12 octobre 2016

Un conflit qui n’a ni coeur ni tête


Syrie – Un homme transporte un enfant en enjambant les ruines d'un bâtiment détruit à Alep. Photo : Ameer Alhalbi.

La Syrie, un enfer sur terre...

Les bombardements ont repris avec violence sur Alep après le véto! Nos ambulances et nos secouristes sont mobilisés. Les premières victimes déterrées sont des enfants... La situation est dure mais ne reflète que la réalité.

Le cri de désespoir d'un Syrien qui n'en peut plus :
«Bombardez nous à l'arme nucléaire pour qu'on en finisse avec ce cauchemar!»
Vidéo publiée par Syria Charity :  
https://www.facebook.com/ong.syriacharity/videos/1254075001279679/

On comprend la supplique de ce Syrien. Cinq ans d'horreur. Il faut que ça finisse, autrement qu’à l’arme nucléaire, bien sûr.

Bataille d’Alep [Événements récents]

Au nord d'Alep, les miliciens palestiniens du Liwa al-Quds parviennent à s'emparer du camp d'Handarat le 24 septembre 2016, mais les rebelles contre-attaquent et le reprennent le 25. Pendant ce temps, au sud-est d'Alep, 3 000 combattants russes d'une société militaire privée auraient également été déployés à al-Safira. Le 27 septembre, l'armée syrienne et ses alliés reprennent Farafira, un petit quartier au nord-ouest de la citadelle d'Alep. Le 29 septembre, les loyalistes reprennent Handarat pour la seconde fois, puis l'hôpital de Kindi le 30. Le 2 octobre, ils poursuivent leur progression au nord en attaquant les quartiers de Souleimane al-Halabi, Boustane al-Bacha et Sakhour. Ils attaquent ensuite le quartier de Cheikh Saïd au sud et s'emparent le 8 octobre du quartier d'Ouwayja, dans la périphérie nord.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_d%27Alep

Syrie : 6 points pour mieux comprendre le conflit

On peut dater la guerre civile en Syrie du printemps 2011, quand éclatent des manifestations d'opposants au dirigeant Bachar Al-Assad. Ces mouvements, que l'on peut regrouper dans celui, plus vaste, des Printemps arabes, réclament davantage de démocratie. Ils sont réprimés, et un conflit armé s'engage entre les deux camps : les pro-Assad et les rebelles au régime. Des mouvements islamistes profitent du désordre pour prendre à leur tour les armes et tenter de s'emparer du pouvoir.

Qui combat?

En Syrie, plusieurs forces s'opposent :
- Les pro-Assad, qui défendent donc le régime en place.
- Les rebelles, qui souhaitent instaurer un nouveau gouvernement plus démocratique.
- Les islamistes, qui cherchent à prendre le pouvoir, sans pour autant être d'accord entre eux. Trois mouvements sont présents : Jabhat al Nosra, Jaish al Fatah et Daech.
- Les Kurdes, au nord, qui réclament l'indépendance du Kurdistan.

Pays engagés de près ou de loin :   
- Coalition «occidentale» contre Daech : les États-Unis, la France et le Royaume-Uni défendent l'opposition syrienne, se battent contre Daech et souhaitent le départ de Bachar Al-Assad.
- La Turquie, qui fait aussi partie de la coalition, partage ces objectifs mais combat également les forces kurdes.
- La Russie et l'Iran combattent l'opposition syrienne et Daech, mais soutiennent Bachar Al-Assad.
- Enfin, l'Arabie saoudite et le Qatar défendent l'opposition syrienne contre Bachar Al-Assad, mais ne participent pas aux combats contre Daech.

Quel bilan?

Les sources sont difficiles à vérifier à cause du manque d’accès au terrain. Cela a donc entraîné depuis janvier 2014, l’arrêt du recensement des victimes par le haut-commissariat de l'ONU pour les Droits de l'Homme. Néanmoins, les chiffres qui suivent proviennent d'une ONG, le Centre syrien pour la recherche politique (SCPR). Ce bilan a été relayé par le quotidien britannique The Guardian.

470 000 personnes sont mortes en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011

11,5 % de la population syrienne a été tuée ou blessée en raison de la guerre

70 000 personnes sont mortes, parmi ces 470 000, en raison du manque d'eau potable, de nourriture ou de médicaments

13 000 personnes mortes sous la torture

178 hôpitaux ont été détruits

55 ans est l'âge de l'espérance de vie en Syrie en 2015; il était de 70 ans en 2010

225 milliards d'euros correspondent aux pertes économiques liées au conflit

La guerre syrienne a provoqué un exode massif des populations. Les pays du Proche Orient et l'Europe font face à l'afflux de 10 millions de Syriens qui fuient la guerre.

