11 novembre 2014

"Oh, when will they ever learn?"

Campagne du Coquelicot blanc pour la paix (une alternative pacifiste au coquelicot rouge) initiée en 1933 par Co-operative Women’s Guild (CWG) *

Si j'avais été la colombe, je ne serais pas rentrée dans l'arche.
~ Louise Ackermann (Pensées d'une solitaire) 

Je ne comprends décidément pas pourquoi il est plus glorieux de bombarder de projectiles une ville assiégée que d’assassiner quelqu’un à coups de hache.
~ Fiodor Dostoïevski (1821-1881)

Dans la guerre, on n'a plus besoin de montres.
La faim renseigne très bien sur l'heure.
La peur fait sonner chaque seconde, mieux que des aiguilles.
~ Christian Bobin (Isabelle Bruges)

Oui, on nous oubliera. C'est notre sort, rien à faire. Un temps viendra où tout ce qui nous paraît essentiel et très grave sera oublié, ou semblera futile. Curieux, mais il nous est impossible de savoir aujourd'hui ce qui sera considéré comme élevé et grave, ou comme insignifiant et ridicule. ... Il est possible que cette vie que nous acceptons sans mot dire paraisse un jour étrange, stupide, malhonnête, peut-être même coupable...
~ Anton Tchékhov (Les Trois Soeurs)

[...] si la porte de l'histoire était battante, nous n'aurions fait que tourniquer.
~ Serge Bouchard, anthropologue et écrivain (De la fin du mâle, de l'emballage et autres lieux communs)

[...] si vous voulez prendre le pouvoir un jour, vous avez intérêt à ne pas vous mettre à la place des autres. Si vous vous mettez à la place des autres, vous aurez un frein intime, vous ne pourrez pas tout vous permettre. Et vous serez un mauvais gouverneur. Alors que si, par bonheur, vous êtes un peu pervers, c’est-à-dire que si la souffrance des autres vous indiffère, là, vous serez un bon chef et on votera pour vous. Donc, il y a dans – ce que je dis là, je le dis de manière un peu triviale, mais c’est la théorie de Michel Foucault qui m’a convaincu –, toute institution évolue spontanément vers la perversion. Parce que si vous voulez gouverner, surtout, ne vous décentrez pas de vous et, surtout, ne vous mettez pas à la place des autres. 
       Puisque vous avez la même croyance que moi, votre présence me sécurise, je me sens plus fort quand vous êtes là. Donc, je me sens bien avec vous, c’est un bénéfice. [...] mais le maléfice, c’est que si les autres n’ont pas la même croyance, ils peuvent mourir, ce n’est pas très grave... C’est la perversion, c’est la perversion sociale. Le seul mot “clan” compte, seuls ceux qui ont la même croyance sacrée ou laïque comptent, les autres, s’ils meurent, c’est bien, ce n’est pas grave, peut-être même c’est moral. Regardez toutes les guerres qui se passent actuellement, c’est au nom de la morale qu’elles sont faites...
~ Boris Cyrulnik (Émission CONTACT; Télé Québec 2006)

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Orwell Diaries 1938-1942

1.4.42 – “One of the most horrible features of war is that all the war-propaganda, all the screaming and lies and hatred, comes invariably from people who are not fighting… It is the same in all wars; the soldiers do the fighting, the journalists do the shouting, and no true patriot ever gets near a front line trench, except on the briefest of propaganda tours. Sometimes it is a comfort to me to think that the aeroplane is altering the conditions of war. Perhaps when the next great war comes we may see that sight unprecedented in all history, a jingo with a bullet-hole in him.”
(Homage to Catalonia, CW, VI, Appendix I, pp. 208 and 209.)

Here I am in the BC, less than 5 years after writing that. I suppose sooner or later we all write our own epitaphs.

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Jour du Souvenir - Se souvenir de qui, de quoi?
Francis Dupuis-Déri - Professeur de science politique à l'UQAM; 11 novembre 2010 

[Extrait] 

Qui se souvient des victimes civiles?

Le lobby des vétérans manoeuvre consciemment pour que cette tragique vérité soit oubliée. En 2007, l'Association des anciens combattants avait fait pression, avec succès, pour que le Musée canadien de la guerre retire une notice qui rappelait que «les bombardements massifs de l'Allemagne [pendant la Deuxième Guerre mondiale] causèrent de grandes destructions et d'immenses pertes de vies humaines. Le bien-fondé et la moralité de l'offensive de bombardement stratégique contre l'Allemagne demeurent vivement contestés». 
       Plus respectueux du devoir de mémoire, l'historien des États-Unis Howard Zinn, qui s'était porté volontaire pour combattre le fascisme, admettra qu'il bombardait des villes «sans même me demander si ce que je faisais avait le moindre rapport avec l'éradication du fascisme dans le monde». Il admettait s'être «conduit en robot programmé» lors de ces missions aériennes, qui ont provoqué la mort de plus d'un demi-million de civils. 
       Il n'y a rien d'étonnant à ce que les militaires veuillent célébrer la mémoire de leurs morts, ce que proposent d'ailleurs toutes les armées du monde au sujet de leurs militaires morts dans leurs guerres. Mais pourquoi — nous les civils — ne nous recueillerions-nous pas plutôt à la mémoire des civils assassinés en masse lors des guerres menées par «nos» soldats et leurs alliés? 
       Déjà, le 11 novembre 1933, la Women's Cooperative Guild * a lancé en Grande-Bretagne la campagne du coquelicot blanc, qui symbolise la volonté d'oeuvrer pour fonder un monde sans violence. Cette campagne avait été organisée par des femmes proches d'hommes morts lors de la Première Guerre mondiale, mais qui refusaient d'encourager le militarisme et la guerre. Pour sa part, Dan Murphy, du Vancouver Province, a déclaré en novembre 2008 ne pas arborer le coquelicot rouge : «J'en suis venu à voir ces décorations sur le revers des vestons, ces cérémonies chorégraphiées et toute cette grandiloquence au sujet des soldats morts comme une opération de marketing pour recruter la prochaine génération de soldats morts. Cette année [...], je passerai une partie de la journée à me souvenir de toutes les personnes mortes durant une guerre, y compris les victimes civiles». 
       En ce jour du Souvenir, rappelons-nous que les militaires sont souvent de «la chair à canon», et que leur mort sacrificielle au nom du drapeau doit être déplorée et dénoncée, non pas célébrée. (...)

* This photograph shows members of the Co-operative Women’s Guild (CWG) holding a wreath of white poppies in the mid-1930s. The white poppy was introduced by the Guild in 1933 as a pacifist alternative to the red poppy produced by the Royal British Legion for Remembrance Day. The Peace Pledge Union (founded in 1934) soon took over production. The CWG was founded in 1883 to educate women in the principles and practices of Co-operation and to work for the improvement of the status of women. It has long been involved in a number of political campaigns, of which its anti-militarist and anti-nuclear ones are probably the best known.

White Peace Poppy
http://www.cooperativewomensguild.coop/

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Dans la même veine :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2014/05/ou-va-tout-ce-sang-repandu.html

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