2 janvier 2016

Plus de joie. Plus de liberté.



Apprécier (aimer) sans vouloir posséder : plus de joie, plus de liberté.

Pour être heureux avec quelqu’un, il faut apprendre à être heureux seul.
Ainsi, fréquenter sera un choix, non pas une nécessité. 

Se libérer du connu
Krishnamurti
Stock+Plus, 1970

Chapitre 4, p. 43-48

La poursuite du plaisir. Le désir. La perversion de la pensée. La mémoire. La joie.

... Nous sommes engagés à la poursuite du plaisir, sous une forme ou l’autre, intellectuelle, sensuelle, culturelle; nous avons le plaisir de réformer, de donner des conseils, de corriger, de faire du bien; celui de l’érudition, des jouissances physiques; celui d’acquérir de l’expérience, une plus grande compréhension de la vie, et celui de toutes les ruses, des artifices de l’esprit, le plaisir ultime étant, bien sûr, celui de connaître Dieu. 
   Le plaisir est la structure même de la société. Depuis l’enfance jusqu’à la mort, en secret avec ruse, ou ouvertement, nous sommes à sa poursuite. Donc, quelle que soit notre forme de plaisir, je pense qu’il nous faut être très clairs à son sujet, car elle guidera et façonnera toute notre existence. Il est important que chacun explore de très près, avec hésitation et délicatement, cette question, car trouver son plaisir et ensuite l’alimenter est une exigence fondamentale de la vie, sans laquelle l’existence deviendrait morne, stupide, solitaire et n’aurait pas de sens. 
   Vous pouvez alors vous demander pourquoi la vie ne devrait pas être guidée par le plaisir. Pour la simple raison que le plaisir engendre nécessairement de la douleur, des frustrations, la peur, et celle-ci la violence. Si c’est ainsi que vous voulez vivre, vivez ainsi, puisque d’ailleurs presque tout le monde le fait, mais si vous voulez vous affranchir de la douleur, il vous faut comprendre toute la structure du plaisir. 
   Comprendre le plaisir, ce n’est pas y renoncer. Nous ne le condamnons pas, nous ne disons pas que c’est bien ou mal de le poursuivre; mais faites-le, du moins, les yeux ouverts, en sachant que sa recherche constante trouve toujours son ombre : la douleur. Plaisir et douleur ne peuvent être séparés, bien que nous courions après l’un et essayons d’éviter l’autre. 
   Demandons-nous pourquoi le plaisir est un besoin. Pourquoi accomplissons-nous des actes nobles et ignobles, poussés par ce besoin? Pourquoi ces sacrifices et ces souffrances sur le fil ténu du plaisir? Qu’est-il et comment naît-il? Je me demande combien parmi vous se sont posé ces questions en allant jusqu’au bout des réponses. 
   Le plaisir prend forme en quatre étapes : perception, sensation, contact, désir. Je vois, par exemple, une belle voiture; j’en ai la sensation, puis, en la regardant, se produit en moi une réaction; je touche ou je m’imagine toucher la voiture; ensuite vient le désir de la posséder et de me montrer en train de la conduire. Ou encore, je vois un beau nuage, une montagne claire se détachant sur le ciel, une feuille que le printemps vient de faire surgir, une vallée resplendissante, un superbe coucher de soleil, ou le visage, intelligent, vivant d’une personne. Je vois ces choses avec une joie intense et pendant que j’observe, il n’y a pas d’observateur, mais une beauté telle que l’amour. Pendant un instant, je suis absent, moi et mes problèmes, mes angoisses, mes tracas : il n’y a que cette merveille. Je peux la voir avec joie et l’instant suivant l’oublier; mais si la pensée et l’émotion interviennent, le problème commence; je me remémore ce que j’ai vu, je pense à cette beauté, je me suis dis que je voudrais la revoir de nombreuses fois. La pensée se met à comparer, à juger, à vouloir un lendemain : la continuité d’une expérience qui a donné une seconde de plaisir est alimentée par la pensée. 
   Il en va de même du désir sexuel et de toute autre forme de désir. Il n’y a rien de mal à désirer. Toute réaction est parfaitement normale. Si vous me piquez avec une épingle, je réagis, sauf si je suis insensible. Mais dans certains cas, la pensée intervient pour ruminer une réaction. Elle la transforme ainsi en plaisir. Elle veut répéter l’expérience, et plus on la répète, plus elle devient mécanique. Plus on y pense, plus on confère de l’énergie au plaisir. La pensée crée et alimente le plaisir au moyen du désir : elle lui donne une continuité, de sorte que la réaction naturelle qui consiste à désirer un bel objet est pervertie par la pensée. La pensée transforme le désir en mémoire et la mémoire est alimentée parce qu’on y revient maintes fois par la pensée. 
   La mémoire a, bien sûr, sa place à un certain niveau. Dans notre vie quotidienne, nous ne pourrions pas exister sans elle. Il la faut efficace dans son propre champ, mais il existe un état d’esprit où la mémoire occupe fort peu de place. L’esprit que ne mutile pas la mémoire est véritablement libre. 

