5 décembre 2020

Permis de pillage comme cadeaux de Noël aux forestières

En tous cas, on peut dire que nos élus, d’un bout à l’autre du Canada, sont bouchés ben dur. Même si c’est de moins en moins viable sur terre, certaines espèces survivent et augmentent effectivement, entre autres, le rapace humain. La planète est devenue un champ de destruction d’une ampleur inimaginable.

Et l’on peut compter sur la CAQ pour distribuer des permis de pillage forestier comme cadeaux de Noël. Tristement, le ministre de l’environnement Benoit Charrette porte son masque sur les yeux. En réalité le cabinet au complet souffre de glaucome environnemental puisqu’il n’a d’yeux que pour la croissance économique.


 

Néanmoins, la minorité intelligente peut compter sur des êtres conscients qui militent et demandent aux élus d’agir autrement, immédiatement. Remercions-les!

Action boréale https://actionboreale.org/  

Legault sommé de protéger nos forêts 

Le chanteur Richard Desjardins demande au PM d’intervenir auprès du puissant ministère des Forêts

Richard Desjardins met au défi le premier ministre François Legault de créer de véritables aires protégées, alors que le temps presse pour respecter l’engagement de protection de 17 % du territoire québécois.

   «L’arbitrage va se passer prochainement dans le bureau du PM. Que va donc décider le gouvernement Legault pour en arriver à protéger 17 % de son territoire d’ici un mois?» écrit le poète, chanteur et militant dans une lettre ouverte publiée aujourd’hui dans Le Journal.

   Il ne reste que 30 jours pour que le Québec préserve plus de 100 000 km2 de son territoire.

   Le ministère de l’Environnement a fait ses propositions, mais celui des Forêts n’a toujours pas donné son OK et dispose d’un quasi droit de veto.

   Le réalisateur de l’Erreur boréale ne fait plus confiance au ministre de l’Environnement Benoit Charette pour obtenir gain de cause face à son collègue Pierre Dufour.

   «Le bunker [le ministère de la Forêt] a mis le petit ministère de l’Environnement à sa botte. Le titulaire de celui-ci semble disposé à la cirer», écrit-il dans une lettre cosignée par Henri Jacob, le président d’Action boréale.

   La frilosité du ministère des Forêts à protéger des territoires – et donc à réduire l’accès aux bûcherons – est connue.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/2020/12/02/legault-somme-de-proteger-nos-forets

Le bunker [du ministère des Forêts]  

Henri Jacob, président de l’Action boréale / Richard Desjardins, vice-président

Jamais le ministère responsable de nos forêts n’aura connu aussi bon ministre que celui actuellement en poste : Pierre Dufour. 

En tout cas, c’est sûrement l’avis de ses hauts fonctionnaires ramassés dans un bunker de la 4e Avenue Ouest à Québec. Là, ils sont une vingtaine de technocrates à gérer notre patrimoine forestier. On ne les connaît pas et d’ailleurs, ils n’aiment pas trop se montrer. On peut comprendre. Quand on a comme mandat «d’aménager de façon durable les forêts afin de maintenir ou d’améliorer la santé à long terme des écosystèmes forestiers», et qu’on fait systématiquement le contraire sur le terrain, ben, l’image publique qui en découle, on préfère laisser le ministre la défendre. Ainsi que la gestion d’un recours collectif pour détournement de mandat que le ministère aura éventuellement à affronter.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/2020/11/13/le-bunker-du-ministere-des-forets?fbclid=IwAR33aa45nQ64-JdzWjFWSlrS7YPFoCd0YyiBvJvUwo9IOw3fGXtwexlJwsg

La faute à Napoléon

Le rapport Coulombe 10 ans plus tard

C’est sûr qu’il en faut du temps pour passer d’une foresterie qui conçoit le territoire comme un simple réservoir de mètres cubes de bois, à une foresterie qui priorise le maintien de la biodiversité et conditionne la récolte des ressources. Il en faut du temps aussi pour éduquer l’industrie à ce changement de perspective.

   «C’est comme un paquebot qui doit virer de cap, ça s’fait pas d’un coup sec», disait-on à l’époque. Sauf que 10 ans plus tard, on a l’impression que le bateau est encore attaché au quai.

   À tout le moins, on se serait attendu à ce que cessent le plus rapidement possible les pratiques forestières grossières et dommageables. Comme l’abattage à la machinerie lourde sur les sols fragiles du Nord. Comme la pratique des éclaircies dites «commerciales», qui consiste à couper tout ce qu’il y a autour d’un arbre qu’on aura privilégié, un résineux de préférence. À terre les cèdres, les bouleaux, les nids d’oiseaux, la biodiversité quoi! Cette pratique qui nous a déjà coûté des milliards a été jugée inefficace par la Commission. Ça fait de plus gros arbres, certes, mais sur un hectare de sol forestier, ça ne donne pas plus de bois.

