Parfois on a juste besoin d’une nouvelle perspective!
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Retour sur une perspective élargie de la vie (déjà publié sur ce blogue) :
Mon regard sur la vie
ou sa beauté dans la fragilité
Par André Baechler,
thérapeute
La vie terrestre n'est pas une fin en soi et nous ne
naissons pas forcément pour mourir vieux. Pleurant sa jeunesse qui s'en va,
l'être humain s'accroche à sa vie dans l'obsession, pour finir par ne plus voir
qu'elle, oubliant qu'elle n'est qu'une forme, une étape qui ne fait que passer.
Elle se terminera comme elle a commencé. Nos vies sont des passages que nous
tentons vainement de figer, de prolonger, d'immortaliser. En nous opposant
ainsi au mouvement naturel de l'existence, nous tuons la vie, nous noyant dans
l'illusion d'une éternité terrestre.
Une vision
restrictive de notre Être
Nombreux de nos problèmes découlent de cette vision
restrictive de qui nous sommes. Il est tout simplement impossible de vivre
l'instant présent lorsque nous sommes obsédés par l'idée de notre propre
mortalité et de celle de nos proches. Oui, la vie est un passage, quelles que
soit nos cultures ou nos croyances. Tout au fond de nous, nous le savons, mais
notre obsession de l'immortalité nous l'a fait oublier. Notre but n'est pas de
vivre le plus longtemps possible, mais bien de nous enrichir de ce parcours,
quelle qu'en soit sa durée. La vie est un passage, un privilège que nous nous
offrons, afin d'expérimenter l'amour dans ce monde de dualité.
La vie terrestre :
une étape de l'éternité
Nous ne pouvons qu'admettre que nous ne venons pas à la vie
sans bagages. Chaque être humain voyant le jour hérite bien sûr d'un bagage
génétique, mais aussi et surtout d'un bagage qui lui est propre, contenant
toutes ses richesses, ses expériences et blessures personnelles cumulées avant
sa naissance. La question m'importe peu de savoir si nous ne faisons qu'un
passage sur terre, ou si nous expérimentons de multiples vies, mais il est
évident pour moi qu'il y a un avant, et un après. En fait, il y a un toujours,
bien au delà de notre concept terrestre du temps. Rien de notre essence ne peut
mourir.
J'existe, bien au delà de ma vie présente. Et moins je
m'identifie à la forme qui passe, plus j'existe intensément, intemporellement,
au delà de tout ce qui peut m'arriver. Ce parfum d'éternité, cette béatitude,
cette sensation profonde d'avoir toujours existé m'emplissent alors d'une paix
incommensurable : la vie ne fait que se transformer, elle se métamorphose, mais
ne meurt jamais.
La qualité plutôt que
la quantité
Il m'importe peu de vivre longtemps, mais il m'importe de
vivre intensément. L'âge n'est pas mon ennemi. J'aime mon corps, mais je ne
suis pas mon corps. Je l'aime et le respecte pour ce qu'il me permet d'explorer
mais je sais qu'il vieillit, depuis longtemps déjà. Je suis fier de son âge, du
temps qui passe, tout en restant conscient de l'intemporalité de mon essence.
La mort n'est autre qu'une naissance à une nouvelle forme de vie, une naissance
sans doute bien moins traumatisante que celle vécue lors de notre arrivée sur
terre. Vivre vieux n'est pas mon but premier. Vivre pleinement est mon
objectif.
Chaque jour, je me sens prêt à mourir. Cela n'a rien de
macabre, je savoure ma vie pleinement et je ne suis pas pressé de franchir
cette étape, même si depuis ma naissance je m'en approche inexorablement chaque
jour un peu plus. Je me sens tout simplement serein à l'idée que je puisse m'en
aller maintenant... comme dans de nombreuses années. Ainsi je savoure avec
délectation chaque nouveau jour qui commence, tel un privilège quotidiennement
renouvelé. Se préparer à mourir, c'est apprendre à mieux vivre.
Nager à contre
courant
Et pourtant, tout au long de ce parcours, l'être humain
s'obstine à nager à contre courant de ses aspirations profondes et à
s'accrocher au connu, au reconnu, à tout ce qu'il croit indispensable à sa vie,
à tant de valeurs futiles qui l'asservissent. Je pense là aux biens matériels,
immobiliers, qu'il oublie souvent devoir quitter un jour. Il s'identifie à eux,
se berçant d'une note d'éternité, s'emprisonnant ainsi dans un monde clos et
fermé, allant souvent jusqu'à l'étouffement. Et lorsque la vie l'invite,
souvent par la force, à retrouver le grand air, les murs de sa prison dorée
s'effondrent. Même une forteresse n'est jamais éternelle.
