14 janvier 2018

Indice Dow Jones de l’érosion

Le promoteur
Jean-Louis Fournier

   Un jour sans vent, le promoteur a regardé la mer.
   Elle était basse, elle découvrait des kilomètres carrés de sable. C’était la grande marée.
   Il a pensé à toute cette surface inutilisée. Cette place perdue.
   Il a pensé à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer.
   Il a imaginé des rocades, des tours, des résidences pieds dans l’eau, des avenues à perte de vue, des marinas.
   On a perdu la vue sur mer. Les crevettes se sont tirées et les coquillages ont été murés vivants dans le béton.
   Quand je suis sur le petit morceau de plage qui reste, je vois encore, entre les voitures, un peu de mer. Je ne l’entends plus, j’entends les scooters de mers. Dans le mot «promoteur», il y a «moteur».
   Le promoteur à explosion, il n’est plus là. Il est parti très loin, rechercher la solitude et le silence dans des pays magiques où la mer s’étale sur des plages infinies.
   Il regarde la mer, il pense à toute cette surface inutilisée, cette place perdue, à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer...
   À force de vouloir gagner sur la mer, on perd la mer.

Source : Ça m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012

Les plages dévorées par les promoteurs


Les ports de plaisance, les condo resorts, les cruisers géants et les activités nautiques contribuent à la perte de biodiversité marine, à l’érosion côtière ainsi qu'au réchauffement climatique. Le développement urbain le long des grands cours d’eau et de la mer se retourne contre nous.

Pourquoi la Maison-Blanche veut-elle lancer un débat sur les changements climatiques?
Un texte de Valérie Boisclair | Publié le vendredi 12 janvier 2018

Après une année record en coûts liés aux catastrophes naturelles aux États-Unis, la Maison-Blanche en a surpris plus d'un en proposant un débat public sur les changements climatiques. Tour d'horizon d'une administration qui persiste à se positionner à contre-courant du consensus scientifique sur le climat.
   Des feux de forêt en Californie au passage ravageur des ouragans Harvey et Irma au Texas et en Floride, les aléas de la nature ont laissé une facture de 306,2 milliards de dollars aux États-Unis l'an dernier, indique l'agence américaine National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) dans son plus récent rapport.
   «La luxueuse résidence [de Trump] à Mar-A-Lago en Floride a peut-être échappé à la colère d’Irma, mais [avec] les milliards de dollars de dégâts, les coûts du climatoscepticisme commencent à s’empiler aux portes de la Maison-Blanche», prévenait Bob Ward, directeur des communications au Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment, dans le journal britannique The Guardian.
   S’il est difficile d’associer directement un seul événement aux changements climatiques, des groupes de recherche arrivent à déterminer si une catastrophe leur est significativement liée, explique le climatologue et directeur général d’Ouranos, Alain Bourque. «Et c’est souvent le cas avec les inondations, les canicules et les tempêtes côtières», précise-t-il.
   L’année 2017, quoique mouvementée, risque toutefois d’avoir peu d’effet sur l’administration Trump, estime M. Bourque. «Les gens qui sont à la Maison-Blanche n’utilisent pas la science pour informer ni décider.»  
   [...]
   «L’APE souhaite instiller le doute et essayer de faire passer l’idée qu’il y a une controverse scientifique. Pourtant, il n’y a plus de débat à savoir si le réchauffement climatique est [causé par l'homme]. Cette distraction permet de repousser aux calendes grecques la mise en place d’une politique sur les changements climatiques.» ~ Jean-Daniel Collomb, maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon III et auteur de The Ideology of Climate Change Deniers in the United States.
   Selon le climatologue Alain Bourque, un tel débat n'en est pas un de science, mais plutôt d'opinions politiques.
   [...]
   En octobre dernier, Scott Pruitt réalisait l'une des promesses martelées par Donald Trump lors de la campagne présidentielle en signant un projet de loi visant à abroger le Clean Power Plan (CPP), jugé «nuisible au développement économique du pays» par le président.
   [...]
   À la relance de l’industrie du charbon souhaitée par Washington s’ajoutent d’autres dossiers controversés, comme celui de l’exploitation pétrolière et gazière au large des côtes américaines, à laquelle Washington a donné son feu vert pour 2019.
   Forts du soutien apporté par les grands lobbys de l’industrie des énergies fossiles et d’importants groupes de réflexion libertariens (think tanks), qui fournissent expertise, argent et contre-arguments, les républicains sont reconnus comme «plus hostiles aux questions environnementales» que les démocrates, analyse M. Collomb.

