Messages triés par pertinence pour la requête Lobbytomie. Trier par date Afficher tous les messages
Messages triés par pertinence pour la requête Lobbytomie. Trier par date Afficher tous les messages

26 novembre 2018

La vicieuse influence d’Edward Bernays

«Les valeurs humaines universelles sont celles qu’on ne passe pas en contrebande de pays en pays, car elles ne rapportent rien.» 
~ Stanislaw Jerzy Lec, écrivain polonais (1909-1966) 

Notre civilisation est à la merci du capitalisme sauvage basé sur la surproduction, la surconsommation, le gaspillage et les énergies sales les plus polluantes.
   Le Black Friday (Vendredi fou) nous montre à quel point nous sommes toujours sous l’emprise des stratégies de manipulation du public d'edward Bernays dont le succès dépasse les plus grands rêves qu’aurait pu caresser le bonhomme. Selon lui, «tous les humains sont des imbéciles extrêmement faciles à manipuler et à contrôler». Et il l’a prouvé à maintes reprises. Ce psychopathe, conscient des conséquences sinistres de ses campagnes commerciales et politiques, n’a jamais éprouvé de remords, au contraire il s’en vantait.
                

Pourquoi avons-nous tant de décideurs politiques menteurs, corrompus et cupides? Pourquoi baisent-ils les pieds des tyrans financiers? Pourquoi se comportent-ils comme des criminels?

Des réponses dans ce documentaire :

Propaganda : la fabrique du consentement  

Comment influencer les foules? À travers la figure d’Edward Bernays (1891-1995), l'un des inventeurs du marketing et l'auteur de «Propaganda», un passionnant décryptage des méthodes de la «fabrique du consentement».
   Si les techniques de persuasion des masses apparaissent en Europe à la fin du XIXe siècle pour lutter contre les révoltes ouvrières, elles sont développées aux États-Unis pour convaincre les Américains de s’engager dans la Première Guerre mondiale. Peu connu du grand public, neveu de Sigmund Freud, l'auteur du livre de référence Propaganda et l'un des inventeurs du marketing, Edward Bernays (1891-1995) en fut l’un des principaux théoriciens. Inspirées des codes de la publicité et du divertissement, ces méthodes de «fabrique du consentement» des foules s’adressent aux désirs inconscients de celles-ci. Les industriels s’en emparent pour lutter contre les grèves avec l’objectif de faire adhérer la classe ouvrière au capitalisme et transformer ainsi le citoyen en consommateur. En 2001, le magazine Life classait Edward Bernays parmi les cent personnalités américaines les plus influentes du XXe siècle.
   Ce documentaire riche en archives retrace, à la lumière d’une analyse critique, le parcours de celui qui, entre autres, fit fumer les femmes, inspira le régime nazi, accompagna le New Deal et fut l'artisan du renversement du gouvernement du Guatemala en 1954.

À voir

Encore plus d’information sur les répercussions de la théorie de Bernays (quel titre formidable) :

Lobbytomie
Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

Stéphane HOREL *
Éditions La Découverte 2018

Lobby des pesticides. Lobby du tabac. Lobbies de la chimie, de l’amiante, du sucre ou du soda. On évoque souvent les «lobbies» de façon abstraite, créatures fantastiques venues du mystérieux pays du Marché, douées de superpouvoirs corrupteurs et capables de modifier la loi à leur avantage. Pourtant, les firmes qui constituent ces lobbies ne sont pas anonymes et leur influence n’a rien de magique. Leurs dirigeants prennent en toute conscience des décisions qui vont à l’encontre de la santé publique et de la sauvegarde de l’environnement.
   C’est cet univers méconnu que Stéphane Horel, grâce à des années d’enquête, nous fait découvrir dans ce livre complet et accessible. Depuis des décennies, Monsanto, Philip Morris, Exxon, Coca-Cola et des centaines d’autres firmes usent de stratégies pernicieuses afin de continuer à diffuser leurs produits nocifs, parfois mortels, et de bloquer toute réglementation. Leurs responsables mènent ainsi une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective, instrumentalisant la science, créant des conflits d’intérêts, entretenant le doute, disséminant leur propagande.
   Dans les cercles du pouvoir, on fait peu de cas de ce détournement des politiques publiques. Mais les citoyens n’ont pas choisi d’être soumis aux projets politiques et économiques de multinationales du pétrole, du désherbant ou du biscuit. Une enquête au long cours, à lire impérativement pour savoir comment les lobbies ont capturé la démocratie et ont fait basculer notre système en «lobbytomie».

* Stéphane Horel, journaliste indépendante et collaboratrice du Monde, explore de longue date l’impact du lobbying et des conflits d’intérêts sur les décisions politiques. En 2017, son travail sur les perturbateurs endocriniens - qui a donné lieu au livre Intoxication, La Découverte, 2015 - a été récompensé par le prix Louise Weiss du journalisme européen. En 2018, elle a reçu, avec Stéphane Foucart, l’European Press Prize de l'investigation pour leur série sur les Monsanto Papers publiée dans Le Monde.


