L'impression généralement répandue que les tueries et les homicides sont dus à des problèmes de santé mentale est tout à fait logique. En 2022, une équipe de psychiatres américains ont conclu que 28 pourcent des tueries de masse étaient rarement spontanées, mais bien planifiées.
Comment se fait-il que les problèmes de santé mentale aient autant proliféré ces dernières années? La drogue serait-elle un facteur déterminant? Des influenceurs aussi haineux et misogynes qu'Andrew Tate incitant à commettre des actes de violence ont-ils une incidence concrète sur leur public? Un dépendant à la cocaïne, au crack et au fentanyl risque-t-il de développer de graves problèmes mentaux? (1)
Par ailleurs, faut-il être intoxiqué (drogues dures, alcool…) pour commettre des actes de rage volant? Pas nécessairement. Il semble que le stress, la frustration, la peur, la dépression peuvent réveiller le tueur virtuel en chacun et nous faire passer à l'acte. En particulier si nous n'avons jamais appris à maîtriser nos émotions.
Il reste que les drogues peuvent facilement induire des idées suicidaires, une perte de contrôle de soi, de la colère incontrôlée, de la détresse, des dépendances, un recours à la violence contre soi ou contre autrui et des psychoses.
Nous vivons dans un système où l'on nous a fait croire que nous avions le droit d'obtenir ce que nous vouilons quasi instantanément (par n'importe quel le moyen). Les publicitaires, les réseaux sociaux et les influenceurs poussent le public à la comparaison et conséquemment à la surconsommation. Conséquence : beaucoup de gens de tous âges sont frustrés et dépriment. Malheureusement ils continuent de croire que les objets et les relations multiples et éphémères peuvent apporter le bonheur. C'est plutôt décourageant de voir ça. Et puis, l'entourage familial, socioculturel, scolaire et autres, peuvent être toxiques.
Fusillades de masse et maladie mentale : Quelle est la bonne recherche?
Les études divergentes portant sur la prévention montrent qu'il est nécessaire de faire preuve de spécificité.
• Trois études récentes à grande échelle sur les attentats de masse révèlent des disparités quant à l'influence de la maladie mentale.
• Le fait de regrouper les maladies mentales en une seule et même pathologie fournit des données confuses pour les efforts de prévention.
• Pour que les stratégies de prévention des attentats de masse soient efficaces, il faut que les troubles qui ont un impact soient clairement identifiés.
Le National Threat Assessment Centre (NTAC) des services secrets américains vient de publier les résultats d'une enquête quinquennale sur la violence ciblée (2016-2020). Ce groupe a pris en compte les incidents au cours desquels au moins trois personnes ont été blessées et ne se limite pas aux fusillades. La recherche porte sur 173 attaques au total, dans des lieux de travail, des écoles, des églises, des bases militaires, des complexes résidentiels, des transports publics et des espaces ouverts. Le fait que 28 % des auteurs d'attaques de masse présentaient des symptômes psychotiques semble significatif. Cependant, en 2022, une équipe de psychiatres a conclu que peu de meurtriers de masse étaient psychotiques. Il s'agit plutôt de personnes en colère, rigides et incapables de faire face aux coups durs de la vie. À partir de ces études, il est difficile de déterminer l'impact réel des symptômes psychotiques, mais peut-être que les 20 % de personnes ayant des pensées paranoïaques dans l'étude du NTAC n'étaient pas toutes psychotiques, ou seulement modérément psychotiques.
Le rapport décrit une série de comportements inquiétants lorsque les auteurs d'attentats passent à l'étape de la violence. Parmi les principales conclusions :
• La plupart ont eu un comportement qui a inquiété des membres de leur famille, des amis, des voisins, des camarades de classe et des collègues de travail.
• Plusieurs ont des antécédents de comportements agressifs.
• Des griefs motivaient 50 % d'entre eux.
• La plupart ont utilisé des armes à feu, souvent illégales.
• Un sur quatre adhère à une idéologie conspirationniste ou haineuse.
• Plusieurs ont vécu des événements déclencheurs stressants, notamment ceux liés aux relations familiales/romantiques, aux problèmes d'emploi et aux questions juridiques.
• Plus de la moitié d'entre eux ont présenté des symptômes de trouble de santé mentale avant ou au moment de l'attaque.
• Un sur quatre s'est suicidé.
• Au moins un quart des agresseurs avaient été officiellement diagnostiqués comme souffrant d'un trouble mental, notamment de dépression, d'anxiété, de stress post-traumatique, de troubles explosifs intermittents, de schizophrénie et de troubles bipolaires.
