En passant j’ai beaucoup aimé BYE BYE 2021 et les coulisses du show, ainsi qu’INFOMAN 2021 (sur ICI Radio-Canada). Notamment le clip Dégâts-Fitness Gym (Bye Bye); les dix commandements (Infoman) incluant la séparation de eaux pour laisser passer le troisième lien. Crampant!
Notre gouvernement pèche par excès d’incompétence, d'ignorance et d’étourderie. Comment achever les employés du système de santé qui, par miracle, se tiennent encore debout? Voici la recette : La CAQ a annoncé la suspension des conditions de travail des employés du réseau de la santé rendue possible par l’arrêté ministériel 007, adopté par le gouvernement en mars 2020 et en vigueur depuis. Il permet entre autres d’annuler des vacances, de modifier des horaires et de déplacer des employés vers d’autres unités que la leur. Les employés touchés par cette mesure, en vigueur jusqu’au 1er février jusqu’à nouvel ordre, sont notamment des infirmières, des inhalothérapeutes, des préposés aux bénéficiaires, mais aussi des ergothérapeutes, des physiothérapeutes et des orthophonistes, voire des cuisiniers et des préposés à l'entretien ménager. «Une chose est sûre, c’est que le personnel ne pourra pas fonctionner comme ça encore trois mois, six mois, un an. On épuise. Présentement, ce qu’on fait, c’est qu’on épuise les infirmières et les infirmières auxiliaires qui sont là.» (Isabelle Dumaine, présidente de la FSQ-CSQ)
Une décision qui risque de soulever une révolution non tranquille. Imitant Emmanuel Macron, la CAQ veut punir encore plus les non-vaccinés en imposant le passeport vaccinal pour entrer à la Société des alcools du Québec (SAQ) et à la Société québécoise du cannabis (SQDC). Rappelons que la propagande rabâche constamment que les non-vaccinés sont des assassins – ils seraient les seuls responsables de la propagation de la pandémie! Les double vaccinés, même les triple vaccinés, ne sont même pas assurés d’une protection adéquate contre le variant Omicron. Mais bon, on a besoin de coupables, n’est-ce pas? Mais les non-vaccinés et les vaccinés qui ne portent pas de masques restent à mon avis les plus dangereux vecteurs de propagation. Je me demande quand le gouvernement et la population vont comprendre que la meilleure protection contre le principal facteur de propagation – soit les gouttelettes ou aérosols infectieux qui peuvent entrer en contact direct avec les muqueuses du nez, de la bouche ou des yeux d'une autre personne – reste le MASQUE.
Par les temps qui courent, il me semble donc de plus en plus futile de nous crier par la tête (distanciation oblige) des vœux de «bonne année, santé, prospérité». Nous savons que l’année qui vient sera pire que la précédente. Nous savons ce qui nous attend : nos élus continueront de nous mentir et de livrer des messages confus et contradictoires; le variant Omicron (et ses rejetons) continuera de rire des mesures sanitaires – de la vaccination massive au couvre-feu; les consommateurs recommenceront à faire des courses pour un régiment vu que les épiceries sont fermées le dimanche; certains parents cadenasseront le frigo (le grignotage étant la principale activité en temps de réclusion); l’armoire où est entreposé le papier-cul sera aussi verrouillée. En prime : une potentielle démonstration de folie collective en raison de l’intense instabilité mentale et émotionnelle causée par la pression socioéconomique, politique et environnementale. Comme d’habitude, la crise climatique se retrouvera au bas de la liste de toutes nos préoccupations...
Après les excès de la dernière heure (trop mangé, trop bu, pas d’exercice depuis un mois), passerez-vous aux résolutions vouées à l’échec?
La chose qui me dégoûte le plus de ces fêtes ultra mercantiles qui encourage la surconsommation, est le damné gaspillage...
Situation criante au Canada : à quand la fin du gaspillage alimentaire? Le temps des fêtes est particulièrement propice au gaspillage. Si Noël et le jour de l’An riment bien souvent avec repas gargantuesques, célébrer sans gaspiller s’avère crucial. Car le Canada figure parmi les mauvais élèves : chaque jour y sont gâchés 2 400 000 pommes de terre, 1 200 000 tomates, 470 000 laitues ou encore 450 000 œufs. Pire : 63 % de la nourriture qui finit dans les poubelles canadiennes est encore consommable (données de 2019).
Un double gâchis environnemental et économique Selon l’ONU, un tiers de la nourriture produite dans le monde est gaspillé. Au Canada, 1100 dollars de provisions sont ainsi jetés par les fenêtres chaque année par ménage, soit 140 kilos de nourriture. À l’échelle nationale, cela représente 2,2 millions de tonnes et une perte de 17 milliards de dollars. En outre, ces quantités d’ordures ménagères représentent des émissions de 9,8 millions de tonnes de CO2, soit la pollution générée par 2,1 millions de voitures.
https://lovefoodhatewaste.ca/fr/a-propos/jaime-manger-pas-gaspiller-canada/
En guise de conclusion : notre civilisation de consommation dans l’œil de notre ami Serge Bouchard, décédé en 2021. Malheureusement ses vœux des deux derniers paragraphes ne se réaliseront pas, en tout cas pas maintenant. Il espérait que notre mise sur pause en 2021 nous mènerait à une réflexion intelligente, à un examen sérieux de nos valeurs. Eh bien non. Les gens sont tellement caves qu’ils souhaitent que tout redevienne comme avant la crise du coronavirus. Primo, c’est impossible et deusio, ce n’est pas du tout souhaitable. Et pour que tous les idiots aient le temps de le comprendre, les variants du coronavirus ne cessent de se démultiplier. Les couvre-feux ne me dérangent pas du tout, au contraire, et je préférais celui de l’an dernier exigé entre 20 h et 5 h. Comme le dit notre bien-aimé Serge Bouchard : «moins de bruit et on pouvait entendre chanter les oiseaux».
