31 mars 2013

De circonstance

Au temps des missions évangéliques…

Pourquoi cette vidéo?
- D’abord parce que j’adore le hautbois et qu’à mon avis Ennio Morricone s’est surpassé dans ce film. Dommage que la pièce ne soit pas plus longue...
- Ensuite, parce que cela cadre tout à fait avec la fête pascale – en particulier avec un Pape de la Compagnie de Jésus, originaire d’Argentine. Boomerang karmique, réparation...?   



The Mission a été réalisé par Roland Joffé en 1986.
Ce film basé sur des faits historiques relate les quelque 150 ans d'histoire des réductions Guaranis approuvées par le pouvoir colonial espagnol, aux confins du Paraguay, de l’Argentine et du Brésil. Il fait également allusion à la Guerre des Guaranis de 1754-1756.
Synopsis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Mission_(film)

30 mars 2013

Ces malheureux surdoués


Crédit illustration : Olivier Thévin

Encore une coïncidence bizarre – elles le sont toujours d’ailleurs. Hier, je relisais ce texte biographique à propos de Mill. Et voilà que tantôt je tombe sur un article où il est question de pilules pouvant réduire le QI des surdoués de sorte qu’ils se sentent moins malheureux… On peut comprendre le désarroi de ces personnes – c’est comme être interné parmi les fous d’un asile psychiatrique quand on est parfaitement sain d’esprit.

Au lieu de recourir à des pilules réductrices de QI, on devrait encourager les surdoués à s’exprimer par l’écriture (un excellent défouloir) et les inciter à séjourner dans la nature régulièrement…

Vous aimerez peut-être :
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/05/nature-et-sante-mentale.html


[Extrait de L’Arche de Socrate, Petit bestiaire philosophique; Normand Baillargeon; Éditions Aden]

Chapitre 13
Le cochon de John Stuart Mill

Qui est John Stuart Mill?

John Stuart Mill (1806-1873), philosophe, logicien, économiste, politologue, féministe, parlementariste, fut un enfant prodige.

Son père, James Mill (1773-1836) historien, économiste et philosophe, était un disciple du créateur de l’utilitarisme, Jeremy Bentham (1748-1832); il entreprit d’éduquer son fils selon des principes associationnistes et d’en faire un futur porte-parole de l’utilitarisme. Ce fils était heureusement un génie et les résultats de cette éducation ont été hors du commun.

À trois ans le petit John apprend le grec et il entreprend ensuite de lire plusieurs auteurs classiques : Ésope, Platon et Hérodote. À huit ans, il a entièrement lu de dernier, pendant qu’il étudie l’histoire anglaise et l’arithmétique. À dix ans il commence le latin, l’algèbre et la géométrie, ainsi que les sciences naturelles. Il a alors terminé de lire Platon.

À douze ans, il devient le tuteur des autres enfants de la famille et étudie la logique. Il commence aussi l’étude de l’économie politique. À quatorze ans, il vit en France et suit à l’université de Montpellier des cours avancés de sciences et de mathématiques.

On ne s’en étonnera pas outre mesure : à vingt ans, Mill sombrera dans une profonde dépression nerveuse, dont il ne sortira que par la lecture des mémoires de Jean-François Marmontel (1723-1850) et, peut-être surtout, de la poésie de William Wordsworth* (1770-1854). Il entretient à cette époque une importante relation épistolaire avec Auguste Comte (1798-1854), dont le positivisme exerça une influence sur sa pensée.

Plutôt que de poursuivre une carrière académique, Mill travaillera pour la Compagnie des Indes. En 1851, il épouse Harriet Taylor 1807-1858 après vingt-et-un ans de fréquentation – elle était mariée quand ils s’étaient rencontrés, d’où cette longue attente jusqu’au décès du mari. Taylor exercera une influence décisive sur les écrits féministes de Mill. John Stuart Mill est mort à Avignon, où il est enterré.

COMMENTAIRE

«En 1851, il épouse Harriet Taylor 1807-1858 après vingt-et-un ans de fréquentation – elle était mariée quand ils s’étaient rencontrés, d’où cette longue attente jusqu’au décès du mari.»

Aille-oille, 21 ans! Sans doute une autre bonne raison de déprimer. Ah, les mœurs socioculturelles et religieuses…Comme elles ont évolué un peu, on a au moins acquis la liberté de divorcer. Quand je pense au dogme catholique qui stipulait que les gens étaient mariés pour l’éternité, et donc inséparables… Il y a à peine 60 ans, beaucoup de gens y croyaient encore.

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* William Wordsworth fut un auteur marquant de la période romantique anglaise. Comme d’autres romantiques, la personnalité et la poésie de Wordsworth ont été profondément influencées par son amour de la nature, en particulier par les images et les scènes de Lake District où il a passé la majeure partie de sa vie adulte. C’était un penseur sérieux et sincère dont la gravité était tempérée par la tendresse et l’amour de la simplicité.

