21 février 2011

Impact de la colère sur le corps

La planète étant actuellement chargée à bloc... je remets à la une ce billet publié en juin dernier.
Intelligence émotionnelle : voyez l'addenda à la fin du billet.

Keep cool and try to smile as we go under...

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Photo web
Projetée contre autrui, ou ravalée et retournée contre soi, la colère porte un germe de destruction. Elle surgit la plupart du temps lorsqu’on voit une personne, une chose ou une situation échapper à notre contrôle. Il s’agit d’une émotion tout à fait légitime puisque nous vivons dans un monde de dualité, donc, de frustration constante. On définit la frustration comme quelque chose que nous ne voulons pas vivre mais que nous ne pouvons pas esquiver pour toutes sortes de raisons. Encore une fois, la peur est au rendez-vous.

Malheureusement, on ne soupçonne pas la gravité de l’impact que la colère peut avoir sur notre machine biologique. Parfois l'on se ferme à certaines idées parce qu'on ne veut pas changer.

Une nouvelle étude démontre l'impact de la colère sur notre santé
Des chercheurs ont induit des pulsions de colère (Anger Induction – AI) chez 30 cobayes masculins en leur répétant 50 phrases (exprimées à la première personne) qui reflètent des situations quotidiennes éveillant la colère. Avant et juste après chaque induction, les chercheurs mesuraient la fréquence cardiaque, la tension artérielle, le niveau de testostérone et de cortisol, et l'activation asymétrique du cerveau des participants.

Selon Eurekalert : «Les résultats … indiquent que la colère provoque des changements profonds de l'état d'esprit des sujets par rapport à différents paramètres psychologiques - ils se sentaient plus irrités et leur état d’esprit était davantage négatif.»

La colère, comme toutes les émotions, n'est pas uniquement localisée dans notre cerveau. Une réaction émotionnelle déclenche une cascade de réactions physiques qui se propagent dans tout le corps, incluant
• Une augmentation de la fréquence cardiaque, de la tension artérielle et de la testostérone
• Une diminution augmentation du taux de cortisol (hormone du stress) à cause de la subite hyperstimulation
• Une stimulation de l’hémisphère gauche du cerveau, partie responsable du déclenchement des émotions en lien avec la proximité ou l’intimité

Étonnamment, la dernière découverte des chercheurs de l'université de Valence suggère que même si la colère est perçue comme une émotion négative, en réalité, elle sollicite un rapprochement avec l'objet de notre colère, probablement comme un moyen d'arrêter le conflit. Quand il s’agit de colère, résoudre le conflit est certainement le choix le plus sage.

Sources : Eurekalert May 31, 2010 ; Hormones and Behavior March 2010, 57(3):276-83

La colère non résolue peut être mortelle
La colère est une émotion normale que chacun de nous expérimente de temps en temps. Ce sentiment évoque naturellement la réaction bien connue «bats-toi ou fuis» (fight-or-flight) qui nous prépare à nous défendre physiquement et psychologiquement. Si la riposte violente pouvait autrefois nous sauver la vie face à de réelles menaces de mort, aujourd'hui, la colère à propos de tout et n’importe quoi provoque une stimulation physique inutile car dans la vie ordinaire l’objet de notre colère menace rarement notre survie.

Dès que nous commençons à nous «échauffer», le corps se prépare au «combat». Nos muscles se contractent, la digestion cesse, et certains centres cérébraux sont stimulés, ce qui modifie la chimie de notre cerveau.

D'un autre côté, la colère peut parfois nous aider à faire de meilleurs choix (même si nous ne sommes pas enclins à prendre des décisions éclairées sous le coup de la colère) parce qu’elle peut nous permettre de nous concentrer sur ce qui est vraiment important et d’ignorer les détails insignifiants. Elle peut nous aider à sortir de situations critiques.

Néanmoins, à la longue, cette réaction du pilote automatique peut affaiblir notre système immunitaire et mener à une série de problèmes de santé tels que :
• Maux de tête
• Problèmes de digestion
• Insomnie
• Anxiété accrue
• Dépression
• Hypertension
• Problèmes de peau, tels que l'eczéma
• AVC
• Crise cardiaque

Mais ce n’est pas tout. La colère peut mener à d'autres émotions négatives comme l'amertume, le désespoir, le sentiment d’inutilité et la tristesse récurrente.


Le drame extérieur est le reflet d’un drame intérieur.
Une explosion nucléaire symbolise une explosion de colère collective. Watch out!

La colère endommage le cœur
On ne se sent pas bien physiquement quand on est en colère, et cela indique qu’on est en train d’endommager le corps.

