Jean-Louis Fournier
Un jour
sans vent, le promoteur a regardé la mer.
Elle
était basse, elle découvrait des kilomètres carrés de sable. C’était la grande
marée.
Il a
pensé à toute cette surface inutilisée. Cette place perdue.
Il a
pensé à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer.
Il a
imaginé des rocades, des tours, des résidences pieds dans l’eau, des avenues à
perte de vue, des marinas.
On a
perdu la vue sur mer. Les crevettes se sont tirées et les coquillages ont été
murés vivants dans le béton.
Quand je
suis sur le petit morceau de plage qui reste, je vois encore, entre les
voitures, un peu de mer. Je ne l’entends plus, j’entends les scooters de mers.
Dans le mot «promoteur», il y a «moteur».
Le
promoteur à explosion, il n’est plus là. Il est parti très loin, rechercher la
solitude et le silence dans des pays magiques où la mer s’étale sur des plages
infinies.
Il
regarde la mer, il pense à toute cette surface inutilisée, cette place perdue,
à tout ce qu’il pourrait gagner sur la mer...
À force
de vouloir gagner sur la mer, on perd la mer.
Source : Ça
m’agace! Éditions Anne Carrière; 2012
Les plages dévorées par les promoteurs
Les ports de plaisance, les condo resorts, les cruisers géants et les activités nautiques contribuent à la perte de biodiversité marine, à l’érosion côtière ainsi qu'au réchauffement climatique. Le développement urbain le long des grands cours d’eau et de la mer se retourne contre nous.
Pourquoi la
Maison-Blanche veut-elle lancer un débat sur les changements climatiques?
Un texte de Valérie Boisclair | Publié le vendredi 12 janvier 2018
Après une année record en coûts liés aux
catastrophes naturelles aux États-Unis, la Maison-Blanche en a surpris plus
d'un en proposant un débat public sur les changements climatiques. Tour
d'horizon d'une administration qui persiste à se positionner à contre-courant
du consensus scientifique sur le climat.
Des feux
de forêt en Californie au passage ravageur des ouragans Harvey et Irma au Texas
et en Floride, les aléas de la nature ont laissé une facture de 306,2 milliards
de dollars aux États-Unis l'an dernier, indique l'agence américaine National Oceanic and Atmospheric
Administration (NOAA) dans son plus récent rapport.
«La
luxueuse résidence [de Trump] à Mar-A-Lago en Floride a peut-être échappé à la
colère d’Irma, mais [avec] les milliards de dollars de dégâts, les coûts du
climatoscepticisme commencent à s’empiler aux portes de la Maison-Blanche»,
prévenait Bob Ward, directeur des communications au Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment,
dans le journal britannique The Guardian.
S’il est
difficile d’associer directement un seul événement aux changements climatiques,
des groupes de recherche arrivent à déterminer si une catastrophe leur est
significativement liée, explique le climatologue et directeur général
d’Ouranos, Alain Bourque. «Et c’est souvent le cas avec les inondations, les
canicules et les tempêtes côtières», précise-t-il.
L’année
2017, quoique mouvementée, risque toutefois d’avoir peu d’effet sur
l’administration Trump, estime M. Bourque. «Les gens qui sont à la
Maison-Blanche n’utilisent pas la science pour informer ni décider.»
[...]
«L’APE
souhaite instiller le doute et essayer de faire passer l’idée qu’il y a une
controverse scientifique. Pourtant, il n’y a plus de débat à savoir si le
réchauffement climatique est [causé par l'homme]. Cette distraction permet de
repousser aux calendes grecques la mise en place d’une politique sur les
changements climatiques.» ~
Jean-Daniel Collomb, maître de conférences à l’Université Jean Moulin Lyon III
et auteur de The Ideology of Climate
Change Deniers in the United States.
Selon le
climatologue Alain Bourque, un tel débat n'en est pas un de science, mais
plutôt d'opinions politiques.
[...]
