6 septembre 2010

Autisme et équithérapie

Une histoire « coup de cœur », publiée en 1998. Les pages du magasine sont en état de décomposition, alors j’ai pensé qu’il valait mieux la transcrire, ce qui me permet aussi de la partager...

L’équithérapie a pris du gallon depuis les années 2000. Les expériences menées auprès d’enfants ayant des problèmes d’apprentissage ou de communication ont fait leur preuve et connaissent de plus en plus de popularité. Comme je le disais dans un autre billet, il est tellement facile d’établir une connexion de cœur à cœur avec les chevaux…

Le livre est disponible sur Internet

Mac le guérisseur

La lumière automnale inonde l’écurie où Michele Davis s’affaire à étriller Mac. Dans l’air piquant du petit matin, un panache de vapeur s’échappe des naseaux du cheval noir.

« Tu vas recevoir la visite d’une petite fille, lui annonce sa maîtresse. Elle a grand besoin de ton aide. »

Un peu plus tard, une voiture remonte l’allée menant à la maison de Michele, à West Mansfield, dans l’Ohio. Teresa et Jeff Freshcorn font descendre Jessika. Autiste, l’enfant de quatre ans refuse tout contact avec le monde extérieur. Puisque la médecine est impuissante, pourquoi ne pas invoquer l’aide d’un vieux cheval qui serait selon la rumeur, un peu magicien?

Tu as vraiment un don, songe Michele en flattant l’encolure de son compagnon. Il a aidé tant de gens dans sa longue existence, à commencer par sa maîtresse!

Michele et Mac se sont connus en 1979. Passionnée d’équitation depuis sa tendre enfance, Michele Davis décide alors de s’offrir des leçons de saut dans un centre hippique de la région.

On lui confie un cheval de selle noir, baptisé Skunk – Moufette – en raison de ses pattes et sa queue très blanches. Michele apprécie cette bête qui ne refuse jamais l’obstacle et la monte aussi souvent que le lui permet son maigre salaire de chargée de cours. Aussi est-elle ravie, mais un peu perplexe, lorsque le propriétaire du centre lui annonce que l’animal est à vendre.

« Pourquoi vous séparer d’une si bonne monture?
- En fait, je lui cherche une maison de retraite », répond l’homme en expliquant que Skunk doit avoir 17 ans et a bien mérité de couler une vieillesse tranquille.

Michele sait que la plupart des chevaux ne vivent pas au-delà de 20 ans. Mais le prix, 1500$, lui semble raisonnable. C’est ainsi que Skunk devient McDougall – un nom que sa nouvelle maîtresse juge plus digne de sa noblesse – et Mac pour les intimes.

Un miracle ambulant
Pendant plusieurs années, Mac continue à survoler les obstacles. Michele découvre ainsi qu’il est très connu dans les milieux hippiques de la région. « Je ne peux pas croire qu’il soit encore vivant, lui dit-on régulièrement. Il doit être très vieux. »

Intriguée, Michele mène sa petite enquête et rencontre un vieillard qui travaillait pour l’élevage où Mac a vu le jour. « C’était en 1948, l’assure l’homme. Je le sais à cause de sa robe. Les patrons voulaient un cheval de parade. »

Se peut-il que Mac ait 30 ans? Consulté, un vétérinaire lâche au terme de son examen : « C’est en tout cas le plus vieux cheval que j’aie jamais vu! »

Non seulement Mac est toujours vivant, mais il continue à parader en formation, sans rater le moindre signal de sa cavalière. Un miracle ambulant!

En 1986, Michele perd son poste à l’université. Sans ressources, elle doit se séparer de son cheval. Les deux premières transactions sont annulées, Mac étant tombé malade aussitôt après son transfert. La troisième fois, l’acheteur n’a même pas le temps d’en prendre possession : au moment où il remet à Michele un chèque de 300$, Mac s’effondre sous ses yeux.
« Qu’est-ce qu’il a? s’exclame-t-il d’un ton horrifié.
- Je crois qu’il est en train de mourir », chuchote Michele en lui rendant son chèque.

