30 novembre 2013

Trucs pour trop manger

Cette chose répugnante – la poutine (frites/sauce/fromage) au foie gras – se vend près de 25$. Les snobinards se pâment : «c’est la nouvelle gastronomie!» (Aille-oille, gastroentérite garantie…)

La saison des excès en nourriture/alcool approche.
Quelques réflexions d’appoint (c’est pas juste au resto que ça arrive).

5 trucs utilisés par les restaurants pour vous faire trop manger
Par Shubhra Krishan
(Source : Care 2) 

Les boissons : la musique douce et la lumière tamisée vous font glisser vous dans une ambiance de détente, un ou trois cocktails semblent aller de soi. Plus vous buvez, plus vous risquez de manger car l'alcool est reconnu pour augmenter l’appétit à court terme*. Une bonne nouvelle pour le restaurant, mais une mauvaise nouvelle pour votre apport calorique.

Les mots de leurs menus : «crémeux», «comme chez Mamie», «fait maison»… des mots choisis pour séduire vos sens par association à des images de réconfort et de satisfaction. Tous des drapeaux rouges car en vérité, «crémeux» signifie «gras», et «gâteau/tarte de Mamie» signifie «bombe de sucre»!

Le froid : avez-vous remarqué comme on gèle souvent au restaurant? On aurait envie de s’enrouler dans une couverture. Puisque vous n'en avez pas, quelle est la meilleure chose à faire? Commander une grosse soupe chaude et crémeuse! Et des frites brûlantes. Et un copieux plat de pâtes… vous comprenez l’idée. Ce serait une meilleure idée d’apporter un châle ou un cardigan la prochaine fois que vous irez au resto.

La musique : oui, nous savons tous que les restaurants et les magasins utilisent la musique pour nous faire manger/dépenser plus. Remarquez le genre de musique qui joue à votre bistro préféré. Probablement que le bar à bières fait jouer de la musique rapide à plein volume de sorte que vous mangez plus vite et laissez votre place au prochain client plus rapidement. Le restaurant haut-de-gamme fait jouer de la musique douce et lente pour créer une ambiance agréable et détendue propice à l’indulgence gastronomique.

La télévision : vous avez peut-être remarqué cela à la maison aussi – pendant que vous regardez votre feuilleton préféré, vous avez tendance à manger plus que prévu. La même chose se produit lorsque vous mangez à l'extérieur. L’écran de télévision, apparemment inoffensif, stratégiquement placé en face de votre table, vous pousse à vous empiffrer et à avaler quelques pelletées de plus… Juste un petit peu plus!

COMMENTAIRE

* L’alcool étant aussi reconnu pour éliminer les inhibitions, l’abus d’alcool peut donc mener à bien des excès, pas juste alimentaires. Ça rend inconscient, et être inconscient signifie ne pas se rendre compte de ce qu’on fait.

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/anesthesiant-onereux.html 

29 novembre 2013

Le rush consumériste


Être bien adapté à une société gravement malade
n'est pas un signe de bonne santé. 
~ Krishnamurti

Bonté divine, pourrions-nous remettre les choses en perspective?!

 

27 novembre 2013

Planétaricide au premier degré


Les gouvernements des pays qui violent la Charte de la Terre (voyez l’onglet ci-haut) devraient comparaître devant un tribunal pour crimes contre la Terre – une sorte de Cour Internationale des Droits de la Terre (CIDT).

Le 2% de forêts vierges tropicales

Food for thought

Les forêts vierges tropicales ne couvrent que 2% du globe, mais elles abritent pourtant plus de 70% des espèces animales et végétales terrestres. Mille tribus, gardiennes des rites profonds, les habitent, dont bon nombre sont menacées d'extinction. À l'allure où ça va, on s'attend à voir disparaître 100 espèces par jour pendant au moins les vingt ans à venir. Ce taux est mille fois plus élevé que celui qui prévaut naturellement depuis la préhistoire. Plus d'un quart des médicaments prescrits aux U.S.A. sont dérivés de plantes des forêts tropicales.

Un incendie en Amazonie, un grand panache de fumée, et des parcelles défrichées où pâturent les futurs hamburgers de la chaîne MacDo, pour ne citer qu'elle. Dans 5 ans, les pluies torrentielles auront entraîné vers l'océan la maigre couche d'humus que plus aucune racine d'arbres ne retient. Le secteur se transformera irrémédiablement en désert de pierres et la forêt ne pourra plus jamais reprendre ses droits sous le brûlant soleil des tropiques.

La situation en Guyane française, dans le bout de forêt vierge dont la France a la responsabilité, les indiens meurent par centaines des effets pervers du mercure utilisé par les compagnies d'orpaillage, alors qu'il existe un moyen d'extraction propre.

http://www.terresacree.org/forevieg.htm

    Ça :                                          Ou ça:

 
 

26 novembre 2013

Pour ceux qui détestent les végétariens

... et les militants en faveur des droits des animaux

Sauvez une dinde, mangez un végétarien!

Jeudi, à l’occasion de la Thanksgiving, nos amis américains mangeront en une journée : 46 millions de dindes/dindons
Soit 17% de la production annuelle de 300 millions!


Chez nous, le massacre «Butterball» c’est pour les Fêtes (Nôwel / Nouvel An)… et c’est pas rien non plus.

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La Déclaration Universelle des Droits de l'Animal a été proclamée solennellement à Paris, le 15 octobre 1978, à la Maison de l'Unesco. Son texte révisé par la Ligue Internationale des Droits de l'Animal en 1989, a été rendu public en 1990.

DÉCLARATION UNIVERSELLE DES DROITS DE L’ANIMAL

PRÉAMBULE:

Considérant que la Vie est une, tous les êtres vivants ayant une origine commune et s'étant différenciés au cours de l'évolution des espèces,

Considérant que tout être vivant possède des droits naturels et que tout animal doté d'un système nerveux possède des droits particuliers,

Considérant que le mépris, voire la simple méconnaissance de ces droits naturels provoquent de graves atteintes à la Nature et conduisent l'homme à commettre des crimes envers les animaux,

Considérant que la coexistence des espèces dans le monde implique la reconnaissance par l'espèce humaine du droit à l'existence des autres espèces animales,

Considérant que le respect des animaux par l'homme est inséparable du respect des hommes entre eux,

IL EST PROCLAMÉ CE QUI SUIT :

Article 1
Tous les animaux ont des droits égaux à l’existence dans le cadre des équilibres biologiques. Cette égalité n’occulte pas la diversité des espèces et des individus.

Article 2
Toute vie animale a droit au respect.

