27 septembre 2015

Divine cruauté dévotement légitimée

Dieu, tout bon Dieu qu'il est, devrait bien prendre des leçons d'humanité car il semble apprécier les bains de sang en son honneur. 

Photo : Radio-Canada. Encan d’agneaux à Saint-Hyacinthe destinés à la fête du sacrifice. À l’Épiphanie on a égorgé un millier de bêtes selon le journaliste Claude Brunet (chroniqueur à Bien dans son assiette, R.-C) qui était sur les lieux. (1) 

La fête du sacrifice Aïd al-Adha est en réalité un horrible bain de sang d’agneaux. Le 24 septembre, des agneaux ont été sacrifiés en mémoire de la soumission d'Abraham à son Dieu – il devait sacrifier son fils sur ordre divin, mais au dernier moment un mouton a été substitué à l'enfant. Les musulmans fêtent ce sacrifice tous les ans. Abraham doit se retourner dans sa tombe! Certains musulmans ne sont pas d’accord avec cette pratique, d’autant plus que leur code de rituels spécifie que le croyant peut faire un don au lieu d’égorger un agneau. En passant, les musulmans ont-ils le droit d’être végétariens? Tant qu'à y être : que ferions-nous si c'était les hommes musulmans qui étaient obligés de porter le niqab? Voyez : http://artdanstout.blogspot.ca/2015/03/lart-de-devoiler.html 

Au nom de la liberté d’expression religieuse, nous tolérons des rituels barbares qui n’ont aucune justification valide en 2015, en tout cas ici. Avec cette irraisonnable volonté de NOUS accommoder, même à ce qui est totalement insensé, accepterons-nous des séances de crucifixion et de lapidation sur nos places publiques comme cela se faisait il y a plus de deux mille ans?

«Est-il besoin de rappeler combien et comment les religions abêtissent et corrompent les peuples? Elles tuent en eux la raison, ce principal instrument de l'émancipation humaine, et les réduisent à l'imbécillité, condition essentielle de leur esclavage. Elles déshonorent le travail humain et en font un signe et une source de servitude. Elles tuent la notion et le sentiment de la justice humaine dans leur sein, faisant toujours pencher la balance du côté des coquins triomphants, objets privilégiés de la grâce divine. Elles tuent l'humaine fierté et l'humaine dignité, ne protégeant que les rampants et les humbles. Elles étouffent dans le coeur des peuples tout sentiment d'humaine fraternité en le remplissant de divine cruauté.»
~ Michel Bakounine (Dieu et l'État, Mille et une nuits; 2000)

«C'est à travers la Bible que l'homme a appris la cruauté, le viol et le meurtre. La croyance en un Dieu cruel produit l’homme cruel. Et la Bible est une histoire de méchanceté qui a servi à corrompre et à brutaliser l'humanité.» ~ Thomas Paine (1737-1809)

Alphonse de Lamartine (1790-1869). Photo : A. Martin, Paris, restaurée par Jebulon; Bibliothèque nationale de France. Non-violent, il prêcha également pour le végétarisme. Élevé par sa mère dans le respect de la vie animale il répugnera toute sa vie à manger de la viande. Il l’écrira même en vers dans La chute d’un Ange (1838) et plus explicitement dans Les confidences (1849), et ses arguments seront repris par les défenseurs du végétarisme.