En
octobre dernier, Scott Pruitt réalisait l'une des promesses martelées par
Donald Trump lors de la campagne présidentielle en signant un projet de loi
visant à abroger le Clean Power Plan (CPP), jugé «nuisible au développement
économique du pays» par le président.
[...]
À la
relance de l’industrie du charbon souhaitée par Washington s’ajoutent d’autres
dossiers controversés, comme celui de l’exploitation pétrolière et gazière au
large des côtes américaines, à laquelle Washington a donné son feu vert pour
2019.
Forts du
soutien apporté par les grands lobbys de l’industrie des énergies fossiles et
d’importants groupes de réflexion libertariens (think tanks), qui fournissent
expertise, argent et contre-arguments, les républicains sont reconnus comme «plus
hostiles aux questions environnementales» que les démocrates, analyse M.
Collomb.
[Ndlr :
Le triumvirat composé de Scott Pruitt, Rick Perry et Mike Pence, auquel s’ajoute
le trio James Inhofe, Myron Ebell et Rick Scott mettent la survie de la
population américaine en péril (et la nôtre de par la proximité). Ils s’accrochent
aux énergies fossiles comme un naufragé s’accrocherait à son iPad en pleine
tempête océanique, convaincu que sa tablette lui évitera la noyade. On pourrait
croire que ces hommes politiques sont ignorants et stupides; en vérité ce sont de rusés
manipulateurs, à genoux devant le dieu "or noir".]
Article intégral :
ClimateFacts: California Mudslides
Mais le vent pourrait tourner :
ICYMI - New York just became the
largest US city to sue Big Oil and divest from fossil fuels. This is just the
beginning. If the climate movement can make it here, it can make it anywhere. (350 dot org)
The New York City government is suing the
world’s five largest publicly traded oil companies, seeking to hold them
responsible for present and future damage to the city from climate change. The
legal strategy has already been embraced by several California cities and
counties, but prior lawsuits seeking to blame companies for their role in
causing climate change have foundered. https://www.washingtonpost.com
«Plusieurs personnes s’imaginent que ce n’est pas un problème si nos hivers deviennent plus chauds. En fait, ils ne deviennent pas plus chauds, ils deviennent beaucoup plus variables. On devrait avoir plus de redoux qui vont durer plus longtemps et, surtout, on revient rapidement aux conditions thermiques normales. La température passe, par exemple, de 5 à 10 degrés au-dessus de zéro, puis revient à -15 ou -20 degrés Celsius. Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions sur les impacts des changements climatiques sur les oiseaux.» ~ François Vézina, chercheur en écophysiologie à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR)
«Ironiquement, le réchauffement de la planète
risque de provoquer de plus en plus de chutes de neige [entre autres] dans
la région des Grands Lacs, en exacerbant un phénomène que les météorologues
appellent l'effet de lac. La planète
se réchauffe et rend la formation de glace plus difficile. Elle dure aussi
moins longtemps. La friction avec l’eau chaude réchauffe l'air froid et le rend
plus humide. La vapeur d’eau monte, gèle et se change en neige. Le
réchauffement de la planète n'est qu'un symptôme des changements climatiques.
La hausse du niveau des océans, les pluies abondantes et l’effet de lac sont
aussi des symptômes. Au cours des prochaines décennies, on va voir cette neige
se changer en pluie. C’est pourquoi il faut agir maintenant pour contrer les changements
climatiques.» ~ Katherine
Hayhoe, directrice du Centre des sciences du climat à la Texas Tech University
et climatologue très connue aux États-Unis
Pour ceux qui croient toujours que les activités
de l’homme n’ont aucune influence sur la nature, le climat (par conséquent sur
la météo) et les désastres :
Inondations :
une menace planétaire
Documentaire complet, 2:34
En résumé
Plus de 136
métropoles côtières sont menacées d’affaissement
Montréal est sur la liste; néanmoins on continue à
bétoniser...
Principales
causes?