Article 3
1- Aucun animal ne doit être soumis à de mauvais traitements ou à des actes cruels.
2- Si la mise à mort d’un animal est nécessaire, elle doit être instantanée, indolore et non génératrice d’angoisse.
3- L’animal mort doit être traité avec décence.

Article 4
1- L’animal sauvage a le droit de vivre libre dans son milieu naturel, et de s’y reproduire.
 2- La privation prolongée de sa liberté, la chasse et la pêche de loisir, ainsi que toute utilisation de l’animal sauvage à d’autres fins que vitales, sont contraires à ce droit.

Article 5
1- L’animal que l’homme tient sous sa dépendance a droit à un entretien et à des soins attentifs.
2- Il ne doit en aucun cas être abandonné, ou  mis à mort de manière injustifiée.
3- Toutes les formes d’élevage et d’utilisation de l’animal doivent respecter la physiologie et le comportement propres à l’espèce.
4- Les  exhibitions,  les spectacles, les  films utilisant des animaux doivent aussi respecter leur dignité et ne comporter aucune violence.

Article 6
1- L’expérimentation sur l’animal impliquant une souffrance physique ou psychique viole les droits de l’animal.
2- Les méthodes de remplacement doivent être développées et systématiquement mises en œuvre.

Article 7
Tout acte impliquant sans nécessité la mort d’un animal et toute décision conduisant à un tel acte constituent un crime contre la vie.

Article 8
1- Tout acte compromettant la survie d’une espèce sauvage, et toute décision conduisant à un tel acte constituent un génocide, c’est à dire un crime contre l’espèce.
2- Le massacre des animaux sauvages, la pollution et la destruction des biotopes sont des génocides.

Article 9
1- La personnalité juridique de l’animal et ses droits doivent être reconnus par la loi.
2- La défense et la sauvegarde de l’animal doivent avoir des représentants au sein des organismes gouvernementaux.

Article 10
L’éducation et l’instruction publique doivent conduire l’homme, dès son enfance, à observer, à comprendre, et à respecter les animaux.

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«On reconnaît le niveau d'évolution d'un peuple à la manière dont il traite ses animaux.»
~ Gandhi

Et bienheureux les doux qui ont de la place dans le coeur pour les animaux…

Vous aimerez (ou détesterez) peut-être les libellés «Végétarisme» et «Zoofriendly»

24 novembre 2013

Le point de non-retour

Quelle photo extraordinaire! J'ignore le nom du photographe malheureusement.   

Dans toutes les mythologies païennes et religieuses, le volcan et la foudre, avec leur terrifiant pouvoir de destruction, ont été perçus comme des expressions de la colère de Dieu ou des dieux – voire des vecteurs d’Apocalypse. Œuvre de Dieu, œuvre du Diable, œuvre de la Nature, œuvre du Hasard, nous avons le choix des interprétations – superstitieuses et scientifiques.

Aujourd’hui, nous avons, en bonus, des catastrophes apocalyptiques fabriquées de main d’homme. Génial ça, non? J’ai souvent dit que nous étions des petits dieux inexpérimentés… 

La science peut désormais tout expliquer, même si ça ne nous rassure pas du tout. En plus, certains scientifiques se gourent royalement (sont-ils de mauvaise foi?) en matière de prédictions environnementales à moyen et long termes.
       Si la corruption est répandue dans toutes les sphères de la société, partout dans le monde, je ne vois pourquoi le domaine scientifique en serait exempté. Les désinformateurs scientifiques doivent être grassement payés pour nous faire croire que «tout va pour le mieux dans le pire des mondes» en vertu de la croissance économique.
       En tout cas, ça doit sentir l’aftershave en masse dans les lobbies… histoire de camoufler l’odeur de corruption.

Or, il y a déjà plus de 50 ans, d’autres scientifiques, intègres ceux-là, répandaient une vision claire de ce qui se préparait si nous ne changions pas notre manière de vivre. Ils ont été dénigrés, calomniés, poursuivis en justice, emprisonnés, réduits au silence, etc.

Mais qui ou quoi blâmer?
L’IGNORANCE! 

Voyez :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/04/50-ans-plus-tard.html  
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2011/01/ces-etranges-pluies.html  
ou le libellé «Série noire»

À mon avis, nous pouvons sonner le glas.
Je suis donc entièrement d’accord avec ce que dit David Suzuki ci-après.

À refaire circuler, puisque les conférences internationales et réunions G n’aboutissent à rien de concret; en fait ça ressemble plus à une compétition à savoir quel pays polluera le plus (au lieu de l’inverse).

L'échec fondamental de l'environnementalisme
Par David Suzuki
Le 23 mai 2012

L'environnementalisme a échoué. Au cours des 50 dernières années, les environnementalistes ont réussi à sensibiliser les gens, changer les pratiques d'exploitation forestière, arrêter les méga-barrages, les forages en mer et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais nous étions si concentrés à nous battre contre nos opposants et à chercher l'appui du public que nous ne nous sommes pas rendu compte que ces batailles sont le reflet d'une vision fondamentalement différente de la place que nous occupons dans le monde. Et c'est notre vision sous-jacente et profonde du monde qui détermine la manière dont nous traitons ce qui nous entoure.

En tant qu'espèce, nous n'avons pas fait face aux grands événements qui ont changé notre relation avec la planète. Au cours de la majorité de l'existence de l'espèce humaine, nous avons vécu comme des chasseurs-cueilleurs nomades dont l'impact sur la nature pouvait être absorbé par la résilience de la biosphère. Même à la suite de la révolution agricole, il y a 10 000 ans, l'agriculture a continué de dominer nos vies. Nous avions la nature à cœur. Les gens qui vivent près de la terre comprennent que les saisons, le climat, la météo, les insectes pollinisateurs et les plantes sont essentiels pour notre bien-être.

Cette année marque le cinquantième anniversaire de naissance du mouvement environnemental. En 1962, Rachel Carson publiait Printemps silencieux (Silent Spring), qui documentait les conséquences terribles et imprévues de ce qui, jusque-là, était considéré comme une des grandes inventions de la science : le DDT. Paul Mueller, qui a démontré les effets de ce pesticide, gagnait le prix Nobel en 1948. Lors du boom économique qui a suivi la Seconde Guerre mondiale, la technologie a tenu sa promesse d'innovation sans fin, de progrès et de prospérité. Rachel Carson a souligné qu'il y a un coût à la technologie.

Aucun gouvernement n'avait de ministère de l'Environnement au moment de la parution du livre de Carson. Des millions de gens autour du monde se sont joints à ce que nous reconnaissons aujourd'hui comme le mouvement environnemental. La décennie suivante voyait la création du Programme des Nations Unies pour l'Environnement et la tenue de la première conférence environnementale à Stockholm en Suède.