La bouche ruisselante de sang

Or ces hommes, enfants! pour apaiser leur faim,
N'ont pas assez des fruits que Dieu mit sous leur main;
Leur foule insatiable en un soleil dévore
Plus qu'en mille soleils les bois n'en font éclore.
En vain comme une mer l'horizon écumant
Roule à perte de vue en ondes de froment :
Par un crime envers Dieu, dont frémit la nature,
Ils demandent au sang une autre nourriture;
Dans leur cité fangeuse il coule par ruisseaux!
Les cadavres y sont étalés en monceaux.
Ils traînent par les pieds, des fleurs de la prairie,
L'innocente brebis que leur main a nourrie,
Et sous l'oeil de l'agneau l'égorgeant sans remord
Ils savourent leurs chairs et vivent de la mort!
Aussi le sang tout chaud dont ruisselle leur bouche
A fait leur sens brutal et leur regard farouche.
De leurs coeurs que ces chairs corrompent à moitié
Ils ont comme une faute effacé la pitié,
Et leur oeil qu'au forfait le forfait habitue
Aime le sang qui coule et l'innocent qu'on tue.
Car du sang de l'agneau qui suce l'herbe en fleur
À celui de l'enfant il n'est que la couleur :
Ils ont à le verser la même indifférence;
Ils offrent l’un aux sens et l'autre à la vengeance,
À la haine, à l'amour, à leurs dieux, à la peur.
Pour le verser plus tiède en se perçant le coeur
Ils aiguisent le fer ennemi de la vie,
Le fer qui fait couler le sang comme la pluie,
En haches, en massue, en lames, en poignard.
De l'horreur de tuer ils ont fait le grand art,
Le meurtre par milliers s'appelle une victoire :
C'est en lettres de sang que l'on écrit la gloire;
Le héros n'a qu'un but, tuer pour asservir!

Tu ne verseras aucun sang

Tu ne lèveras point la main contre ton frère,
Et tu ne verseras aucun sang sur la terre,
Ni celui des humains, ni celui des troupeaux,
Ni celui des poissons, ni celui des oiseaux.
Un cri sourd dans ton coeur défend de le répandre,
Car le sang est la vie, et tu ne peux la rendre.
Tu ne te nourriras qu'avec les épis blonds
Ondoyant comme l'onde au flanc de tes vallons,
Avec le riz croissant en roseaux sur tes rives,
Table que chaque été renouvelle aux convives,
Les racines, les fruits sur la branche mûris,
L’excédent des rayons par l'abeille pétris,
Et tous ces dons du sol où la sève de vie
Vient s'offrir de soi-même à ta faim assouvie :
La chair des animaux crierait comme un remord,
Et la mort dans ton sein engendrerait la mort!...

(La chute d’un ange in Œuvres complètes d’Alphonse de Lamartine, Tome II, Paris, Charles Gosselin et W. Coquebert, 1837)  

Source : http://bibliodroitsanimaux.voila.net/index.html

Albert Schweitzer (1875 -1965), médecin, théologien protestant et musicologue français; prix Nobel de la paix 1954

Définition de l’éthique

Qu’est ce que l’éthique, sinon l’ensemble de la responsabilité subjective sans limite, intensive et étendue à toute vie à l’intérieur de la sphère d’influence de l’homme, responsabilité que, s’étant intérieurement libéré du monde, il ressent au fond de lui-même et cherche à exercer autour de lui. Elle a son origine dans l’affirmation du monde et de la vie, et c’est dans la négation de la vie par le renoncement qu’elle se réalise. Elle est reliée par le dedans au vouloir optimiste. Désormais, la foi au progrès ne pourra plus jamais se détacher de l’éthique comme une roue mal ajustée se détache d’une charrette. Toutes deux tournent autour du même axe sans pouvoir se séparer.
     Le principe fondamental de l’éthique, qui, tout à la fois, s’impose à la pensée comme une nécessité, possède un contenu réel et entretient avec la réalité des contacts permanents, vivants, et objectifs, ce principe s’appelle : dévouement à la vie par respect pour la vie. (La civilisation et l’éthique – Albert Schweitzer)

