13 mai 2011

Grands et petits dieux font la pluie et le beau temps

La terre est une sorte d'école, ou un champ de pratique, pour apprendre à créer. Le groupe d’âmes qui s’y affaire depuis plusieurs millénaires semble piétiner … et si la tendance se maintient, peut-être faudra-t-il remettre les compteurs à zéro et refaire nos classes? Humm...

Smile as you go under…
«Ce que les mouches sont pour des enfants espiègles, nous le sommes pour les dieux : ils nous tuent pour leur plaisir.» (Le Roi Lear, 1606)
«Dès que nous naissons, nous pleurons d’être venus sur ce grand théâtre de fous...»
~ William Shakespeare

Sculpture géante hyper réaliste de Ron Mueck

(Adaptation/traduction Mestengo – Original English version: previous message)

Questionnements

Jane Roberts, 1980

Cette immense propriété,
ciel et terre,
entourée de galaxies,
semble soudain miniature,
un monde de jouets
dans un vaste espace intérieur,
jamais extériorisé,
une cellule minuscule gentiment logée
au milieu d'un front cosmique,
nos cimes arborescentes
les terminaisons nerveuses
du cerveau d’un dieu,
ses pensées comme
des feuilles virevoltant,
qui montent et descendent et chutent
sur le sol fertile de l'esprit.

Vision étrange!
Mais supposons que nos saisons représentent
l'agitation cellulaire d’un quelconque
esprit global,
et que chaque été n’est qu'un message
qui clignote entre des neurones
aussi immenses que des étoiles
pendant que nous
vivons quatre-vingt-dix jours et nuits
au bas-fond
du rêve d'un dieu.

Et qu’en est-il de nous, si désinvoltes,
les yeux de notre âme s'ouvrant sur les choses terrestres?
Sommes-nous des dieux miniatures,
hébergeant en nous
des créatures qui se rencontrent
dans le tourbillon de nos tissus
qu’elles voient comme des mondes?

Est-ce que mes pensées estivales
font  en sorte que les arbres portent fruits
et que les lilas fleurissent
dans le paysage cellulaire de ma peau,
où des êtres-jouets
arrachent mes fleurs de pommiers
et grignotent
mes fruits jusqu’au cœur?
Est-ce que mes rages
causent des tempêtes terrifiantes,
secouant la voûte du cerveau,
et faisant courir les poupées vers un abri?
J'espère que non.

Pourtant, nous tuons des fourmis
qui vivent juste sous nos pieds,
et un seul pas
peut anéantir un village complet de fourmis,
mais nous prenons pour acquis
que leur vie est si courte
qu’elle ne leur manquera pas.
Pourtant, cela fait réfléchir :
les fourmis nous appellent-elles Destin?

Le tonnerre est-il réellement
la voix d’un dieu
empiétant sur notre univers,
se propageant en lourd grondement
qui fendra nos nuages?
Et nos chuchotements tombent-ils
comme des gouttes de pluie en d'autres mondes,
ou tombent-ils dans le sol
devenant des graines qui pousseront?

Folle spéculation?
Non. Assise ici, une fois,
j'ai entrevu des formes gigantesques
à la périphérie de l'univers,
nous
observant discrètement et furtivement 
comme pour ne pas déranger
notre réalité.
Elles se mélangeaient à la terre et au ciel,
cependant trois grandes fenêtres me montrèrent  
un torse incomplet sur lequel se superposaient
des maisons, des arbres, et des rues.
J'ai dû regarder par deux fois juste pour voir
où ils fusionnaient.

À l'instant même, les pièces ont rétréci,
et je sentais que notre monde, petit, tout douillet,
était suspendu dans un gigantesque espace intérieur,
et je me suis redressée, inquiète.
Les formes avaient disparu.
Les pièces reprirent leur état normal,
mais je les avais vues à travers d'autres yeux,
et cette vision
s’imposait toujours.

Or, si notre vie est si infime,
comment se fait-il que nos amours et nos haines
émergent de façon si extrême,
qu'une journée semble si longue
qu'elle ne finit plus,
ou qu'un un mot
puisse frapper si vivement
qu’il fait monter les larmes?
Que vaut cette expérience?
Quels sont les centres de pouvoir qui se croisent
de sorte que nous vivions, vous et moi, comme chaque fourmi?

En fait, au moment où j'écris,
une fourmi,
file à toute allure sur le sol,
comme absorbée par une entreprise,
ses pattes courant aussi vite que possible,
à travers le tapis-continent de la cuisine
jusqu’aux parois du mur-montagne.
Comme cette pièce doit paraître massive,
ses meubles
ses luminaires au firmament
familiers mais étrangers;
même une fourmi sait qu'elle n'est pas seule,
et que la pièce sert à d'autres activités
qui se déroulent autour d’elle en tout temps;
ce qui est une évidence lorsque,
par exemple, une fourmi grimpe
sur le couvercle d'un pot et que je la fais tomber,
ou bien qu’elle erre dans l'évier
au moment où l’eau coule du robinet.
Parfois, ma main de géante la sauve,
en la laissant ramper dessus, puis en la secouant pour la libérer;
parfois distraite, j'oublie, trop tard,
et je la vois succomber à son sort.

Pourtant, les fourmis connaissent des recoins secrets
et des crevasses,
qui me sont inaccessibles,
et les troubles intérieurs et les préoccupations continuent
à quelques centimètres à l’intérieur de la sculpture blanche.
Des joies et des angoisses miniatures
frémissent et s’élèvent
chez les générations de fourmis et de mouches,
juste à la surface de mes journées,
et dont je n’ai pas du tout conscience.

Même mon chat est un géant poilu
pour une fourmi,
un obstacle à contourner prudemment
comme une montagne
qui risque de s'effondrer
à tout moment.
Alors, peut-être que l'univers
a des buts différents des nôtres,
et que les arbres, la terre et même les étoiles

sont les meubles
d’un autre type de galaxie
que nous appréhendons.

If We Live Again
Or Public Magic and Private Love
Poetry by Jane Roberts
Prentice-Hall, 1982  


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