6 septembre 2015

Pour qui voter?

Joël Le Bigot a partagé cette note trouvée sur le bureau du recherchiste Laurent Boursier (Samedi et rien d’autre, ICI Radio-Canada Première, 5 sept. 2015) : 

Pour qui faut-il ne pas voter pour que le parti pour qui tu ne veux pas voter ne soit pas celui qui va gagner parce que tout le monde aura voté pour un autre parti sauf lui.

Voilà comment ça marche avec notre mode de scrutin alambiqué!

Ah mais, j’ai trouvé une solution pour ceux qui ne savent plus où donner du vote (trop drôle) :

Street art

VOTEZ POUR PERSONNE
PERSONNE tiendra ses promesses électorales
PERSONNE écoutera vos doléances
PERSONNE aidera les pauvres et les chômeurs
PERSONNE... s’en occupe!
Si PERSONNE est élu les choses iront mieux pour tout l’monde 
PERSONNE DIT LA VÉRITÉ

Documentaires d’appoint à voir ou revoir (un peu de lumière dans l’épais brouillard d’ignorance ou d’indifférence) :

1. Le prix à payer, Harold Crooks et Brigitte Alepin (2014) 

    [La] fuite massive de capitaux se fait évidemment au détriment de la classe moyenne qui doit absorber le manque à gagner. Mais il y a pire. Si l’évasion fiscale permet d’une part aux multinationales d’accumuler un pécule colossal, d’autre part, il consomme la naissance d’un nouveau levier politique, voire d’une refonte fondamentale de l’État. En effet, Crooks explique que la finance a gagné une telle force que la politique ne peut plus s’articuler en fonction des intérêts sociaux, mais doit désormais s’inscrire dans une logique d’entreprise, de commerce et de concurrence.
    Le réalisateur soutient alors peut-être la thèse la plus forte du film, à savoir que le contrat social, fondement de la démocratie moderne, a été brisé.
    Il ne faudrait pas croire que Crooks tourne les coins ronds et présente un portrait cliché des méchants banquiers en s’appuyant sur des lieux communs. La recherche documentaire est remarquable et propose des entrevues avec des grands mandarins de la finance, des essayistes et des avocats internationaux notamment. Bref, des partisans de la déréglementation comme des opposants farouches. (Arthur Paquet)

Blogue de Gérald Fillion (ICI Radio-Canada, Info, 4 sept. 2015) : 
http://blogues.radio-canada.ca/geraldfillion/2015/09/04/paradis-fiscaux-le-prix-a-payer/

    (...) Je sais que l’enjeu des paradis fiscaux vous préoccupe. Je reçois beaucoup de messages à ce sujet. Avec raison, puisque les gouvernements éprouvent de plus en plus de difficulté à trouver de nouveaux revenus fiscaux et à équilibrer leur budget. Par conséquent, les charges fiscales augmentent, le financement des services publics est réduit, les États abandonnent certaines missions, autrefois jugées essentielles.
    Quand on exige d’une partie de la population des sacrifices, que les gens doivent se serrer la ceinture en acceptant des mesures d’austérité, il n’est pas étonnant d’assister à des mouvements de colère et de frustration de la part de ceux qui subissent ces compressions. C’est entre 20 000 et 30 000 milliards de dollars qui se trouvent dans les paradis fiscaux du monde, selon différentes estimations. C’est au moins 10 fois l’économie du Canada! Imaginez ce qu’on pourrait faire avec autant d’argent!
    Dans son livre La crise fiscale qui vient, qui a inspiré le film [Le prix à payer] qu’on présente samedi soir, la fiscaliste Brigitte Alepin rappelle qu’un «fardeau fiscal trop lourd a été un élément déclencheur important de guerres civiles, voire de guerres entre États.» Elle ajoute qu’un «régime d’imposition, perçu comme injuste, peut entraîner la révolte des contribuables».
    Or, non seulement les paradis fiscaux privent les États d’importants revenus, mais les pays et les régions du monde sont entrés dans une véritable concurrence fiscale pour attirer des entreprises, des investissements et des emplois. «À force de réduire les taux d’imposition des sociétés, écrit Brigitte Alepin, les États n’auront plus assez de revenus pour assumer les dépenses minimales qui leur incombent.»
    Résultat, selon l’auteure : «des milliards s’accumulent à l’abri de l’impôt dans les paradis fiscaux et la classe moyenne continue de renflouer les caisses de l’État, appauvries par ce manque à gagner».

