Sommes-nous tous conditionnés?
Peut-on parler de «lavage de cerveau» dans le cas d’apprentissage de savoirs avérés?
La notion de «lavage de cerveau» sous-tend l’idée d’une contrainte exercée sur un individu afin de lui faire adopter un système de pensée notoirement faux et absurde. Est-il juste de parler de lavage de cerveau lorsque l’enseignement prodigué se fonde sur des valeurs rationnelles et largement reconnues? Les convictions peuvent être attribuées à l’éducation reçue et d’une certaine façon résulter d’un conditionnement.
Qu’est-ce qu’un lavage de cerveau?
Un lavage de cerveau suppose, il est vrai, un recours à des techniques psychologiques particulières – comme l’isolation sensorielle ou la manipulation émotionnelle – afin d’amener un individu à croire certaines choses. Il peut cependant recouvrir d’autres réalités. Le scientifique Richard Dawkins et le philosophe Anthony Crayling, parmi d’autres, soutiennent que les cours de religion offerts par les églises, les mosquées ou les synagogues équivalent à des «lavages de cerveau».
Ce conditionnement impliquerait donc une transmission de croyances présentées comme des vérités indiscutables – une définition qui engloberait la religion et plus encore. Au cours du XXe siècle, l’enseignement de l’histoire reposait, la plupart du temps, sur une succession de faits et de dates, sans remise en question ni analyse qui permettent de contester certains détails. Peut-être était-ce une forme de lavage de cerveau.
La seule parade à un éventuel conditionnement serait sans doute de veiller à préserver chez les enfants un esprit curieux et indépendant au cours de leur apprentissage. (...)
[Hypothèses]
Les croyances, les certitudes et les valeurs seraient largement déterminées par des processus de socialisation et d’éducation, et ne seraient donc pas librement choisies.
Le «lavage de cerveau» au sens large de l’expression pourrait s’appliquer à toute forme de croyances ou de comportements.
L’expression «lavage de cerveau» serait réservée à certains procédés visant à formater les esprits par le biais de méthodes psychologiques.
Un esprit curieux et indépendant, cherchant sans cesse à vérifier la véracité des informations qu’il reçoit, serait à l’exact opposé d’un esprit conditionné par un lavage de cerveau, ne remettant jamais en question ce qu’on lui apprend.
(POLITIQUE ET SOCIÉTÉ, Sommes-nous conditionnés?, p.127-128)
MANGERIEZ-VOUS VOTRE CHAT?
25 dilemmes éthiques et ce qu’ils révèlent sur vous
Auteur : Jeremy Stangroom
Traduction : Valérie Feugeas
Les Éditions de l’Homme, juin 2015
(Would you eat your cat?, New Holland Publishers Ltd, 2010)
En complément
Richard Dawkins (1941 - )
In Pour en finir avec Dieu, trad. Marie-France Desjeux-Lefort Robert Laffont, 2008
Je sais gré à mes parents d'avoir adopté l'idée qu'il ne faut pas tant apprendre aux enfants «quoi» penser que «comment» penser.
(p.339)
[...] L'opinion religieuse est le seul genre d'opinion parentale qui - par un consensus quasi universel - peut être collée à l'enfant qui est, à la vérité, trop jeune pour savoir ce qu'il pense vraiment. Un enfant chrétien, ça n'existe pas, ce n'est qu'un enfant de parents chrétiens.
(p.396)
Voltaire voyait juste il y a bien longtemps quand il disait que ceux qui vous font croire des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités. De même Bertrand Russell disait : «Beaucoup de gens seraient prêts à mourir plutôt que de penser. Et ils meurent.»
(p.319)
"La religion a en fait persuadé les individus qu'il y a un homme invisible – vivant dans le ciel – qui observe tout ce que tu fais à chaque instant de chaque jour. Et cet homme invisible a une liste de dix choses qu'il ne veut pas que tu fasses. Et si tu fais une de ces dix choses, il a un endroit spécial, plein de feu et de fumée où l'on brûle, torture et supplicie, et où il t'enverra pour y vivre, souffrir, brûler, t'étouffer, hurler et pleurer pour toujours jusqu'à la fin des temps. [...] Mais Il t'aime!" [George Carlin]
(p.291)
La religion est une étiquette marquant l'hostilité et la vendetta entre groupe intérieur et groupe extérieur; elle n'est pas nécessairement pire que d'autres étiquettes comme la couleur de la peau, la langue ou l'équipe favorite de football, mais elle est souvent là quand les autres font défaut.
(p.269)
On peut dire que, de toutes les oeuvres de fiction, le Dieu de la Bible est le personnage le plus déplaisant : jaloux, et fier de l'être, il est impitoyable, injuste et tracassier dans son obsession de tout régenter; adepte du nettoyage ethnique, c'est un revanchard assoiffé de sang; tyran lunatique et malveillant, ce misogyne homophobe, raciste, pestilentiel, mégalomane et sadomasochiste pratique l'infanticide, le génocide et le «fillicide».
(p.38)
Les efforts des apologistes pour trouver des scientifiques modernes authentiquement brillants qui soient croyants font penser à une quête désespérée dans un bruit de raclement de fond de tiroir.
(p.109)
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Milan Kundera (1929 - )
In La valse aux adieux, trad. François Kérel, Folio n°1043
[...] je dois me demander dans quel monde j'enverrais mon enfant. L'école ne tarderait pas à me l'enlever pour lui bourrer le crâne de contre-vérités que j'ai moi-même vainement combattues pendant toute ma vie. Faudrait-il que je voie mon fils devenir sous mes yeux un crétin conformiste? ou bien, devrais-je lui inculquer mes propres idées et le voir souffrir parce qu'il serait enchaîné dans les mêmes conflits que moi?
(p.157)
Source des citations : http://www.gilles-jobin.org
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Pensée du jour
Vous n’avez pas peur de la noirceur.
Vous avez peur de ce qu’elle contient.
Vous n’avez pas peur des hauteurs.
Vous avez peur de tomber.
Vous n’avez pas peur des gens autour de vous.
Vous avez peur du rejet.
Vous n’avez pas peur de l’amour.
Vous avez peur de ne pas être aimé en retour.
Vous n’avez pas peur de lâcher prise.
Vous avez peur de la fin.
Vous n’avez pas peur de réessayer.
Vous avez peur d’être blessé pour la même raison.
(Auteur inconnu)
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