C'est particulièrement vrai en ce qui concerne le cœur. Une étude réalisée par une université de l’État de Washington révèle que les personnes au-dessus de 50 ans qui succombent souvent à de violentes colères sont plus susceptibles d’accumuler des dépôts de calcium dans leurs artères coronaires (augmentant ainsi le risque d’une crise cardiaque) comparativement aux personnes plus matures.

Laisser exploser une colère est nocif car cela déclenche une sécrétion brutale et élevée de cortisol (hormone du stress) pouvant abimer la paroi des vaisseaux sanguins.

Cependant, ravaler sa colère n'est pas une solution non plus; cette attitude augmente également la tension artérielle et la fréquence cardiaque. Une nouvelle étude a même démontré que la suppression de la colère peut tripler les risques d’une crise cardiaque.

Cul-de-sac?
Nous ne pouvons pas éviter de ressentir de la colère de temps à autre, et c’est pourquoi il est important pour notre santé de trouver un exutoire quelconque. Nous ne voulons ni exploser ni ravaler...

La santé physique dépend de la santé émotionnelle
Les émotions négatives affectent notre bien-être physique, et la colère est loin de nous épargner. Les émotions sont les principaux facteurs qui contribuent au développement des maladies, y compris le cancer.

On considère depuis longtemps la maîtrise émotionnelle comme un outil qui favorise la santé car on reconnaît de plus en plus que les émotions jouent un rôle prépondérant dans le déclenchement et la suppression des maladies.

L'idée que nos émotions stimulent la santé ou le développement d’une maladie n'est pas nouvelle. Même les centres de contrôle et de prévention des maladies très conservateurs reconnaissent maintenant que 85% de toutes les maladies semblent émerger d’un déclencheur émotionnel; le pourcentage réel est probablement plus élevé.

Nos émotions peuvent inciter nos gènes à manifester soit la santé, soit la maladie… Le colérique chronique, enclin à donner libre cours à ses colères véhémentes, peut saboter irrémédiablement sa santé. Ainsi est-il recommandé d’apprendre à surmonter les barrières émotionnelles causées par des facteurs anxiogènes ou des traumatismes profonds pouvant nous laisser «en colère contre le monde entier».

Il existe une foule de techniques pouvant éveiller des émotions et des pensées positives, et faciliter la paix intérieure. La meilleure règle à suivre est de trouver celle qui nous convient, qu’elle soit conventionnelle ou alternative; l’important est de persister dans la pratique. Par exemple, la prière ou la méditation fonctionnent très bien pour plusieurs personnes.


L’eau est le symbole des émotions.
Une marée noire symbolise l’immaturité émotionnelle
de la collectivité.

La vie est trop courte pour la vivre dans la colère
Pour connaître une santé optimale il convient de résoudre notre colère et autres traumas émotionnels aussi rapidement que possible – afin d’éviter que les vieilles blessures ne génèrent plus de négativité et ne créent une maladie à la fois dans l’esprit et le corps.

Des questions primordiales à se poser concernant l’objet de notre colère :
«Est-ce si important, la terre va-t-elle cesser de tourner?»
«Cette situation importera-t-elle dans 10 minutes, demain, le mois prochain, l'année prochaine?»
La réponse est «non» à 99,9%. Faites le test, cela aidera à laisser redescendre la poussière, à relativiser plutôt qu’à réagir. Garder ces questions à l'esprit nous aide à nous rappeler que la petite, moyenne ou grande colère du moment nous semblera inappropriée dans peu de temps. Généralement, quand nous examinons notre vie selon une perspective plus vaste, nous réalisons que les objets de conflit sont assez souvent superficiels.

Voici quelques méthodes pour neutraliser l’impact des émotions négatives :
• Pratiquer une activité physique vigoureuse – si notre santé le permet – est un excellent exutoire de stress émotionnel qu’on peut faire suivre d’une session de yoga
• Utiliser des techniques de relaxation (respiration profonde et lente, yoga, méditation, prière, imagerie mentale positive)
• Cultiver l’empathie vis-à-vis de la personne ou la situation qui a éveillé notre colère
• J'ai failli oublier «LA» thérapie : l'HUMOUR - se prendre moins au sérieux décrispe

Toutes ces techniques combinées sont efficaces pour libérer l'énergie négative et apaiser un mental bouillonnant de colère. Elles peuvent contribuer à réduire l’incontinence émotionnelle - réaction difficilement contrôlable à la moindre petite émotion.

ADDENDA

On parle d’intelligence émotionnelle (ou quotient émotionnel – QE) depuis quelques décennies déjà, mais franchement on ne peut pas dire qu’elle fait «fureur»  en ce moment.