Conclusion de l'auteur de l'article :
En résumé, les troubles psychotiques graves ne semblent que faiblement impliqués dans les attentats de masse, et en concentrant les ressources préventives sur la «maladie mentale», on risque de passer à côté d'autres influences qui doivent être prises en compte.
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La santé mentale est au cœur des drames qui ont secoué Montréal en 2023
Les cinq premiers homicides survenus à Montréal depuis le début de l’année ont tous en commun d’avoir été commis dans un contexte de drame intrafamilial lié à un problème de santé mentale.
Parmi ceux-ci :
Le 25 janvier dernier, Emmanuel Gendron-Tardif (28 ans), a poignardé sa mère de 61 ans, Lysanne Gendron, dans son logement de la rue Fullum. Le cinéaste était connu pour ses problèmes de santé mentale depuis plusieurs années.
Puis, le 19 février dernier, une femme de 26 ans, Amel Benali, connue également pour des problèmes de santé mentale, est soupçonnée d’avoir poignardé sa mère de 54 ans, Luiza Ouali.
Enfin, le vendredi 17 mars, Arthur Galarneau est accusé d’avoir commis l’irréparable en ayant poignardé à mort sa grand-mère, Francine Gingras-Boucher, ainsi que son père et sa mère, Richard Galarneau et Mylène Gingras (53 ans).
Le jeune accusé de 19 ans était connu pour des problèmes de santé mentale, mais n'avait aucun antécédent judiciaire. Ce dernier a été maîtrisé et arrêté par le SPVM
en état de crise total, couvert de sang de la tête aux pieds.
Des tueries incompréhensibles ont aussi défrayé les manchettes récemment :
• Un chauffeur d'autobus scolaire a foncé dans une garderie à Laval (deux enfants morts et 6 autres blessés)
• Un homme a fauché plusieurs piétons au camion bélier à Amqui (deux morts, neuf blessés dont trois très grièvement; finalement l'on a appris que l'un des blessés graves était décédé)
Le cas de Stéphanie Brossoit
Cet exemple extrêmement sinistre, montre à quel point les drogues peuvent jouer un rôle capital dans ce genre de drames.
«Je sais que j’ai fait la pire chose au monde.»
Stéphanie Brossoit, une mère accusée d’avoir violemment tué sa fille de 6 ans de 80 coups de couteau alors qu’elle avait consommé plusieurs drogues, a plaidé coupable à une accusation réduite d’homicide involontaire. La petite Maélie Brossoit-Nogueira a été tuée par sa mère le soir du 23 juillet 2020, alors qu’elles dormaient dans la même chambre. Stéphanie Brossoit, depuis longtemps aux prises avec un problème de consommation, était alors en état de psychose. La fillette de 6 ans s’était réfugiée dans la salle de bains pour fuir les coups de couteau lors du drame. Les policiers ont retrouvé la porte défoncée. La petite était inerte dans la baignoire et l’autopsie a identifié 80 plaies sur le corps de la victime, selon l’exposé conjoint des faits déposé en cour.
Mélange de drogues
La mère avait consommé des substances intoxicantes qui l’empêchaient de dormir dans les jours ayant précédé la visite de Maélie. La fillette, en garde partagée, se rendait occasionnellement chez sa mère. «L’accusée n’avait pratiquement pas dormi depuis plusieurs jours. Ainsi, afin d’être en mesure de faire sa journée, l’accusée a consommé le matin un comprimé de speed», explique le résumé des faits.
Stéphanie Brossoit craignait de ne pas être en mesure de dormir, parce qu’elle n’avait pas suffisamment de Seroquel. Le médicament lui était prescrit par ordonnance médicale. Elle a donc demandé à un ami de lui apporter des cigarettes indiennes et un demi «bouchon» de GHB. Cet ami lui a aussi fourni un gâteau de cannabis, qu’elle a mangé en entier.
«Elle s’est réveillée dans un état de confusion, se sentant coincée dans une autre dimension. Elle se sentait entre la vie et la mort. Ses pensées lui disaient qu’elle devait donner des coups de couteau à son enfant pour la sauver», précise-t-on dans le dossier de cour. En plaidant coupable à l’accusation d’homicide involontaire, la mère de 39 ans évite le risque d’écoper de la prison à vie.