Vous pouvez lire le prologue :

Le livre de recettes du psychopathe :    
Propaganda / Comment manipuler l'opinion en démocratie
Edward Bernays
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Oristelle Bonis
Préface de Normand Baillargeon
Zones (2007)

«La propagande consiste essentiellement à associer des images et des mots à forte charge émotive à une idée politique ou économique qui, en réalité, n'a rien à voir avec les images et les mots utilisés.
   Imaginez une publicité politique montrant des enfants adorables qui jouent sur une pelouse verdoyante [au ralenti, bien sûr, avec fond de musique douce] et un parent concerné disant : «Je veux que mes enfants aient un avenir sûr, une bonne éducation, et la chance d’avoir une vie heureuse [plus d'images d'enfants en train de jouer ou assis sur les genoux de leurs parents ou qui vont à l'école]. J’ai travaillé très fort pour assurer leur sécurité et j’ai peur qu'ils la perdent [notez l’émotion associée à ‘j’ai peur’].» À la fin, apparait le message : votez pour Untel.  
   Cette mini pièce de théâtre a évoqué l'enfance, la sécurité, le bonheur, l'éducation, et l'inquiétude. Rien d'essentiel n’a été dit, et les financiers derrière la pub se fichent très probablement de vos enfants, de leur éducation ou de leur sécurité. En fait, ils pourraient fort bien couper les budgets de l’éducation, couper l’aide aux enfants défavorisés, et siphonner votre argent durement gagné pour soutenir des guerres et l'exploitation. Mais peu importe – vos émotions ont déjà été subtilement biaisées de sorte que vous pensez que le bonheur de vos enfants et votre peur sont reliés à votre vote. La même annonce pourrait, bien entendu, vendre presque n’importe quoi.»
~ William Martin (Taoist Living, 2016)

 «À qui profite le crime? Aux pollueurs, évidemment! Moins les populations sont informées, moins elles se mobilisent; plus on peut polluer en paix, privatiser les profits et externaliser les coûts sociaux et environnementaux. Certains gouvernements aussi en bénéficient, il est plus facile de se faire élire sur des campagnes de peur ou des mensonges sans fondements que d’établir un programme cohérent. Et de s’y tenir!
   Le scepticisme en question ici découle peut-être d’un mécanisme de défense. Le doute est confortable, mais le confort se précarise à vue d’œil. Alors qu’il faudrait une mise en action massive et mondiale, on s’obstine encore sur la pertinence de la mobilisation. Si l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des catastrophes naturelles à l’échelle planétaire ne peut convaincre les climatosceptiques; si les données scientifiques et les preuves empiriques ne suffisent pas à démontrer l’évidence, rien ne le pourra. Nous sommes foutus. Le règne de l’opinion creuse propulsera d’autres Donald au pouvoir. Le pétrole coulera à flots, la déforestation et la désertification suivront leurs cours, l’acidification des océans s’accélérera et les millions de morts liés à la pollution crèveront en vain. Mais nous consommerons en paix.»
~ David Goudreault, travailleur social, poète er romancier québécois  
(Chronique Le réchauffement du climatoscepticisme; La Tribune, le 4 novembre 2017)  

La «taxe écologique» ou compensatoire – par exemple payer pour la plantation d’arbres afin de compenser ses émissions de GES – est une supercherie digne de Bernays, un ridicule marché de dupes.
   Comment compenser pour les espèces sauvages menacées d’extinction par la pollution et la déforestation? Avec des maternités pour éléphants, tigres, pangolins, lynx du Canada, caribou de la Toundra, lagopède des Saules, loup et sterne de l’Arctique, etc.?

Pour ajouter à l’horreur, nos municipalités vendent le moindre petit boisé à des promoteurs manufacturiers ou immobiliers, de sorte qu’on ne voit plus que des Wal-Mart, des Costco, des chaines de malbouffe comme McDonald’s, des parcs de résidences cossues pour les parvenus ou des condos bas de gamme pour la classe moyenne, et de plus en plus d’asphalte pour VUS, indispensables vu l’étalement urbain. Quant aux espaces privilégiés encore intacts, les plus beaux domaines et les meilleures terres agricoles, on les vend à des étrangers. Les pauvres? On les parquera dans des HLM construits avec des batteries de chars électriques hors d’usage – une façon de récupérer.



Le sort de 39 espèces sauvages en délibéré à Ottawa

La Presse, 29 novembre 2018; Espèces menacées

Le sort de 39 espèces sauvages canadiennes fera l'objet de délibérations cette semaine, à Ottawa, dans le cadre de la deuxième réunion annuelle du comité chargé de conseiller le gouvernement fédéral sur sa liste des espèces en péril.
   Le processus d'inscription à cette liste puis l'élaboration et la mise en oeuvre de programmes de rétablissement peuvent prendre jusqu'à dix ans, soit un délai deux fois plus long qu'initialement prévu.

Article intégral :

Par contre, quand vient le temps de saccager, on est dans l’urgence.  

Il y a 20 fois plus de déchets miniers que domestiques produits au Québec, avance une coalition

Hugo Prévost
Publié le mardi 20 novembre 2018

Une coalition de groupes environnementaux et d'acteurs politiques, dont l'organisation Pour que le Québec ait meilleure mine, pressent le gouvernement Legault d'agir rapidement pour réduire l'empreinte environnementale majeure de l'industrie minière. Selon eux, la pollution particulièrement importante générée par l'exploitation minière est méconnue du grand public.

Photo : Radio-Canada / Boualem Hadjouti. Mine à Malartic.

