10 juillet 2016

«Toutes les vies comptent»

Vu le contexte, je sors temporairement de ma tanière pour faire ma petite part.
 
En passant – La vidéo du chanteur country Coffey Anderson pour éviter de se faire tirer si on est intercepté au volant par un policier.
 
What do you actually do when you get pulled over by the police? Here is a video that helps diffuse tension at traffic stop, it gives solid steps into ways of staying safe, and getting home. SHARE this. It's a must for all to see and show to your loved ones.
https://www.facebook.com/coffeyanderson/?fref=nf

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Le racisme n’est pas une «spécialité» américaine, il se propage sur la planète comme un cancer, une gangrène. On n’a qu’à penser à nos propres attitudes envers les Autochtones, ici même au Canada...

S’il y avait une solution, ce serait l’ÉDUCATION. Une tâche ardue de si longue durée que l’humanité pourrait bien disparaître avant qu’on arrive à quelque chose de concret!

Ce texte concerne les Amérindiens, mais on peut transposer facilement.

«Pour changer une société il faut changer les livres d’histoire. Il n’est d’autre monde que celui que nous avons créé.» (Bernard Arcand) 
    «Il est évident que les manuels livrent à l'étudiant une image simplifiée de l'Amérindien. [...] Tout réside dans le choix des caractéristiques principales et donc dans la nature même de l'image qui est construite. Et il est important alors de voir dans quelle mesure celle-ci peut servir à fonder un préjugé négatif. Nous entendons par là, pour reprendre la définition déjà ancienne de Allport (1954), une attitude contraire ou négative à l'égard d'une personne du seul fait de son appartenance à un groupe, sous prétexte que cette personne partage les caractéristiques négatives définies par l'image populaire du groupe. Le préjugé est une opinion toute faite, adoptée sans raison valable et sans examen sérieux et réfléchi : on juge l'individu avant même de le connaître et selon l'idée préconçue que l'on a du groupe auquel il appartient. Un des buts de notre étude est donc de voir si l'image véhiculée par les manuels scolaires risque d'inculquer aux enfants des préjugés envers les Amérindiens et dans quelle mesure cette image toute faite est négative, ce qui risquerait de préparer ces enfants au racisme et à la discrimination. [...] Nous considérons l'histoire comme le reflet de l'idéologie de ses auteurs et notre travail comme celui d'ethnologues étudiant un aspect particulier de la société québécoise. [...] Les événements historiques dont parlent les manuels sont des événements dont, en principe, nous ne savons rien et que nous ne connaissons que par ce qu'en disent les manuels. Notre travail ne concerne donc ni l'histoire, ni les Amérindiens, mais bien l'idéologie qui se sert de l'une et des autres. On ne corrige pas une idéologie, on la remplace. C'est pourquoi, plutôt que de vouloir rétablir les faits et corriger notre histoire, il nous paraît plus important d'en comprendre la construction, de découvrir en elle le reflet d'intérêts particuliers et de prendre conscience du fait que son enseignement est un outil de manipulation idéologique.»
    ~ Sylvie Vincent, ethnologue/anthropologue, et Bernard Arcand, anthropologue
(Introduction, L’image de l’Amérindien dans les manuels scolaires du Québec ou Comment les Québécois ne sont pas des sauvages; 1978)

Peut-être que les Américains pourraient inclure Huckleberry Finn (de Mark Twain) dans leurs programmes scolaires : 
    “Huckleberry Finn is a black novel. Yes, you’ve seen pictures of Samuel Clemens, and he’s white. Super white. White hair. White suit. White skin. But nobody’s ever seen Mark Twain, who was a figment – and a pigment – of Samuel Clemens’ imagination. And Mark Twain was black.”
    ~ David Bradley, Novelist, Winner of Pen-Faulkner award (address delivered in Hartford, Connecticut; 1985)

«Ce que je ne comprenais pas aussi intensément alors, c’est la haine de l’Américain Blanc envers le Noir. Une haine si profonde que je me demande si chaque homme blanc dans ce pays, lorsqu'il plante un arbre, ne voit pas des nègres pendus à ses branches.» ~ Jean Genet

[Genet disait à propos de sa pièce de théâtre Les nègres : «Cette pièce est écrite non pour les Noirs, mais contre les Blancs. Je ne me mets pas à la place des Noirs mais je m'efforce de mettre le spectateur blanc face à son propre racisme et aux stéréotypes de la négritude sur lesquels il repose.»]