Les jonquilles
Les vagues dansaient, pleines d’étincelles
Mais elles dansaient plus allègrement;
Pouvais-je rester, poète auprès d’elles
Sans être gagné par leur enjouement?
L’œil fixe – ébloui – je ne songeai guère
Au riche présent qui m’était offert :

Car si je repose, absent ou songeur,
Souvent leur vision, ô béatitude!
Vient illuminer l’œil intérieur
Qui fait le bonheur de la solitude;
Et mon coeur alors, débordant, pétille
De plaisir, et danse avec les jonquilles
[…]  

The world is too much with us

The world is too much with us; late and soon,
Getting and spending, we lay waste our powers:
Little we see in Nature that is ours;
We have given our hearts away, a sordid boon!
This Sea that bares her bosom to the moon;
The winds that will be howling at all hours,
And are up-gathered now like sleeping flowers;
For this, for everything, we are out of tune,
It moves us not. – Great God! I’d rather be
A Pagan suckled in a creed outworn;
So might I, standing on this pleasant lea,
Have glimpses that would make me less forlorn;
Have sight of Proteus rising from the sea;
Or hear old Triton blow his wreathed horn.

~ William Wordsworth

29 mars 2013

Musée sonore du «vivant»

Moho de Kauai
 
Macauly Library
 
La Macauly Library de l'Université Cornell (New York) a mis en ligne la plus grande sonothèque du monde vivant : 150 000 chants, cris, bruits et murmures de 9000 espèces animales enregistrées depuis 1929. Le son de la vie.
 
Des enregistrements analogiques accumulés depuis 80 ans qu’on a pris huit ans à numériser – 180 000 enregistrements d’animaux, dont 70% des espèces d’oiseaux.
 
Audio de l’émission Les années lumière :
http://www.radio-canada.ca/audio-video/pop.shtml#urlMedia=http://www.radio-canada.ca/Medianet/2013/CBF/LesAnneeslumiere201302101306_1.asx

Au sujet des espèces d’oiseaux disparues à Hawaï le biologiste interviewé, André Dhondt, du Laboratoire d'ornithologie de l'université Cornell, disait :
«Ça me fait presque pleurer d’entendre un oiseau qui n’existe plus. Mais heureusement dans la collection on a plusieurs enregistrements de l’espèce Moho de Kauai des îles d’Hawaï. En fait, dans chaque grande île il y avait une espèce de Moho, et celle-ci est la dernière qui ait survécu; on pense que vers 1985 le dernier mâle a disparu dans la nature.          
       Cet enregistrement qu’on a entendu date de 1976* et c’était un mâle qui chantait tout seul. Ce qui est intéressant, c’est que l’espèce était connue pour  le fait que le mâle et la femelle chantaient des duos ensemble; et ce mâle-ci n’avait plus de femelle, donc il chantait tout seul. Donc, c’est le dernier mâle, qui est en train de chanter tout seul.  
       Les deux causes majeures de sa disparition sont la destruction de l’habitat évidemment, et puis aussi le paludisme aviaire qui a été introduit sur les îles d’Hawaï. Les oiseaux n’avaient jamais été exposés à cette maladie et quand la maladie a été introduite, une grande partie des oiseaux a disparu.»

* Le chant de cet oiseau est particulier – en duo, ce devait être superbe…

Crédit photo : pps, photographe non identifié

Selon les estimations et les observations des scientifiques à Hawaï, on croit que c’est à Hawaï ou le plus d’espèces d’oiseaux sont disparues sur la planète au cours des 200 dernières années. Sur près de 70 espèces différentes qu’on pouvait dénombrer il y a deux siècles, près de 25 ont disparu et près de 30 sont en réel danger. Soulignons la corneille d’Hawaï et l’Alala.

Crédit photo : pps, photographe non identifié

Les populations d’oiseaux dans une grave tourmente :
D’une vie sauvage autrefois florissante et diversifiée en Europe, il reste aujourd’hui bien peu de choses. Les ours et les bisons y ont disparu depuis longtemps, de même que les loups, malgré un récent et timide retour. Les quelques fragments de vie sauvage qui ont résisté à la civilisation ont ainsi acquis une valeur accrue. Parmi ces sites, très peu peuvent être comparés au Parc national Doñana en Espagne qui s’étend sur la côte méditerranéenne, à quelques encablures de l’Afrique, et abrite des animaux des deux continents - et une variété extraordinaire d’oiseaux. Ces 50’00 hectares de marais, de dunes, de broussailles et de forêts représentent pour l’aigle impérial espagnol (Aquila adalberti, une espèce menacée) l’un de ses principaux foyers de reproduction, et pour des centaines de milliers d’oiseaux aquatiques un lieu d’hivernage indispensable.

Et pourtant, Doñana est un paradis en péril.

 
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Durrell Wildlife Conservation Trust Saving species from extinction  
Birds: http://www.durrell.org/Animals/Birds/

27 mars 2013

15 minutes de paix

et de beauté - vous y avez droit, c'est bon pour l'âme!

Avec des écouteurs, c'est mieux. 



