6 mars 2016

La Chaudière à pétrole

Combien d’études d’impacts faudra-t-il encore? À mon avis, seuls les pays dont les élus sont suffisamment compétents et sages pour réduire au maximum leur production et consommation de pétrole (se limitant à l’essentiel) et préserver leur eau potable auraient la possibilité de survivre.


Je me souviens que nos gouvernants affirmaient que le lac Mégantic et la rivière Chaudière seraient entièrement décontaminés. Comment peut-on décontaminer la faune et la flore une fois qu’elles ont absorbé les produits toxiques dès les premières minutes où commence le déversement? Nul besoin d’être un quelconque expert pour savoir que c’est IMPOSSIBLE. Une fois le désastre amorcé, il n’y a pas de freins, ni de marche arrière! Nos élus auront-ils le courage et l’audace de mettre les lobbyistes de l’industrie pétrolière à la rue? Suspense inquiétant. Pourtant, il existe des entrepreneurs conscients, prêts à investir dans les alternatives. Il faudrait tourner le dos aux investisseurs actuels... Les transitions sont rarement faciles, mais avons-nous vraiment le choix?

La nature est notre drapeau rouge, elle nous donne un aperçu du sort qui nous attend. Si nous ne faisons pas la transition de plein gré, garanti qu’elle nous sortira du décor les pieds devant.

Comme le mentionne Alexandre Shields, les rapports dont il est question ci-après ont été publiés à la veille du sommet de Paris sur le climat... mais ils n’ont pas fait grand bruit.

Lisez et faites grand bruit.
http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/462570/riviere-chaudiere-des-poissons-intoxiques-au-petrole

[Extraits] 

Rivière Chaudière
Des poissons intoxiqués au pétrole
Alexandre Shields
Le Devoir; 10 février 2016

Le déversement de pétrole survenu dans la rivière Chaudière lors de la tragédie de Lac-Mégantic a eu des impacts majeurs et inédits sur la faune aquatique. Les scientifiques ont constaté de sérieuses anomalies, dont des déformations et des lésions, chez presque toutes les espèces de poissons. C’est ce qui se dégage de rapports gouvernementaux passés pratiquement inaperçus, mais qui donnent un avant-goût des conséquences qu’aurait une fuite provoquée par la rupture d’un pipeline.
   Après le déraillement et l’explosion d’un convoi ferroviaire en plein coeur de Lac-Mégantic, en juillet 2013, le ministère de l’Environnement a estimé que 100 000 litres de pétrole brut se sont déversés dans la rivière Chaudière, qui se jette elle-même dans le Saint-Laurent. Québec a donc mandaté un comité d’experts pour faire le suivi de la contamination du cours d’eau. [...]
   En fait, les scientifiques qui ont mené les analyses ont constaté une hausse « sans précédent » des taux d’« anomalies externes » de type « DELT » chez les poissons, ce qui inclut les déformations, l’érosion des nageoires, les lésions et les tumeurs. 
   Des données recueillies en 1994 démontrent que pour l’ensemble de la rivière, le pourcentage de poissons atteints était alors « nul ou faible ». « Mais il a atteint des valeurs aussi élevées que 35 % et 47 % en 2014 », soit un an après le déversement. À titre de comparaison, un milieu aquatique où plus de 5 % des poissons sont affectés par des anomalies de type DELT « est considéré comme contaminé par des substances toxiques », rappelle le rapport portant sur le suivi des communautés de poissons.



Sans précédent

[...] La biologiste Isabelle Picard, spécialisée en faune aquatique, juge que les résultats des analyses sont très inquiétants. « Ces taux sont effectivement sans précédent. Je n’ai jamais dépassé des taux d’anomalies de 5 % dans mes suivis dans des lacs en Estrie. » Elle souligne aussi qu’habituellement, les déformations de type DELT sont pour ainsi dire inexistantes chez les petits poissons. Or, dans ce cas-ci, « 61 % des menés becs-de-lièvre, une espèce en péril, présentaient de telles anomalies ». 
   Outre ces constats, les chercheurs ont démontré que l’abondance et la biomasse de la communauté piscicole de la rivière ont chuté respectivement de 66 % et 48 % par rapport aux données historiques.

Sédiments contaminés

[...] Or, une étude publiée elle aussi le 27 novembre dernier met en évidence « un risque écotoxicologique » lié à cette présence de pétrole et de HAP, des composés reconnus pour leur forte toxicité. ...

[...] « En fait, résume-t-il [Daniel Green], la tragédie de Lac-Mégantic nous offre des leçons dont il faudrait tenir compte. Ce type de conséquences humaines et environnementales, c’est le prix que la population devra accepter de payer si on continue de s’entêter dans l’aventure pétrolière. »

À Lac-Mégantic, 100 000 litres de pétrole se sont déversés dans la rivière Chaudière. Cela équivaut à la quantité qui circule dans le pipeline 9B d’Enbridge toutes les quatre minutes. Mais dans le cas du pipeline Énergie Est, de TransCanada, on prévoit un débit de 100 000 litres de pétrole des sables bitumineux chaque minute. Ce pipeline doit traverser plus de 800 cours d’eau au Québec.