   Avez-vous jamais remarqué que lorsqu’on réagit, lorsqu’on répond à quelque chose totalement, de tout son cœur, très peu de mémoire s’y attache? Ce n’est que lorsqu’on ne répond pas de tout son être à une provocation que se produit un conflit, une lutte, qui créent de la confusion, du plaisir, ou de la douleur. Cette lutte engendre une mémoire, tout le temps, à laquelle s’ajoutent  d’autres, et ce sont elles qui répondent aux événements. Tout ce qui résulte de la mémoire est vieux, et par conséquent n’est jamais libre. La liberté de pensée n’existe pas. C’est une sottise que de le croire. 
   La pensée n’est jamais neuve, car elle est une réaction de la mémoire, de l’expérience, du savoir. Parce qu’elle est vieille, elle vieillit l’objet que vous avez regardé avec délectation et que vous aves, dans l’instant, senti profondément. Et c’est ce qui est vieux qui donne du plaisir, jamais ce qui est neuf, car, dans le neuf, le temps n’existe pas. 
   Donc si vous pouvez considérer chaque chose sans permettre au plaisir d’intervenir : un visage, un oiseau, la couleur d’un sari, la beauté d’une nappe d’eau brillante de soleil, ou tout autre objet délectable; si vous pouvez la regarder sans vouloir que l’expérience se répète, aucune douleur, aucune crainte n’interviendront, et il se produira une joie immense. 
   C’est la lutte en vue de répéter et de perpétuer le plaisir qui devient de la souffrance. Observez cela en vous. Vouloir cette répétition c’est inviter la douleur, car l’expérience d’hier, répétée, n’est plus la même. On fait de grands efforts pour retrouver non seulement le même plaisir et le même sens esthétique, mais aussi la même qualité interne de l’esprit, et on est blessé et déçu car elle vous est refusée. 

   Avez-vous observé ce qui vous arrive lorsqu’un petit plaisir vous est refusé? Lorsqu’on n’obtient pas ce que l’on veut, on devient anxieux, envieux, on se prend à haïr. Avez-vous remarqué que lorsque vous sont refusés vos plaisirs – boisson, tabac, sexe ou autre chose –, avez-vous observé les batailles qui se livrent en vous? Et tous ces conflits sont des aspects de la peur, n’est-ce pas? Vous avez peur de ne pas trouver ce que vous cherchez ou de perdre ce que vous avez. Lorsque telle ou telle foi ou idéologie, dont vous avez été tributaires pendant des années, chancelle ou vous est arrachée par une logique ou par les circonstances, n’avez-vous pas peur de vous retrouver seuls, sans secours? Cette croyance, pendant des années, vous a procuré de la satisfaction et du plaisir. Lorsqu’elle vous est retirée, vous demeurez égarés et vides, et la peur s’installe en vous jusqu’à ce que vous trouviez une autre forme de plaisir, une autre croyance. 
   Tout cela me semble très simple et parce que c’est si simple nous refusons de voir sa simplicité. Nous aimons tout compliquer. Si votre femme vous délaisse, n’êtes-vous pas jaloux? N’êtes-vous pas en colère? Ne haïssez-vous pas l’homme qui l’a attirée? Et qu’est tout cela si ce n’est la peur de perdre ce qui vous a procuré beaucoup de plaisir, une vie en commun, une sorte de sécurité dans la possession? 
   Donc si vous comprenez que la recherche du plaisir est toujours accompagnée de souffrance, et si vous voulez vivre ainsi, du moins faites-le en connaissance de cause. Mais si, par contre, vous voulez mettre fin au plaisir, ce qui veut dire mettre fin aussi à la douleur, il vous faut être attentifs à toute la structure du plaisir. Il ne s’agit pas de l’expulser à la façon de ces moines et sannyasis qui s’interdisent de regarder les femmes, pensant que ce serait un péché, et qui, de ce fait, détruisent la vitalité de leur entendement, mais de comprendre tout son sens et sa signification. Alors vivre sera pour vous une joie immense. On ne peut penser à la joie : c’est une chose immédiate. En y pensant, on la transforme en plaisir. La vie dans le présent est la perception immédiate de la beauté et la délectation qu’elle comporte, sans la recherche du plaisir qu’elle pourrait procurer.



Santa : Ho, ho,ho.
Kid : De quoi te réjouis-tu?
Pourquoi ne donnes-tu pas aux enfants ce qu'ils veulent vraiment?
Un environnement propre, une bonne éducation...
Et un avenir économique prometteur.
Santa : Quelle quantité de charbon nous reste-t-il? 

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