La prédiction vient à deux doigts de se réaliser. Mac passe des semaines couché dans son box, tremblant de fièvre, sa robe de jais tout emperlée de sueur.

Les enfants du voisinage viennent régulièrement prendre de ses nouvelles et lui tenir compagnie. Un petit garçon brosse sa crinière; une fillette lui fait la lecture. Un après-midi, entendant leurs voix dans l’allée, Mac se lève, glisse la tête dans la fenêtre de sa stalle et hennit. Michele comprend alors qu’il est sauvé.

Une leçon d’endurance
La guérison de Mac ne résout pas tous les problèmes de sa maîtresse. Bien qu’ayant retrouvé un poste à l’université, Michele a toujours beaucoup de mal à joindre les deux bouts. Un jour, elle reçoit un appel affolé d’une voisine : sa grange a pris feu. À son arrivée, le bâtiment est déjà en cendres. Elle court jusqu’au pâturage et y trouve trois chevaux, dont Mac.

« Quand nous avons ouvert la porte de la grange, lui raconte le pompier, deux bêtes ont essayé de rentrer, mais le vieux les a chassées vers le fond du pré. »

Ce nouveau coup du sort accable tellement Michele qu’elle en perd le sommeil. Sortie prendre l’air en pleine nuit, elle échoue non loin de l’abri de fortune que ses voisins l’ont aidée à construire pour installer ses chevaux.

Lorsqu’elle relève les yeux, elle aperçoit dans l’ombre une silhouette familière : Mac monte la garde. « Tu mériterais de t’appeler le Vieux fidèle, murmure-t-elle. Toi, tu ne m’abandonneras jamais. »

Cette apparition lui rappelle tout ce que Mac a vécu et enduré. Il est la preuve vivante que les miracles sont possibles. Pourquoi désespérer? Lorsque la nuit s’achève, sa résolution est prise : elle non plus n’abandonnera pas.

Dans les années 90, son intérêt pour la médecine naturelle l’amène à s’occuper d’enfants atteints de troubles du comportement. Leurs parents ayant appris qu’elle possède un vieux cheval très doux, elle s’offre à faire les présentations. Et découvre alors qu’il a des dons de guérisseur.

Comment expliquer autrement qu’au contact de Mac, un jeune hyperactif de quatre ans se calme comme par magie? Ou qu’un petit garçon de trois ans cesse subitement de mouiller son lit? Lorsque Michele lui demande comment il a fait, l’enfant déclare fièrement : « J’ai rêvé que Mac me disait d’arrêter. »

Qu’est-ce que c’est?
Le problème de Jessika est autrement plus grave. La petite fille fuit le regard d’autrui et a complètement cessé de parler; elle ne dort jamais plus de 20 minutes de suite et se recroqueville dans un coin au réveil. Quand son frère de sept ans, Tyler, la prend dans ses bras pour l’embrasser, elle se dérobe systématiquement. En 1996, quand ses parents entrent en contact avec Michele, ils sont désespérés. Aussi acceptent-ils volontiers d’amener leur fille à Mac.

À sa descente de voiture, l’enfant a le regard totalement vide. Michele lui murmure à l’oreille : « Viens avec moi jusqu’à la grange. On t’attend à l’intérieur. »

Malgré un léger tremblement, Mac conserve un port altier qui impressionne les Freshcorn. Teresa demande à sa fille : « Veux-tu monter sur le dos du joli cheval? »

La petite paraît fascinée par l’animal, mais, lorsque son père essaie de la soulever, elle se débat.
Alors Mac s’avance lentement et baisse la tête, comme pour inviter la fillette à lui flatter le museau. Le regard désespérément vide s’anime tout à coup. Cette fois, Jessika ne résiste pas lorsque son père la prend pour la déposer sur le dos du cheval. Sitôt assise, elle pousse un cri de ravissement. Mac ne bronche pas.

