Puisque je ne connais pas l’avenir,
je choisis
de ne pas m’en inquiéter.
(Esprit zen)
Le doute de soi
Notre cœur est le siège perpétuel d’une bataille secrète. Le doute de soi qui nous assiège en silence prend la forme d’un constant désir de faire ce qu’il faut : qui être… que faire… comment agir; et chaque nouvel affrontement nous force à relever ce défi. Toutefois, notre désir de bien faire masque soigneusement notre crainte de commettre des erreurs qui, elle poursuit sa marche infatigable. Donc, même si cela ne nous apparaît pas clairement, nous sommes dans les deux camps de la bataille.
Ce qui m’amène à penser… Comment peut-on gagner une guerre quand on est soi-même la bataille?
Le doute de soi fait partie intégrante de nos réflexions sur nous-mêmes, car chacune de nos pensées renferme une pensée opposée et cachée qui se remet elle-même en question. Une façon simple de se retrouver, quand on est assailli par une foule de pensées ou de sentiments contradictoires, consiste à se rappeler que l’on n’est pas ces pensées ni ces sentiments.
L’indécision
Il nous est tous arrivé de ressentir une inquiétude et une tension secrète devant la nécessité de prendre une décision importante. Notre souffrance découle du fait que nous préférerions ne pas avoir à choisir, et, tout en sachant que ce n’est pas en demeurant passifs que nous nous sentirons mieux, nous savons aussi que dans cette position relativement sûre, au moins nous ne pourrons pas faire le mauvais choix.
Ce qui m’amène à penser… Si la peur est le fondement de l’indécision, l’indécision en soi est-elle une erreur?
Repartir à zéro
Les événements exigent que l’on prenne des décisions, que l’on opère des choix. Nous faisons de notre mieux à chaque instant. Malgré tout, il nous arrive souvent de nous tromper et de faire des choix qui vont à l’encontre de nous-mêmes. Pendant une fraction de seconde, nous sentons que nous nous égarons et tentons de corriger notre erreur, mais nous demeurons prisonniers de la force d’impulsion du moment. Comme les dés sont jetés, nous pouvons seulement espérer ne pas nous retrouver sur un rivage peu hospitalier. En réalité, nous ne sommes pas tenus de nous soumettre à une marée d’événements sinistres. Seule la vague de nos pensées peut nous transporter. Nous pouvons recommencer à neuf chaque fois que nous nous rappelons que rien de réel ne nous empêche de demeurer sur la terre ferme.
Ce qui m’amène à penser… Où est-il écrit que l’on doive renoncer à sa vie et demeurer captif d’un conflit ou d’un regret déchirant?
Rien n’est inévitable tant que nous sommes prêts à recommencer à neuf jusqu’à ce que nous ayons modifié notre cap. La nouveauté du moment présent n’a pas de contraires et, par conséquent, ne connaît jamais l’opposition. Cela explique pourquoi le désir sincère de repartir à zéro ne peut faire autrement qu’être comblé.
Songer à repartir à zéro ne constitue pas davantage un nouveau départ que la lecture d’un livre sur l’alpinisme n’égale la profonde bouffée d’air frais que seule votre présence sur la montagne peut vous apporter.
L’anxiété
Voici un fait intéressant et observable. Toutes les émotions négatives se contredisent. Elles promettent une chose, mais en livrent une autre. Prenons l’anxiété. Cette émotion affirme toujours qu’il faut agir sur-le-champ afin de nous protéger d’une situation imprévue potentielle ou en train de se préparer. Or, plus nous lui accordons du pouvoir, moins nous en avons sur nous-mêmes pour freiner notre insécurité croissante.
Ce qui m’amène à penser… À quoi bon tenter de prévenir toute inquiétude future si, à la suite de cette tentative futile, nous créons sans le savoir le chagrin même que nous cherchions à éviter?
Les «patterns» douloureux
Les habitudes sont importantes quand on veut conserver un certain ordre. L’ordre engendre la sécurité. La sécurité est la pierre angulaire de la liberté. De la liberté découle le pouvoir de se gouverner et d’opérer ses propres choix. Toutefois, il arrive souvent que, dans notre quête de liberté, nous devenions esclaves de certaines habitudes; que notre peur de nous écarter de ce qui nous est familier surpasse notre désir initial de liberté. À l’intérieur de ce cercle restreint, il n’y a plus de place pour le choix. Nous ne sommes plus maîtres de nos journées.
Ce qui m’amène à penser… À quel moment nos «patterns» deviennent-ils des prisons sans murs?
Les attachements
Le plaisir que nous tirons d’une chose qui ne nous appartient pas diffère des sentiments que nous éprouvons au sujet des choses que nous considérons comme étant nôtres. La nécessité de renoncer à ce qui nous appartient fait souvent mal. Dire adieu au bien d’un autre ne nous pose aucun problème, car nous n’y sommes pas attachés. Or, la vie elle-même n’appartient ni à un ami ni à nous-mêmes. Dans la vie, tout change; on ne peut rien posséder vraiment. Après tout, les prétendus propriétaires ne se possèdent même pas eux-mêmes, sans parler de ce qu’ils tiennent dans leurs mains ou leur cœur.
Ce qui m’amène à penser… Qu’éprouverions-nous à l’égard de la personne ou du bien chéri en ce moment même, si nous savions, sans l’ombre d’un doute, que les choses devaient changer l’instant d’après?
La solitude
La peur, la colère et l’hypocrisie forment un terrible trio. Ces trois persécuteurs marchent toujours à la queue-leu-leu, l’un derrière l’autre. Défiez la peur et voyez avec quelle rapidité la colère la soutient de sa force étincelante. Défiez la colère et voyez comment l’hypocrisie prend sa défense, en protestant que c’est vous qui l’avez poussée à attaquer. Défiez l’hypocrisie et vous verrez qu’elle est morte de peur. Elle craint d’être seule et peut seulement faire semblant qu’elle ne l’est pas.
Ce qui m’amène à penser… Qu’est-ce qui se cache derrière la solitude?
La solitude est la possibilité d’être seul; et être seul consciemment est la seule façon d’apprendre à voir au-delà du mensonge de la solitude.
La compassion
La vraie compassion réside dans la capacité de se rappeler qu’en général, une personne en colère et animée par un désir de vengeance ou par la haine est seulement un être qui ne peut supporter le pénible poids de son propre désespoir soigneusement dissimulé. Il doit décharger sa souffrance quelque part. Intérieurement, il craint que vous ne l’aimiez plus, c’est pourquoi il vous lance des paroles blessantes. Comme il a peur que vous ne le preniez pas au sérieux, il est enclin à réagir d’une manière sarcastique ou irrespectueuse.
Ce qui m’amène à penser… Serions si pressés de vouloir punir ceux qui nous griffent si nous pouvions voir que leur souffrance est une punition bien suffisante?
Source :
Guy Finley
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