25 juin 2019

La chute d’Icare au Kazakhstan

La chute d’Icare par Marc Chagall (1887-1985)

J’ai suivi en direct le retour des astronautes au Kazakhstan jusqu’à très tard dans l’espoir d’être rassurée sur l’état de David Saint-Jacques qui éprouvait des malaises. L’émission a pris fin avant de savoir. J’ai appris ce matin avec soulagement qu’il se portait mieux. On est toujours émus et admiratifs devant ces courageux astronautes.


La Presse canadienne
Le 24 juin 2019

À l’Agence spatiale canadienne à Longueuil, une salle bondée d’employés et de membres de la famille de David Saint-Jacques ont chaudement applaudi l’atterrissage réussi.
   Les astronautes Robert Thirsk et Jeremy Hansen ont animé la soirée en décrivant chacune des étapes du voyage de retour de l’équipage formé de David Saint-Jacques, l’astronaute américaine Anne McClain et le cosmonaute russe Oleg Kononenko.
   «En descendant, la force de gravité est forte. C’est comme s’il y avait quatre personnes assises sur votre poitrine. C’est difficile d’inspirer, mais il faut se concentrer pour s’assurer de bien respirer pour ne pas se trouver mal», explique Robert Thirsk.
   «Quand le parachute s’ouvre, il y a un grand mouvement de pendule, de gauche à droite, et l’atterrissage est un écrasement comme un accident de voiture», poursuit-il. Au cours de la descente, la capsule va se détacher de plusieurs sections et seule la partie où se trouvent les astronautes va atteindre la Terre.
   L’équipage devrait atteindre une vitesse de pointe de plus de 27 000 kilomètres par heure avant l’ouverture d’un premier parachute pour ralentir la chute, puis d’un deuxième qui va permettre de stabiliser l’atterrissage.
   L'agence assure que l'astronaute québécois se porte bien même si à son arrivée au Kazakhstan, il a éprouvé des symptômes typiques d’après vol, dont des nausées. Il a pu parler à sa femme et à ses parents après l’atterrissage.
Source :

En tout cas, pour moi, c’est du sport extrême! Je regardais les astronautes sortir par le goulot du petit chaudron de métal calciné où ils avaient passé des heures recroquevillés comme des embryons dans des bocaux de laboratoires, pour ensuite vivre la terrible entrée dans l’atmosphère terrestre et finalement atterrir à l’aide de mini explosions radioactives pour réduire l’impact au sol. En plein désert à une température de plus 35°C. Mais bon, ce sont des cobayes consentants qui assument les conséquences de leur choix. Je suppose aussi qu'ils croient au bien-fondé de leurs missions. 

Photo : Bill Ingalls / NASA AFP. 

Mon admiration se limite cependant aux astronautes (pris individuellement) car la face cachée de l’industrie spatiale, c’est-à-dire l’énorme pollution atmosphérique et terrestre qu’elle induit, donne le tournis et envie de vomir. Si tout l'argent investi dans ce domaine était alloué à la sauvegarde de la planète et du vivant, bien des grands maux causés par les activités de l'homme seraient enrayés.
    On nous rabâche que le principal but de l’exploration spatiale est de faire progresser la science et d’augmenter le bien-être de l’humanité. Mon œil. La poubelle spatiale est un copié-collé de la poubelle terrestre qui, en plus, ajoute plusieurs couches à la pollution déjà existante.

Je vous propose l’introduction et la conclusion d’un rapport sur la déchetterie spatiale, qui affecte la terre et d’autres planètes, notamment avec sa pollution radioactive. Mais l’entre deux (photos et cartes incluses) est ahurissant, hallucinant!  J’ai tout lu aujourd’hui. Je vais me coucher moins ignorante, mais une fois de plus extrêmement déçue de la stupidité et de l’avidité de notre espèce. Parfois je serais même tentée de croire à un complot de la part de créatures extrêmement malveillantes incarnées dans des sacs de peau humains biodégradables...

L’on comprend mieux aussi pourquoi certains médecins ne cessent de répéter qu’une personne sur deux mourra du cancer dans les années qui viennent. 


Bref, une lecture accessible à tous, sauf à celles et ceux qui croient que la terre est plate et que c’est uniquement la Main Magique de Dieu qui fait fonctionner leur smartphone.

Les déchets de l’espace
Robin des Bois, juin 2011


Introduction

La conquête spatiale a réussi un exploit considérable. En 50 ans, l’humanité a disséminé dans l’espace des milliards de déchets d’origine terrestre. «L’océan d’en haut» comme l’appelait Victor Hugo est victime d’une pollution industrielle d’un genre nouveau, foudroyant, proliférant et durable du même type en plus irrécupérable que la pollution de l’océan d’en bas par les déchets de plastique, de polystyrène et d’hydrocarbures.