Plus de 100 millions de tonnes de déchets miniers seraient produits par année, soit au-delà de 20 fois ce que les citoyens et les autres entreprises d'ici rejetteraient dans les dépotoirs et autres décharges, avance le regroupement.
   La sortie publique de mardi matin survient alors que le ministère de l'Environnement du Québec, sous la direction de MarieChantal Chassé, est appelé à se prononcer sur un éventuel examen du BAPE dans le dossier de la minière australienne Sayona, qui souhaite installer une mine de lithium à proximité d'une source d'eau particulièrement pure dans la région d'Amos, en Abitibi.
   En campagne électorale, le futur premier ministre François Legault avait promis d'exiger «l'acceptabilité sociale» pour ce genre de projets, mais avait aussi souhaité que les projets miniers se réalisent plus rapidement pour accroître l'attrait économique du Québec.

Article intégral :

Damné double discours @&#$! Qu’ils se taisent plutôt que de nous mentir.

«Certains hommes ne sont absolument pas doués pour voir la vérité. Si vous saviez en revanche, comme les mensonges respirent la sincérité!» 
~ Stanislaw Jerzy Lec

23 juin 2019

Aucune morale, aucune conscience, aucune honte

Est-il possible de s’identifier à une société, une «civilisation», voire à une espèce prétendument supérieure, aussi malade?!

La vie politique est soumise aux lois du marché boursier sur lesquelles les gouvernements n’ont aucun pouvoir. De vastes réseaux de lobbyistes influencent le milieu politique et économique.
   En 1983, en préparation à l’établissement de l’Union Européenne, les patrons de Volvo, Philips et Fiat ont créé La Table ronde des Industriels européens (The European Round Table of Industriels) – un lobby de 45 PDG des plus grands groupes industriels européens de l’époque. Ils avaient exprimé leur but dans un rapport intitulé ‘RECHAPING EUROPE‘ : «L’ERT s’est donné pour objectif de stimuler la compétitivité mondiale de l’industrie européenne, notamment par la baisse du salaire minimum, la réduction des dépenses de sécurité sociale et la privatisation des services publics.» Un monde caché caractérisé par un manque total de transparence. Aujourd’hui, l’UE contrôle la vie de 500 millions d’Européens. La recette du succès : croissance, profits, consommation, concurrence, déshumanisation, destruction des peuples et de leurs cultures, encouragement de l’immigration qui permet de casser les lois du travail, d’exploiter la main-d’œuvre au plus bas prix possible quand elle n’est pas simplement réduite à l’esclavage.
   On retrouve la même conduite chez tous les groupes industriels et financiers sur les sept continents. But à moyen et long terme : un seul marché, une seule devise. Ajoutons le brevetage du vivantgènes, cellules, plantes, animaux, organes humains, embryons génétiquement modifiés ou clonés, prêts à emporter sur Mars...


Tous les partenariats inéquitables du libre-marché mènent les pays à la ruine. Mais, ce faisant, ils pavent l’Autoroute de la soie de Xi Jinping. Merveilleux, non? En tout cas, pour les naïfs qui croient encore à l’acceptabilité sociale et au développement durable, le réveil sera être brutal.
   «Les gouvernements sont en train de mettre un nombre important de pays en faillite, dans un contexte où les inégalités ne font que grandir et où les entreprises paient de moins en moins d’impôts. Pourrons-nous éviter que la révolte qui s'ensuivra devienne violente? Partout, la clameur des citoyens se fait entendre face à cette perception que les États ont cessé de s'intéresser aux problèmes des pensionnés, des chômeurs, des malades, des personnes handicapées et d'autres défavorisés.» ~ George Ugeux  (in La descente aux enfers de la finance)

«Cette expérience dont, en fait, nous faisons partie, est dépourvue d’éthique. Les preuves, les archives de scientifiques, d’historiens, de spécialistes en santé publique, d’ONG, d’avocats ou de journalistes en débordent. À chaque scandale sanitaire, à chaque bouffée d’inquiétude environnementale, pourtant, une lancinante impression de déjà-vu vient nous tourmenter. Car cette connaissance a beau avoir été produite et partagée, elle est restée telle quelle, inutilisée, et s’est systématiquement délitée pour devenir méconnaissance, ignorance, déni. Les leçons sont toujours trop tardives quand la mémoire est si courte. Et ce n’est pas faute de le savoir, ou de l’avoir vu.
   Depuis des décennies, dans le seul but de maintenir sur le marché des produits parfois mortels, des firmes sont engagées dans une entreprise de destruction de la connaissance et de l’intelligence collective. Elles font commerce de la science, créent le conflit d’intérêts, disséminent leur propagande : la mise en œuvre de ces stratégies pernicieuses est au cœur d’une gigantesque manufacture du doute. Devenue rouage essentiel de l’économie de marché et du monde moderne, la manipulation de la science a progressivement redessiné jusqu’aux contours de la démocratie. Pourtant, dans les cercles du pouvoir, on semble faire peu de cas de ce détournement des prérogatives publiques. Mais les citoyens, eux, souhaitent-ils être administrés en fonction du programme politique de multinationales du désherbant, du pétrole ou du biscuit? Rien n’est moins sûr. Mais encore faudrait-il qu’il leur soit permis de participer à la discussion. Car ces choix de société dont on les a largement dépossédés sont, pour beaucoup, issus de délibérations d’experts inaccessibles à leurs demandes autant qu’à leurs véritables besoins.» ~ Stéphane Horel (Prologue)
Source :
Lobbytomie, Comment les lobbies empoisonnent nos vies et la démocratie