June 1940, Washington, D.C. “Negro driver asleep under a truck. There are no sleeping accommodations for Negroes at this service station on U.S. 1.”
Photo by Jack Delano for the Farm Security Administration. http://www.shorpy.com/

Suggestion : les expériences de Jane Elliott sur l’intimidation, le sexisme, le racisme, etc. Ces vidéos peuvent s’appliquer à toutes formes de racisme, incluant celui entre gens de même couleur et culture.

Tous les membres des forces policières devraient être soumis à cette expérience...

Jane Elliott’s experiment The Angry Eye
https://www.youtube.com/watch?v=GyIcXmXuakQ

Jane Elliott speaks on the Blue Eye/Brown Eye test, racism, president election & why whites are in fear
https://www.youtube.com/watch?v=Zht330OJOiw

21 juin 2016. Une heure consacrée à cette interview c’est peu pour apprendre beaucoup. Comme Jane Elliott le dit dans cette vidéo, il y a plus de prisons que d’écoles dans ce pays; il faudrait faire le contraire pour sortir de l’ignorance et de la pauvreté. Elle parle de Trump, Clinton, du massacre homophobe d’Orlando, du mouvement «Black Lives Matter», etc. J’avais la même impression qu’elle au sujet de la peur des blancs suprémacistes : d’ici peu de temps ils seront minoritaires aux États-Unis. Nous pouvons remercier plusieurs Noirs dont les inventions nous servent aujourd’hui – mais ce n’est pas mentionné dans les livres d’histoires; si les blancs savaient ça, ils tomberaient par terre. L’homo sapiens est la seule et unique race qui existe, dit-elle. D’après les résultats de ses expériences, Elliott est convaincue que si les profs faisaient l’exercice à chaque année avec leurs élèves de 6e dans plusieurs écoles, au bout de deux générations, les choses changeraient. Son matériel didactique est disponible sur son site  www.janeelliott.com À faire circuler.

L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux... (Déclaration universelle des droits de l'homme, article 26.2)

Toute personne a droit à la sauvegarde de sa dignité, de son honneur et de sa réputation. (Charte des droits et libertés de la personne du Québec, article 4)

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Pour changer il faut aussi regarder la vérité en face... l’un des avantages du téléphone intelligent est qu’il nous la sert crument en temps réel. Connaître la vérité permet de faire le ménage dans la propagande. Il existe une substantielle collection de témoignages vidéo sur la brutalité policière envers les Noirs et d’autres ethnies. Voici le reportage d’une journaliste de Matter/Medium (2015). Je préfère vous avertir que les images sont très dures et révoltantes (cela ressemble à de la torture délibérée).

[Extraits, traduction/adaptation maison]

J'ai regardé 14 policiers terrasser un noir unijambiste près du QG de Twitter. 
Et personne n’a pu les arrêter.

Par Chaédria LaBouvier

La semaine dernière, j’allais au siège social de Medium à San Francisco pour discuter d'un projet sur lequel je travaille, axé essentiellement sur la brutalité policière. Ironiquement (ou pas vraiment), j'ai pris une heure de retard à cause de l’incident qui suit.

J'ai enregistré cette vidéo le 4 août 2015 à l'heure du déjeuner. Il s'agit d'un homme noir maîtrisé par la police dans la zone intermédiaire du Marché de San Francisco, entre les 7e et 8e rues. Même si l'intervention n'avait pas lieu directement devant le building de Twitter sur la 9e rue, de là, je pouvais distinguer un homme noir, de plus en plus encerclé par un mur de bleu (a wall of blue – policiers vêtus de bleu). J'ai rapidement sorti mon téléphone tandis que je traversais la 8e rue.