«Pas de justice», dénonce la famille
Stéphanie Brossoit aurait dû être déclarée coupable au terme d’un procès, pensent le père de la victime et sa famille. Elle avait d’abord été accusée de meurtre au deuxième degré, a rappelé la famille en s’adressant aux médias. Le procès devant jury devait durer cinq semaines.
«Il faudrait que les lois changent au Québec. Il n’y a pas de justice. On peut tuer son enfant, dire qu’on est en psychose et obtenir une peine et une accusation réduites. Elle va pogner six ans? Sept ans? Combien d’enfants vont mourir comme ça dans le silence?», a confié en pleurs Manuela Pires, tante de la victime.
Je trouve que l'irresponsabilité due aux problèmes de santé mentale ou à la dépendance aux drogues a bon dos. Un peu trop. Les tueurs écopent de sentences bonbon (trop clémentes).
(1) Effets de la cocaïne et du crack
La cocaïne et le crack sont des drogues qui agissent rapidement. Elles commencent à faire effet dans les secondes ou minutes après leur consommation. La cocaïne change la chimie du cerveau de telle sorte que les gens éprouvent une sensation de plaisir (euphorie).
Les effets mentaux à court terme de la cocaïne et du crack :
• l’anxiété
• la panique
• plus d’énergie et de confiance en soi
• un sentiment d’être heureux et alerte mentalement
• des pensées paranoïdes (croire que les gens veulent vous faire du mal)
• un comportement violent
Les effets mentaux à long terme de la cocaïne et du crack :
Plus les gens en consomment longtemps, plus les effets nocifs qu’ils subissent peuvent être graves. Au fil du temps, la cocaïne peut causer des changements physiques dans le cerveau. Certains de ces changements peuvent affecter votre capacité à fonctionner dans la vie, au travail ou à l’école.
Certains effets continus sur la santé mentale liés à la consommation à long terme peuvent comprendre :
• la dépression
• des problèmes de sommeil
• des changements d’humeur extrêmes
• un comportement erratique ou violent
• des sentiments de méfiance, de jugement, de jalousie ou de suspicion (paranoïa)
• la perte de contact avec la réalité (hallucinations, idées délirantes ou psychoses)
Risques liés à la consommation de cocaïne et de crack
Le risque le plus grave de la consommation de cocaïne ou de crack est la surdose, qui peut être mortelle. La surdose peut comporter :
• une insuffisance respiratoire
• des crises d’épilepsie ou des convulsions
• un accident vasculaire cérébral (interruption du flux sanguin au cerveau)
• une rythme cardiaque irrégulier, une crise cardiaque ou une insuffisance cardiaque
La quantité de cocaïne nécessaire pour causer une surdose varie. La possibilité de surdose accidentelle est plus élevée lorsque les gens ne connaissent pas exactement la drogue qu’ils prennent ou ne savent pas à quel point elle est forte. Le risque de surdose augmente aussi si d’autres substances sont consommées en même temps, par exemple de l’alcool ou des opioïdes.
Les substances avec lesquelles la cocaïne est souvent mélangée (coupée) peuvent produire d’autres effets négatifs ou toxiques.
Il existe un risque important de problèmes cardiaques même chez les personnes plus jeunes ne présentant pas de maladie cardiovasculaire préexistante.
Tous les risques augmentent si vous consommez de grandes quantités sur une courte période pour continuer à ressentir la sensation d’euphorie pendant des heures ou des jours (consommation excessive).
Article intégral : Santé Canada
Certaines drogues prescrites, dites légales, peuvent être dangereuses. Ce dossier exceptionnellement pertinent publié par La Presse, inclut des témoignages de personnes qui ont perdu un être cher et de dépendants que les médecins doivent traiter à l'héroïne médicale.
SURDOSES : L'ÉPIDÉMIE INVISIBLE
Un reportage de Philippe Mercure publié le 22 octobre 2022
Médicaments qui tuent au lieu de guérir. Nouvelles substances qui inondent le marché. Drogues si fortes que les médecins ne parviennent plus à soigner leurs patients. Décrit comme le «champion des comprimés», le Québec déplore plus de morts par surdose que par accident de la route.
Chapitre 4 Labos légaux contre labos clandestins
La contrefaçon : des médicaments en apparence conformes aux vrais, mais qui tuent.
Le chapitre 5 Comment les opioïdes piratent nos circuits électriques
Un cercle vicieux qui mène à toujours augmenter les doses prescrites et pousse finalement à se tourner vers les drogues de rue.
Chapitre 6 Prévenir les surdoses dans les festivals
Avec la contamination des drogues, chaque consommation équivaut à jouer à la roulette russe.