–
Urbanisation frénétique et continuelle malgré les menaces
–
Multiplication des gratte-ciels (toujours plus nombreux et plus hauts)
–
Bétonisation des métropoles
–
Constructions sur des zones artificielles (fonds sablonneux)
–
Liquéfaction des sols
–
Barrages, détournements de cours d’eau
–
Pompage dans la nappe phréatique
–
Disparition des mangroves
–
Piscicultures
–
Surpopulation urbaine
–
Changements climatiques
«Le Canada, tout comme le reste du monde, est à la
croisée des chemins. Selon l’équipe de chercheurs de Climate Central, une hausse de 4 degrés veut dire que la montée des
eaux submergerait, à long terme, les territoires où vivent actuellement près de
627 millions de personnes dans le monde. Si la communauté internationale stoppe
la hausse des températures à 2 degrés, ce nombre baissera à 280 millions de
personnes.»
Article intégral :
~~~
Le Sable :
enquête sur une disparition
Les enjeux de l’exploitation du sable sont
méconnus du grand public, mais sa valeur économique est au coeur d’une guerre
entre entrepreneurs, contrebandiers, écologistes et populations locales à
travers le monde. Volé ou extrait à prix risible des côtes, des rivières et des
océans, le sable est la ressource naturelle la plus consommée sur la planète
après l’eau. Essentiel à nos économies modernes, il se retrouve au centre de la
fabrication du béton, qui est composé aux 2/3 de sable, en plus d’être
essentiel à l’alimentation, aux cosmétiques, détergents, ordinateurs,
cellulaires et cartes bancaires. Il est au coeur des stratégies d’expansion de
plusieurs territoires.
L’extraction illégale du sable par milliards de tonnes à travers le monde mène les scientifiques et les organisations de défense de l’environnement à prédire une réalité alarmante : à la fin du 21e siècle, toutes les plages auront disparu. Alors que la construction connaît une croissance exponentielle sous la pression des économies émergentes et de la migration des populations vers les villes, plus de 75% des plages sont menacées de disparition et les sites d’extraction illégale se multiplient. Des côtes de la Floride jusqu’en Indonésie, en passant par Dubaï et Singapore, le sable est devenu en quelques années la source d’enjeux mondiaux faramineux.
Le Sable, enquête sur une disparition
révèle par une investigation méticuleuse une réalité peu connue du grand public
: la véritable bombe écologique et le drame social et humain que représente
l’exploitation massive du sable.
Jusqu’au 1er juin 2018 :
Ou :
Quelques
statistiques pour mieux comprendre
Après l’air et l’eau, le sable est la ressource la
plus consommée au monde : plus de 15 milliards de tonnes sont utilisées dans le
monde chaque année.
Tonnes de
sable utilisées dans la construction
–
d’une maison de taille moyenne : 200 tonnes
–
d’un bâtiment comme un hôpital : environ 3000 tonnes
–
d’un kilomètre d’autoroute : au moins 30 000 tonnes
–
d’une centrale nucléaire : environ 12 millions de tonnes
Sur la planète, 2/3 de ce qui est construit est en
béton armé. Le béton est constitué de 2/3 de sable.
Chaque
drague (bateau)
–
Peut pomper entre 4 000 et 400 000m3 de sable au fond de la mer par jour.
Les plages
–
Entre 75 et 90 % des plages de la planète sont aujourd’hui menacées de
disparition.
–
Si on ne fait rien d’ici 2100, les plages du monde seront de l’histoire
ancienne.
Îles
affectées par le prélèvement excessif de sable à proximité
–
25 îles indonésiennes disparues
–
120 îles évacuées aux Maldives
Valeur
économique du sable
–
Le sable représente un volume d’échanges internationaux de
70 milliards de dollars par an.
–
La presqu’île artificielle qu’est Dubaï a coûté plus de 12 milliards de
dollars, et a ingurgité près de 150 millions de tonnes de sable pompé au large
des côtes de Dubaï.
– Quelque
3500 sociétés australiennes exportent vers la péninsule arabique. Leurs
bénéfices ont triplé en 20 ans, et le sable représente aujourd’hui un revenu
annuel de 5 milliards de dollars CAD pour l’Australie.
Source :
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