La durée de vie d’un satellite n’est guère plus longue que celle d’une voiture, une bonne dizaine d’années. Sur Terre, la gestion des Véhicules Hors d’Usage – VHU – et de leurs accessoires est un casse-tête. Dans l’espace, la gestion des Satellites Hors d’Usage –SHU – est dominée par le «chaque État pour soi» et le sans gêne à l’état pur. La gestion  des déchets de toutes les catégories est une science en même temps que le miroir des comportements collectifs. Les déchets spatiaux n’échappent pas à la règle sauf que personne et surtout pas les exploitants ne les ont vus venir. Dans les années 1970, les premières détections analytiques de traces de titane et d’aluminium sur des satellites cobayes ont été attribuées à des éjections solaires ou à la chimie des astéroïdes alors qu’elles provenaient des peintures et des résidus de combustion des engins spatiaux. Les industriels de l’espace n’ont pas non plus anticipé l’expansion géométrique et la démultiplication en cascade des déchets issus de collision et d’explosion orbitales. En 50 ans, les activités humaines dans l’espace ont créé sur les orbites basses et hautes de la Terre plus de déchets que le système solaire n’y a injecté de météorites en plusieurs milliards d’années.

Aujourd’hui, aucun vol spatial habité ou satellite ou encore mission interplanétaire n’est à l’abri d’une collision destructrice avec un déchet. Sur Terre, nul non plus n’est à l’abri d’un déchet tombé de plus haut que le ciel, d’une rentrée incontrôlée sur la planète mer, pas même une baleine. Les déchets spatiaux contribuent à la pollution lumineuse de l’espace et perturbent les observations des astronomes. Les réacteurs nucléaires  embarqués sur les satellites masquent le bruit de fond radioactif du cosmos en émettant des flux de rayons gamma artificiels même quand les satellites ne sont plus en fonction.

Tout  ça pour internet, GPS, téléphone et radio satellitaires, autant d’activités commerciales, de moyens de communication et de divertissement qui rapportent infiniment d’argent et produisent des déchets à l’infini sans la moindre contrainte à verser une TGAP – Taxe Générale sur  les  Activités Polluantes – spatiale. Le droit  spatial lui aussi est en panne; les étages susceptibles de mettre en orbite une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets dans l’espace sont très loin d’être sur le pas de tir. Seule lueur d’espoir, les logisticiens de l’espace comprennent désormais l’urgence à agir pour nettoyer les écuries spatiales et prévenir à la source la production de déchets.

«Les déchets dans l’espace» de Robin des Bois est le premier rapport à porter sur l’ensemble de cette thématique nouvelle le regard d’une Organisation Non   Gouvernementale environnementale.  Les déchets dans l’espace, l’utilisation  des  sources radioactives et les risques mécaniques et environnementaux des rentrées sur Terre sont une préoccupation majeure pour Robin des Bois depuis 1987.


Conclusion

L’espace est animé par des enjeux militaires, scientifiques et commerciaux. C’est une  succursale de la Terre. Les déchets y posent des problèmes multiples.

La sécurité des activités spatiales est compromise par la prolifération et la connaissance fragmentaire du nombre et de la trajectoire des déchets existants. Les initiatives se multiplient chacune de leur côté pour en dresser la cartographie et l’inventaire sans mutualisation des informations. La réduction à la source des déchets dans l’espace est possible si l’ensemble des États de lancement et des exploitants de satellites prennent conscience de la gravité du problème et des risques associés. La responsabilisation de tous les acteurs y compris commerciaux doit être accélérée par une pression accrue de la société civile, des États de lancement et par la concertation internationale.

Le droit de l’espace se doit d’être coopératif, évolutif et contraignant. Les règles élémentaires de prudence doivent être respectées. Il est notable qu’aucune protestation diplomatique officielle n’ait été émise après le tir antisatellite réalisé par la Chine en  janvier 2007. Il est urgent que les États-Unis, la Russie, la Chine, le Japon et les autres principaux États de lancement ratifient l’Accord sur la Lune et les autres corps célestes. L’objectif suivant serait une convention internationale sur la prévention et la gestion des déchets dans les orbites terrestres et le système interplanétaire.

Le financement des recherches sur les modalités de capture ou de neutralisation in situ  des plus gros déchets susceptibles de se fragmenter en des millions de micro-déchets projectiles pourrait être en partie assuré par un fonds alimenté par tous les usagers de l’espace, en premier lieu les exploitants de satellites commerciaux.

Pour ce qui concerne l’environnement de la Terre, les retours de satellites doivent faire l’objet d’une planification et d’une localisation précises et respectueuses de l’environnement marin et des populations exposées. Les impacts de l’incinération des parties combustibles des engins spatiaux lors de leurs rentrées dans l’atmosphère doivent être mieux connus sans être systématiquement balayés par la mise en avant de la dilution des polluants au dessus de l’humanité.

Rédaction : Jean-Pierre Edin et Jacky Bonnemains
Documentation et iconographie : Jean-Pierre Edin, Jacky Bonnemains,  Charlotte Nithart, Christine Bossard et Miriam Potter
Secrétariat de rédaction, illustration et architecture : Charlotte Nithart et Elodie Crepeau Cartographie : Christine Bossard
Fond de carte Terre : Daniel  Dalet
Responsable de la publication : Jacky Bonnemains

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