26 mars 2013

Dans l’œil de la baleine

Étranges les hasards, les synchronicités ou les coïncidences – le nom qu’on donne à ces choses-là est sans importance; il reste que parfois elles nous saisissent.

Hier soir j’écoutais Éric Le Reste (réalisateur-coordonnateur du journal télévisé de Radio Canada) qui racontait comment il avait intégré sa pratique du Raja Yoga à son quotidien. Une des choses qui m’a frappée, c’est son expérience de contact avec une baleine. Non textuel : À un certain moment, il voguait sur le fleuve Saint-Laurent avec une amie. Une baleine s’est approchée. Elle a ouvert la paupière et l’a regardé droit dans les yeux : «Je savais que c’était moi qu’elle regardait, non pas mon amie», disait-il. Soudain submergé par un sentiment d’amour indescriptible, comme si tout l’amour de l’univers était inclus dans l’œil de la baleine, il avait eu l’impression qu’elle lui disait «ne t’inquiète pas, tout ira pour le mieux». Un genre d’épiphanie… ou de «life changing moment». L’état de grâce a duré quelques jours, et par la suite sa perception de la vie a radicalement changé.

Comme je n’ai pas de téléviseur, j’ai regardé Découverte sur tou.tv, juste après avoir écouté ce témoignage. Et l’étrange coïncidence, c’est qu’à la fin du reportage, Jean Lemire, qui avait nagé à proximité des baleines avec ses coéquipiers, concluait ainsi : «Incroyable, des rencontres comme ça, je peux mourir demain.»

On dit que personne ne peut plonger son œil dans celui d’une baleine sans être profondément bouleversé. 

Beaucoup de gens ont vécu des expériences similaires (mais pas avec des baleines – j’aurais bien aimé!), et je suis persuadée que ce sera de plus en plus fréquent en raison du changement de paradigme actuel. Et en effet, «ces moments d’éternité s’incrustent dans notre mémoire à jamais», comme le dit Jean Lemire.

Photo : Glacialis Productions

Résumé du dernier reportage de 1000 jours pour la terre ci-après.
À voir si vous avez accès à la zone : http://www.tou.tv/decouverte/S2012E29

Les grands migrateurs océaniques
Par Jean Lemire
http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/journaux-de-bord/409/les-grands-migrateurs-oceaniques 

Dimanche, 18 h 30, à l’émission Découverte de Radio-Canada, vous pourrez voir le troisième volet de notre série télévisuelle 1000 jours pour la planète. Cet épisode vous transportera dans le monde fascinant des baleines. En République Dominicaine, nous avons partagé l’univers sous-marin des rorquals à bosse. Chassées jusqu’au seuil de l’extinction, les baleines ont été sauvées par une formidable mobilisation populaire dans les années 1970. Aujourd’hui, à l’exception de certains pays qui chassent encore au nom de la science ou d’une certaine culture, les baleines sont protégées et plusieurs espèces profitent de cette protection pour proliférer dans les océans de la planète. L’humanité, quand elle se mobilise, peut accomplir de grandes choses! Mais il nous faut demeurer vigilants puisque les campagnes dites « scientifiques » de certains pays continuent de chasser certaines espèces de baleines, comme les rorquals communs et les petits rorquals, notamment en Antarctique.

Nous avons eu la chance de nager avec les derniers géants de notre planète. À quelques mètres à peine de ces Léviathans, nous avons plongé notre regard dans celui d’une baleine surprenante, un baleineau curieux qui est venu jouer avec nous. La mère, imposante, avec ses 45 tonnes, est venue chercher son veau un peu trop curieux, en s’interposant entre nous et son rejeton. Sans agressivité, elle s’est doucement faufilée entre nos plongeurs, évitant tout contact. Un petit moment d’éternité, qui demeurera à tout jamais dans le cœur et l’âme de ceux et celles qui ont partagé ce moment privilégié.

Il est difficile d’exprimer en mots cette relation particulière entre les humains et les baleines. Dans le film, nous avons essayé de vous faire vivre l’émotion de cet instant unique, en silence, pour ressentir l’intensité de la situation.

Dans le film, nous partons aussi à la recherche des fameux continents de plastique. Avec les scientifiques du Sea Education Association, nous prélevons des échantillons de plastique récoltés au large des Bermudes. Oui, malheureusement, l’océan Atlantique a aussi son continent de plastique, découvert récemment, et dont les concentrations s’apparentent à celui situé au nord-est d’Hawaï, dans le Pacifique. D’ailleurs, on utilise à tort le terme « continent » de plastique. On devrait plutôt parler d’une « soupe » de plastique, puisque les fragments de plastique sont souvent minuscules, flottant entre deux eaux.