Elle se calme aussitôt et commence à examiner les alentours d’un air curieux. Soudain, une voix flûtée résonne : « Qu’est-ce que c’est? »

La voix d’une enfant qui n’a pas prononcé une seule phrase complète depuis plus de six mois. La plus belle des musiques aux oreilles de ses parents.

« C’est… un beau cheval », balbutie Teresa, d’une voix étranglée par les larmes.

Jessika se couche à plat dos sur Mac, laissant pendre ses bras sur les flancs d’ébène. Cette nuit-là, elle ne se réveillera pas une seule fois. Le lendemain, elle dira deux autres phrases, pour demander à boire et… à jouer!

Aujourd’hui, Jessika rend visite à Mac au moins une fois par mois. Son état ne cesse de s’améliorer : elle s’exprime davantage et reconnaît les lettres et les chiffres aussi bien que la moyenne des enfants de son âge. Lors d’une visite chez Michele, elle s’est mise à chanter pour Mac, puis a fait signe à Tyler d’approcher. Il lui a passé les bras autour du cou comme il avait coutume de le faire. Cette fois, Jessika ne s’est pas crispée : elle a embrassé son frère aîné.

Par Annette Foglino, 1998

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Mise à jour
Pendant 15 ans, Magical Mac a travaillé à enrichir la vie des enfants dans le besoin. Il a été officiellement déclaré « plus vieux cheval d’Amérique » – Mac a vécu jusqu’à 50 ans (l’équivalent de 200 ans en âge humain)!

McDougall (ou Mac) était un grand hongre noir d’une hauteur de17 mains. Pendant les débuts de sa vie, Mac a excellé au saut et aux compétitions de dressage; il fut également un cheval doux et patient avec les enfants. Mac a toujours eu un tempérament calme, et il était extrêmement intelligent.

Lorsque Mac a eu 35 ans, il a commencé à aidé les enfants d'une manière unique – et ce fut pour le reste de sa vie. Quand on plaçait des enfants autistes ou handicapés sur lui, Mac entrait dans un état méditatif et de calme profond, tout à fait caractéristique chez lui. Les enfants handicapés commençaient alors à se détendre et à s’ouvrir de diverses manières. Avec le temps, l’amélioration de leurs capacités physiques et émotives devenait évidente. Après un moment, il est apparu clairement que l'influence bénéfique de Mac pouvait être ressentie par n'importe qui. Il semblait utiliser son don de guérison de façon intentionnelle. Il pouvait ressentir dans un groupe si quelqu’un avait besoin d’aide, et alors il s’approchait avec détermination de la personne et commençait à l’aider avec bienveillance.

Après environ sept ans de ce type service, Sere, un des compagnons du troupeau de Mac, commença à démontrer le même don. Bientôt d'autres chevaux ont suivi. Un jour, Mac avait alors 50 ans, on l’observa debout nez à nez avec un cheval malade appelé Yankee. Mac et Yankee ont passé des heures à se flairer le museau dans des stalles contiguës pendant le dernier mois de la vie de Mac. Après, Yankee commença le même travail de guérison, et à ce jour, Yankee, Sere ainsi que d’autres chevaux, assurent la continuation du travail de Mac aux écuries Serendipity à York Center, Ohio.

Mac a gagné beaucoup de prix pour ses services « humano-équins ».

Par Alexandra Makris, 2008

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Mac est mort en 1998.

Je pense que je vais demander la canonisation de Mac conjointement à celle du Frère André…
Mac a accompli plus que 3 miracles!

2 commentaires:

  1. Anonyme16.9.11

    Quelle histoire magnifique, j'en ait les larmes aux yeux!! J'ai moi-même une jument et je sais à quelle point elle m'apporte du bonheur et m'aide dans mon quotidien. Les chevaux ont un don exceptionnel, celui d'apporter de la joie et du réconfort à ceux qui en ont besoin.

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  2. Oh oui... je fonds littéralement à chaque fois que je relis cette histoire. Si les gens savaient.

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