Les témoins disaient que quelqu’un avait appelé la police au sujet d’un homme qui agitait des bâtons autour de lui. Personne ne savait qui avait appelé, mais une femme avait entendu dire que c’était le gérant de la charcuterie. Quand je suis arrivée, plusieurs policiers étaient présents et avaient immobilisé Joe Bland au sol (comme on l'appellera); la vidéo débute à ce moment-là. Ils l'ont maintenu ainsi pendant au moins une demi-heure, à moitié nu, sur l'une des rues les plus achalandées de San Francisco.

Les bâtons? C’était ses béquilles. On peut entendre des témoins le mentionner en arrière-plan. On voit sur la vidéo que l'homme est unijambiste et qu’il porte prothèse. Joe Bland voulait récupérer ses béquilles. «Pourquoi faites-vous ça? Ce sont mes béquilles. Je m’en sers pour marcher.» Il répète cela tout au long de la vidéo. L’homme gémit parce qu’il a mal et demande qu’on le relâche. Quatre policiers sont à genoux sur lui pour le contenir, notamment sur sa prothèse, même s’il est menotté face contre terre et clairement incapable de marcher. À un moment donné, il y avait au moins 14 policiers encerclant l’unijambiste, principalement pour cacher la scène au public. [...]



Cette vidéo ne montre pas un homme en train de se faire tuer. Certains pourraient regarder cela et penser qu’il s’agit d’un cas exceptionnel, un cas isolé de maltraitance policière. Je ne suis pas d’accord – avec tout l’irrespect que je leur dois.

Ces incidents sont tellement quotidiens, tellement banals, qu’ils ne méritent même pas d’être rapportés aux nouvelles locales; c’est du harcèlement quotidien. Cela signifie que nous avons normalisé et banalisé ce type d’intervention policière à San Francisco et dans le reste de l'Amérique. On brutalise les gens les plus vulnérables, on les prive de leur dignité humaine, et même de leurs béquilles s’ils sont handicapés, alors qu'en réalité, ce sont surtout eux que la police devrait protéger.

Dans son livre The World and Me, Ta-Nehisi Coates écrit : «En Amérique, c’est une tradition que de détruire le corps des noirs – c'est un héritage.» [...]

... Il n’a même pas été accusé officiellement ni arrêté. Les infirmiers SFFD l’ont attaché sur une civière contre sa volonté et emmené à l'hôpital sans motif apparent. L’homme était humilié, profondément bouleversé, contrarié et il pleurait; mais ce ne sont pas des motifs suffisants pour envoyer quelqu’un à l'hôpital, ni le fait d’être physiquement handicapé. Monopoliser 14 policiers pour terrasser un unijambiste (présumé sans abri) me semble un gaspillage de ressources totalement ridicule.

Le service de Police de San Francisco est régulièrement sujet à la controverse relativement à cet héritage américain. Cette année, le département a été mêlé à un scandale de mails racistes – des messages où certains policiers traitaient les afro-américains de «singes» et encourageaient l'assassinat des «métis». [...]

Reportage intégral (en anglais) :
https://medium.com/matter/i-watched-14-police-officers-take-down-a-one-legged-homeless-black-man-outside-twitter-hq-1b3a9bf10e0f

«L'avenir de Nègres américains est dans le sud. Ici où, il y a trois cent vingt-sept ans, ils ont commencé à entrer dans ce qui est maintenant les États-Unis d'Amérique; ici où, ils ont apporté leur plus grande contribution à la culture américaine; et ici où, ils ont subi la damnation de l'esclavage, la frustration de la reconstruction, et le lynchage de l'émancipation.» ~ W. E. B. Du Bois


Auction & Negro Sales – Whitehall Street, Atlanta, 1864. This photo of a black Union soldier posted at a slave auction house in Atlanta is one of hundreds taken by George N. Barnard during Gen. Sherman's occupation of the city in the fall of 1864. Many were destroyed in the conflagration that erupted upon Sherman's firing of Confederate munitions stores when he departed on Nov. 15. http://www.shorpy.com/

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