Le documentaire si vous avez accès à la zone :

 
2. Survivre au progrès (Surviving Progress), Harold Crooks et Mathieu Roy (2011) 

    Ce long métrage documentaire de Mathieu Roy et d'Harold Crooks est un requiem cinématographique à «la routine de l’évolution» inspiré du succès en librairie Brève histoire du progrès, de Ronald Wright. Au fil de l’histoire humaine, des innovations associées au progrès se sont souvent révélées destructrices. Margaret Atwood, le généticien David Suzuki, et bien d’autres chercheurs, penseurs et militants, dont quelques «repentis» du système financier, estiment que la course au profit et la loi du court terme, en détruisant l’environnement et les liens sociaux, conduisent l’humanité à sa perte. Leurs propos, aussi limpides que convaincants, replacent notre crise écologique et économique dans le temps tout au long de l’évolution humaine. Les questions du progrès, de la dette, du partage des richesses et de l’épuisement des ressources sont ainsi radicalement mises en perspective.

Margaret Atwood,  écrivaine : «Plutôt que de penser que la nature est une gigantesque banque, une carte de crédit sans limite que nous pouvons utiliser de façon permanente, nous devons considérer la finitude de cette planète et réfléchir à la manière de la garder en vie pour que nous puissions nous aussi rester en vie. À moins de préserver la planète, il n’y aura plus « d’économie».

Jane Goodall,  primatologue : «Nous sommes sans doute les créatures les plus intelligentes qui aient jamais foulé la planète Terre. Comment se fait-il alors que cet être si intelligent détruise son unique habitat?»

Michael Hudson,  historien de l’économie, ancien économiste de Wall Street : «Progrès voulait dire : «Vous ne récupérerez jamais ce que nous vous prenons». C’est ce qui a amené l’âge des ténèbres et c’est ce qui menace de nous apporter à nouveau l’âge des ténèbres.»

Simon Johnson, ancien économiste en chef du Fonds monétaire international : «Les banquiers ne peuvent s’en empêcher. C’est dans leurs gènes, les gènes de leurs organisations, de prendre des risques énormes, de s’octroyer des salaires ridicules et de s’écrouler...»

Kambale Musavuli, association Amis du Congo : «Ce qui est remarquable, c’est que tout l’argent pillé des dettes internationales se trouve dans les banques de l’Occident.»

Photo promotionnelle

Ronald Wright, essayiste et écrivain canadien : «... nous traitons les données logicielles du 21e siècle, c’est-à-dire nos connaissances, avec une machine [notre cerveau] qui n’a pas été mise à jour depuis 50 000 ans, et c’est là l’origine de plusieurs de nos problèmes.» Le
documentaire s’inspire de son essai Brève histoire du progrès (Éditions Hurtubise, 2006) : 
    Épuisement des ressources naturelles, surpopulation, désertification, désastres écologiques et économiques, systèmes politiques à bout de souffle, appauvrissement des classes moyennes et populaires. L’accumulation des crises annonce-t-elle l’anéantissement de notre civilisation? Est-il urgent de renoncer à «l’illusion du progrès» qui s’est imposée à toutes les sociétés depuis les débuts de la révolution industrielle, avec ses espoirs de croissance et d’avancées technologiques illimitées?

English version: Surviving Progress, Harold Crooks and Mathieu Roy 
    The dominant culture measures itself by the speed of “progress”. But what if this so-called progress is actually driving us full force towards collapse? Surviving Progress shows how past civilisations were destroyed by “progress traps” — alluring technologies and belief systems that serve immediate needs, but ransom the future. As pressure on the environment accelerates and financial elites bankrupt nations, can our globally-entwined civilisation escape a final, catastrophic progress trap?
https://thoughtmaybe.com/surviving-progress/

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