Le passage suivant est tiré de son livre «Un café avec Marie, Éditions Boréal; 2021»
Le grain de sable dans l’engrenage (p. 217)
Nous avancions dans l’insouciance la plus complète. Tout allait comme sur des roulettes. Cette organisation du monde «livrait la marchandise» et nous étions divertis à souhait. Des jeux et des jouets, des films, des voyages, des musiques, des concerts de vedettes, des banquets, des attractions, des feux de Bengale, de la réalité augmentée, une cuisine internationale, des rires et des farces, du luxe et encore du luxe, de l’inutile en quantité industrielle, des bonbons, des hamburgers, du poulet frit, pourquoi aurions-nous dû nous inquiéter? Les uns bâtissaient des maisons monstrueusement laides, les autres vivaient une partie de leur vie au soleil, un condo à Orlando, un autre dans le Nord, faisant la navette entre les Caraïbes et le Froid, comme si le voyage en avion était un détail, un tout petit détail; d’autres encore planifiaient des croisières sur un des cent-quatre-vingt-treize navires de luxe qui souillent les sept mers; et la liste se prolonge : les avares chérissaient leurs fonds de pension comme Séraphin comptait son or, les promoteurs de mégacentres commerciaux, de palaces et de carrefours, les entrepôts gigantesques, la vente en gros, les concessionnaires automobiles de voitures chères, les chaînes de restaurants, les Starbucks et les vendeurs de beignes, les marchands de meubles de jardin et de piscines creusées, ou hors terre, les magasins Apple, où se trouvent les jeux, les applications, les iPhone, les iPad, les iPod sans lesquels plus rien n’existe, le magasinage en ligne, les livreurs et les camions de livraison... Laideur, laideur, quand tu nous tien! Logos, lumières, néons, boulevards quétaines, vendeurs de quatre-roues, de skidoos, stations d’essence, dépanneurs, crédit, cartes de crédit, la vie est une sorte de gros Las Vegas qui cache ses perdants, car oui, cette course sauvage était un jeu, une société brutale de paris, de black-jack et de roulette, de machines à sous, car il y a deux mondes dans ce monde, celui des gagnants et celui des perdants, d’un côté les propriétaires de casinos qui se frottent les mains, de l’autre les joueurs compulsifs qui pleurent dans le grand stationnement, symbole de l’asphalte brûlant, du désert de l’âme, du vide sidéral qui se creuse en nous lorsque nous croyons avoir tout perdu, sur un coup de dés.
Mais voici que nous sommes mis sur «pause». Un mal invisible est devenu viral, la machine s’est soudainement grippée, un grain de sable dans l’engrenage a stoppé la production, l’économie, la croissance, le bruit. Toute notre théologie fébrile du progrès, au nom duquel nous détruisons sans hésiter la beauté du monde, est soudainement remise en question. Les lieux communs capitalistes sont tombés, les déclarations péremptoires de «ceux qui connaissent» l’argent, l’économie, la finance, le droit, et qui «savent comment ça marche» sont désormais de vaines prétentions fondées sur du vide. Tout était faux. Maintenant, on entend chanter les oiseaux.
Car un autre monde pourrait bien surgir de cette panne générale. Nous pourrions rémunérer beaucoup mieux les préposés aux malades et aux vieux. Nous pourrions repenser entièrement la façon dont nous traitons les aînés. Nous pourrions aussi repenser notre rapport à la terre, aux petites fermes, aux serres, nous pourrions faire le procès de l’inutile, du superflu, du faux confort, des désirs insensés, et ainsi de suite, ce qui nous occuperait pendant des années et des années. Serait-il possible de redonner tous ses droits au caractère sacré de la beauté du monde? De penser à mieux bâtir, à mieux créer en ne respectant plus les prescriptions empoisonnées de l’économie? De reconsidérer nos façons de traiter nos forêts, nos paysages, notre faune, notre flore? Et de traduire toutes ces valeurs magnifiques dans les programmes scolaires, afin que nos enfants soient au fait de la nature, de la science, de la philosophie et de tout le reste qui seul puisse permettre à l’humain d’échapper pour toujours aux griffes de l’ingratitude, de l’ignorance, du manque de goût? Une grande crise peut être une grande occasion.
Quand j’aurai
cent ans, je pourrai dire aux curieux que j’ai connu en même temps la grande pandémie de 2020 et Donald Trump, deux cataclysmes de taille. Dans
les circonstances de ces temps tragiques, n’était-il pas normal de prendre
notre mal en patience et de nous répéter qu’après la disparition du virus et la
chute du gros crétin, «ça ne pouvait que bien aller»?
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