5 juin 2014

Débarquons de la guerre

Sometimes the only way you can win is to stay out of the game.
~ Ashleigh Brilliant
[Parfois, la seule façon de gagner c’est de ne pas jouer.]

Péniche de débarquement transportant des soldats Canadiens avec leurs bicyclettes.

Le 6 juin 1944 à minuit, 3 200 véhicules ont débarqué sur Juno, bien que 90 des 306 chalands de débarquements soient détruits ou endommagés. Les pertes de la 3ème division d'infanterie canadienne sont très élevées : 340 soldats ont été tués, 574 furent blessés et 47 faits prisonniers. Le régiment Queen's Own Rifles a été le plus touché avec 143 pertes (128 pour le Royal Winnipegs, 125 pour le North Shore et 108 pour le Regina Rifles). C'est le rapport de pertes le plus lourd des trois plages d'invasion dédiées aux forces du Commonwealth.
 
 
Some men worship rank, some worship heroes, some worship power, some worship God, and over these ideals they dispute and cannot unite – but they all worship money. ~ Mark Twain
 
RÉFLEXIONS (commémoration 6 juin 1944)
 
Auteur : René Barjavel*
 
La vie telle que nous la vivons, telle que nous la connaissons, c'est d'abord la souffrance et le meurtre.
 
La guerre est un processus d'automutilation déclenché au sein de l'espèce humaine par la violation de la loi d'équilibre du monde vivant.
 
Rien ne justifie la souffrance des innocents. Le Tout n'est pas assez pour payer un agneau égorgé.
 
(La faim du tigre, Folio n° 847) 
 
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Si je mets dix hommes sur une île déserte, la loi d'attraction va les rassembler en deux groupes, et la loi d'opposition leur inspirer des idées absolument contraires sur la façon d'organiser l'île. Si un groupe pense «nord», l'autre groupe, par réflexe immédiat, pensera «sud». Et ils commenceront à ramasser des cailloux pour se convaincre réciproquement en se les envoyant sur la figure. Si un des deux groupes se montre plus fort et absorbe l'autre, une force d'opposition va naître en lui, grandir et le couper de nouveau en deux ou en plusieurs morceaux. C'est la loi!
 
Ce n'est pas cela qui fait le malheur des hommes. Ils pourraient entre l'attraction et l'opposition, trouver un équilibre et vivre en paix, comme le soleil et les planètes. Ce qui les rend malheureux, c'est le bonheur. L'idée qu'ils s'en font, et de besoin de l'attraper. Ils s'imaginent qu'ils sont malheureux aujourd'hui, mais qu'ils pourront être heureux demain, s'ils adoptent certaine forme d'organisation. Chaque groupe a une idée d'organisation différente. Non seulement il se l'impose à lui-même, à grande souffrance, mais il cherche à l'imposer à l'autre groupe, qui n'en veut absolument pas, et qui essaie au contraire de lui faire avaler de force sa propre cuisine.
 
Et chaque individu croit qu'il sera heureux demain, s'il est plus riche, plus considéré, plus aimé, s'il change de partenaire sexuel, de voiture, de cravate ou de soutien-gorge. Chacun, chacune attend de l'avenir des conditions meilleures, qui lui permettront, enfin, d'atteindre le bonheur. Cette conviction, cette attente, ou le combat que l'homme mène pour un bonheur futur, l'empêchent d'être heureux aujourd'hui. Le bonheur de demain n'existe pas. Le bonheur, c'est tout de suite ou jamais. Ce n'est pas organiser, enrichir, dorer, capitonner la vie, mais savoir la goûter à tout instant. C'est la joie de vivre, quelles que soient l'organisation et les circonstances. C'est la joie de boire l'univers par tous ses sens, de goûter, sentir, entendre, le soleil et la pluie, le vent et le sang, l'air dans les poumons, le sein dans la main, l'outil dans le poing, dans l'oeil le ciel et la marguerite.
 
Si tu ne sais pas que tu es vivant, tout cela tourne autour de toi sans que tu y goûtes, la vie te traverse sans que tu ne retiennes rien des joies ininterrompues qu'elle t'offre.
(p.66)

Le pire des crimes, c'est de torturer ou massacrer les êtres humains pour faire leur salut ou leur bonheur selon sa propre idée.
(p.80)

(Si j'étais Dieu..., Garnier) 

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Les pères sont toujours en train de faire une guerre, et quand ils en reviennent, les enfants ont grandi et les mères sont mortes.

(Colomb de la lune, Folio n° 955) 

Source de la sélection : Au fil de mes lectures 
http://www.gilles-jobin.org/citations/index.php?page=accueil

* René Barjavel (1911-1985) : écrivain et journaliste français dont les romans d'anticipation où science-fiction expriment l'angoisse ressentie devant une technologie que l'homme ne maîtrise plus. Certains thèmes y reviennent fréquemment : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l'amour (Ravage, Le Grand Secret, La Nuit des temps, Une rose au paradis). Son écriture se veut poétique, onirique et parfois philosophique.
       Il a aussi abordé dans de remarquables essais l'interrogation empirique et poétique sur l'existence de Dieu (notamment, La Faim du tigre), et le sens de l'action de l'homme sur la Nature. Il fut aussi scénariste/dialoguiste de films. On lui doit en particulier les dialogues du Petit Monde de Don Camillo.
       Dans Lettre ouverte aux vivants qui veulent le rester, Barjavel prend clairement position contre le nucléaire civil. Il ne peut être classé politiquement (…) on peut même dire qu'il est apolitique.
(Wikipedia) 

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