14 septembre 2010

Le Loup et l'Agneau

Tasse à café parlante … un clin d’œil lucide à l’apathie humaine.


"As if we all knew where we're going."
"Comme si l'on savait tous où l'on va."
(Caricature : Gary Larson)

On reproche aux antischistes de manquer d’esprit d’initiative, de bloquer la croissance économique, et ainsi de suite. On pourrait reprocher aux proschistes de manquer de vision par rapport à un futur plus serein, finalement délesté des énergies fossiles – fossile, le mot a plusieurs sens… 

Les fables de La Fontaine ne vieillissent pas.

Le Loup et l’Agneau

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l’allons montrer tout à l’heure.

Un agneau se désaltérait
Dans le courant d’une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité. 
- Sire, répond l’agneau, que Votre Majesté
Ne se mette pas en colère;
Mais plutôt qu’elle considère
Que je me vas désaltérant
Dans le courant,
Plus de vingt pas au-dessous d’Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon,
Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit la bête cruelle,
Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
- Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né?
Reprit l’agneau; je tette encor ma mère.
- Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
- Je n’en ai point.
- C’est donc quelqu’un des tiens :
Car vous ne m’épargnez guère,
Vous, vos bergers et vos chiens.
On me l’a dit : il faut que je me venge. »

Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l’emporte et puis le mange,
Sans autre forme de procès.

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« Le Loup et l’Agneau », cette merveille, pas un mot de trop; pas un trait, pas un des propos du dialogue, qui ne soit révélateur. C’est un objet parfait. » A. Gide (Journal 1939-1949, Bibliothèque de La Pléiade)

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