«Quand la vérité n’est pas libre, la liberté n’est pas vraie.»
~ Jacques Prévert

«La tuerie s’étend partout. Presque du jour au lendemain, les anciennes cultures sont balayées; et l’efficience, la cruauté et tous les moyens de destruction sont soigneusement alimentés et renforcés. La paix ne dépend ni de l’homme d’État ni de l’homme d’Église non plus que de l’avocat ou du policier. La paix est un état d’esprit. L’instinct biologique est très puissant; et c’est probablement la peur de l’extinction, non pas l’amour ou la compassion, qui sauvera l’humanité.» ~ Jiddu Krishnamurti (Commentaires sur la vie)

Les victimes ainsi que les journalistes d’enquête qui dénoncent les pratiques mafieuses et délétères des grandes compagnies industrielles subissent de la violence, du harcèlement, de l’intimidation, des persécutions, des poursuites judiciaires, et sont aussi incarcérés, voire, assassinés.

«Il y a vraiment des ordures dans ce monde qui ne devraient même pas se classer dans la catégorie humaine.» (Commentaire d’un internaute)

Hitler sans les hitlériens :
rien   
~ Jacques Prévert

CHAQUE JOUR, DES JOURNALISTES SONT RÉDUITS AU SILENCE       

Partout dans le monde, des journalistes sont menacés, arrêtés ou tués. Car des groupes criminels, des entreprises ou des gouvernements veulent faire taire leur travail et empêcher la publication des histoires sur lesquelles ils enquêtent.
   Forbidden Stories a une mission : contourner la censure en publiant ces histoires.
   Pour atteindre ce but, nous proposons à chaque journaliste travaillant sur une histoire sensible et se sentant menacé, de pouvoir sécuriser ses informations grâce à l’un de nos moyens de communication chiffrés.
   S’il arrive quelque chose à ce journaliste, nous serons en mesure de terminer son enquête et la publier largement grâce à notre réseau collaboratif de médias internationaux.
   En protégeant et continuant le travail des journalistes qui ne peuvent plus enquêter, nous souhaitons envoyer un signal fort aux ennemis de la liberté de l’information : même si vous parvenez à arrêter un messager, vous n’arriverez pas à arrêter le message. (Forbidden Stories)

Green Blood Project
Scandales environnementaux : une enquête mondiale sur les crimes de l’industrie minière

Le 15-18, ICI Radio-Canada Première, 18 juin 2019

Enquêtes de journalistes disparus, entrevue avec Laurent Richard de Forbidden Stories

Une quarantaine de journalistes du monde entier ont décidé de reprendre le travail de leurs confrères assassinés en enquêtant sur des scandales environnementaux de l'industrie minière. Le Green Blood Project, dirigé par le collectif Forbidden Stories, dont Laurent Richard est le directeur général et fondateur, met au jour les crimes commis par les entreprises minières contre l'environnement et les humains.

«Avec Forbidden Stories, ce qu’on essaie de faire, c’est vraiment d’envoyer un message fort : "Vous avez tué le messager, mais vous n’arrêterez jamais son message"», explique Laurent Richard.

Mine Barrick Gold Corp, Lake Cowal

Au moins 13 journalistes (1) ont été tués dans le monde depuis 2009 parce qu’ils enquêtaient sur des scandales environnementaux de l’industrie minière. Selon Laurent Richard, directeur général et fondateur de Forbidden Stories, peu importe où ils se trouvent, que ce soit en Tanzanie, au Guatemala ou en Inde, les journalistes qui enquêtent sur des entreprises minières sont tous confrontés aux mêmes obstacles :
   «La plupart du temps, les menaces contre les journalistes, voire les cas de violence, sont le fait d’intermédiaires locaux, non pas des entreprises directement, ni même des États, mais des intermédiaires qui profitent de cette corruption faite localement par les entreprises ou les autorités. C’est quand les journalistes commencent à enquêter et à révéler des faits qui mettent en danger une sorte d’écosystème corrompu localement qu’ils sont extrêmement exposés.»
   Laurent Richard soutient que l’industrie minière manque particulièrement de transparence et qu’elle est le théâtre de nombreuses violations des droits de la personne, de scandales de corruption et d’atteintes à l’environnement. C’est pourquoi le Green Blood Project s’est penché sur ce secteur en particulier de l’économie mondiale. «Parmi les sujets environnementaux qui étaient les plus épineux, les enquêtes sur l’industrie minière sont des enquêtes toujours extrêmement dangereuses, où il y a une sorte d’État dans l’État dans les pays», affirme Laurent Richard.
   Pour lui, poursuivre les enquêtes des journalistes qui ont été assassinés, «c’est une façon d’apporter une réponse globale à une menace globale contre la liberté de la presse et contre le devoir d’informer».
   Si le sujet peut sembler loin pour les Occidentaux, Laurent Richard souligne que des entreprises nord-américaines et européennes sont citées dans le Green Blood Project pour leurs atteintes à l’environnement ou aux droits de la personne. L’enquête s’est notamment intéressée à une mine dans le nord de la Tanzanie opérée par une société britannique dont le principal actionnaire est la minière canadienne Barrick Gold Corporation (2).