Oui, un peu de paix dans ce monde turbulent ou l’hystérie est reine. Pas le temps de s’arrêter, de se calmer et de réfléchir…

«Quand prenez-vous le temps de penser? La musique beugle continuellement dans vos oreilles. La télé* fonctionne sans arrêt. Et vous parlez tout le temps. Pourquoi est-il allumé tout le temps ce téléviseur? Tout votre horizon est centré sur cette boîte : elle vous divertit, elle vous hypnotise, elle contrôle vos émotions et votre vie entière est vécue à travers les drames dont vous êtes témoin à la télévision.
       Quand avez-vous l’occasion de vous concentrer sur quelque chose de plus sérieux que le divertissement superficiel? Le silence est un pouvoir qui reste à explorer et, en vérité, il est plus puissant que les dogmes et les lois asservissantes. C’est un pouvoir qui commande la liberté, la liberté sans faille. Voici l’être humain divin devenu incapable de penser par lui-même. Il a abandonné ce qui constitue le droit inaliénable de l’être humain. Le droit divin de penser et de choisir, voilà ce qui vous rend différents! C’est par là que vous êtes divins! Vous avez la capacité d’embrasser la pensée illimitée et de la matérialiser.»

~ Ramtha
The Prophecy, 1987

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* On peut remplacer par écran d’ordinateur  :-)

26 mars 2013

Dans l’œil de la baleine

Étranges les hasards, les synchronicités ou les coïncidences – le nom qu’on donne à ces choses-là est sans importance; il reste que parfois elles nous saisissent.

Hier soir j’écoutais Éric Le Reste (réalisateur-coordonnateur du journal télévisé de Radio Canada) qui racontait comment il avait intégré sa pratique du Raja Yoga à son quotidien. Une des choses qui m’a frappée, c’est son expérience de contact avec une baleine. Non textuel : À un certain moment, il voguait sur le fleuve Saint-Laurent avec une amie. Une baleine s’est approchée. Elle a ouvert la paupière et l’a regardé droit dans les yeux : «Je savais que c’était moi qu’elle regardait, non pas mon amie», disait-il. Soudain submergé par un sentiment d’amour indescriptible, comme si tout l’amour de l’univers était inclus dans l’œil de la baleine, il avait eu l’impression qu’elle lui disait «ne t’inquiète pas, tout ira pour le mieux». Un genre d’épiphanie… ou de «life changing moment». L’état de grâce a duré quelques jours, et par la suite sa perception de la vie a radicalement changé.

Comme je n’ai pas de téléviseur, j’ai regardé Découverte sur tou.tv, juste après avoir écouté ce témoignage. Et l’étrange coïncidence, c’est qu’à la fin du reportage, Jean Lemire, qui avait nagé à proximité des baleines avec ses coéquipiers, concluait ainsi : «Incroyable, des rencontres comme ça, je peux mourir demain.»

On dit que personne ne peut plonger son œil dans celui d’une baleine sans être profondément bouleversé. 

Beaucoup de gens ont vécu des expériences similaires (mais pas avec des baleines – j’aurais bien aimé!), et je suis persuadée que ce sera de plus en plus fréquent en raison du changement de paradigme actuel. Et en effet, «ces moments d’éternité s’incrustent dans notre mémoire à jamais», comme le dit Jean Lemire.

Photo : Glacialis Productions

Résumé du dernier reportage de 1000 jours pour la terre ci-après.
À voir si vous avez accès à la zone : http://www.tou.tv/decouverte/S2012E29

Les grands migrateurs océaniques
Par Jean Lemire
http://sedna.radio-canada.ca/fr/aventure/journaux-de-bord/409/les-grands-migrateurs-oceaniques 

Dimanche, 18 h 30, à l’émission Découverte de Radio-Canada, vous pourrez voir le troisième volet de notre série télévisuelle 1000 jours pour la planète. Cet épisode vous transportera dans le monde fascinant des baleines. En République Dominicaine, nous avons partagé l’univers sous-marin des rorquals à bosse. Chassées jusqu’au seuil de l’extinction, les baleines ont été sauvées par une formidable mobilisation populaire dans les années 1970. Aujourd’hui, à l’exception de certains pays qui chassent encore au nom de la science ou d’une certaine culture, les baleines sont protégées et plusieurs espèces profitent de cette protection pour proliférer dans les océans de la planète. L’humanité, quand elle se mobilise, peut accomplir de grandes choses! Mais il nous faut demeurer vigilants puisque les campagnes dites « scientifiques » de certains pays continuent de chasser certaines espèces de baleines, comme les rorquals communs et les petits rorquals, notamment en Antarctique.

Nous avons eu la chance de nager avec les derniers géants de notre planète. À quelques mètres à peine de ces Léviathans, nous avons plongé notre regard dans celui d’une baleine surprenante, un baleineau curieux qui est venu jouer avec nous. La mère, imposante, avec ses 45 tonnes, est venue chercher son veau un peu trop curieux, en s’interposant entre nous et son rejeton. Sans agressivité, elle s’est doucement faufilée entre nos plongeurs, évitant tout contact. Un petit moment d’éternité, qui demeurera à tout jamais dans le cœur et l’âme de ceux et celles qui ont partagé ce moment privilégié.

Il est difficile d’exprimer en mots cette relation particulière entre les humains et les baleines. Dans le film, nous avons essayé de vous faire vivre l’émotion de cet instant unique, en silence, pour ressentir l’intensité de la situation.

Dans le film, nous partons aussi à la recherche des fameux continents de plastique. Avec les scientifiques du Sea Education Association, nous prélevons des échantillons de plastique récoltés au large des Bermudes. Oui, malheureusement, l’océan Atlantique a aussi son continent de plastique, découvert récemment, et dont les concentrations s’apparentent à celui situé au nord-est d’Hawaï, dans le Pacifique. D’ailleurs, on utilise à tort le terme « continent » de plastique. On devrait plutôt parler d’une « soupe » de plastique, puisque les fragments de plastique sont souvent minuscules, flottant entre deux eaux.

