22 mars 2016

Bruxelles : «les mots se refusent à traduire»

«Il y a des événements dont les mots aussi ont peur, qu'ils se refusent à traduire.» ~ Henning Mankell (Profondeurs)


Photo : Regine Trias, Black Messenger

Une fois de plus : ignoble, absurde et révoltant. Et toujours ce goût amer en nous.
Je tiens à offrir mon empathie à nos amis belges.

Mais aussi à toutes les personnes qui subissent ce genre d’horreurs quotidiennement (en Afrique, au Moyen-Orient, etc.) en vertu d’idéologies politiques et/ou religieuses, en vertu du manque de maturité d’une partie de l’humanité encore dopée aux vapeurs de la violence.

Une chose m’intrigue : pourquoi révéler au grand public qu’Abdeslam avait été capturé vivant et qu’il était prêt à parler des futures attaques? On aurait pu laisser planer le doute sur son état de santé et en particulier sur ses prétendues confessions. Dommage, car le conspirateur envoyait ainsi à ses comparses le signal de passer à l’action immédiatement – pas dans le futur. En situation aussi grave la transparence est un suicide; il vaudrait peut-être mieux mentir et ruser à la hauteur des terroristes.

Ne dites pas à ma mère que je suis ATHÉE
Michel Morin (avocat en défense)
PERRO éditeur, 2015 

(Extrait p. 561 / 588)

Épilogue
IMAGINE NO RELIGION...

S’il vous arrive de discuter religion avec un croyant et que la conversation vous amène sur le terrain de la moralité, il y a toutes les chances que votre interlocuteur vous sorte le classique : «Ah, mais s’il n’y a pas de dieu, alors on peut commettre des viols et des meurtres tant qu’on veut!» Ce à quoi vous pouvez lui retourner cette question : «As-tu vraiment d’irrésistibles pulsions de meurtres et de viols que seule la pensée de Dieu t’empêche de mettre à exécution?» 
     Si, en effet, c’est seulement la crainte d’un châtiment divin qui retient quelqu’un de s’adonner aux pires atrocités, c’est que quelqu’un a de très inquiétantes pulsions et que vous devez le tenir éloigné de votre tiroir à couteaux. 
     Rien n’est plus malicieusement interprété que cette phrase malheureuse de Dostoïevski : «Dieu n’existe pas, alors tout est permis.» Il est beaucoup plus juste de dire : «Dieu existe, alors tout est permis.» Sont permis les attentats terroristes islamiques sur une base devenue presque quotidienne, sont permis les crimes d’honneur, sont permises les lapidations d’homosexuels, sont permis Boko Haram et les Shebab, sont permis les abus de Lev Tahor, l’Ordre du Temple solaire, l’organisation de l’État islamique... 
      Tant et tant de cruautés au nom d’entités surnaturelles dont on n’a aucune preuve. 
      «On ne s’entretue pas pour les mathématiques, ni pour aucune science, ni même pour une vérité de fait, lorsqu’elle est bien établie. On ne s’entretue que pour ce qu’on ignore ou qu’on est incapable de prouver. Les guerres de religion font pour cela un formidable argument contre tout dogmatisme religieux.» (André Comte-Sponville) 
     Beaucoup de croyants pensent à tort que la religion est ce qui les porte à être bons. Que la religion les tient dans le droit chemin. La plupart s’imaginent que, durent-ils soudain abandonner leurs croyances, ils cesseraient du jour au lendemain d’aimer leurs enfants, leurs parents, qu’ils ne se soucieraient plus d’agir avec honnêteté, qu’ils n’éprouveraient plus de compassion devant les drames humains, qu’ils sombreraient dans les abîmes du vice, que le mal grandirait en eux comme de la mauvaise herbe. 
     La réalité, c’est que leur conversion à l’athéisme ne changerait pour ainsi dire rien à leur vie de tous les jours. Au bout du compte, ils seraient probablement plus dynamiques, ouverts et auraient envie d’en profiter davantage. Chose certaine, ils ne seraient pas moins moraux.
[...] 
    Les croyants sont-ils plus moraux que les athées? Ont-ils moins tendance à mal tourner, à commettre des crimes, par exemple? Non. Au contraire, si ça se trouve.
[...] 
     Des guerres au nom de l’athéisme? Quand on s’y arrête une seconde, la proposition a quelque chose d’absurde. 
     «Je ne peux m’imaginer qu’une guerre a été menée au nom de l’athéisme. [...] Qui voudrait aller en guerre au nom d’une absence de croyance?» (Richard Dawkins)