Audiofil :

Les histoires  

~~~

(1) Le Comité pour la Protection des Journalistes (CPJ) estime que 16 journalistes sont morts durant la dernière décennie. En réalité, le nombre de morts pourrait s’élever à 29, de sorte que le journalisme d’enquête sur l’exploitation mondiale des ressources minières serait le plus dangereux après le reportage de guerre.

(2) Le Canada est incapable de rompre ses liens avec Barrick Gold
(Huffington Post Canada 2017)

La firme torontoise Barrick Gold est accusée d'une fraude fiscale de 10 milliards de dollars en Afrique. En outre, ses agents de sécurité auraient violé ou blessé un millier de personnes, et une centaine de travailleurs auraient perdu la vie dans ses mines.  
   Le fait est que la filiale africaine de Barrick Gold, Acacia Mining [société britannique dont Barrick est le principal actionnaire], est impliquée dans un conflit politique majeur en Afrique de l'Est. En réponse à des preuves de plus en plus accablantes de fraude fiscale et de non-paiement de redevances, le président de la Tanzanie a condamné publiquement Acacia et interdit ses exportations. La firme doit maintenant rembourser un lourd compte de taxes.
   Ian Myles a développé une «passion pour le développement international» à l'âge de 17 ans, indique sa page de profil à l'Université de Toronto. Bien qu'il ait été nommé par Justin Trudeau, ce haut-commissaire reprend à la lettre la stratégie de Stephen Harper. Lors d'un voyage au Chili en 2007, l'ex-premier ministre avait affirmé, en réponse aux critiques concernant le projet Pascua Lama, que «Barrick Gold respecte les normes canadiennes de responsabilité sociale des entreprises».

Photo : Mark Blinch / Reuters

Spécialisée en éthique des affaires, la journaliste tanzanienne Samantha Cole n'a pas du tout apprécié l'intervention du haut-commissaire canadien. Voici sa réponse :
«Que ces Canadiens et Britanniques croient encore nous berner avec leur malhonnêteté et leur discours politique insensé est extrêmement insultant. Quelles sont les véritables valeurs de Barrick Gold? Notre nation n'a-t-elle pas vu assez de meurtres, de viols et d'incendies criminels de ses propres yeux? N'avons-nous pas été témoins de la destruction de notre environnement? De l'empoisonnement de notre eau? De fraudes et de centaines de problèmes légaux impliquant des entreprises locales qui ont été maltraitées et intimidées? La liste est encore longue. De quelles «valeurs» l'ambassadeur Ian Myles vante-t-il les mérites? Il est absolument malhonnête et immoral de nous mentir de la sorte. Myles ferait mieux de se taire, car chaque pays où Barrick Gold est implantée peut dresser une très longue liste de crimes et d'activités illégales.»  

Photo: This boy had a beautiful skin, he enjoyed his happy childhood, attending school and playing with friends, helping family house chores, optimistic for his future. His dreams are gone, after he was affected by the water polluted by Barrick Gold mining Company. (Nikon corporation 2006)

En dépit de ses promesses électorales, le gouvernement Trudeau utilise tout le poids diplomatique du Canada dans le but de défendre sa compagnie minière la plus controversée, y compris dans le pays où celle-ci a commis les violations des droits de la personne les plus flagrantes. Interrogé à ce sujet lors de la dernière campagne électorale, le Parti libéral a répondu ceci :
«Nous partageons les inquiétudes des Canadiens au sujet des pratiques de certaines compagnies minières canadiennes à l'étranger, et nous essayons depuis longtemps de promouvoir la transparence, la responsabilisation et les pratiques durables auprès de cette industrie.»
   Au pouvoir depuis près de deux ans, le gouvernement Trudeau n'a pas encore tenu sa promesse de remettre de l'ordre dans les activités des compagnies minières canadiennes à l'étranger. Dans la plupart des cas, les libéraux ont poursuivi la politique de défense des intérêts miniers instaurée par Stephen Harper.
   Si les libéraux sont prêts à épauler ouvertement Barrick Gold en Tanzanie, il y a lieu de se demander jusqu'où pourrait aller une entreprise avant de perdre le soutien de Justin Trudeau.


Vous aimerez peut-être «Impunité des multinationales : que le profit l’emporte!»
   Dans un article publié dans La Presse en 2012 on rapportait les scandales des industriels canadiens à l’étranger qui s’adonnent au pillage des ressources : évictions forcées en Papouasie-Nouvelle-Guinée; massacre en République démocratique du Congo; viols collectifs au Guatemala. En Argentine, au Guatemala, au Mexique, en Bolivie, etc., partout sur la planète, des sociétés minières canadiennes sont accusées d'engendrer de la violence et des dommages écologiques. 


~~~
Le Canada n’échappe pas aux géants qui contrôlent la planète minière, oh que non! Les compagnies privées venant de l’extérieur ramassent les profits et l’argent de poche qu’elles laissent sur la table en quittant ne peut couvrir la restauration des sites d’extraction saccagés. Méchant cul-de-sac.

Un documentaire à voir

TROU STORY
Réalisé par Richard Desjardins et Robert Monderie | 2011
Production ONF

L’histoire minière au Canada est faite de profits faramineux réalisés au mépris de l’environnement et de la santé des travailleurs. C’est une histoire qui passe par le nickel de Sudbury, l’argent de Cobalt, l’or de Timmins, le cuivre de Rouyn...


À noter qu’au tout début, les compagnies engageaient des immigrants car ils étaient les seuls à accepter de faire ce sale boulot. La CAQ, dans sa quête de main-d’œuvre,  va sans doute maintenir la tradition, conformément aux lois du libre-marché...

