19 août 2011

Jour de poésie 1

D’abord l’Acadie. En fin de semaine dernière les Acadiens célébraient la Festicadie. Plusieurs activités et spectacles ont été organisés dans diverses municipalités du Québec. J’ai déniché à la biblio une anthologie intéressante, «La Poésie Acadienne», compilée par Gérald Leblanc et Claude Beausoleil (Éditions Perce-Neige, Les Écrits des Forces, 1999).

Robert Pichette

MISCOU

Où sont passés les hérons bleus que j’aimais tant,
figés sur leurs échasses, près des roseaux bruissant
dans l’eau plate des marais, à deux pas de la mer
large, étale et indifférente?

Allons! il faut partir.

Le sable déjà n’est plus chaud sur les plages esseulées
où tes pas faisaient crisser le varech qui violace.

Allons! il faut partir.

L’illusion est finie. Voici un été qui n’est pas le nôtre
et une plage désolée qui me refuse le souvenir de nos
amours. Je ne retrouve plus les bigorneaux, ni le vieux
panier oublié, ni la bouteille sans message venue on ne
sait d’où, échouée par hasard à Miscou la belle, la tranquille,
la placide, complice de notre amour.

Allons! il faut partir.

La vieille couverture bigarrée ne retient plus ta trace et
la marée sans pitié, avec sa régulière monotonie, recouvre
depuis longtemps le souvenir de notre joie. Le phare témoin
de notre béatitude devient menaçant, et ces goélands curieux,
mais prudents, ne sont plus nos amis.

Adieu Miscou! Salut mon âme!

***
Mario LeBlanc

REVERB

j’ai rêvé un rêve
un rêve fou
un rêve grammaticalement fou
on marchait le tête haute
dans une ville lignée
on marchait comme des virgules
qui sautaient à la bonne place
dans des phrases
on marchait comme des points
qui terminaient chaque paragraphe
on vivait en accord
avec le sujet de notre vie
on vivait dans un mode
on vivait dans un temps
conjugué à l’auxiliaire être
dans une ville
de LeBlanc
de Cormier
de Gallant

je suis
tu es
il est

nous sommes…
***
Éric Cormier

TEMPS DES MOISSONS

Je cueille des larmes
j’écris ton nom tremblant sur cette feuille
des lettres à n’en plus finir
cette envie de toi
cette réalité pudique
et ce manque d’affection
je n’ai que deux misères
entendre ta voix
et réussir à t’aimer.
***
Cindy Morais

SENS UNIQUE

y’a rien qui se passe
ça sent la nature morte 

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