[Ndlr : Le triumvirat composé de Scott Pruitt, Rick Perry et Mike Pence, auquel s’ajoute le trio James Inhofe, Myron Ebell et Rick Scott mettent la survie de la population américaine en péril (et la nôtre de par la proximité). Ils s’accrochent aux énergies fossiles comme un naufragé s’accrocherait à son iPad en pleine tempête océanique, convaincu que sa tablette lui évitera la noyade. On pourrait croire que ces hommes politiques sont ignorants et stupides; en vérité ce sont de rusés manipulateurs, à genoux devant le dieu "or noir".] 

De gauche à droite: Rick Perry, secrétaire à l'Énergie; Scott Pruitt, secrétaire de l'Agence de protection de l'Environnement; Mike Pence, vice-président des États-Unis. Photo : Reuters/Associated Press/PC

De gauche à droite: Rick Scott, gouverneur de la Floride; Myron Ebell, conseiller; James Inhofe, sénateur de l'Oklahoma. Photo : Reuters/Associated Press/PC

Article intégral :

ClimateFacts: California Mudslides




Mais le vent pourrait tourner :
ICYMI - New York just became the largest US city to sue Big Oil and divest from fossil fuels. This is just the beginning. If the climate movement can make it here, it can make it anywhere. (350 dot org)  
   The New York City government is suing the world’s five largest publicly traded oil companies, seeking to hold them responsible for present and future damage to the city from climate change. The legal strategy has already been embraced by several California cities and counties, but prior lawsuits seeking to blame companies for their role in causing climate change have foundered. https://www.washingtonpost.com


«Plusieurs personnes s’imaginent que ce n’est pas un problème si nos hivers deviennent plus chauds. En fait, ils ne deviennent pas plus chauds, ils deviennent beaucoup plus variables. On devrait avoir plus de redoux qui vont durer plus longtemps et, surtout, on revient rapidement aux conditions thermiques normales. La température passe, par exemple, de 5 à 10 degrés au-dessus de zéro, puis revient à -15 ou -20 degrés Celsius. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les impacts des changements climatiques sur les oiseaux~ François Vézina, chercheur en écophysiologie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)

«Ironiquement, le réchauffement de la planète risque de provoquer de plus en plus de chutes de neige [entre autres] dans la région des Grands Lacs, en exacerbant un phénomène que les météorologues appellent l'effet de lac. La planète se réchauffe et rend la formation de glace plus difficile. Elle dure aussi moins longtemps. La friction avec l’eau chaude réchauffe l'air froid et le rend plus humide. La vapeur d’eau monte, gèle et se change en neige. Le réchauffement de la planète n'est qu'un symptôme des changements climatiques. La hausse du niveau des océans, les pluies abondantes et l’effet de lac sont aussi des symptômes. Au cours des prochaines décennies, on va voir cette neige se changer en pluie. C’est pourquoi il faut agir maintenant pour contrer les changements climatiques.» ~ Katherine Hayhoe, directrice du Centre des sciences du climat à la Texas Tech University et climatologue très connue aux États-Unis

Pour ceux qui croient toujours que les activités de l’homme n’ont aucune influence sur la nature, le climat (par conséquent sur la météo) et les désastres :
Inondations : une menace planétaire
Documentaire complet, 2:34

En résumé

Plus de 136 métropoles côtières sont menacées d’affaissement
Montréal est sur la liste; néanmoins on continue à bétoniser...  