Respecter les animaux

«Nous restons complètement étrangers au sort des animaux et la plupart d’entre nous perdent tout sentiment de responsabilité devant les souffrances que les hommes civilisés leur infligent. Certains calment leur conscience en se disant qu’il existe bien des Sociétés de protection des animaux et une politique qui veille au respect de la loi. Mais celui qui regarde autour de lui sera tiré de sa quiétude lorsqu’il se rendra compte de tout ce qui se passe et que personne ne se mobilise sérieusement pour dénoncer des scandales quotidiens. 
     Tous par exemple, nous étions sûrs et certains que dans nos abattoirs tout se passe selon les règles, tant dans le slogan «Strasbourg, ville modèle à tous égards» s’était profondément infiltré dans nos esprits. Nous étions tous convaincus qu’à l’abattoir les animaux étaient sacrifiés avec un maximum de précautions qui leur ôtent toute appréhension et évitent les souffrances inutiles – jusqu’à ce que, l’été dernier, quelqu’un soit allé voir de plus près et ait publié le résultat de son enquête. Et voilà que nous apprenons que nos abattoirs sont un véritable enfer pour les bestiaux et les procédés employés sont indignes d’une institution moderne... 
     Ce qui fait justement frémir aujourd’hui, c’est que la cruauté des hommes ne vient pas seulement et simplement de leur insouciance, mais de la nécessité économique de gagner leur pain. Les tortionnaires ne sont pas les seuls coupables, mais, avec eux, tous ceux qui les contraignent à user de ces traitements barbares. 
     L’hiver dernier, au moment de la fonte des neiges, il m’est arrivé d’appeler un sergent de ville pour lui demander d’exhorter un livreur de charbon – dont le cheval tombait presque d’épuisement – à chercher une bête de renfort. La conversation s’engagea avec le charretier : il savait bien que par ce temps, le cheval souffrirait ; si cela n’avait tenu qu’à lui, il n’aurait chargé la voiture qu’à moitié, mais ces messieurs du bureau se moquent bien du temps et des conditions : il s’agit de livrer tant et tant de sacs par journée et qui trouve à redire n’a qu’à se faire voir ailleurs. 
     N’avez-vous jamais en été entendu meugler des boeufs et des vaches entassés dans les wagons à bestiaux? les naïfs croient que c’est par ...ennui! Mais celui qui connaît le langage des animaux sait bien que c’est de faim et de soif qu’ils hurlent. En apprenant depuis combien de temps ces bestiaux voyagent sans avoir reçu la moindre nourriture ni la moindre eau, ses chevaux se dressent sur sa tête et longtemps après que le train a quitté la gare, ils entendent encore les cris des bêtes assoiffées et affamées. 
     La parole de l’apôtre Paul est terriblement vrai : «L’angoisse des créatures n’aura jamais de fin...». Lorsque le regard plonge jusqu’au fond de l’abîme de souffrances que les hommes imposent aux animaux, il se voile d’une ombre qui obscurcit les joies les plus innocentes. La nature nous pose une énigme insondable : pourquoi les êtres vivants sont-ils des sources de malheurs les uns pour les autres, pourquoi leur vie s’écoule-t-elle avec une si cruelle indifférence, pourquoi sont-ils inaccessibles à la pitié? Nous restons sans ressources devant ce mystère et tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous efforcer à combattre les erreurs criantes. 
     En général, nous ne parlons pas de ces choses, nous les enfouissons au fond de l’âme. Mais parfois l’indignation nous étouffe, nous voudrions la clamer, tant nous sommes bouleversés par cette peine obscure, comme si nous entendions s’élever de toutes part le gémissement de cette créature qui implore la délivrance».

(Albert Schweitzer – 1908, Strasbourg in Anthologie Humanisme et Mystique, Albin Michel, 1995)

Source : http://www.tribunal-animal.com/#

Quel sort abject réservé aux animaux contraints de se reproduire pour être massacrés, bouffés, torturés en laboratoire, et autres. De génération en génération, des milliards d’humains sont conditionnés à croire qu’il est «normal» de tuer des milliards d’animaux annuellement, normal d’être des serial killers. (Visitez les libellés Zoofriendly et Végétarisme)

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(1) L’enregistrement des cris et gémissements des agneaux au moment de l'égorgement a été supprimé du reportage, prétendument pour épargner l’auditoire – l’émission de radio passe à l’heure du lunch. (Hypocrisie?)