Article intégral :
http://sites.arte.tv/28minutes/fr/syrie-6-points-pour-mieux-comprendre-le-conflit-28minutes


Tableau : Jean Michel Folon

Troisième fois que je publie ce texte. Parce que tandis qu’en fin de semaine nous fêtions l’Action de grâce nous avons peut-être pensé : «Dieu merci, nous ne sommes en Syrie, en Haïti, au Venezuela, en Colombie...»

DIEU MERCI, CE N’EST PAS MOI
Par Evelyne de la Chenelière *

Laissez-moi vous parler d’un cœur
qui souffre d’avoir perdu Dieu
errant sans fin dans la nuit, sans espoir
Ici, à la lisière, il n’y a pas d’étoiles, 
ici, nous sommes raides, immaculés

Sans croire en Dieu parfois nous pensons 
Dieu merci, ce n’est pas moi 

Dieu merci, ce n’est pas moi
Ce n’est pas moi qui ai perdu mon enfant
dans une crevasse, une avalanche, une tuerie, une rivière
Ce n’est pas moi le corps tordu dans la voiture accidentée
Dieu merci, ah… ce n’est pas moi

Nous pensons Dieu merci, ce n’est pas moi
le sans-abri, le sans-papiers, le sans-emploi,
le sang contaminé, les dents qui tombent,
les os qui brisent à la moindre chute
ce n’est pas moi la droguée, le vieux, la folle!

Ce n’est pas moi en République centrafricaine, en Ukraine, à Gaza, 
Dieu merci, ce n’est pas moi
Ce n’est pas moi qui ai des mouches plein les yeux,
qui ai les membres arrachés, des sœurs kamikazes,
des frères pendus par les pieds, des enfants-soldats
Ce n’est pas moi!

Nous pensons Dieu merci, ce n’est pas moi
qui ai reçu une balle perdue comme une giclée de rage
Dieu merci, ce n’est pas moi qu’on voile,
qu’on excise, qu’on viole, qu’on vend
Dieu merci, ce n’est pas moi!

Ce n’est pas moi non plus
la starlette sur laquelle on éjacule et qui vieillira pourtant
Le désir des autres n’est pas un bain de jouvence
et les plus belles tomberont avec leur chair molle
Dieu merci, ce ne sera pas moi!

Ce n’est pas moi, je ne peux rien
Je ne peux rien pour les miséreux, les pauvres,
les damnés, les malades
Adressez-vous aux puissants du monde
je ne peux pas vous sauver la vie
ce n’est pas moi qui vous sauverai la vie
Pour commencer, cessez de crier, taisez-vous donc!
Ah… Dieu merci, ce n’est pas moi

Ce n’est pas moi qui appellerai, éperdu, 
la clémence, l’absolution
À l’heure de ma mort on ne dira pas de moi 
«Dieu merci, il est mort»
«Dieu merci, enfin, elle est morte»
On ne souillera pas ma dépouille
on ne profanera pas ma tombe

Sans croire, nous disons
Dieu merci, ce n’est pas moi
qui brûlerai dans les flammes éternelles
de ton enfer
Dieu merci, ce n’est pas moi…

D’ailleurs nous pensons
Dieu merci, je ne mourrai pas

Après, nous replions le journal
nous fermons la télévision
nous fermons tous nos sens brûlés
et les livres d’histoire
Nous tordons nos mains
dans une prière difforme
et nous pensons
Dieu merci, ce n’est pas moi

* Evelyne de la Chenelière est comédienne et dramaturge; le film Monsieur Lazhar (écrit et réalisé par Philippe Falardeau) est une adaptation de sa pièce Bashir Lazhar.

~~~

LA TERRE S’EST TUE...

Gavé de junk food
L’obèse morbide s’épand,
Se remplit la panse
Au point d’exploser

Gavée de junk industriel
La terre craque, fend
Se vide les tripes
Avant d’exploser

Irruptions cutanées
Vidange et remplissage
Fukushima mon amour… 
Aux entrailles stériles

Vents, pluies et océans
Crachent du césium
Partout sur terre
Vive le nucléaire!

Une poignée d’individus 
Aveugles, sourds, insensibles
Réduisent les peuples à la famine
Pour satisfaire leurs vices délétères

La terre s’est tue…

Cris et gémissements
Ont cessé d’étourdir

Sang et pétrole
Ont cessé de couler

Silence des silences
Paix des paix

L’humanité s’est tue…

~ Boudabla, mars 2012

Aucun commentaire:

Publier un commentaire