4 novembre 2013

Cahin-caha


La plupart des gens
n’écoutent pas
avec l’intention
de comprendre;
ils écoutent
avec l’intention
de répondre.

Voilà sans doute pourquoi les réponses des politiciens sont souvent «à côté de la plaque».  

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Vu la popularité de la série Breaking Bad (Le chimiste), j’ai regardé quelques épisodes – les premiers, pour comprendre le scénario, puis quelques autres au hasard des saisons.
       On dit que les gens coincés financièrement se tournent volontiers vers le trafic de narcotiques (devenir pharmacien serait mieux, au moins c’est légal…) dans l’espoir de gagner de grosses sommes facilement. Beaucoup d’argent rapidement, peut-être (dans le meilleur des cas), mais facilement?
       Le chimiste travaille très fort pour fabriquer ses stupéfiants, en gérer la vente avec les dealers, et protéger ses recettes et son anonymat contre la justice. Prisonnier de la peur, du mensonge, des tromperies, complots et tueries… La facture en torture psychologique doit être colossale. La récompense vaut-elle l’effort? Mais bon, dans ce cas-ci, on peut comprendre que le héro en phase terminale souhaite épargner sa famille de la misère après son décès, mais, les moyens restent très discutables…  

Par analogie, le personnage constitue à lui seul un portrait de notre société.

Organigramme du Bilan final des morts dans Breaking Bad :


Source :
http://www.brainpickings.org/index.php/2013/10/08/best-american-infographics-david-byrne/

How to Be an Educated Consumer of Infographics: David Byrne on the Art-Science of Visual Storytelling; by Maria Popova
Cultivating the ability to experience the “geeky rapture” of metaphorical thinking and pattern recognition. Flowcharts have a singular way of living at the intersection of the pragmatic and the existential.

L’histoire du chimiste me fait penser à cette fable : 

Le Savetier et le Financier
Jean de La Fontaine (1621-1695)

Un Savetier chantait du matin jusqu'au soir :
C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages,
Plus content qu'aucun des sept sages.
Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
Si sur le point du jour parfois il sommeillait,
Le Savetier alors en chantant l'éveillait,
Et le Financier se plaignait,
Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
Comme le manger et le boire.
En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit : Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an? - Par an? Ma foi, Monsieur,
Dit avec un ton de rieur,
Le gaillard Savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte; et je n'entasse guère
Un jour sur l'autre : il suffit qu'à la fin
J'attrape le bout de l'année :
Chaque jour amène son pain.
- Eh bien que gagnez-vous, dites-moi, par journée?
- Tantôt plus, tantôt moins : le mal est que toujours;
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes,)
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
Qu'il faut chommer; on nous ruine en Fêtes.
L'une fait tort à l'autre; et Monsieur le Curé
De quelque nouveau Saint charge toujours son prône.
Le Financier riant de sa naïveté
Lui dit : Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus : gardez-les avec soin,
Pour vous en servir au besoin.
Le Savetier crut voir tout l'argent que la terre
Avait depuis plus de cent ans
Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui : dans sa cave il enserre
L'argent et sa joie à la fois.
Plus de chant; il perdit la voix
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
Le sommeil quitta son logis,
Il eut pour hôtes les soucis,
Les soupçons, les alarmes vaines.
Tout le jour il avait l'oeil au guet; Et la nuit,
Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent : A la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus !
Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
Et reprenez vos cent écus.

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