Certes, certains éléments se déplacent en surface et sont trop souvent confondus pour de la nourriture. Sur l’atoll de Midway, dans le Pacifique, vous verrez les conséquences désastreuses de ces concentrations de plastique. Les albatros confondent le plastique avec de la nourriture et servent jusqu’à cinq tonnes de plastique à leurs oisillons chaque année. Une brosse à dents, une balle de golf, des briquets, les déchets s’accumulent dans les estomacs des oisillons et menacent la survie de cette espèce vulnérable.

Les nouveaux défis de conservation de nos océans sont nombreux. Mais nous pouvons les relever. La problématique du plastique est un défi à notre portée. Pas besoin de technologie nouvelle, ou de changement important de nos comportements. Une simple et saine gestion de nos déchets pourrait réduire de façon considérable notre impact sur la chaîne alimentaire. Dans l’océan Pacifique seulement, on estime qu’entre 12 000 et 24 000 tonnes de plastique sont consommées par les poissons, chaque année!

Il faut s’inspirer de nos victoires en matière de conservation pour repenser notre relation avec la nature. Nous l’avons fait pour les baleines. Nous devons le faire pour le plastique!

Photo : Jean Lemire

Un bouchon à la mer
Par Marika D'Eschambeault

Sur le bord d’une plage de la côte ouest américaine, un joggeur assoiffé vide le contenu de sa bouteille d’eau en plastique et la dépose dans une poubelle trop pleine. La bouteille perd l’équilibre et se retrouve par terre. En percutant le sol, le bouchon se détache et est emporté par un coup de vent. Plouf! Il tombe dans l’eau et flotte près du rivage quelques jours. Puis, entraîné par le courant, il entame une longue dérive qui le mènera, des années plus tard, de l’autre côté de l’océan Pacifique près des îles Midway où il sera repêché par le bec d’une mère albatros de Laysan. Le destin de ce bouchon pourrait bien être l’estomac d’un albatros juvénile, où il occupera une place normalement réservée à un calmar. L’albatros juvénile mourra, mais le bouchon de plastique survivra…

Migrateurs malgré eux, d’innombrables bouchons et autres objets de plastique colonisent les océans du monde. Charles Moore, le chercheur ayant découvert le « continent de plastique » du Pacifique Nord, nous en fait la démonstration dans une courte vidéoconférence éloquente.

Daphné et moi décrochons les kayaks du flanc tribord du Sedna IV. La chasse au plastique flottant dans le port de Papeete est ouverte. En moins d’une heure, nous pêchons deux sacs de plastique, quatre bouteilles d’eau et de multiples emballages flottants. La vue de ces déchets obscurcit l’image du paradis immaculé de Tahiti.

Des images comme celles-là, jumelées à celles des albatros entourés de débris de plastique sont désolantes. Et si nous combattions le sentiment d’impuissance par l’action? Aujourd’hui, je vous propose une petite expérience et vous lance un défi. Vous êtes partants? Au signal, regardez autour de vous et trouvez dix objets de plastique.

GO!

Vous êtes déjà revenu? Parions que vous avez quitté ce journal des yeux pendant moins d’une minute! Nous sommes entourés de plastique, accros à cette matière utile qui simplifie notre quotidien et se moule sous toutes les formes inimaginables. Plusieurs de ces objets de plastique ne se recyclent pas et plus de la moitié de ceux que nous consommons sont utilisés une seule fois.

Déjà, nous sommes légion à faire la guerre au sac de plastique avec des contenants réutilisables, heureux de dire « non merci, j’ai mon sac ». Une seule visite au supermarché est nécessaire pour constater à quel point ce geste est maintenant intégré à nos valeurs. La dernière fois que j’ai oublié mon sac, j’avoue m’être sentie coupable. Signe clair du changement de nos habitudes.

Dès maintenant, il est temps de déclarer la guerre aux bouteilles de plastique. C’est le défi que je nous lance. Au nom des albatros, des tortues marines et de tous ces autres animaux qui subissent les assauts de nos objets de plastique, je vous invite dès lors à vous munir d’une bouteille réutilisable. Un bouchon à la fois… Nous avons le pouvoir d’arrêter ce fléau à sa source et de changer le futur des paysages côtiers de la planète! Vous êtes prêts à relever le défi? Cliquez « j’aime » au bas de cette page pour vous engager. Ainsi, nous verrons si ensemble, nous arriverons à faire des vagues!

http://sedna.radio-canada.ca/fr/accueil

25 mars 2013

Ne me dites pas quoi faire (Don’t Tell Me What To Do)


Crédit photo : Gentle World

Une façon inusitée d’aborder un sujet délicat :

Ne me dites pas quoi faire 
Par  Angel Flinn

Je n'ai aucun problème avec votre mode de vie. Je respecte votre point de vue. Vous avez droit à votre opinion, et j'ai droit à la mienne.

Ne vous méprenez pas. J'admire les gens qui ont de fermes valeurs morales. Mais je n'aime pas qu’ils me les enfoncent dans la gorge.