Les lourds antécédents des religions

S’il est périlleux d’imputer directement à l’athéisme des grandes tragédies, l’histoire est tapissée d’un bout à l’autre d’horreurs perpétrées au nom de la religion.
[...] 
     En 1990, l’auteur et journaliste James A. Haught a rédigé Religions’s Death Toll, un texte disponible sur le net où il fait une synthèse des pires atrocités dont furent responsables dont furent responsables les religions Haught explique que l’expérience humaine nous montre que, quand une religion est forte, elle est source de cruauté. Et des croyances intenses engendrent une hostilité intense. www.theskepticalreview.com/jahpoliticsdeathtoll.html
     En vrac, quelques épisodes recensés par l’auteur : La première Croisade («Dieu le veut!»); Les Mayas (on arrachait le coeur des sacrifiés humains); La troisième Croisade, Les Assassins (tuerie des infidèles à l’islam par des chiites); Les Juifs et le sang des enfants (pour des rituels); Béziers (croisade contre les Albigeois «Tuez-les tous. Dieu reconnaîtra les siens.»); Les Incas (sacrifices humains pour contenter les dieux); L’Inquisition (tortures et exécutions pendant cinq cents ans); La peste des Juifs (massacrés car tenus responsables de la peste noire); Les Aztèques (âge d’or des sacrifices humains, 20 000 personnes tuées par année pour apaiser les dieux); Autres sacrifices – Tibet, Bornéo, Inde (sacrifices de vierges et d’enfants)... 

L’horreur islamique

La religion a toujours tué. Elle tue plus que jamais. Les armes ont simplement changé de mains. Les inquisiteurs et croisés ont cédé le terrain aux djihadistes, aux fous d’Allah. 
     La prolifération relativement récente des attentats terroristes est telle que nous avons lentement fini par adopter, par rapport à ceux-ci, une attitude oscillant entre indifférence et insensibilité. [...] Pourtant ... le phénomène est aussi nouveau qu’inquiétant.
[...] 
   ... La réalité, c’est qu’il ne se passe que rarement des périodes de trois jours consécutifs sans qu’il en soit perpétré un quelque part. 
     Et disons les choses telles qu’elles sont : la quasi-totalité est motivée par des raisons religieuses. Et la mouvance islamique détient pour ainsi dire le monopole de cette violence inouïe. Si vous en doutez, googlez : list of designated terrorist organisations. On y inscrit les organisations officiellement reconnues par les gouvernements.
[...] 
     Il y a plus de 1,6 milliards de musulmans dans le monde. Dans la moitié des pays sur notre planète, l’islam est la religion prédominante. Il va sans dire que la très vaste majorité des musulmans sont des personnes de bien, qu’ils ont une conduite sociale irréprochable et n’envisagent pas un instant la violence pour imposer leur foi. Il n’en demeure pas moins que l’État Islamique compte 100 000 à 125 000 membres, que Boko Haram pourrait bien en compter jusqu’à 30 000 et que les Talibans s’appuient sur des effectifs de combattants se chiffrant à environ 36 000, tout cela a de quoi inquiéter.
[...] 
     On ne peut certes pas imaginer comme le chantait Lennon « un monde sans religion, sans enfer et avec seulement un ciel au-dessus de nous »... 
     Cependant, on peut rêver de vivre à une époque où il sera permis pour un athée de sortir impunément du garde-robe et où un dialogue sous le signe du respect et de la raison pourra s’établir entre croyants et non-croyants. 
     Le mot de la fin à un autre de mes regrettés héros : 
     «La foi religieuse est indéracinable. Elle ne disparaîtra jamais, du moins tant que nous ne vaincrons pas notre peur de la mort et des ténèbres, de l’inconnu et des autres.» (Christopher Hitchens)



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«Un argument se discute, une superstition ne se discute pas.»
~ Amin Maalouf (Le Périple de Baldassare)

Lien d’intérêt : Association humaniste du Québec; La voix des humanistes athées et agnostiques http://assohum.org/ 

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Dans cette veine : libellés Série noire et Religions

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