Principales causes? 
Urbanisation frénétique et continuelle malgré les menaces
Multiplication des gratte-ciels (toujours plus nombreux et plus hauts)
Bétonisation des métropoles
Constructions sur des zones artificielles (fonds sablonneux)
Liquéfaction des sols
Barrages, détournements de cours d’eau
Pompage dans la nappe phréatique
Disparition des mangroves
Piscicultures
Surpopulation urbaine
Changements climatiques

«Le Canada, tout comme le reste du monde, est à la croisée des chemins. Selon l’équipe de chercheurs de Climate Central, une hausse de 4 degrés veut dire que la montée des eaux submergerait, à long terme, les territoires où vivent actuellement près de 627 millions de personnes dans le monde. Si la communauté internationale stoppe la hausse des températures à 2 degrés, ce nombre baissera à 280 millions de personnes.»
Article intégral :

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Le Sable : enquête sur une disparition

Les enjeux de l’exploitation du sable sont méconnus du grand public, mais sa valeur économique est au coeur d’une guerre entre entrepreneurs, contrebandiers, écologistes et populations locales à travers le monde. Volé ou extrait à prix risible des côtes, des rivières et des océans, le sable est la ressource naturelle la plus consommée sur la planète après l’eau. Essentiel à nos économies modernes, il se retrouve au centre de la fabrication du béton, qui est composé aux 2/3 de sable, en plus d’être essentiel à l’alimentation, aux cosmétiques, détergents, ordinateurs, cellulaires et cartes bancaires. Il est au coeur des stratégies d’expansion de plusieurs territoires.


L’extraction illégale du sable par milliards de tonnes à travers le monde mène les scientifiques et les organisations de défense de l’environnement à prédire une réalité alarmante : à la fin du 21e siècle, toutes les plages auront disparu. Alors que la construction connaît une croissance exponentielle sous la pression des économies émergentes et de la migration des populations vers les villes, plus de 75% des plages sont menacées de disparition et les sites d’extraction illégale se multiplient. Des côtes de la Floride jusqu’en Indonésie, en passant par Dubaï et Singapore, le sable est devenu en quelques années la source d’enjeux mondiaux faramineux.
   Le Sable, enquête sur une disparition révèle par une investigation méticuleuse une réalité peu connue du grand public : la véritable bombe écologique et le drame social et humain que représente l’exploitation massive du sable.

Jusqu’au 1er juin 2018 :
Ou :

Quelques statistiques pour mieux comprendre

Après l’air et l’eau, le sable est la ressource la plus consommée au monde : plus de 15 milliards de tonnes sont utilisées dans le monde chaque année.

Tonnes de sable utilisées dans la construction
d’une maison de taille moyenne : 200 tonnes
d’un bâtiment comme un hôpital : environ 3000 tonnes
d’un kilomètre d’autoroute : au moins 30 000 tonnes
d’une centrale nucléaire : environ 12 millions de tonnes

Sur la planète, 2/3 de ce qui est construit est en béton armé. Le béton est constitué de 2/3 de sable.

Chaque drague (bateau)
Peut pomper entre 4 000 et 400 000m3 de sable au fond de la mer par jour.

Les plages
Entre 75 et 90 % des plages de la planète sont aujourd’hui menacées de disparition.
Si on ne fait rien d’ici 2100, les plages du monde seront de l’histoire ancienne.

Îles affectées par le prélèvement excessif de sable à proximité
25 îles indonésiennes disparues
120 îles évacuées aux Maldives

Valeur économique du sable
Le sable représente un volume d’échanges internationaux de
70 milliards de dollars par an.
La presqu’île artificielle qu’est Dubaï a coûté plus de 12 milliards de dollars, et a ingurgité près de 150 millions de tonnes de sable pompé au large des côtes de Dubaï.
Quelque 3500 sociétés australiennes exportent vers la péninsule arabique. Leurs bénéfices ont triplé en 20 ans, et le sable représente aujourd’hui un revenu annuel de 5 milliards de dollars CAD pour l’Australie.

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