Le pitbull
Pétrolia a reçu le feu noir de
Québec. La sauvegarde d’un écosystème aussi précieux que l’Île d’Anticosti, la
plus grande île du Québec située dans golfe du Saint-Laurent, ne mérite pas une
résiliation de contrat? Diable, c’est heurtant!
Nos ministres ont plié l’échine les un(e)s après
les autres. Difficile de se tenir debout quand les prédateurs attaquent simultanément
de toutes parts.
Illustration : Willy Aractingy
Le Loup et l’Agneau
Jean de la Fontaine
La raison du plus fort est toujours la
meilleure :
Nous l'allons montrer tout à
l'heure.
Un agneau se désaltérait
Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait
aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
«Qui te rend si hardi de troubler mon
breuvage?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire,
répond l'agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu'elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous
d'Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la
troubles, reprit cette bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né?
Reprit l'agneau; je tette encor ma
mère
- Si ce n'est toi, c'est donc ton
frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc
quelqu'un des tiens :
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l'a dit : il faut que je me venge.»
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le
mange,
Sans autre forme de procès.
Anticosti :
Québec donne le feu vert pour forer
Par Martin Croteau, La Presse
(Québec) Le ministère de l'Environnement a délivré
un certificat d'autorisation à Hydrocarbures Anticosti (1) pour la poursuite de
sa campagne d'exploration du sous-sol de l'île, a confirmé l'opérateur du
consortium, Pétrolia.
En matinée, le ministre de l'Environnement, David
Heurtel, assurait que la demande de la coentreprise était toujours «sous
analyse». Son bureau a refusé de commenter la décision, mercredi après-midi.
Dans un
communiqué, le ministère de l'Environnement affirme qu'il mènera un «suivi serré»
des travaux sur Anticosti. «Il sera présent sur les sites mêmes de
l'exploration pétrolière, et ce, à chacune des étapes importantes du projet,
peut-on lire dans le communiqué. Il effectuera également des inspections de
façon régulière afin d'assurer la conformité des opérations aux lois et aux
règlements applicables ainsi qu'aux exigences et engagements contenus dans les
autorisations.»
La
coentreprise a mené des sondages stratigraphiques l'été dernier. Elle doit
maintenant mener trois forages par
fracturation hydraulique pour confirmer le potentiel d'Anticosti. Elle a
demandé un certificat d'autorisation en février.
Mais sa
demande est survenue quelques semaines après que Philippe Couillard eut pris
position contre le projet pétrolier sur Anticosti à la conférence de Paris sur
les changements climatiques. Le premier ministre a dit refuser de s'associer au
«saccage» de l'île et a maintes fois dénoncé les risques de la fracturation
hydraulique.
Depuis,
l'opérateur de la coentreprise, Pétrolia, s'est plaint plusieurs fois de
«l'hostilité» du gouvernement libéral (...) pour retarder le projet. Québec a
notamment utilisé une procédure rarissime - le recours à un comité d'experts
externes - pour analyser la demande de l'entreprise.
L'affrontement
entre Québec et Pétrolia a culminé il y a deux semaines lorsque le PDG de
l'entreprise, Alexandre Gagnon, a démissionné de son poste de porte-parole
d'Hydrocarbures Anticosti.
Même si elle a obtenu le feu vert de
Québec, Pétrolia ne procèdera pas à une campagne de fracturation hydraulique
avant l'été 2017. Elle a annoncé le report d'un an de cette phase du projet
en critiquant le «retard» dans le traitement de sa demande.
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Le pitbull TransCanada / Énergie Est obtiendra
sans doute le feu noir pour envahir
nos terres et polluer nos cours d’eau. «Des retombées de 9 milliards de
dollars», assure Brad Wall, premier min. de la Saskatchewan.
Aucune retombée économique ne peut compenser le
saccage d’une province... l’Alberta et la Saskatchewan en sont des exemples.
Si la Saskatchewan subit des pénuries d’eau en
raison des changements climatiques justement, le Québec fournira-t-il de l’eau
potable aux sinistrés «en vertu de la péréquation»? (2)
Brad Wall – un virulent climato-sceptique... mais, il n’est pas méchant.
ICI Radio-Canada Info – Le premier ministre saskatchewannais
n'entend pas demander à Québec de rembourser les sommes qu'il reçoit en vertu
de la péréquation advenant un rejet du projet de pipeline Énergie Est de
TransCanada, comme il l'avait déclaré en janvier.
Dans une conférence tenue avec son
homologue québécois Philippe Couillard, Brad Wall a réitéré qu'il appuie sans
réserve la construction de ce pipeline, mais que les questions que les
Québécois se posent à ce sujet sont légitimes.