Par exemple, je ne vois absolument rien mal dans l'esclavage. Certaines personnes sont nées pour servir les autres. C'est comme ça, voilà tout. Vous n’avez pas besoin d’en posséder un, si vous n’en voulez pas. Je n’ai aucun problème avec ça. Mais ne me dites pas que je ne peux pas en avoir un.

Et ne me dites pas que je ne devrais pas frapper ma femme si je le dois. Je ne vous dis que vous devriez frapper la vôtre. Ça ne me dérange pas, d'une façon ou d'une autre. Si vous voulez vous abstenir de frapper votre femme, c'est un choix personnel. Mais ne me dites pas que je dois m’en abstenir.

Je vis ma vie selon mes propres valeurs. Je comprends que nous voyons les choses différemment, et j'accueille la diversité qui fait en sorte que les gens sont des individus.

J’en ai marre des bien-pensants qui disent par exemple que c'est mal que les adultes aient des relations sexuelles avec des mineurs. Vous pensez que les enfants ne devraient pas être soumis sexuellement, mais cela ne signifie pas que je dois le voir de cette façon. De quel droit pouvez-vous de me dire ce que je devrais et ne devrais pas faire? Qu’y a-t-il de si mauvais dans la sexualité non consensuelle, de toute façon? Le viol peut être mal vu par certains, mais ce n'est pas le cas pour tout le monde. Les non-violeurs ne devraient pas s’attendre à ce que tout le monde vive selon leurs règles.

Cela vous regarde-t-il?

Alors, ne me dites pas quoi penser, ou quoi manger, ou quoi porter, ou comment vivre. Ne m'attaquez avec vos accusations de bien et de mal, de justice et d'injustice... Ces concepts sont sujets à interprétation, et personne n'a le droit d'imposer son autorité morale à quiconque. Occupez-vous de vos affaires... Vivez votre vie comme vous pensez devoir la vivre.

Vous croyez que nous devrions vivre sans opprimer les autres animaux. Formidable, tant mieux pour vous.

Vous croyez que nous ne devrions pas créer des êtres dans le but de les exploiter, et qu'il est immoral d’user de violence pour qu’ils se plient à notre volonté. Vous croyez que marquer, castrer et mutiler des parties de leurs corps est inexcusable. Vous croyez qu’il est horrible d'exploiter le système reproducteur des femelles, d’arracher aux mères en pleurs leurs nouveau-nés et de les abattre alors que le cordon ombilical est encore attaché. Vous croyez que mâcher et avaler de la chair et du sang est une pratique barbare et dégueulasse, et que la peau écorchée de l’un ne devrait pas servir à vêtir le corps d’un autre. Vous croyez que ces pratiques archaïques n'existeraient pas dans une société vraiment civilisée.

Vous croyez que les 56 milliards de morts horribles, à chaque année, sont moralement répréhensibles, puisque ce massacre continuel n’a pas d’autre but que de satisfaire l'appétit humain pour des saveurs et des textures spécifiques. Vous croyez que les désirs et les préférences d’une personne ne devraient pas se substituer aux droits moraux fondamentaux d’une autre.

Je saisis, je comprends vraiment. Et je respecte que vous viviez selon vos principes. Mais vous devez me respecter. Vous ne pouvez pas imposer vos croyances aux autres. Personne n'est en mesure de décider ce qui est bien ou mal pour nous, donc pour l’amour de Dieu, je vous en prie... ne me dites pas quoi faire.

Pour Gentle World*
http://gentleworld.org/dont-tell-me-what-to-do/

* Le but premier de Gentle World est d'aider à créer une société plus pacifique en expliquant les avantages du végétalisme et en montrant aux gens intéressés comment faire la transition. Gentle World partage de l'information depuis 30 ans. L’organisme a aidé des enfants, des ados et des adultes à adopter un mode de vie en accord avec leurs valeurs. Les membres-bénévoles offrent des services éducatifs gratuitement, incluant des séminaires, des consultations privées, des cours de cuisine, des conférences vidéo / audio et des repas à des milliers de personnes. Gentle World Inc. est un organisme sans but lucratif. Description complète : http://gentleworld.org/about/

Tableau : Hartmut Kiewert http://hartmutkiewert.net/vita/

Témoignage d'un cascadeur ayant effectué un virage spirituel à 180 degrés :  

Fou des légumes : j’ai éliminé la cruauté
de mon style de vie
Par Steve-O* (auteur, cascadeur) 

Comme la plupart des gens, j'ai grandi sans vraiment penser à ce que je mangeais : si ça avait bon goût, je le mangeais. Pourquoi y réfléchir davantage? J'avais noté que la majorité des gens avait la même approche face à la nourriture.

Mais, il y a environ cinq ans, je suis tombé sur une vidéo YouTube qui m'a convaincu d’arrêter de manger des animaux. J'avais rencontré des végétariens et j’étais un peu au courant de ce que les animaux de consommation vivent, mais jusqu'à ce jour, je pensais simplement que leur souffrance faisait partie de la façon dont le monde doit fonctionner.

Cette vidéo m'a fait réaliser que j’étais responsable de mes choix, qu'en choisissant de manger de la viande j'avais contribué à de l’horrible cruauté et que j’accumulais du karma négatif auquel je devrais répondre. Au début, ma décision d’arrêter de manger de la viande était motivée par la crainte des conséquences spirituelles; mais rapidement, j'ai trouvé qu’en ne mangeant pas de viande je me sentais mieux par rapport à moi. Cela a augmenté mon estime de soi; j’ai trouvé ça tellement valorisant que j’ai voulu faire plus.