Impermanence
S'il est une notion que j'ai côtoyée ces dernières années,
c'est bien celle de l'impermanence, très souvent évoquée dans le bouddhisme. La
mort est bien là pour nous rappeler que nous ne faisons que passer et que rien
de ce que nous avons tracé sur cette terre ne nous survivra. Nous pouvons y
laisser un nom, une œuvre, un empire, mais tout finira immanquablement par disparaître.
Tout sauf l'amour que nous aurons semé sur notre chemin et qui poursuivra à
fleurir bien au-delà de notre passage.
L'univers est en constante mutation et rien de ce qui est
physique ou matériel n'est fait pour durer éternellement. Tout se transforme
dans une logique qui souvent nous échappe. L'impermanence est l'essence même de
la vie.
Tel un labyrinthe
La vie est semblable à un gigantesque labyrinthe. Notre
mental permet de l'explorer de l'intérieur, n'offrant qu'une vision restreinte
et infime de la totalité. Nous pouvons rester là, tapis dans notre coin à
observer et juger les autres qu'y s'y déplacent sans même comprendre où ils
vont et ce qu'ils vivent, sans accepter qu'il y a de multiples façons de se
déplacer dans un labyrinthe et que chaque itinéraire est riche en
apprentissage, même s'il demande parfois de revenir sur son chemin pour en
prendre un autre. Ce regard limité sur la vie amène à lui seul au jugement et
au sentiment de détenir LA vérité, qui n'est en fait qu'un point de vue parmi
une infinité d'autres.
Mais il est possible également de l'explorer dans sa
troisième dimension avec le regard du cœur, qui alors nous élève et nous amène
à survoler le labyrinthe. Nous le découvrons alors dans son ensemble et dans sa
perfection. Tout devient plus clair, il prend un sens et toute notion de
jugement disparaît. Comment aurait-on encore envie de juger une telle
perfection? Le labyrinthe n'est plus une fin en soi, un but absolu, mais fait
partie d'un univers plus vaste, il est une étape, une expérience initiatique.
Il n'a plus rien de tortueux et ses multiples dessins/desseins nous inspirent
profondément. Le regard du cœur nous élève et dans le cœur il n'y a jamais
d'impasse.
Accepter l'inacceptable à nos yeux demande beaucoup
d'humilité. C'est reconnaître que nos peurs, nos blessures et nos
conditionnements nous empêchent de nous élever suffisamment pour découvrir le
sens de la vie dans sa globalité. La révolte ne fait que restreindre notre
regard et nous enfermer dans ce que nous croyons être la réalité. Accepter ce
qui nous entoure sans juger est le premier pas vers un regard nouveau, l'accès
à une dimension nouvelle, pleine de sens.
Intense et fragile à
la fois
La vie est indissociable du mouvement, elle est intense par
sa fragilité. Fragile, parce que dépendante de tellement de facteurs que nous
ne contrôlons pas. La vie ne peut être figée. Lorsque nous tentons de
l'immortaliser, nous la tuons. Est-elle plus passionnante vécue en sécurité
dans les entrailles d'un bunker? Ou alors les cheveux au vent dans l'aventure
quotidienne? Est-il préférable de vivre libre un jour ou enfermé durant un
siècle? Mes propos ont pour but de vous titiller en suscitant une réflexion
profonde, intérieure. Ils traduisent mes certitudes intimes, ma foi, et s'ils
éveillent en vous des questionnements ou vous bousculent, alors ils ont atteint
leur but.
La vague et l'océan
La vague est une manifestation de l'océan. Elle naît des
courants qui le parcourent et finit immanquablement par se fondre à nouveau en
lui. La vague donne toute sa beauté à l'océan, mais elle n'existe pas en tant
que telle, elle est une danse de l'éphémère sur l'océan de l'éternité.
Ainsi toutes les vagues se forment et disparaissent dans le
mouvement de la vie. Si la vague pense qu'elle n'est qu'une vague, alors elle
se trouve séparée du tout et entre dans le cycle de la naissance et de la mort.
Mais lorsqu'elle se sait partie intégrante de l'océan, elle découvre qu'elle
est éternelle et qu'elle existe bien au-delà de sa forme. La forme est une
manifestation dans toute sa beauté, mais elle ne fait que passer. L'océan lui
ne meurt jamais.
Nous sommes les vagues de l'océan de la vie...
COMMENTAIRE
Quand on voit les choses ainsi,
l’emprise des petits et grands drames s’affaiblit notablement.
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