Beaucoup de gens semblent confondre intelligence émotionnelle avec charisme, ou la considèrent comme un don inné – «on l’a ou on ne l’a pas». Pourtant il s’agit d’une faculté qu’on peut développer par un training conscient. En fait, il s’agit de remplacer une réponse automatique par une autre plus adéquate en matière de relations humaines.

Extrait de Zoom sur l’intelligence émotionnelle; Travis Bradberry, Ph.D., Jean Greaves, Ph.D.; Éditions Un monde différent. (Cette synthèse sur l’intelligence émotionnelle inclut les techniques de training.)  

En 1991, les résultats d’une étude de l’Université de la Caroline du Nord, publiés dans «Science», ont bouleversé tout ce que les neurologues savaient du cerveau. Quelle était donc cette étonnante découverte? Notre cerveau est malléable.

Les cellules de votre cerveau ont la souplesse nécessaire pour s’adapter aux pressions du monde extérieur. Elles ne se cambrent pas, car elles édifient de nouveaux moyens de communiquer entre elles en réponse aux circonstances changeantes.

«Plasticité» est le terme que les neurologues utilisent maintenant pour décrire la capacité du cerveau à s’adapter au stress et au changement. À chaque fois qu’on s’oblige à sortir d’une zone de confort, on a par la suite moins de difficulté à relever des défis.

Pendant des décennies, le monde a entretenu la fausse croyance selon laquelle le cerveau de l’être humain adulte est «gelé» et incapable de changer. Les résultats publiés dans «Science» ont démystifié cette théorie en révélant que l’apprentissage laisse une marque physique sur le cerveau à n’importe quel âge. De toutes nouvelles connexions dans votre cerveau rendent plus facile l’utilisation de nouveaux comportements. Votre cerveau s’enrichit de nouvelles connexions tout comme vos biceps peuvent se développer si vous commencer à soulever des poids plusieurs fois par semaine. Le changement est alors graduel, et plus vous persévérez et respectez votre programme d’exercices, plus les poids deviennent faciles à soulever.

Votre cerveau ne peut pas se développer de la même manière que vos biceps, car il est confiné dans votre boîte crânienne. Ses cellules créent de nouvelles connexions afin d’accroître l’efficacité de la pensée sans augmenter sa taille. Chacune des 100 milliards de cellules de votre cerveau communique entre elles au moyen de petits «bras» qui bifurquent (un peu comme les branches d’un arbre). Une seule cellule peut créer jusqu’à 15 000 connexions avec ses voisines. Lorsque vous développez de nouvelles habilités, les cellules qui y sont associées se ramifient et leur croissance s’appuie sur une réaction en chaîne. Le réseau de la pensée qui est responsable du comportement s’accentue, rendant ainsi cette nouvelle ressource plus facile à mobiliser ultérieurement.

L’intelligence émotionnelle est le produit de la communication entre les centres rationnel et émotionnel du cerveau. Lorsque vous mettez en pratique vos compétences émotionnelles, vous renforcez cette voie de communication. Vos cellules se ramifient littéralement et génèrent des connexions entre vos émotions et votre raison, mais cela exige du temps. Cela signifie que si vous avez l’habitude de crier lorsque vous êtes en colère, par exemple, vous devrez «apprendre» à choisir une autre réaction. Vous devrez vous exercer à manifester cette nouvelle réaction de nombreuses fois avant qu’elle ne se substitue à votre envie de crier.

Au début, faire autre chose que de hurler lorsque vous êtes en colère sera extrêmement difficile. Mais à chaque fois que vous réussirez, cette nouvelle voie de communication se trouvera renforcée. Et à la longue, le besoin de crier deviendra si peu présent que vous pourrez aisément l’ignorer. Pour développer vos compétences émotionnelles, la circulation entre les centres rationnel et émotionnel de votre cerveau doit être fluide.
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«Faut-il que les hommes soient bêtes de fabriquer des machines comme ça, pour se tuer... comme si on ne claquait pas assez vite tout seul!»
- Alphonse Allais

Autre billet congruent : http://situationplanetaire.blogspot.com/2010/06/desarmer-le-mental-2.html

2 commentaires:

  1. Anonyme20.2.15

    Bonjour,

    Merci pour votre article, cependant, il y a une information qui se contredit:
    - la colère entraine une diminution du taux de cortisol (hormone du stress) #partie 2 de l'article
    - Laisser exploser une colère est nocif car cela déclenche une sécrétion brutale et élevée de cortisol (hormone du stress) #partie 3 de l'article

    Peut-être ai-je mal compris ou alors vouliez-vous parler d'augmentation du taux de cortisol dans le premier extrait?
    Mercid 'avance pour votre réponse.

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    1. Ah, merci d'avoir signaler l'erreur. Je corrige :-)

      Il semble que si la colère augmente le taux de cortisol, le fait d'exploser l'augmente encore plus.

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