J'ai commencé à chercher d’autres façons d’éliminer la cruauté de mon mode de vie. J'ai cessé de porter du cuir, de manger du poisson et des œufs, et quand j'ai acheté mon premier carton de lait d'amande, j’étais devenu végétalien. Je n'ai jamais pensé que c’était un sacrifice, au contraire, c’était comme un jeu pour voir jusqu’où mon estime de soi pouvait aller. Au début, je pensais juste que j'aidais les animaux, et je ne réalisais pas qu’en réalité je faisais quelque chose de bon pour moi. Je ne savais pas que je réduisais considérablement mes risques de développer un cancer, une maladie cardiaque, un diabète, de l’obésité et plusieurs autres problèmes de santé.

Peu après être devenu végétalien, les gens ont commencé à me dire que ma peau était resplendissante, et que je paraissais plus jeune, plus mince et plus en santé. Je suis convaincu que parmi tous les changements que j'ai apportés à mon mode de vie, c'est le régime végétalien qui m’a été le plus profitable – physiquement, mentalement et certainement spirituellement. Tous les aspects de ma vie en ont bénéficié.

Voilà pourquoi j'ai participé à la narration d’une nouvelle vidéo intitulée "What Came Before" pour Farm Sanctuary – un important organisme qui promeut la compassion envers les animaux de ferme. J'aime l'idée qu’en aidant les gens à prendre conscience de ce que ces animaux vivent, plusieurs sont susceptibles de choisir une alimentation plus compatissante qui améliorera leur vie à bien des égards.

La vidéo "What Came Before" nous présente trois animaux que vous n'oublierez jamais – Nikki le cochon, Symphony le poulet et Fanny la vache. Elle nous montre que les animaux de ferme sont des êtres émotionnels qui méritent notre compassion tout autant que les chiens et les chats. Il n'y a vraiment aucune différence éthique entre manger un chat ou un poulet, un chien ou un cochon. Jane Goodall disait à ce propos : 
        «Les animaux de ferme ressentent le plaisir et la tristesse, l’excitation et le ressentiment, la dépression, la peur et la douleur. Ils sont beaucoup plus conscients et intelligents qu’on le pense... ce sont des individus à part entière.»

«L’animal est quelqu'un, non pas quelque chose», dit-on dans la campagne de Farm Sanctuary. La vidéo montre toutes les horreurs que les animaux subissent dans les fermes d'élevage modernes, et fait remarquer que les protections légales que nous accordons aux chiens et aux chats ne s'appliquent pas aux poulets, porcs, poissons et autres animaux que nous mangeons – sans raison valable.

J'espère que vous regarderez la vidéo : www.WhatCameBefore.com
Si vous pensez que c’est important, j'espère que comme moi, vous publierez cet article sur Facebook, Tweet it et enverrez le lien à vos amis.

Il y a beaucoup de violence dans le monde, mais voilà un domaine où chacun d'entre nous peut créer une différence positive, tout d'abord dans sa propre vie, puis dans celle des autres. Ensemble, nous pouvons promouvoir la compassion de par le monde.

http://www.huffingtonpost.com/steve-o/animal-cruelty_b_2927374.html?utm_hp_ref=green
HuffPost Green

* Notes biographiques :
I became famous for doing crazy stunts, and nearly killed myself with booze and drugs, but there have been few things that scared me more than writing my memoir, Professional Idiot. I was born with an unhealthy need for everyone in the world to be looking at me, so it would seem on the surface that writing a book about myself would be right up my alley. But these days I'm trying very hard not to be the arrogant, self-centered jerk-off who is the main character in my memoir, so recounting my worst behavior with brutal honesty presented some problems.
Suite : http://www.huffingtonpost.com/steve-o/celebrity-memoir-writing_b_870553.html

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COMMENTAIRE

Un film à voir aussi : Samsara. Ce documentaire, témoin de tous les excès humains, met bien en évidence que ce que nous faisons aux animaux, nous le faisons aux humains. Et l’on peut voir à quel point la plupart des gens ne savent pas – littéralement – ce qu’ils se mettent dans l’estomac!

Les animaux sont dotés de sensibilité, mais cela fait notre affaire de croire que c’est faux; ainsi pouvons-nous continuer de les traiter cruellement sans modifier nos habitudes néfastes. Notre propre insensibilité envers les animaux fait en sorte que nous n’avons aucune considération pour leur vie.

À notre crédit, on peut dire que c’était parce que nous ignorions ce qui se passait en coulisses. Mais aujourd’hui, cette excuse n’est plus valable – il y a beaucoup de sites qui discutent du problème sur Internet et quantité de vidéos sur YouTube qui peuvent susciter un changement de perception et de comportement.

Si nous ne sommes pas nés avec une certaine dose de sensibilité (acquise de nos expériences de vies antérieures), il est tout de même possible de la développer. Tout s’enseigne, tout s’apprend…

Vous aimerez peut-être les libellés Végétarisme et Zoofriendly 
Farm Sanctuary 
http://situationplanetaire.blogspot.ca/2012/11/refuges-pour-rescapes-dabattoirs.html

http://airkarma-mestengo.blogspot.ca/2010/11/la-preeminence-sur-les-animaux.html

18 mars 2013

A little break

Source illustration : http://www.fullcupthirstyspirit.com/ 

J’ai besoin de quelques jours d’immersion dans la nature
– autant en profiter tandis qu’on le peut encore! 
 