La saignée à froid

La réalité de l'abattage rituel Halal et Casher – L'abattage rituel pour les viandes dites Halal et Casher des communautés musulmanes et juives ne cesse de s’imposer. Beaucoup de supermarchés, restaurants et transformateurs agro-alimentaires offrent ce type de viande. Sous prétexte du droit de s'alimenter selon son culte, cette méthode d'abattage peu connue est en réalité un business florissant d’une cruauté inacceptable envers les animaux. La viande casher est halal puisque les juifs tuent l'animal de la même façon. 
     La Ḏabīḥah est la méthode prescrite par la loi islamique concernant l'abattage de tous les animaux à l'exception des animaux marins. Il doit être réalisé par un musulman qui invoque le nom d'Allah en disant : «Bismillah Allahou Akbar» (au nom de Dieu le plus grand). Cette méthode consiste à utiliser un couteau bien aiguisé et sans défaut pour effectuer une profonde et rapide incision à la pointe du cou, tranchant dans le même temps l'œsophage, la trachée, la carotide et la jugulaire afin de faire jaillir le sang car ce dernier n'est pas halal. La moelle épinière est épargnée afin que les dernières convulsions améliorent encore le drainage, et la tête de l'animal est traditionnellement orientée vers la qibla, c'est-à-dire La Mecque.
     La saignée à froid est vraiment sadique car l’animal n’est pas insensibilisé avant la procédure de sorte qu’il reste conscient tout au long de sa mort lente. J’imagine que lors de tueries en série on procède peut-être différemment.
     Remarquez que ce n’est pas mieux dans nos abattoirs conventionnels, les bêtes non insensibilisées sont nombreuses parce que tout va trop vite sur la chaîne. Voici le témoignage d’un ex-tueur ayant travaillé dans un abattoir de poulets fournissant Kentucky Fried Chicken (KFC) aux États-Unis.

Dans le crâne d'un tueur
Virgil Butler

Traduit de l'anglais par David Olivier
Article intégral : http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article239