Commentaire d’un internaute : «Québec : Le plus grand saccageur des terres et de l'environnement, qui s'autodétruit depuis si longtemps que le pays ressemble juste à un désert lunaire... Lamentable! Et ils n'en retirent même pas de profits! Quelle bande d'idiots! Ils auraient dû laisser les terres aux amérindiens, ce serait encore un petit paradis pour la faune et la flore! (ça, c'est pour les dirigeants)... Je plains les habitants, qui ne demandent qu'à vivre tranquillement et en sécurité, et qui sont manipulés, qui n'ont pas le droit parler, qui ne sont au courant de rien, qu'on utilise comme des pions sur un échiquier...»
                                                                                                  
Trou de Rouyn-Noranda 

Commentaire d’un résidant de Rouyn-Noranda : «La pollution à l’état brute!! La senteur sulfureuse qui s’en dégageait était écœurante, imaginez la teneure en minerais, souffre, cyanure et j’en passe... Rien n’était isolé, on trempait pratiquement dedans, pour vous dire. On allait se balader en motocross dans ces fameuses «slams de mine» [bassins de décantation]. Puis un jour, il arriva un accident bête, un ami de mon père est tombé brutalement à en perdre son casque, s’est fendu la tête sur les pédales de son motocross, et cette matière est entrée dans sa plaie. Il est décédé quelques heures après. Je ne peux affirmer que la cause de son décès était la contamination de cette matière ou bien le coup reçu... Certains disent que je mors la main de qui nous a nourris... Moi je dis que je mords les mains qui nous ont bafoués, qui nous bafouent et qui nous bafoueront tant qu’on ne se lèvera pas face à eux, les mains des minières bien sûr!! Les riches mains minières sont loin de cette “merde chimique”, mais nous les Abitibiens, ont vit directement dans cette merde... Aujourd’hui, les soirs de rosée, on sent l’odeur infecte semblable à de l’engrais chimique... Je suis certain que cette senteur émane des fameuses «slams». Je suis un Abitibien, je suis Québécois et je demeure dans le Canada.»

Bibliosurf

Paradis sous terre
Comment le Canada est devenu la plaque tournante de l'industrie minière mondiale

Alain Deneault, William Sacher | 192 pages
Préface de Richard Desjardins

Le Canada est le refuge idéal de sociétés minières qui spéculent en Bourse et mènent à travers le monde des opérations controversées, voire criminelles. Elles y trouvent un système boursier-casino favorable à la spéculation, des exonérations dignes d’un paradis fiscal, des mesures législatives canalisant vers elles l’épargne des citoyens, une diplomatie de complaisance soutenant ses pires desseins, ainsi qu’un droit taillé sur mesure pour la couvrir à l’étranger, comme sur le front de la critique intérieure.
   En six chapitres d’une redoutable efficacité, Alain Deneault et William Sacher retracent l’histoire du Canada et exposent comment cette ancienne colonie est devenue le paradis réglementaire et judiciaire d’une industrie évoluant hors de tout contrôle. Pillage, expropriations violentes de populations, pollution durable de vastes territoires sont le lot des pays qui subissent les méthodes de cette industrie aveuglément tournée vers le profit. La Bourse de Toronto se révèle le pilier de ce système où s’enregistrent 60 % des sociétés minières mondiales, des entreprises protégées par des politiques serviles.
    Grâce à un travail minutieux de recensement de sources internationales, les auteurs nous montrent comment le Canada, trop souvent présenté comme vertueux et pacifiste, est devenu la Suisse des mines.

Écosociété | Septembre 2012
Paru en France aux éditions Rue de l'Échiquier.

14 décembre 2018

La «pétroleuse» albertaine

J’attribue à Rachel Notley le vocable pétroleuse, parce qu’elle est douée pour jeter de l’huile sur le feu. Toujours prête à monter aux barricades pour défendre son cher pétrole de schiste albertain – il coule dans ses veines, elle en boit, elle en mange. Mais il y a de l'espoir car c’est une maladie qui se soigne...  

Caricature d’une «pétroleuse» d’après une carte postale versaillaise oblitérée en juillet 1871. [Mythe au sujet des pétroleuses réputées avoir allumé des feux avec du pétrole à Paris (1)] 

Parmi les élus, Rachel Notley est sans doute celle qui a subi la plus radicale lobbytomie de la part de l’industrie pétrolière. Elle devrait descendre de ses grands chameaux et réfléchir au jour, peut-être pas si loin, où en raison de l’exploitation bitumineuse, l’eau potable vienne à manquer dans sa province. Elle voudra peut-être construire un pipeline pour transporter de l’eau potable du Québec vers l’Alberta... péréquation ou pas. 


Quand des provinces s’opposent à ce qu’elle répande son pétrole partout, elle utilise le boycottage – ce fut le cas avec Colombie Britannique et maintenant c’est le tour du Québec.
   Le problème c’est que l’Alberta a mis tous ses oeufs (pourris) dans le même panier. Or, à mesure que les dérèglements climatiques feront leur œuvre, divers problèmes surviendront. Il n’y a aucun pays dans le monde capable de cesser d’utiliser ces énergies sales du jour au lendemain. Une vicieuse dépendance a été créée au cours du dernier siècle – les pétrochimistes ont décidé d’en mettre dans tout à cause des surplus. Or au lieu d’augmenter la production, il faudrait la limiter à l’essentiel si l’on veut éviter l’hécatombe.
   Y a-t-il quelqu’un qui veut payer un cours 101 sur les dérèglements climatiques aux élus récalcitrants qui veulent poursuivre la course écosuicidaire?
   Ce n’est pas parce que le pétrole «finance des écoles, des hôpitaux et des routes» qu’on peut le dire propre – c’est comme financer des bonnes œuvres avec l'argent du crime organisé.