À bientôt donc chers visiteurs,  
Boudacool
:-)

Faut pas s’en faire

«On va s’y faire», dit Albin de la Simone dans «Ma crise» (post précédent).

On vocifère
Mais on laisse faire

On s’y fait tellement qu’on est prêt :
à risquer des déversements pétroliers dans le fleuve 
à unifier le pays par gazoduc «a mare usque ad mare»
et ainsi de suite.

Hier soir, j’ai regardé le reportage intitulé «Les kamikazes du nucléaire» au sujet de Fukushima; ça parle de soi.

Et tantôt, j’ai visionné le deuxième épisode de «1000 jours pour la planète» SEDNA IV
http://www.tou.tv/decouverte/S2012E28

Les dommages causés à la biodiversité marine en raison de l’exploitation anarchique sont catastrophiques. La surpêche industrielle aux palangriers et le gaspillage, notamment ces stupides et cruels massacres d’espèces (pour leurs propriétés soi-disant aphrodisiaques ou pour la flaveur de certaines parties de leur anatomie) n’ont aucun sens.

Il y a pourtant des chercheurs qui proposent des solutions; mais qui les réalisera? Nous sommes tous responsables à divers degrés… Les humains peuvent-ils être «raisonnables»?

Tout disparaît donc à vitesse grand «V» et nous fonçons droit dans le mur. Ce monde est un monde d’interdépendance entre toutes les espèces.

Difficile d’ouvrir des yeux collés à la Crazy Glue du gain et de la croissance économique.

Vous détesterez peut-être les articles du libellé «Série noire», mais aimerez sans doute l'onglet "Charte de la terre" ci-haut.  

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La croissance n’est pas la solution, c’est le problème
Par Jean Gadrey* 

Nulle en 2012 et sans doute encore en 2013, la croissance flanche. Mais vivre sans elle est-il pire que tout? Pas si sûr, pour l'économiste Jean Gadrey qui dénonce l'aveuglement des élites économiques et politiques.

On nous dit que, sans croissance, c’est la régression sociale, on ne peut pas réduire les dettes, ni le chômage, ni la pauvreté, et l’on n’aura pas les moyens d’engager la transition écologique. Pourtant, je propose de dire «Adieu à la croissance», qui est le titre de mon livre (voir les bonnes feuilles sur le site d’Alternatives économiques).

Il serait temps que les économistes, s’ils veulent être «responsables», prennent en compte les risques écologiques et qu’ils se posent les questions suivantes : et si ce culte de la croissance relevait d’un aveuglement des élites économiques et politiques? Et si la quête de la croissance, fondée sur des gains de productivité sans fin, était l’un des facteurs de crises, voire la plus grave des menaces à terme pour l’humanité? Et si, quoi que l’on fasse, la croissance ne revenait jamais dans les pays «riches»? Et si une «prospérité sans croissance» était possible et nécessaire pour sortir de la nasse où nous sommes? Et si notre pays était immensément riche sur le plan économique, ce qui permettrait de faire face à tous les défis, sans croissance, dans le cadre d’une transition ambitieuse?
[…]

Les causes du plongeon

Bien des raisons expliquent cette baisse spectaculaire. La poursuite de la croissance se heurte d’abord à différentes limites sociales. Elle n’est plus depuis longtemps un facteur de mieux vivre, vu qu’elle est définie comme la progression quantitative d’un « truc technique », le PIB (Produit intérieur brut), lequel n’a pas été fait pour enregistrer la qualité de la vie individuelle et collective, les dommages écologiques, les inégalités, le temps libre, le bénévolat, le travail domestique, etc. Comme le disait en mars 1968 le sénateur Robert Kennedy, quelques mois avant son assassinat, «le PIB mesure tout, sauf ce qui fait que la vie vaut d’être vécue». C’est à un constat semblable qu’est parvenue la «Commission Stieglitz» quarante ans plus tard!

Mais la raison qui va devenir la plus importante est écologique. Elle est résumée par cette citation d’un grand économiste américain, Kenneth Boulding : «Celui qui pense qu’une croissance exponentielle infinie est possible dans un monde fini est soit un fou soit un économiste.»

La finitude des ressources naturelles se manifeste notamment par les premiers effets du pic du pétrole et de bien d’autres pics (le «peak all», le pic de tout), qu’il s’agisse de ressources non renouvelables, extraites du sous-sol, qui s’épuisent et dont le prix va grimper sans cesse, ou de ressources en principe renouvelables mais tellement surexploitées qu’elles ne parviennent plus à se renouveler : climat, eau, biodiversité, forêts, terres arables…

Les avocats de la croissance à perpétuité font penser à de mauvais médecins qui jugeraient la santé d’une personne par la croissance de sa taille et de son poids alors qu’elle a atteint un âge où son développement qualitatif, individuel et social, devrait primer. C’est pour cela que nous vivons sous un régime d’obésité consumériste, au demeurant très inégalitaire.