Voici un sujet concret auquel la plupart des gens ne pensent même pas, même ceux qui se battent pour les droits des animaux : comment les personnes dont la tâche est de tuer les poulets sont-elles affectées? C'est que la machine à tuer ne parvient jamais à trancher la gorge de tous ceux qui défilent, surtout de ceux qui n'ont pas été correctement insensibilisés par le bac électrique. Il y a donc un «tueur» dont la tâche consiste à attraper ces poulets de manière à éviter qu'ils soient ébouillantés vivants dans le chaudron. (Évidemment, le tueur ne peut les attraper tous, j'en reparle plus loin.)
     (En lisant ce qui suit, gardez à l'esprit que je travaillais dans le plus petit de tous les abattoirs de Tyson. Ils en ont de bien plus grands qui traitent des centaines de milliers de poulets par nuit. Bien sûr, ils ont aussi plusieurs tueurs; il y a toujours un tueur par chaîne.)
     Voici la situation : votre supérieur vous informe que cette nuit c'est vous qui êtes de service dans a salle de mise à mort. Vous vous dites, «Merde! Cette nuit, ça va être dur!» Quel que soit le temps dehors, il fait chaud dans la salle de mise à mort, entre 32 et 38 degrés. Les chaudrons maintiennent aussi le taux d'humidité autour de 100%. La vapeur d'eau forme dans l'air une sorte de voile permanent. Vous mettez votre tablier en plastique pour vous couvrir tout le corps et le protéger contre le sang qui gicle, contre l'eau chaude qui asperge la lame de la machine à tuer et nettoie le sol. Vous mettez vos gants d'acier et prenez le couteau. Il est très coupant, il faut qu'il le soit. [...] 
     Arrivent donc les poulets; ils passent dans le bac électrique d'insensibilisation, puis dans la machine à tuer. C'est le moment de se mettre au travail. On peut s'attendre à devoir s'occuper d'un poulet sur cinq environ, dont beaucoup ne sont pas insensibilisés. Ils arrivent, comme je l'ai dit, à la vitesse de 182 à 186 par minute. Il y a du sang partout, qui tombe dans le bac de 8 x 8 x 50 cm sous la machine, sur votre visage, sur votre cou, vos bras, sur toute la surface de votre tablier. Vous êtes couvert de sang. Parfois il vous faut essuyer le sang coagulé, sans quitter des yeux la chaîne, de peur d'en manquer un; ce qui arrive...
     Vous ne pouvez pas les prendre tous, mais vous essayez. Chaque fois que vous en manquez un, vous «entendez» les cris terribles qu'il fait en se débattant dans le chaudron, se heurtant aux parois. Merde, encore un «poulet rouge». Vous savez que pour chaque poulet que vous voyez souffrir ainsi, il y en a jusqu'à dix que vous n'avez pas vus. Vous le savez, tout simplement. Vous croisez les doigts pour que la machine n'ait pas de panne ou de défaillance. Vous voulez juste arriver à la fin de la nuit et rentrer chez vous. Mais il reste encore deux longues heures et demie avant la pause. Pendant plus de deux heures vous allez tuer sans répit. Au mieux une douzaine de poulets par minute; au pire, bien plus que ça.
     Au bout d'un moment, l'ampleur démesurée des meurtres que vous accomplissez et du sang dans lequel vous baignez vous affectent vraiment, surtout si vous ne parvenez pas à débrancher toutes vos émotions et à vous transformer en un zombie de la mort. Vous avez l'impression d'être un rouage dans une grande machine de mort. C'est ainsi d'ailleurs qu'on vous traite, pour une grande part. Parfois vous viennent des pensées bizarres. Il n'y a que vous et les poulets en train de mourir. Vous êtes assailli de sentiments surréalistes et votre comportement barbare finit par vous horrifier.
     Vous êtes en train d'assassiner des oiseaux sans défense par milliers : 75,000 à 90,000 par nuit. Vous êtes un tueur. 
     Vous ne pouvez vraiment en parler à personne. Les gars avec qui vous travaillez vous prendront pour un tendre. Votre famille et vos amis ne veulent pas en entendre parler. Cela les met mal à l'aise, ils ne savent pas très bien que dire ni que faire. Ils peuvent même vous lancer des regards bizarres. Certains ne veulent plus trop vous fréquenter quand ils savent ce que vous faites pour vivre. Vous êtes un tueur.
     Vous êtes désespéré, vous pensez à autre chose, de peur de finir comme ceux qui perdent l'esprit. Comme ce type qui est tombé à genoux en suppliant Dieu de le pardonner. Ou celui qu'ils ont traîné à l'asile, qui n'arrêtait pas d'avoir des cauchemars où il était poursuivi par des poulets. J'en ai eu des comme ça, moi aussi. (Frissons.) Très angoissants. Il faut essayer de penser à autre chose pour essayer de se distancer de la situation. Il faut empêcher votre esprit de se noyer dans ces centaines de litres de sang qui vous entourent. La plupart des gens qui travaillent dans cette salle ou dans la cage à suspendre les poulets prennent quelque chose, un stimulant pour les aider à tenir le rythme, et quelque chose aussi pour échapper à la réalité.
     Vous devenez plus facilement violent. Quand vous vous énervez vous tendez très facilement à attaquer la personne ou la chose qui vous irrite. Vous utiliserez plus facilement une arme que vous ne l'auriez fait auparavant. Tout spécialement un couteau; un couteau tranchant. Vous êtes un tueur.
     Vous vous mettez à ressentir un dégoût envers vous-même, envers ce que vous avez fait et continuez à faire. Vous avez honte de dire aux autres ce que vous faites la nuit pendant qu'eux dorment dans leur lit. Vous êtes un tueur. [...] 
     Vous finissez par débrancher toutes les émotions. Rien ne peut plus vous importer sinon vous risquez d'ouvrir les vannes qui retiennent tous ces sentiments négatifs que vous ne pouvez vous permettre de ressentir, tout en continuant à faire ce travail. Vous avez des factures à payer. Il faut manger. Mais vous ne voulez pas de poulet. Ça, il faut vraiment que vous ayez faim pour en manger. Vous savez de quoi est faite chaque bouchée. Toute l'horreur, toutes ces choses négatives. Toute la brutalité.
     Toutes ces choses, concentrées dans chaque bouchée.
     Beaucoup de gens qui font ce métier commettent des actes violents. Des crimes. Les gens avec un passé criminel tendent à se retrouver dans ce métier. On ne peut pas être doué d'un solide sens moral et tuer des êtres vivants nuit après nuit.
     Vous vous sentez à part de la société, vous n'avez pas l'impression d'en faire partie. Vous êtes seul. Vous vous savez différent des autres gens. Ils n'ont pas dans leur tête ces visions de mort horrible. Ils n'ont pas vu ce que vous avez vu. Et ils ne veulent pas le voir. Ni même en entendre parler.
     Sinon, comment feraient-ils, après, pour avaler leur bout de poulet?
     Bienvenue dans le cauchemar dont je me suis échappé. Je vais mieux maintenant. ...

http://www.cyberactivist.blogspot.com/ Virgil Butler, «Inside the Mind of a Killer», 31 août 2003.

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