Avec l'augmentation de catastrophes telles que les déversements de pétrole et de produits chimiques, les accidents nucléaires, ainsi que l'extinction des espèces, l'épuisement de l'ozone, la déforestation, les pluies acides et le réchauffement climatique, les environnementalistes ont fait pression pour une législation qui protège l'air, l'eau, les terres agricoles et les espèces en voie de disparition. Partout autour du monde, des millions d'hectares de terre ont été protégés sous forme de parcs et de réserves.

Trente ans plus tard, en 1992, le plus grand rassemblement de chefs d'État de l'Histoire avait lieu lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro au Brésil. Cet événement se voulait un signal comme quoi l'activité économique ne pouvait se poursuivre sans que soient considérées les conséquences écologiques. Cependant, les récessions, les explosions des bulles financières ainsi que les dizaines de millions de dollars, en provenance de corporations et de riches néoconservateurs, appuyant un discours cacophonique de climato-septique provenant d'experts de la droite et de groupes de réflexion, la protection de l'environnement en est venue à être décrite comme un frein à l'expansion économique.

Cette prédominance de l'économie sur l'environnement, voire la séparation entre les deux, arrive alors que l'humanité vit des changements profonds. Au cours du 20e siècle, nous sommes passés de quatre à six milliards (plus de sept milliards aujourd'hui), nous nous sommes déplacés des campagnes vers les villes, nous avons développé pratiquement toute la technologie que nous tenons pour acquise aujourd'hui et notre appétit pour la consommation, nourrie par une économie globale, a explosé. Nous sommes devenus une force nouvelle qui altère les propriétés physiques, chimiques et biologiques de la planète à une échelle géologique.

En créant des ministères dédiés, nous avons fait de l'Environnement un autre secteur, tout comme l'Éducation, la Santé et l'Agriculture. L'Environnement englobe tous nos champs d'activités, mais nous avons échoué à démontrer que nos vies, notre santé et nos gagne-pain dépendent totalement de la biosphère — l'air, l'eau, le sol, la lumière du soleil et la biodiversité. Sans eux, nous tombons malades et nous mourons. Cette perspective se reflète dans certaines pratiques spirituelles qui comprennent que tout est inter-relié ainsi qu'au sein de sociétés traditionnelles qui vénèrent la «Terre Mère» comme source de tout ce qui compte dans la vie.

Lorsque nous croyons que le monde entier est rempli de «ressources» illimitées, disponibles pour notre usage, nous agissons en conséquence. Cette vision «anthropocentrique» nous place au centre du monde qui tourne autour de nous. Alors, nous créons des ministères des Forêts, des Pêches et des Océans, de l'Environnement au sein duquel les ministres se soucient moins de la santé et du bien-être des forêts, des poissons, des océans et de l'environnement que des ressources et des économies qui en dépendent.

C'est presque un cliché que de référer à un «changement de paradigme», mais c'est ce dont nous avons besoin afin de relever le défi posé par les crises environnementales que notre espèce a créées. Cela veut dire adopter une vision «biocentrique» qui reconnait que nous faisons partie et sommes dépendants d'un tout vivant qui permet à la planète d'être habitable pour un animal exigeant comme nous.


LIEN EXTERNES:
Rachel Carson
Silent Spring
Programme des Nations Unies pour l'environnement
Sommet planète de la Terre

Mon éternelle question : que préférez-vous?
Ça :

Ou ça :
Photo : Ian Coristine
http://www.1000islandsphotoart.com/Albums/PhotoAlbums/tabid/422/AlbumID/1015-33/Default.aspx

19 novembre 2013

Sagesse, sagesse, sagesse

«Tu reconnais toujours le maître par la bonté de son regard.
Il est généralement le dernier à savoir qu’il est un maître.»
(Anonyme)

Je suis une inconditionnelle de Boucar Diouf; je l’aime.

Calendrier de sa tournée 2013/2014, nouveau spectacle : 
Pour des raisons X ou Y  

Tendre la main au voisin
Par Boucar Diouf

Mon père est un analphabète amoureux des vaches. Il les a surnommées affectueusement «les dieux au museau humide». Mener ses animaux brouter dans les pâturages a toujours été pour lui une source de plénitude. Aujourd’hui, papa n’est plus capable de se déplacer. Il y a quelques années, il s’est fait amputer le pied droit à cause d’une infection.

Quand j’ai appris la nouvelle, je l’ai appelé de mon bungalow à Longueuil. J’anticipais un immense découragement, mais, à mon grand soulagement, à l’autre bout du fil papa m’a dit : «Boucar, pour un inconditionnel des bovidés comme moi, finir sa vie avec un sabot est une forme de bénédiction. De toute façon, après 75 ans passés en Afrique, où l’espérance de vie dépasse rarement les 50 hivernages, je ne peux que remercier le Seigneur de m’avoir accordé autant de temps de prolongation.»

Cette sérénité face à la mort reste à mon avis le critère le plus important quand vient le temps d’évaluer si quelqu'un a réussi ou non sa vie. Dans mon ethnie, pendant les rites d’accompagnement des mourants, il y a cette période qu’on appelle tagasse, qu’on pourrait traduire par «vanter les mérites». C’est un temps qu’on prend pour rappeler au malade en fin de vie qu’il peut être fier de son passage sur cette Terre, que son empreinte restera gravée dans son village, comme en témoignent tous ses enfants et petits-enfants rassemblés pour l’occasion.

Mon père a apprivoisé la mort parce qu’il a consacré sa vie à sa communauté, à sa foi et, bien sûr, à ses vaches! C’est une vieille recette qui a fait ses preuves. Le philosophe grec Épicure ne recommandait-il pas de miser sur les plaisirs gratuits pour amoindrir la souffrance humaine? Si son affirmation est vraie, le culte de la consommation n’est-il pas un obstacle insurmontable pour qui veut voir arriver la mort avec sérénité? Ma grand-mère disait que le bonheur acheté était aussi volatil qu’un pet de lièvre dans une savane ouverte!

Comme biologiste, je crois que l’être humain a hérité d’une insatisfaction génétique qui le prédispose au malheur. Quand l’homme préhistorique dégustait du lièvre, le lendemain, il voulait de la gazelle et le surlendemain, il essayait de chasser le sanglier.

C’est pour ça qu’aujourd’hui une maison plus grande, une célébrité croissante ou de l’argent à jeter par les fenêtres n’y changent rien ; notre corps est programmé pour se lasser et demander autre chose. La recherche constante de nouveauté a contribué au développement de nos capacités cognitives. Mais autrefois génératrice d’intelligence, l’insatisfaction est devenue notre plus grande malédiction.