Suite de l’article : http://www.terraeco.net/-Actualite,244-.html

* Jean Gadrey est économiste et membre en 2008-2009 de la «Commission Stieglitz»,
et professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1; il collabore régulièrement à Alternatives économiques.

AIDE-MÉMOIRE
Un rapide survol de l’évolution de l’homme intitulé «Man - L'homme», par Steve Cutts.


16 mars 2013

Une redite

 
Ce point bleu pâle
Par Carl Sagan*  

Regardez encore ce point. C'est ici. C’est notre bercail. C'est nous. On y trouve tout le monde que vous aimez, tout le monde que vous connaissez, tout le monde dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui ont existé et profité de leurs vies. La totalité de nos joies et de nos souffrances, des milliers de religions, d’idéologies et de doctrines économiques convaincantes; tous les chasseurs et les cueilleurs, tous les héros et les lâches, tous les créateurs et les destructeurs de civilisations, tous les rois et les paysans, tous les jeunes couples d’amoureux, toutes les mères et tous les pères, tous les enfants remplis d'espoir, tous les inventeurs et les explorateurs, tous les précepteurs de morale, tous les politiciens corrompus, toutes les «superstars», tous les «chefs suprêmes», et tous les saints et les pécheurs de l'histoire de notre espèce ont vécu là – sur ce grain de poussière suspendu dans un rayon de soleil.

La terre est une très petite scène au milieu d’un vaste chantier cosmique. Pensez aux fleuves de sang versé par tous ces généraux et empereurs, afin que, auréolés la gloire et de triomphe, ils puissent devenir temporairement les maîtres d'une fraction de ce point. Pensez aux cruautés sans fin infligées par les habitants d'un coin de ce pixel aux habitants à peine perceptibles d’un autre recoin, comme les malentendus sont fréquents, comme ils sont prompts à s’entretuer, comme leurs haines sont intenses.

Ce point de lumière pâle contredit notre arrogance, notre imaginaire importance, l'illusion que nous avons un quelconque statut privilégié dans l'univers. Notre planète est une particule solitaire enveloppée par la grande nuit cosmique. Dans notre obscurité, dans toute cette immensité, rien n’indique qu'une aide viendra d'ailleurs pour nous sauver de nous-mêmes.

À ce jour, la Terre est le seul monde connu pouvant héberger la vie. Il n’y a pas d’endroit où notre espèce pourrait migrer, du moins dans un avenir proche. Visiter, oui. S'installer, pas encore. Qu’on le veuille ou non, pour l'instant, c’est sur Terre que nous prenons place.

On a dit que l'astronomie incitait à l'humilité et à la force de caractère. Il n'y a peut-être pas de meilleure illustration des folles vanités humaines que cette lointaine image de notre petit monde. Selon moi, elle confirme notre responsabilité de cohabiter avec plus de bienveillance et de protéger et chérir ce point bleu pâle, le seul bercail que nous n’ayons jamais connu.

Pale Blue Dot, 1994
Texte intégral en anglais : http://www.awakin.org/read/

* Carl Edward Sagan (1934-1996) est un scientifique et astronome américain. Il est l'un des fondateurs de l'exobiologie. Il a mis en place le programme de recherche d'intelligence extraterrestre SETI et réalisé pour la télévision la série de vulgarisation scientifique Cosmos, diffusée sur plusieurs continents.

COMMENTAIRE

Familiariser notre rapace intérieur à ce qui se passe globalement est crucial. Des exhortations similaires à celle de Sagan circulent depuis des lunes. Nous faudra-t-il observer la disparition complète du vivant et une septième extinction? Incroyable quand même… «Ça va prendre quoi pour nous ouvrir les yeux?», dit André Sauvé dans son épisode «Environnement» de la série «Cas de conscience». Si vous avez accès à la zone, allez-y avant qu’il soit retiré : http://www.tou.tv/cas-de-conscience/S01E07

Et, j’ai vu le premier documentaire de Jean Lemire «1000 jours pour la planète» – SEDNA IV – de l’émission «Découverte». Triste à en pleurer. D’entrée de jeu, on nous dit qu’en 300 ans la population est passée de 700 millions à 7 milliards d’individus et plus; quant à l’ère industrielle, on en voit les conséquences désastreuses quotidiennement. Le premier épisode devait être retiré le 12 mars, mais il semble encore possible de le voir : http://www.tou.tv/decouverte/S2012E27

 
Et puis, je cherchais des photos de la terre nocturne avec ses éclairages artificiels.

Étrangement, je n’ai pu m’empêcher d’y voir une analogie avec la toile du plan des âmes qui ressemble à une dentelle – avec des zones où il y a absence de lumière, d’autres où les lumières sont très pâles et dispersées, et des zones (apparemment plus «peuplées») où les lumières sont intenses et compactes J’adore explorer ce plan d’énergie subtile. Fascinant. En ce moment, ça bouge beaucoup, on voit des lumières solitaires ou des amas entiers se déplacer pour en rejoindre d’autres, un peu comme les parcours d’étoiles filantes. Je tiens à préciser que ma comparaison n’a rien à voir avec les pays illuminés apparaissant sur la photo; c’est juste symbolique. Par ailleurs, j’ai l’impression que les âmes qui ont à se regrouper pour un but quelconque devraient le faire éminemment; mais je peux me tromper. À suivre…