Voilà, le tuyau est bouché : avec un tronc d'arbre!!!

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En passant : Le bilan 2015 des décès de bélugas du Saint-Laurent préoccupe les chercheurs et le gouvernement fédéral. La majorité des carcasses retrouvées sont des femelles qui étaient en couche et des nouveau-nés. Une tendance qui se poursuit depuis plusieurs années, mais dont les causes demeurent nébuleuses. L'abandon du projet de port pétrolier à Cacouna ne suffira pas à sauver les bélugas. Les chiffres fournis par Pêches et Océans Canada sont « inquiétants », de l'aveu même de la chercheuse du ministère Véronique Lesage. Elle précise que « les signaux ne sont pas à l'amélioration », pour cette population déjà classée en voie de disparition. 



Sur les 14 carcasses retrouvées en 2015 :
6 sont des nouveau-nés (l'âge de l'un d'entre eux reste à déterminer);
3 sont des femelles mortes en couche (signes de mise à bas récente ou de complication).
En 2014, le bilan était de 11 bélugas, dont 6 veaux.

Le président du Groupe de recherche et d'éducation sur les mammifères marins, Robert Michaud, rappelle que le nombre de bélugas du Saint-Laurent est déjà en diminution depuis le début des années 2000. Il constate que la population baisse de 1 et 1,5 % par année, alors qu'elle n'a pourtant aucun prédateur.

Par Thomas Gerbet :
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/national/2016/02/08/001-belugas-quebec-morts-deces-fleuve-meres-bebes-autopsie.shtml

Visitez aussi le libellé Série noire, juin/juillet 2015

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Restaurer au lieu de continuer à détruire

«Lorsqu'ils songent aux inégalités économiques, la plupart des gens se concentrent sur la façon de mettre fin à la pauvreté. Je pense qu'il est plus important de mettre fin à la richesse.» ~ Robert Jenson

«Qu'est-ce que la richesse? D'où vient-elle? Pouvons-nous associer abondance et durabilité? Notre économie actuelle a-t-elle créé de la richesse? Pendant qu'une minorité accumule les possessions matérielles, la vaste majorité des gens vivent dans de terribles conditions de pauvreté, et de vastes zones de la planète sont devenues des déserts. Tandis que j’étudiais les écosystèmes il m’était impossible de dissocier les conséquences écologiques de nos systèmes économiques. J’ai pleinement réalisé la valeur des écosystèmes.» ~ John Liu 
   L’environnementaliste contribue à restaurer des écosystèmes un peu partout dans le monde : Environmental Education Media Project: http://eempc.org/
What If We Change restoration media project:
http://www.whatifwechange.org

À voir : Green Gold 47 min. https://www.youtube.com/watch?v=YBLZmwlPa8A 

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«Si les gens d’aujourd’hui ne sont pas convaincus du caractère fâcheux d’un système qui les a menés de crise en krach, de faillite en révolte, de révolution en conflagration; qui gâte la paix, la rend affairée et soucieuse; qui fait de la guerre un cataclysme universel, presque aussi désastreux pour les vainqueurs que pour les vaincus; qui ôte son sens à la vie et sa valeur à l’effort; qui consomme l’enlaidissement du monde et l’abrutissement du peuple; si les gens d’aujourd’hui accusent n’importe qui des grands maux qui les accablent, en attribuent la cause à n’importe quoi plutôt qu’au développement de la machine, c’est qu’il n’est pas de sourd mieux bouché que celui qui ne veut rien entendre. [...] 
   S’il est vrai qu’elles [les machines] produisent l’abondance, comment se fait-il que là où elles règnent, règne aussi, dans tel quartier bien caché, la misère la plus atroce et la plus étrange? Comment, si elles produisent l’abondance, ne peuvent-elles produire la satisfaction? La surproduction et le chômage ont logiquement accompagné le progrès des machines, tant qu’on n’a pas fait une guerre, trouvé un trou pour y jeter le trop-plein. [...] 
   Tous les dégâts que le progrès des machines a pu causer par ruines, révolutions et guerres deviennent insignifiants au regard de ce fléau définitif : une humanité privée de tout travail corporel. 
   Quand vous aurez fait de l’État une machine, comment empêcherez-vous un fou quelconque de s’emparer du guidon et de pousser la machine au précipice? 
   Quand vous aurez fait de l’État une machine, il faudra que vous lui serviez vous-même de charbon.
   La machine enchaîne, la main délivre.»

~ Lanza del Vasto
Le pèlerinage aux sources, Chapitre IV, p. 160-169; Le livre de poche 1943   

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