«Je vais dire cela – et je ne l'ai
probablement pas dit assez clairement, je ne l'ai certainement pas dit ici : ce
projet est composé aux deux tiers de la conversion d'un pipeline existant, et
au tiers d'une nouvelle construction. Mais un fait demeure : la nouvelle
construction est presque exclusivement dans cette province», a déclaré M. Wall.
«Cela change la donne. Les Québécois vont, à juste titre, avoir des questions
différentes que les autres Canadiens », a-t-il poursuivi. «Il revient au
promoteur [...] de se soumettre au processus de consultation, et de s'assurer
de répondre à ces questions particulières, et uniques à certains égards, parce
que la construction est ici.»
Rappel : En janvier, Brad Wall avait fait les manchettes
en déclarant sur Twitter que les maires de la région de Montréal qui s'opposent
au passage du pipeline devraient rembourser leur part de la péréquation, ce qui
lui avait valu des accusations de «Quebec bashing».
Lorsqu'on lui a demandé jeudi s'il
entendait aller de l'avant à ce sujet, il a simplement répondu «Non», sourire
en coin.
M. Couillard a pour sa part affirmé qu'il
avait informé M. Wall des sept conditions que son gouvernement a imposées à
TransCanada pour qu'il autorise le projet, et de la démarche qui a été convenue
pour la suite des audiences du BAPE.
Le chef du gouvernement a par ailleurs
déclaré que la décision du chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec
et du Labrador, Ghislain Picard, de s'opposer au projet Énergie Est constitue
un élément «très significatif», qui est «important dans l'histoire de ce
projet» et qu'il convient de ne «pas minimiser».
D'une part, il est «obligatoire» de
consulter les Premières Nations pour ce projet, a-t-il précisé. D'autre part,
le Canada vient d'appuyer la Déclaration de l'ONU sur les droits des peuples
autochtones, qui reconnaît «la notion de consentement libre et éclairé» des
peuples autochtones pour des projets de développement. M. Wall a dit être au
courant de cette déclaration, mais s'est borné à dire qu'il faut «reconnaître
l'importance» de respecter les Premières Nations dans le processus d'évaluation
en cours.
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ICI Radio-Canada Info – La construction du pipeline Énergie Est
menacerait l'approvisionnement en eau potable de plus de 5 millions de Canadiens
qui vivent dans des «zones à risque». C'est la conclusion d'un rapport publié par
plusieurs groupes, dont Greenpeace et Équiterre.
Les auteurs de l'étude soutiennent que près
de 3000 plans d'eau dans plus de 24 régions municipales pourraient être
directement affectés par un déversement. Selon eux, une simple fuite pourrait «contaminer
les sources d'eau potable pendant des années».
Le rapport affirme qu'au total, 5,1
millions de Canadiens vivraient dans des zones menacées par un éventuel
déversement, dont 3,2 millions au Québec, un million en Ontario, 676 613 au
Manitoba et 130 679 au Nouveau-Brunswick.
Près de 2,9 millions de résidents seraient
dans des zones à risque situées dans la grande région de Montréal, où le fleuve
St-Laurent, les rivières des Prairies, des Mille-Îles et la rivière
L'Assomption, entre autres, sont menacés.
Un
danger pour les écosystèmes – Le projet d'oléoduc Énergie Est de 4600
kilomètres vise à acheminer quotidiennement 1,1 million de barils de pétrole
des sables bitumineux albertains jusqu'à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick.
Les auteurs rappellent que le bitume dilué
que transporterait l'oléoduc pourrait causer d'importants dommages
environnementaux en cas de déversement.
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(1) Hydrocarbures Anticosti est une société en commandite créée dans le
but de réaliser des travaux exploratoires sur l'île d'Anticosti. Ressources
Québec, une filiale d'Investissement Québec, en est propriétaire à 35 %,
tandis que Pétrolia, Maurel & Prom et Corridor Resources possèdent chacune
21,67 % des parts.
(2)
Dans un tweet, Brad Wall invitait les
Québécois à rembourser poliment leur part des 10 milliards de dollars en
péréquation qu'ils reçoivent des provinces de l'Ouest. Il avait ajouté dans
une publication Facebook qu'il s'agit d'un «jour triste» quand une province qui
tire part de sa position dans le pays se montre aussi «bornée» à rejeter un
projet avantageux pour l'ensemble du Canada. Il ajoutait que le transport du
pétrole par pipelines est plus sécuritaire et plus respectueux de
l'environnement que le transport par voie ferroviaire. [Le disque rayé préféré des pro-pétrole.]