Dans la physiologie humaine, le circuit du plaisir et celui de la douleur sont souvent couplés. Par exemple, tomber en amour procure beaucoup de bonheur, mais quand un des partenaires se casse sans avertir, le plaisir cède la place à la douleur chez l’autre. Boire de l’alcool procure aussi une certaine plénitude, mais tous les alcooliques vous diront que le prix à payer est atrocement élevé. Ce système de récompense et de punition m’amène à penser qu’il est physiologiquement impossible de réussir sa vie en misant uniquement sur l’argent et la consommation.

Le psychologue David Myers, du Hope College dans le Michigan, a établi que le pouvoir d’achat moyen des Américains avait triplé depuis 1950. Pourtant le nombre d’Américains qui s’estiment heureux est resté inchangé. Bref, au-delà de ce qu’il faut pour combler les besoins de base de la famille que sont «manger, se loger et se soigner», la plus-value apportée par le surplus de pognon sur le bonheur est bien faible. Où se cache alors la solution?

Quand un bébé venait au monde dans mon village, grand-maman lui souhaitait toujours de la santé et de la compassion pour ses semblables. Un jour, je lui ai demandé pourquoi elle n’ajoutait pas la prospérité et le bonheur dans ses souhaits. Grand-maman m’a répondu : «Les gens qui veulent atteindre le bonheur par les possessions essaient d’éteindre un feu avec de la paille. En vérité, il y a trois catégories de personnes heureuses de cette façon. Il y a ceux qui ont tout pour être heureux, mais ne le sont pas souvent. Ceux qui cherchent le bonheur et ne le trouvent pas tout le temps. Enfin, il y a ceux qui disent avoir trouvé le bonheur, mais ne le conservent pas longtemps. Le bonheur, c’est regarder en bas pour mieux apprécier ce qu’on a, mais c’est surtout tendre la main à son voisin et partager ses joies et ses larmes, car en vérité, Boucar, si bonheur il y a sur cette Terre, c’est les autres. Alors je ne peux pas souhaiter à un poupon autre chose que de la santé et de la compassion pour ses semblables. Ce sont les deux ingrédients les plus importants pour réussir sa vie.»

Aujourd’hui, fort des enseignements de ma grand-mère, je peux affirmer que je chemine tranquillement sur la route qui mène à une vie réussie. J’ai une conjointe et des enfants formidables, ainsi qu’une grande famille avec laquelle je partage mes joies, mes peines et le surplus d’argent que la vie m’a généreusement confié. 

Source : Châtelaine, mars 2013

Il faut bien se rendre compte que la sagesse et l’intelligence ne s'apprennent que dans la vie! (Boucar Diouf )

Pour ne pas oublier Mégantic!

Reconstitution du déraillement de Lac-Mégantic. Photo : Découverte

Si vous avez accès à la zone, reportage complet jusqu’au 22 nov. sur tou.tv :
http://www.tou.tv/decouverte/S2013E11

Vidéos par thèmes : http://www.radio-canada.ca/emissions/decouverte/2013-2014/

Le fil des événements et l'incendie
Le déraillement et l'explosion d'un convoi pétrolier de la MMA à Lac-Mégantic le 6 juillet dernier ont coûté la vie à 47 personnes. L'incendie qui en a résulté a aussi entraîné d'énormes dommages matériels. Retour sur les événements et sur les opérations incendies qui ont permis d'éteindre l'un des plus gros brasiers d'hydrocarbures en Amérique du Nord. Un reportage de Danny Lemieux et Chantal Théorêt.


Les freins, les citernes et leur contenu et l'analyse métallurgique
Dans les heures qui suivent le déraillement de Lac-Mégantic, les enquêteurs du Bureau de la sécurité des Transports arrivent sur le terrain. Ils font face à un défi énorme. Dans un site dévasté, qui fait une trentaine d'hectares, ils doivent trouver les indices qui permettront d'élucider le mystère sur les causes de l'accident. Comment s'y prendront-ils? Un reportage d'André Bernard et Pier Gagné.

Environnement et contamination
Bien malgré elle, la municipalité de Lac-Mégantic est maintenant associée à l'une des catastrophes environnementales les plus importantes en Amérique du Nord. Voici le portrait de la contamination causée par 6 millions de litres d'hydrocarbures. 115 000 mètres cubes de sols contaminés doivent être déplacés sur un site temporaire; tout un défi logistique. En quatre mois, la municipalité est devenue le chantier de tous les superlatifs. Un reportage de Danny Lemieux et Chantal Théorêt.

Identification des victimes
Le train fou de Lac-Mégantic a fait 47 victimes. C'est un des accidents les plus meurtriers du Québec. Le brasier immense qui a suivi le déversement de pétrole a fait craindre le pire : l'impossibilité d'identifier des victimes. Or, malgré la déflagration, le bureau du coroner sera capable de confirmer, en un temps record, l'identité de la grande majorité des victimes. Comment l'expertise du laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale a-t-elle fait la différence? Un reportage d'André Bernard et Pier Gagné.

Cinq clés pour comprendre la tragédie de Lac-Mégantic
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/science/2013/11/15/002-lac-megantic-tragedie-cles-decouverte.shtml

Graphiques

Voyez aussi le libellé «Série noire».

14 novembre 2013

Jean-Patrick Bisson : aide humanitaire efficace à Bentayan!


Y’a encore de bonnes âmes sur cette planète.  
Triple bravo à Jean-Patrick Bisson!

«Difficile de regarder les images de détresse chez les sinistrés du typhon Haiyan et de ne pas ressentir le besoin d'aider ceux-ci. Jean-Patrick Bisson, qui vit et travaille en informatique à Cebu, épargnée par le typhon, s'est senti interpellé. Il a organisé une collecte de fonds, loué des camions, acheté des vivres et est allé les porter aux survivants de Bentayan, une petite île qui n'est pas sur le trajet de l'aide humanitaire internationale.»

Pour participer à sa collecte de fonds vous pouvez écrire à : jp@clickinglabs.com

Audio fil de l’interview :
http://www.radio-canada.ca/emissions/le_15_18/2013-2014/

(Source : Ici Radio Canada Première, émission 15-18)  

13 novembre 2013

Rob Ford serait-il narcissique?


En lisant l’article de Russ Federman (dont j’ai traduit un extrait), je n’ai pu m’empêcher de penser à Rob Ford, surtout en le voyant vendre des statuettes à son effigie, hum. Pas étonnant que le clan familial suggère au maire de se faire soigner physiquement (car comme le disait Guy A. Lepage «il est à un cheeseburger de la crise cardiaque») et psychologiquement, bien entendu. Combiné à l’alcool et aux narcotiques le trouble de personnalité narcissique est littéralement explosif. Malheureusement, il semble que ce problème soit quasi incurable. Triste sort. 