En général, je désapprouve la manière dont la Coalition avenir Québec s'apprête à gérer les défis environnementaux. Cependant, je suis d'accord avec le rejet du pipeline Énergie Est. On se doit de souligner les bons coups tout autant que les mauvais.

«Pétrole sale albertain» : Rachel Notley répond à François Legault

Mylène Crête
Presse canadienne

François Legault s'est fait dire de descendre de ses grands chevaux par la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, mardi, alors qu'un ex-député fédéral appelle au boycottage des produits du Québec.
   Selon Mme Notley, le premier ministre québécois doit réaliser que son gouvernement tire beaucoup d'avantages du pétrole albertain.
   «Je dirais au nouveau premier ministre du Québec qu'il a besoin de descendre de ses grands chevaux, qu'il a besoin de jeter un coup d'oeil à ce qu'il y a dans le sol et qu'il a besoin de comprendre que, non seulement notre produit n'est pas sale, mais qu'il finance les écoles, les hôpitaux, les routes et potentiellement certaines des infrastructures hydroélectriques au Québec», a-t-elle dit.
   Celle-ci réagissait aux propos tenus par François Legault vendredi à l'issue de la conférence des premiers ministres à Montréal. Il se prononçait alors sur le projet d'oléoduc Énergie Est, que l'Alberta, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick tentent de raviver et dont le tracé traverserait le Québec. Ce projet, abandonné en 2017 par TransCanada, visait à transporter le pétrole des sables bitumineux albertain vers les raffineries de l'est du pays.
   François Legault a refusé cette «énergie sale» pour laquelle il n'y a pas d'acceptabilité sociale sur le territoire québécois, tout en soulignant que le Québec pouvait vendre son hydroélectricité.
   «Je ne me sens pas du tout gêné de refuser de l'énergie sale, alors que, nous, on offre de l'énergie propre à un prix très concurrentiel», avait-il affirmé.
   Depuis, l'ex-député conservateur au fédéral et ex-chef du Parti Wildrose à la législature albertaine, Brian Jean, incite les Albertains au boycottage des produits québécois puisque le Québec reçoit «près de 60 % de toute la péréquation» «financée par le pétrole de l'Alberta». Sa publication a été partagée près de 11 500 fois sur Facebook depuis samedi.
   Le Québec a fait l'objet de critiques lundi, lors de la rencontre des ministres des Finances à Ottawa, parce qu'il recevra la part du lion du transfert de péréquation en 2019-2020, soit plus de 13 milliards, alors qu'il nage dans les surplus.
   Le gouvernement fédéral versera en tout près de 20 milliards en péréquation à cinq provinces la même année pour assurer un niveau de services publics équivalents partout au pays. Outre le Québec, le Manitoba, la Nouvelle-Écosse, l'Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick recevront un chèque.
   L'Alberta, considérée comme l'une des provinces riches, se plaint de vivre une crise en raison du faible prix du pétrole. Le gouvernement néodémocrate prévoit un déficit de 7,5 milliards pour l'année financière en cours.


Les craintes climatiques sont réelles, alors l’industrie des sables bitumineux doit fermer

Par Thomas Walkom
The Star | Affaires nationales, le 4 décembre 2018

Photo : Jeff McIntosh / La Presse canadienne. Un bassin de résidus reflète l'installation de la mine de sables pétrolifères Syncrude près de Fort McMurray, en Alberta, en juillet 2008. De nouvelles recherches financées par le gouvernement indiquent que les niveaux actuels d'émissions des sables bitumineux finiront par acidifier une région du nord de l'Alberta et de la Saskatchewan de la taille de l'Allemagne.

En Pologne, le Canada et près de 200 autres pays font un effort de dernière minute pour sauver le monde des changements climatiques dévastateurs.