   Oui, mais ça nous rapporte quoi, une forêt naturelle? L’Institut canadien Pembina s’est employé à évaluer en termes de dollars tous les «écoservices» rendus par la forêt boréale : captage de carbone, contrôle des épidémies d’insectes par les oiseaux, filtrage d’eau, production d’oxygène, etc., pour conclure que la valeur de ces écoservices est 2,5 fois plus élevée que la valeur marchande nette des ressources naturelles extraites (bois, métaux, hydro).

   D’où l’importance d’en préserver une partie. Une recommandation majeure du rapport Coulombe. 

   Le premier avril prochain, la compagnie forestière Tembec entend exercer son droit peut-être légal mais sûrement illégitime, de pénétrer dans le territoire naturel du Kanasuta et d’aller y couper à blanc, tel qu’elle l’a laissé entendre.

   L’Action boréale s’y oppose, demande une extension du présent moratoire et prie le gouvernement de fournir au ministère chargé d’établir le réseau d’aires protégées, le budget nécessaire pour qu’il puisse convenablement achever son travail d’analyse.

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/desjardins

L’article suivant a été publié en 2002.

La déforestation au Québec

Patrick De Bortoli *  

Aujourd’hui au Québec, l’état des forêts, le rythme de la déforestation et l’insouciance des gouvernements prennent dangereusement l’allure de la tragédie malaise ou amazonienne. La forêt québécoise, d’essence publique, ne l’est aujourd’hui qu’en apparence puisqu’elle se vend à coup de CAAF, c’est-à-dire de contrats d’approvisionnement et d’aménagement forestier  octroyés à des entrepreneurs (sans consultation préalable de la population) qui l’exploitent jusqu’à l’âme!

Depuis 1987, presque la totalité du territoire forestier exploitable a été littéralement donné à plus de 300 CAAF. Pas étonnant de lire dans le cahier officiel de mise à jour du régime forestier du ministère des Ressources naturelles que : ‘le développement durable des forêts implique l’utilisation des diverses ressources disponibles à des fins économiques’!

Afin de calmer les esprits indomptables et rassurer l’opinion publique, on a évincé du vocabulaire l’expression ‘coupe à blanc’ pour la remplacer par des euphémismes trompeurs et mensongers tels que «coupe avec protection de régénération et des sols» (CPRS), «rendement soutenu», etc. En fait, la CPRS est une coupe à blanc qui peut s’étendre sur une superficie allant jusqu’à 150 hectares de forêt boréale.

De 1991 à 1996, le gouvernement québécois a accordé une augmentation de plus de 60 % des volumes de résineux à récolter. On parle d’une augmentation à proportions suicidaires. On prend à la forêt plus qu’elle ne peut fournir. C’est l’avenir de la forêt boréale québécoise qui est hypothéqué, sa faune, ainsi que les peuples autochtones qui y vivent. On presse l’orange et on jette l’écorce!

À la Baie James, territoire des Cris, «la plupart des territoires de chasse de Waswanipi sont rasés à 30 % ou à 50 %. Dans certain cas on parle de 90 %», affirme Paul Gull. Au niveau du 52e  parallèle, la Baie James représente un écosystème tout à fait particulier à cause notamment de sa température caractéristique qui se situe annuellement, en moyenne, entre 0 C et 2,5 C degrés. La région qui est essentiellement plantée d’épinettes noires, à croissance lente, et où la période de croissance de la végétation, en raison du climat, est extrêmement courte, font d’elle une région très vulnérable à l’extinction définitive, suite aux coupes rases. [La construction de la première phase du projet de la Baie James, aussi connu sous le nom de Complexe La Grande se déroule de mai 1973 à décembre 1985.]

Pour satisfaire l’insatiable soif des compagnies, le gouvernement octroie aujourd’hui encore des permis de coupe. «Ces permis d’exploitation pourraient compromettre la pérennité de ces écosystèmes fragiles» (Greenpeace) ainsi que le mode de vie traditionnel des autochtones de la région. Cette région forestière représente 433 645 km2 de superficie, soit 28 % du territoire. Il y a urgence!

* Patrick De Bortoli, alors porte-parole à Montréal pour la Fondation Peuples des forêts primaires  http://pdfp.free.fr/pfp/actu_quebec.htm

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Pour ma part, en 1998, j’ai vu des camions chargés «full top» de billots de bois de qualité circuler jour et nuit entre mai et octobre sur le chemin d’un parc faunique du Québec. Ces chargements étaient, disait-on, destinés aux Japonais et aux Chinois qui raffolent de notre bois!

Les vieux arbres géants du Canada de plus en plus exportés en Asie

https://www.youtube.com/watch?v=J5Kwmr6-kLI

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