Je vous laisse juger…

Rekation entre narcissisme et trouble bipolaire
Différences, similitudes et synergie entre narcissisme et surestimation bipolaire
Russ Federman, Ph.D.

Quelqu'un qui présente des traits de personnalité narcissique peut être difficile à différencier de quelqu'un atteint d’un faible ou moyen trouble bipolaire (variations de l’humeur bipolaire moins aiguës) avec perception grandiose de soi. Même si les deux problèmes peuvent se ressembler, il est essentiel de clairement les distinguer l’un de l’autre.
( ... )

Narcissisme
(…)
Les origines du développement de la personnalité ne sont pas algorithmiques. Toutes les personnes qui ont de solides traits narcissiques n’ont pas toutes été soumises aux mêmes influences de développement. Cependant, il y a suffisamment de cohérence pathogène pour affirmer qu'ils ont fréquemment en commun un besoin d’être supérieurs aux autres, un sentiment d'insuffisance, un manque d'harmonisation aux figures parentales primaires, et un développement personnel confus et déformé. Pourtant, malgré son expérience déficitaire, l’individu narcissique a appris à tirer profit de ses atouts et de ses capacités spécifiques pour se distancier de ses vulnérabilités ou de ses faiblesses. Quand on y songe, il s’agit en fait d’une remarquable forme d’adaptation précoce.

Les individus narcissiques ont développé la capacité de gonfler, de développer et d’intensifier leurs points forts. Ils apprennent à s’adapter de telle sorte que leur sentiment d’infériorité et de vulnérabilité soit masqué par l’attitude contraire. Cela ne veut pas dire que les points forts du narcissique soient une imposture, mais plutôt qu’il s’investit fortement dans ses points forts pour se protéger ou contrebuter son sentiment d'insuffisance. Temporairement, tout le monde se laisse dupé par ce comportement compensatoire, y compris l'individu derrière le masque narcissique.

Un autre aspect de la perception de soi narcissique implique la surestimation. (…) Ce sentiment est tout à fait cohérent avec le sentiment d'inadéquation et le besoin d'évitement. L'évitement même ne peut s’obtenir qu’en investissant dans une image  grandiose de soi qui procure une distance réconfortante d’avec la réalité opposée.

Qu'y a-t-il de mal avec cette image? Qui ne préférerait pas se sentir grand plutôt que petit, puissant plutôt que vulnérable, magistral au lieu d’inapte? Mais le dilemme, c'est que le narcissique doit investir intensément dans son système de défense, car toute fissure dans l'armure peut conduire à un effondrement précipité de soi, intolérable. La structure de la personnalité n’a pas de souplesse, et l'individu est enclin à ressentir facilement une souffrance aiguë si son comportement narcissique ne fonctionne pas assez bien pour obtenir l'amour, l'admiration, le pouvoir ou le contrôle qu’il recherche. Cette douleur, provoquée par l'effondrement rapide de ses moyens de défense, est ce que nous appelons la «blessure narcissique».

La triste conséquence du comportement narcissique est que, en général, les gens préfèrent et apprécient les personnes dont la personnalité n'exclut pas vulnérabilité. Les individus qui ont constamment besoin de louanges et d'adulation pour consolider leur estime de soi et ainsi éviter leur sentiment d'inadéquation peuvent également être aliénants dans leurs relations interpersonnelles, et c'est là qu'ils perdent. Il est triste de constater que la stratégie utilisée pour se valoriser auprès des autres crée involontairement une déconnexion plutôt qu’un rapprochement basé sur l’intérêt et l’engagement. Si nous réalisions que l'inflation narcissique de l'individu reflète simplement sa peur d’être petit et inapte, alors nous pourrions tous mieux comprendre sa triste situation.

Un autre point qui nous aidera à mieux différencier les symptômes du narcissisme de ceux de la bipolarité – généralement, la personnalité narcissique ne bénéficie pas de rémission. On peut voir les niveaux d'intensité varier, mais le narcissisme est en soi un type de personnalité durable. Avec suffisamment de perspicacité, de motivation et de prise de conscience, elle peut se modifier, généralement par la psychothérapie, mais elle se résout rarement; elle reste latente pour revenir ultérieurement. Ceci est important lorsqu’on considère les différences entre narcissisme et trouble bipolaire.

Le travail thérapeutique avec l’individu narcissique consiste à l'aider à s’ouvrir progressivement à l'expérience d'insuffisance dont il cherche à se distancier. Ce n'est pas une petite aventure. Vous voyez, les caractéristiques pathogènes d’une personnalité ont à voir avec la façon dont elle a réussi à survivre à sa propre douleur. Pour plusieurs, l’idée de renoncer ou de modifier légèrement leur comportement est réellement menaçant en raison de la douleur émotionnelle qui doit rester sous couvert. Lorsque la personne apprend à apprivoiser les aspects de soi douloureux et reniés, elle peut ensuite progressivement les intégrer à son expérience. S’il réussit, l'individu n'a plus besoin de maintenir son ou ses comportements compensatoires.

La bonne nouvelle, c'est que les points forts et les capacités de l'individu n'ont pas besoin d'être abandonnés. En fait, c'est plutôt le contraire. Quand elles ne servent plus à l'autodéfense, les forces et les capacités sont entièrement libérées puisqu'elles peuvent être utilisées pour autre chose que compenser. La rigidité peut commencer à s'estomper. L'individu peut commencer à réaliser qu’il n’est pas surhumain. Lorsque cette réalité n’effraie plus le narcissique, il peut alors accepter sa vulnérabilité, qui par ailleurs est commune à tous. 