Certes, certains éléments se déplacent en surface et sont trop souvent confondus pour de la nourriture. Sur l’atoll de Midway, dans le Pacifique, vous verrez les conséquences désastreuses de ces concentrations de plastique. Les albatros confondent le plastique avec de la nourriture et servent jusqu’à cinq tonnes de plastique à leurs oisillons chaque année. Une brosse à dents, une balle de golf, des briquets, les déchets s’accumulent dans les estomacs des oisillons et menacent la survie de cette espèce vulnérable.

Les nouveaux défis de conservation de nos océans sont nombreux. Mais nous pouvons les relever. La problématique du plastique est un défi à notre portée. Pas besoin de technologie nouvelle, ou de changement important de nos comportements. Une simple et saine gestion de nos déchets pourrait réduire de façon considérable notre impact sur la chaîne alimentaire. Dans l’océan Pacifique seulement, on estime qu’entre 12 000 et 24 000 tonnes de plastique sont consommées par les poissons, chaque année!

Il faut s’inspirer de nos victoires en matière de conservation pour repenser notre relation avec la nature. Nous l’avons fait pour les baleines. Nous devons le faire pour le plastique!

Photo : Jean Lemire

Un bouchon à la mer
Par Marika D'Eschambeault

Sur le bord d’une plage de la côte ouest américaine, un joggeur assoiffé vide le contenu de sa bouteille d’eau en plastique et la dépose dans une poubelle trop pleine. La bouteille perd l’équilibre et se retrouve par terre. En percutant le sol, le bouchon se détache et est emporté par un coup de vent. Plouf! Il tombe dans l’eau et flotte près du rivage quelques jours. Puis, entraîné par le courant, il entame une longue dérive qui le mènera, des années plus tard, de l’autre côté de l’océan Pacifique près des îles Midway où il sera repêché par le bec d’une mère albatros de Laysan. Le destin de ce bouchon pourrait bien être l’estomac d’un albatros juvénile, où il occupera une place normalement réservée à un calmar. L’albatros juvénile mourra, mais le bouchon de plastique survivra…

Migrateurs malgré eux, d’innombrables bouchons et autres objets de plastique colonisent les océans du monde. Charles Moore, le chercheur ayant découvert le « continent de plastique » du Pacifique Nord, nous en fait la démonstration dans une courte vidéoconférence éloquente.

Daphné et moi décrochons les kayaks du flanc tribord du Sedna IV. La chasse au plastique flottant dans le port de Papeete est ouverte. En moins d’une heure, nous pêchons deux sacs de plastique, quatre bouteilles d’eau et de multiples emballages flottants. La vue de ces déchets obscurcit l’image du paradis immaculé de Tahiti.

Des images comme celles-là, jumelées à celles des albatros entourés de débris de plastique sont désolantes. Et si nous combattions le sentiment d’impuissance par l’action? Aujourd’hui, je vous propose une petite expérience et vous lance un défi. Vous êtes partants? Au signal, regardez autour de vous et trouvez dix objets de plastique.

GO!

Vous êtes déjà revenu? Parions que vous avez quitté ce journal des yeux pendant moins d’une minute! Nous sommes entourés de plastique, accros à cette matière utile qui simplifie notre quotidien et se moule sous toutes les formes inimaginables. Plusieurs de ces objets de plastique ne se recyclent pas et plus de la moitié de ceux que nous consommons sont utilisés une seule fois.

Déjà, nous sommes légion à faire la guerre au sac de plastique avec des contenants réutilisables, heureux de dire « non merci, j’ai mon sac ». Une seule visite au supermarché est nécessaire pour constater à quel point ce geste est maintenant intégré à nos valeurs. La dernière fois que j’ai oublié mon sac, j’avoue m’être sentie coupable. Signe clair du changement de nos habitudes.

Dès maintenant, il est temps de déclarer la guerre aux bouteilles de plastique. C’est le défi que je nous lance. Au nom des albatros, des tortues marines et de tous ces autres animaux qui subissent les assauts de nos objets de plastique, je vous invite dès lors à vous munir d’une bouteille réutilisable. Un bouchon à la fois… Nous avons le pouvoir d’arrêter ce fléau à sa source et de changer le futur des paysages côtiers de la planète! Vous êtes prêts à relever le défi? Cliquez « j’aime » au bas de cette page pour vous engager. Ainsi, nous verrons si ensemble, nous arriverons à faire des vagues!

http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil

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