
Transcrit par
Padraig Moran. Produit par Ben Jamieson.
Qui mettra
fin à ces pratiques stupides et scandaleuses sinon les consommateurs?
En
conclusion, à chacun de choisir selon ses propres valeurs, car savoir donne au moins la liberté de
choisir.
Avec le
libre-échange et la mondialisation, la compétition est féroce. Les moyens et
les petits disparaissent à une vitesse fulgurante. Jeff Bezos (Amazon) n’a rien
inventé, il a simplement transposé le catalogue imprimé d’autrefois à un catalogue
numérique, mais à l’échelle planétaire, et il vise le monopole. Si jamais l’empire
Bezos s’en prend à l’empire Xi Jinping, il y aura des étincelles, c’est
certain.
En complément
Si l’histoire
de l’achat par catalogue vous intéresse, ce site en trace les origines de 1871 à
2003. Sujets : Mode et ameublement; Accrocher le client; Profil historique
des entreprises; de la commande à la livraison. Et plein de photos vintage...
Avant le cybercommerce – Une histoire
du catalogue par correspondance au Canada
1817 à 1886 Origines de la vente par correspondance
dans les grands magasins européens et américains
L'industrialisation
a favorisé la production et la distribution de masse. Vers la fin du XIXe
siècle, des grands magasins inaugurent des services de vente par correspondance
dans le but d'étendre leurs affaires au-delà de leurs établissements, jusqu'aux
petites villes et aux régions rurales. Les Français et les Américains sont les
chefs de file dans ce domaine.
1880-1914 Début des catalogues des grands magasins du
Canada
La population
canadienne augmente considérablement à la fin du XIXe siècle et au début du
suivant. Les catalogues de vente par correspondance, principalement associés
aux grands magasins de Montréal et de Toronto, atteignent le marché des régions
rurales du pays.
1914-1929 La Première Guerre mondiale et ses
conséquences sur le front intérieur - Développement, croissance et innovation
Pendant la
Première Guerre mondiale, un nombre considérable d'employés des grands magasins
s'enrôlent. Des concurrents, comme Eaton et Simpson collaborent à l'effort de
guerre. Beaucoup de marchandises, auparavant importées d'Europe, ne sont plus
disponibles. Pendant et après la guerre, bien des entreprises mettent en place
un programme d'expansion.
1930-1939 Les années 1930 : Croissance des entreprises et clientèle sans argent
En raison de
l'optimisme des années 1920, un certain nombre de services de vente par
correspondance étendent leurs activités. Toutefois, à mesure que la Dépression
s'intensifie au pays, beaucoup d'entreprises sont contraintes de réduire le
nombre de pages de leurs catalogues, d'arrêter la vente de certains articles et
de restreindre leurs plans d'expansion ou d'y renoncer. Des centaines
d'employés des services de vente par correspondance sont mis à pied. La
Dépression alimente la colère des propriétaires de magasins locaux envers les
entreprises de vente par la poste.
1939-1945 Catalogues du temps de la guerre
Quand la
Seconde Guerre mondiale éclate, en 1939, les entreprises de vente par
correspondance soutiennent l'effort de guerre canadien; elles expédient des
articles aux soldats à l'étranger, proposent des objets patriotiques dans leurs
catalogues, travaillent avec le gouvernement à un programme de rationnement et
envoient des colis aux Britanniques, touchés par le manque de marchandises, et
aux prisonniers de guerre en Allemagne.
1946-2003 Suprématie du catalogue des grands magasins :
Simpsons-Sears et Sears au Canada
Janvier 2018 La faillite de Sears Canada entraîne la
fermeture définitive de tous les magasins à grande surface et des centres de
services. Pour bien des gens, surtout ceux qui habitaient dans des régions
éloignées des grands centres, c’était «le magasin du catalogue». C'est un peu
paradoxal parce que Sears était le champion historique des commandes à
distance, par téléphone et par catalogue... Ç'aurait été naturel pour Sears de
faire la migration vers le commerce en ligne, mais c'est un changement qu'elle
n'a pas fait assez rapidement. En raison de la faillite du géant du commerce du
détail, les ex-employés de l’entreprise ont perdu leurs avantages sociaux, l’assurance
vie et le programme d’indemnité dont ils bénéficiaient. La nouvelle que les
dirigeants de l’entreprise s’étaient versé de généreuses primes salariales
malgré la mise à pied de milliers d'employés avait indigné une grande partie de
la population. (ICI Radio-Canada/nouvelle)
Durant la
période de l'après-guerre, la quantité et la variété des articles augmentent
rapidement, tout comme le pouvoir d'achat des Canadiens. L'arrivée de
l'électricité dans les régions rurales stimule le marché des appareils
électriques. Le baby-boom fait croître la population du pays, et les enfants et
les adolescents deviennent un public cible dans les années 1950 et 1960. Vers
la fin des années 1990, le commerce électronique permet aux gens d'acheter dans
des magasins locaux ou ailleurs dans le monde.
La vente par catalogue et les petits
marchands du Canada : une lutte sans merci
Grâce à la
vente par catalogue, les Canadiens peuvent enfin faire livrer, à leur porte,
des produits de plus en plus modernes et variés. Ce commerce s'avère alors si
rentable qu'il menace le gagne-pain d'une catégorie plus vulnérable de
détaillants : les marchands des communautés rurales et des petites localités.
La pérennité de ce moyen d'existence deviendra donc un enjeu national et
politique.
La vente par catalogue, qui permet aux
agriculteurs, aux mineurs, aux travailleurs forestiers et à leur famille
d'acheter une multitude d'articles, nuit toutefois au chiffre d'affaires des
marchands des petites villes, incapables de rivaliser avec les entreprises qui
utilisent cet outil de vente. Résultat : ils ferment boutique.
Injuste, la compétition?
Le volume des
opérations des «grands» est si élevé qu'il leur permet d'obtenir de la part des
manufacturiers des produits à prix réduit. Ils peuvent alors vendre leurs
marchandises par catalogue et en magasin aux plus bas prix. Afin d'attirer la
clientèle, ils n'hésitent pas à écouler des articles à perte. Cette technique,
appelée «article de réclame» ou «produit d'attraction», est toujours en vogue
aujourd'hui.
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