Source (article complet) :
http://www.psychologytoday.com/blog/bipolar-you/201310/the-relationship-between-narcissism-and-bipolar-disorder  

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Il existe de nombreuses descriptions du narcissisme. Il s'agit d'un trouble complexe qu’il faut différencier des autres troubles de personnalité tels que borderline, control freak, sociopathie, etc. Le narcissisme est associé à l’orgueil, l'ambition, la vanité, l'égocentrisme, la fatuité, l’obsession, etc. Voici les critères du DSM servant à diagnostiquer le trouble de personnalité narcissique (le patient doit présenter au moins cinq des symptômes) :
«Il s'agit d'un mode général de fantaisies ou de comportements grandioses, de besoin d'être admiré et de manque d'empathie qui sont déjà présents au début de l'âge adulte et dans des contextes divers, comme en témoignent au moins cinq des manifestations suivantes :
1. Le sujet a un sens grandiose de sa propre importance (p. ex., surestime ses réalisations et ses capacités, s'attend à être reconnu comme supérieur sans avoir accompli quelque chose de tangible);
2. est absorbé par des fantaisies de succès illimité, de pouvoir, de splendeur, de beauté ou d'amour idéal;
3. pense être «spécial» et unique et ne pouvoir être admis ou compris que par des institutions ou des gens spéciaux et de haut niveau;
4. besoin excessif d'être admiré;
5. pense que tout lui est dû : s'attend sans raison à bénéficier d'un traitement particulièrement favorable et à ce que ses désirs soient automatiquement satisfaits;
6. exploite l'autre dans les relations interpersonnelles : utilise autrui pour parvenir à ses propres fins;
7. manque d'empathie : n'est pas disposé à reconnaître ou à accueillir les sentiments et besoins d'autrui (mensonges, chantages, violence verbale, etc.);   
8. envie souvent les autres, et croit que les autres l'envient
9. fait preuve d'attitudes et de comportements arrogants et hautains.
       Des traits de personnalité narcissiques peuvent aussi être présents sans être suffisamment sévères ou nombreux pour constituer un trouble de la personnalité.
       Les traits narcissiques peuvent aussi être combinés à d'autres traits indésirables socialement. Des chercheurs ont proposé un concept de triade noire de la personnalité qui inclut le narcissisme, le machiavélisme et la psychopathie. Un concept de tétrade noire ajoute le sadisme.»

COMMENTAIRE

Il est clair que notre civilisation moderne présente tous les traits de la personnalité narcissique. Les médias et les magazines encouragent même le narcissisme à tous crins, de sorte qu’il est profondément ancré dans nos mœurs. La vanité, l’intérêt personnel, l'égoïsme et l’ambition démesurés ont-il des leçons à nous apprendre, notamment nous faire comprendre les conséquences désastreuses de ce miasme collectif qui a atteint son paroxysme?

10 novembre 2013

Pour éviter la fin du monde



Pour éviter la fin du monde
Entrevue avec Lanza del Vasto
[Extrait] 

Q. : Que pensez-vous de la non-violence?
R. : Ce que le monde pense, c’est qu’elle consiste à ne rien faire ou à se laisser faire. Mais c’est tout le contraire qui est vrai. La non-violence est une façon active de combattre le mal. Dire non à la violence sans y opposer une contre-violence. Dire non à l’injustice sans commettre d’injustice.
       Il faut alors trouver des méthodes, mais probablement qu’aucun de nous serait capable de les trouver lui-même. Alors que faire? Comment s’y prendre?
       Remarquons que c’est à l’époque de la bombe atomique que s’est révélée la puissance de la non-violence.

Q. : Y a-t-il des méthodes non-violentes?
R. : Naturellement, il y a une méthode non-violente et une technique de la non-violence. Mais ce n’est pas un truc, une ingénieuse trouvaille pour se tenir à l’abri des coups. C’est, comme dit un philosophe italien, «une manière de faire qui découle d’une manière d’être».

Q. : Vous parlez souvent d’une manière d’être comme s’il s’agissait de quelque chose de fondamental.
R. : Bien entendu que c’est fondamental! Si vous n’agissez pas selon votre être, vous êtes un menteur et généralement, votre action manque d’efficacité. Mais pour la non-violence, je trouve qu’il est assez bon et assez consolant de penser qu’elle manque d’efficacité dès qu’elle manque de vérité. C’est pourquoi Gandhi l’a appelée «force de la vérité».

Q. : Selon vous, est-ce qu’il y a des natures violentes et d’autres non-violentes?
R. : Je dirais qu’il y a deux façons «d’être naturellement». On peut être violent ou lâche, et généralement, on est violent et lâche. Tout le monde est violent et lâche à divers degrés. La non-violence n’est pas naturelle. Elle est un effort pour se sortir de ces deux états. Tant celui de la violence que celui de la lâcheté. Je dirai même que le non-violent est plus opposé au lâche qu’au violent et que son pire ennemi, c’est l’inertie, la neutralité. Les violents, on peut les retourner. On pourrait dire que la non-violence est une violence convertie, une force de colère qui sait se contenir et trouver sa voie. C’est une conversion de la colère en amour.

Q. : Selon vous, la violence dépend de quoi?
R. : La violence est dans la nature… Il faudrait en donner une bonne définition pour ne pas la confondre avec la force. Il y a des violences qui ne déploient aucune sorte de force. Par exemple, l’hypocrisie.
       Quant à la force, c’est la meilleure chose au monde; la force, c’est l’être, c’est la vertu. De la faiblesse, il n’y a rien de bon à attendre. Mais la violence, c’est l’abus de la force, comme disent les Latins : «Rien n’est pire que l’abus de la meilleure chose». On prétend défendre la justice par la force : c’est une erreur. Dès que l’on use de la force, on fausse tout. Si l’on veut la justice, il faut arriver à ce qu’elle s’impose d’elle-même. Mais nous ne sommes pas sûrs d’avoir la justice ni d’avoir la vérité et nous ne voulons forcer les autres à faire ou à penser comme nous. Nous sommes doublement dans l’erreur. Les victoires de la violence sont des illusions.

Q. : Dans une relation entre deux personnes, par exemple, un couple, la non-violence serait de ne jamais forcer l’autre à faire ce que l’on veut lui voir faire. Comment cela se concrétise-t-il?
R. : Tout simplement comme ceci : vous arrivez à faire faire à l’autre ce que vous voulez qu’il fasse – si toutefois ce que vous voulez est vrai et juste – par un moyen non-violent, c’est-à-dire en le persuadant. Vous pouvez le persuader par des paroles et lui faire entendre raison. Mais aussi, parfois, vous ne le pouvez pas. C’est alors que commence la non-violence, c’est-à-dire la persuasion par les actes. De façon qu’elle arrive à comprendre elle-même qu’elle ne peut pas continuer. Quelque chose bascule en elle et elle s’arrête.

Q. : Mais dans un couple, ne doit-il pas y avoir deux personnalités fortes? Ne doit-il y pas avoir deux forces égales?
R. : La non-violence, telle que nous l’avons définie, n’a pas de raison d’être pour le couple, si ce n’est pour un couple en discorde, ce qui est fréquent, mais non pour autant normal.

Q. : Vous avez dit de belles choses sur l’amour… Vous vous êtes marié à un âge assez avancé : qu’est-ce qui fait que l’amour devienne un jour important pour vous au point de vous décider à le faire?
R. : C’est que, tous deux, nous allions dans le même sens. D’ailleurs, c’est un conseil que je donnerais à tous les couples. Ne vous regardez pas trop l’un l’autre; regardez tous les deux dans la même direction. Alors vous vous aimerez vraiment d’un amour durable.