Ici, les gouvernements canadien et albertain tentent de sauver une industrie qui est l'une des plus grandes émettrices de gaz à effet de serre au pays et qui contribue aux dérèglements climatiques.
   Si cela semble une contradiction, c'est parce que c'est le cas.
   Le compromis libéral conçu par le premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement il y a deux ans ne fonctionne pas. Il s'agissait d'un grand marché qui d’une façon a permettrait de réduire les émissions de gaz à effet de serre sans que les Canadiens n'aient à en souffrir.
   En fait, ce devait être un pacte entre Ottawa et l'Alberta. Le gouvernement fédéral aiderait la première ministre de l'Alberta, Rachel Notley, à exploiter et à transporter le pétrole des sables bitumineux de la province. En retour, elle appuierait une sorte de taxe nationale sur le carbone demandée par Trudeau.
   Chaque partie donnerait un peu pour parvenir à un compromis canadien classique. C'était la théorie.
   Et en des circonstances normales, ça aurait dû marcher.
   Mais les circonstances actuelles sont loin d'être normales. Les changements climatiques ne sont pas simplement une autre faille dans les relations fédérales-provinciales que l'on peut résoudre en modifiant, par exemple, la formule de péréquation.
   Si le consensus scientifique est exact, il s'agit d'une crise comparable à une guerre nucléaire mondiale.
   Déjà, le changement climatique provoque des sécheresses exceptionnellement graves dans certaines régions et des tempêtes exceptionnellement violentes dans d'autres. Elle menace d'inonder une grande partie de la Floride. Il fait fondre les glaces de l'Arctique.
   Il s'est exprimé par des inondations en Europe et des incendies dévastateurs en Colombie-Britannique, en Californie et en Alberta. Il est généralement considéré comme l'une des causes profondes de la guerre civile syrienne et on s'attend à ce que cela débouche sur une recrudescence de conflits.
   Lorsque la présidente de l'Assemblée générale des Nations Unies, Maria Espinosa, a averti que l'humanité était «en danger de disparition» à cause du changement climatique, elle n'exagérait pas.
   Le monde a tenté d'y faire face depuis le sommet de Paris en 2015. Là-bas, les nations ont convenu de travailler ensemble pour éviter que les températures mondiales n'augmentent trop rapidement.
   Mais l'accord de Paris n'était pas contraignant. Les pays fixent leurs propres objectifs de réduction des émissions et ne sont pas tenus de les atteindre.
   Depuis lors, les groupes scientifiques de l'ONU ont fait deux constats troublants. Premièrement, les objectifs annoncés ne suffisent pas; le changement climatique se produit plus rapidement que prévu. Deuxièmement, la plupart des pays, y compris le Canada, ne sont pas en voie de tenir les promesses faites, même inadéquates.
   La conférence de deux semaines sur le changement climatique à Katowice, en Pologne, vise à encourager les signataires de Paris à devenir plus ambitieux.
   Bonne chance. Le président américain Donald Trump a abandonné l'Accord de Paris. D'autres menacent de faire de même.
   Le Canada est probablement plus typique. Bien qu'il soit théoriquement un ardent partisan de l'accord, il est le moins enthousiaste à l'idée de prendre les mesures qui s'imposent.
   Plus précisément, Ottawa insiste pour appuyer une industrie des sables bitumineux qui est l'un des plus anciens contributeurs aux changements climatiques au Canada.
   Bien que les sables bitumineux ne soient responsables que de 10 % des émissions de carbone du Canada, ils comptent parmi les plus importantes sources ponctuelles de gaz à effet de serre du pays et un puissant symbole de ce que l'humanité fait de travers.
   Sur le plan économique, les sables bitumineux sont condamnés. Dans un monde inondé de schiste bitumineux bon marché, les nouveaux projets de sables bitumineux sont finalement trop coûteux à développer – même si le pipeline Trans Mountain de 4,5 milliards de dollars qu'Ottawa a acheté pour acheminer le bitume de l'Alberta vers la côte Pacifique se concrétise.
   D'un point de vue environnemental, c'est un désastre, tant en ce qui concerne les bassins de décantation créés pour stocker leurs déchets que les émissions de carbone qu'ils rejettent dans l'air.
   Les réductions de production imposées et l’achat de wagons-citernes par le gouvernement peuvent permettre aux sables bitumineux de boiter encore un peu. Mais dans un monde dont l'existence même est menacée par les gaz à effet de serre créés par cette industrie, l'option la plus raisonnable est de fermer.


Un article à monter sur ses grands chevaux :

CO2 vs the COPs

By Barry Saxifrage in Analysis
Canada’s National Observer | December 12th 2018

   “Whatever our world leaders are 'doing' to reduce emissions, they are doing it wrong.”
   "We have to understand what the older generation has dealt to us, what mess they have created that we have to clean up and live with.”
– Greta Thunberg, 15-year-old Swedish climate hero speaking at COP24

The primary force overheating our planet, destabilizing our climate and acidifying our oceans is the surging levels of carbon dioxide in our atmosphere.
   Since 1990, at the Rio Summit, world leaders have met annually and pledged to stop this "speeding freight train" before it gets too dangerous. Right now they are meeting in Katowice, Poland, for the twenty-fourth year in a row, at a United Nations Conference of the Parties (COP 24).
   Despite decades of global promises and negotiations CO2 levels have not stabilized. Not only are emissions still rising, they are actually accelerating upwards.
   There is no mystery about where all this new CO2 is coming from – fossil fuels like oil, gas and coal. Every year, humanity digs up and burns more fossil carbon than it did the year before. And every year we continue to dump the resulting tens of billions of tonnes of CO2 pollution directly into our atmosphere.


------
(1) Le terme «pétroleuses» se référait aux femmes accusées d’avoir utilisé du pétrole pour allumer des incendies, en 1871, lors de l’écrasement de la Commune de Paris par les versaillais. Après l’incendie de l’Hôtel de ville de Paris le 24 mai, on affubla de ce terme les femmes qui avaient pris part aux combats armés, faisant d’elles les boucs émissaires du vandalisme survenu pendant la Semaine sanglante. (Wikipédia)

Les gravures publiées au moment où le mythe de la pétroleuse naît, et alors que les femmes impliquées dans la Commune sont traduites devant les conseils de guerre, elles viennent fournir à l’opinion publique des représentations efficaces de ces allégories noires ou négatives de la Commune comme règne du chaos et de la destruction. Cette iconographie recourut souvent à l’excès pour alimenter l’imagerie anti-communarde et le mythe de la pétroleuse, en dépit des démentis. Dans tous les cas, les pétroleuses ont servi à exorciser la «grande peur» de la Commune et de ses incendies. Malgré le mythe populaire de la pétroleuse, aucune femme n’a jamais été reconnue coupable d’incendie criminel délibéré selon les archives désormais accessibles. (L’histoire en images)