Q. : Les différences de nature…?
R. : Les différences de nature sont faites pour se compenser. L’amour est toujours un jeu entre les similitudes et les différences. Si nous étions tout à fait semblables, nous ne pourrions jamais nous aimer. Tout à fait dissemblables, nous ne le pourrions pas non plus. Il faut la juste mesure qui donne du relief. Pourquoi avoir deux yeux? Parce que les yeux voient la même chose, mais de façon légèrement différente : c’est ce qui donne du relief à l’image. Et un couple, c’est deux yeux qui regardent une même image. Une façon masculine et une autre féminine. Chacun voyant selon sa nature.

Q. : Si chacun suit sa propre nature, comment l’entente est-elle possible?
R. : Chacun n’a-t-il pas deux natures : une nature masculine et une autre féminine, tant chez l’homme que chez la femme? La différence des sexes n’est pas une affaire de oui ou non mais de plus ou moins. Ces deux natures sont des pôles, non des objets. Entre les pôles, il y a communication. Sans eux, il n’y aurait pas de vibration ni de courant.

Q. : Vous dites qu’il y a deux natures dans une même personne?...
R. : Certes! Même le corps en porte des traces : votre main droite et votre main gauche ne sont pas du même sexe. La main droite est de nature masculine, celle de la volonté; la gauche est de nature féminine, celle du sentiment.

Q. : Quel serait alors l’apport féminin dans le couple?
R. : La femme est évidemment plus sensible; elle voit avec sa sensibilité. L’homme, lui, réagit davantage avec son intelligence et sa volonté. Les deux dimensions forment un tout.

Q. : Que faut-il faire pour qu’il n’y ait pas de violence du tout?
R. : Une part de nature, une part de grâce et une part de volonté : il faut que ces trois éléments travaillent ensemble.

Q. : Êtes-vous contre le struggle for life, cet esprit des gens combatifs? Est-ce qu’il ne faut pas une certaine dose de combativité dans le monde où nous vivons?
R. : Nous avons pensé à la non-violence religieuse parce que nous avons souffert de cette contradiction à savoir que la religion devient une source de division. Pour nous la religion, c’est l’adoration de l’Un, de l’unité, de l’union. Nous considérons donc toute dispute religieuse comme quelque chose d’irréligieux. Comment concilier la fidélité à une religion et l’ouverture à toutes les autres?
(…)
Il y a de la contestation ici comme ailleurs. Le plus terrible serait qu’il n’y en eût pas. Je connais des pays où le problème de la contestation ne se pose pas : il n’y a pas de réaction, il n’y a rien.
(…)
Oui, il faut de la combativité, si on veut l’employer dans un sens positif. Et l’une des façons positives est justement la non-violence, qui est elle-même une forme de lutte pour la justice.

Q. : Faut-il tendre l’autre joue quand on nous gifle? Est-ce possible aujourd’hui?
R. : C’est non seulement encore possible, mais c’est la vraie méthode. Pas seulement pour les gifles – car toutes les violences ne se résument pas à des gifles, mais à de grandes luttes humaines, luttes de classes ou de races, de nations. (…) La justice n’est pas seulement une question de raison : c’est aussi un instinct, celui d’équilibre. Si tu lui rends sa gifle, si tu fais cette bêtise, vous allez vous battre. Qui gagnera? Le plus fort. Si tu veux que le plus juste gagne et non le plus fort, il faut que tu dégages la force de la justice. La force de la justice réside dans le cœur de l’homme : il faut que tu éveilles chez ton ennemi le sens de la justice qui est en lui. Elle est sûrement en lui, car elle est en tout homme; elle doit y être, et il faut que tu lui donnes l’occasion de se manifester. Tu ne pourras lui en donner l’occasion qu’en l’invitant à redoubler, à tripler, à quintupler l’injustice, jusqu’à ce qu’elle bascule.

Q. : Cela fait beaucoup d’injustices…
R. : Oui, mais seul l’excès des injustices accumulées toutes du même côté permet de renverser la situation. Naturellement,  tu dois les supporter et ne pas te plaindre. (…)

Q. : Mais si je me laisse marcher sur les pieds, est-ce que je n’encourage pas le mépris de l’autre?
R. : Tu l’encourages dans un premier temps. Mais tu forces son respect par la manière dont tu supportes ce qu’il piétine. Il finira par se poser des questions et par s’apercevoir que tu n’as aucune crainte de lui.

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Le pardon c’est le parfum que la violette répand sur le talon qui l’a écrasée.
[Forgiveness is the fragrance the violet sheds on the heel that has crushed it.]
~ Mark Twain*  

* Voyez le message ci-après.

Guerre et civilisation selon Mark Twain

Retour de ce florilège Mark Twain, d’une criante pertinence… 

À baïonnettes ou à drones, même triste scénario guerre après guerre. À noter que l’invasion territoriale peut se faire de façon beaucoup plus sournoise maintenant.


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GUERRE

Si la notoriété ne s’obtient que devant la bouche d’un canon, je suis disposé à y aller, à la condition que le canon soit vide. S'il est chargé, mon immortel et inflexible but restera de sauter la clôture et de rentrer chez moi.
~ "Mark Twain as a Presidential Candidate", 1879

La guerre n’est rien d’autre qu’un massacre d’étrangers envers qui vous ne ressentez aucune animosité personnelle; des étrangers qu’en d'autres circonstances vous aideriez s’ils avaient des problèmes et qui vous porteraient secours si vous en aviez besoin.
~ "The Private History of the Campaign That Failed"

Une paix sans gloire vaut mieux qu’une guerre déshonorante. 
~ "Glances at History" 1906

Les hommes d’État inventeront de faux prétextes et blâmeront la nation assiégée; et chacun apaisera sa conscience avec ces faussetés, les étudiera diligemment et refusera d'examiner toute contestation. Ainsi l’on se convaincra bientôt que la guerre est justifiable, et l’on remerciera Dieu de nous laisser dormir en paix grâce à ce grotesque processus d’aveuglement.
~ "Chronicle of Young Satan" 

L'homme est le seul animal qui donne dans l’atrocité des atrocités : la Guerre. Il est le seul qui rassemble ses frères pour aller calmement exterminer ses pairs de sang froid. Il est le seul animal qui, pour un salaire minable, marche et tue des étrangers de sa propre espèce qui ne lui ont fait aucun mal et avec lesquels il n'est pas en conflit. Et pendant les intervalles entre les guerres, il lave le sang de ses mains en travaillant pour la «Confrérie universelle de l’homme».
~ “What Is Man?”

Bientôt, quand les nations posséderont 20 000 navires de guerre et 5 millions de soldats, nous serons saufs, et cela confirmera la sagesse de la diplomatie.
~ “Mark Twain’s Notebook”, 1902

L’armement n’a pas été créé pour protéger les nations mais pour les asservir.
~ “Letter to Baroness von Suttner”, 1898

Avant d’avoir eu l’occasion de participer à une autre guerre, le désir de tuer des gens à qui je n'avais pas été présenté avait disparu.
~ Autobiography of Mark Twain;
A wanton waste of projectiles, The Art of War speech, 1881

CIVILISATION

La seule distinction notoire entre l’homme moyen civilisé et le sauvage moyen est que l’un porte des guêtres et que l’autre se peint.
~ “Mark Twain’s Notebook”

La civilisation est la multiplication illimitée de nécessités inutiles.
~ “More Maxims of Mark”

Je viens de lire le quotidien. Je le fais à chaque matin – sachant très bien que je vais y trouver les habituelles dépravations, bassesses, hypocrisies et cruautés qui font la civilisation; de sorte que je passerai le reste de la journée à supplier pour que la race humaine soit damnée. Mes prières ne semblent pas exaucées, mais je ne désespère pas.
~ Letter to William Dean Howells”, 1899

Il y a plusieurs choses cocasses dans ce monde; parmi elles, la notion que l’homme blanc est moins sauvage que les autres sauvages.
~ “Following the Equator”

Peu importe qu’il soit blanc, noir, jaune ou indien. Il suffit qu’il soit homme, il ne peut rien être de pire.
~ Mark Twain

Chaque civilisation porte les semences de sa propre destruction, et ce cycle apparaît dans toutes les civilisations. Une République naît, s’épanouit, se délabre dans la ploutocratie, puis, un cordonnier s’en empare à l’aide de mercenaires et de millionnaires qui feront de lui un souverain. Les gens créent leurs oppresseurs, et les oppresseurs occupent la fonction pour laquelle ils ont été créés.
~ “Eruption”

Je pense que notre civilisation est une pauvre chose de très mauvaise qualité, bourrée de cruauté, de vanité, d’arrogance, de petitesse et d’hypocrisie.
~ “Biography”

La civilisation consiste largement à camoufler la nature humaine. Lorsqu’un barbare apprend à la camoufler on le considère illuminé.
~ “Remenber”

Les civilisations ne sont pas des réalités, ce sont des rêves; des rêves de l’esprit, non pas du cœur, et ainsi, elles sont fictives et périssables; elles n’ont jamais influencé le cœur et n’engendrent donc aucun progrès valable. En réalité, le cerveau humain n’est pas plus évolué qu’il ne l’était en Égypte il y a 10 000 ans.
~ “Letter to Carl Thalbitzer”, 1902

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4 novembre 2013

Cahin-caha


La plupart des gens
n’écoutent pas
avec l’intention
de comprendre;
ils écoutent
avec l’intention
de répondre.

Voilà sans doute pourquoi les réponses des politiciens sont souvent «à côté de la plaque».  

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Vu la popularité de la série Breaking Bad (Le chimiste), j’ai regardé quelques épisodes – les premiers, pour comprendre le scénario, puis quelques autres au hasard des saisons.
       On dit que les gens coincés financièrement se tournent volontiers vers le trafic de narcotiques (devenir pharmacien serait mieux, au moins c’est légal…) dans l’espoir de gagner de grosses sommes facilement. Beaucoup d’argent rapidement, peut-être (dans le meilleur des cas), mais facilement?
       Le chimiste travaille très fort pour fabriquer ses stupéfiants, en gérer la vente avec les dealers, et protéger ses recettes et son anonymat contre la justice. Prisonnier de la peur, du mensonge, des tromperies, complots et tueries… La facture en torture psychologique doit être colossale. La récompense vaut-elle l’effort? Mais bon, dans ce cas-ci, on peut comprendre que le héro en phase terminale souhaite épargner sa famille de la misère après son décès, mais, les moyens restent très discutables…  

Par analogie, le personnage constitue à lui seul un portrait de notre société.

Organigramme du Bilan final des morts dans Breaking Bad :


Source :
http://www.brainpickings.org/index.php/2013/10/08/best-american-infographics-david-byrne/

How to Be an Educated Consumer of Infographics: David Byrne on the Art-Science of Visual Storytelling; by Maria Popova
Cultivating the ability to experience the “geeky rapture” of metaphorical thinking and pattern recognition. Flowcharts have a singular way of living at the intersection of the pragmatic and the existential.

L’histoire du chimiste me fait penser à cette fable : 

Le Savetier et le Financier
Jean de La Fontaine (1621-1695)

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages,
Plus content qu'aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an? - Par an? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année :
Chaque jour amène son pain.
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée?
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chommer; on nous ruine en Fêtes.
L'une fait tort à l'autre; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
Plus de chant; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.

2 novembre 2013

Ne craignez rien


«Ne vous en faites pas – personne ne dit que vous n’avez pas droit à votre opinion religieuse et de vénérer comme vous voulez.
Cependant, nous entendons nous assurer que vous ne légiférerez pas d’après votre opinion religieuse.
Nous sommes une Démocratie, non pas une Théocratie.»
~ Opinionated Democrat 


Vos idées sur la façon de devenir libre
Gerry Spence
Le 4 mai 2011 (195 commentaires)

J'ai proposé un dialogue sur la façon dont nous pourrions nous libérer de nos maîtres. Je cherche une stratégie, une approche, un mouvement, un son, une action, un mot universel, pouvant être adopté par tous les esclaves qui veulent se libérer.

Bien sûr, le problème est que la plupart des esclaves ne reconnaissent pas leur état de servitude. La plupart croient qu'ils sont libres, puisque, en tant que travailleurs, ils ont la liberté de passer d'un maître d’esclaves à un autre. Plusieurs trouvent la notion d'esclavage trop effrayante pour tenter de la comprendre. Et nombreux sont ceux qui souhaitent grimper sur l'échelle de l'esclavage afin d’obtenir un statut d’esclave supérieur, c'est-à-dire, avoir une position de plus grand pouvoir et de richesse.

Donc, deux conditions doivent être réunies avant d’envisager la voie de la liberté :
- la première est de reconnaître notre statut d’esclave
- la deuxième est de désirer être libre.

http://gerryspence.wordpress.com/2011/05/04/your-thoughts-on-how-to-become-free/

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Citation du jour :

L’esclave n’a qu’un maitre. L’ambitieux en a autant qu’il y a de gens utiles à sa fortune.
~ La Bruyère