Photo : Antonio Pierre De Almeida (via Le Devoir). Au cours de l’épidémie de variole qui a frappé Montréal en 1885, une charrette sillonnait les rues de la ville. On y embarquait les enfants infectés, le plus souvent des francophones des quartiers défavorisés, afin de les mettre en quarantaine.
Inciter plutôt qu’«emmerder» les non-vaccinés
Radio-Canada 2022-01-16
«Vivre avec le virus, ça veut dire d'abord avoir le plus de personnes possible vaccinées», a défini le premier ministre, évoquant le «grand défi» des personnes encore non vaccinées.
Il n’irait cependant pas jusqu’à les «emmerder», comme a proposé de le faire le président français Emmanuel Macron. «Ce qu’on veut, c’est leur donner un incitatif.»
Rappelant l’élargissement à venir de l’utilisation du passeport vaccinal, M. Legault a aussi donné plus de détails concernant la «contribution santé» qu’il envisage, déjà sévèrement critiquée.
«D’abord, on va essayer de rejoindre les 600 000 personnes [adultes au Québec qui ne sont pas adéquatement vaccinées] une par une pour être bien certains que ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas au courant ou qu’ils n'ont pas des problèmes de santé mentale, qu’ils sont itinérants», a expliqué le premier ministre. «Ce qu’on veut c’est vraiment d’abord que les personnes soient informées.»
«Ces personnes-là, si vraiment elles refusent, bien, étant donné qu’elles amènent un fardeau énorme sur notre réseau de la santé, je pense, c’est normal qu’ils paient une contribution», a-t-il poursuivi. «Je pense que les Québécois sont d’accord avec ça.»
Je n’ai même pas été capable d’écouter le segment du jovialiste, tellement je suis allergique, c'est épidermique. Quoi? «Rejoindre les non-vaccinés un par un» – les fonctionnaires ont du temps à perdre? – au lieu de régler les vrais problèmes organisationnels du système de santé.
Trêve de conneries politiques désespérantes. Le pire c’est que la CAQ n’a rien inventé (1).
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Voici quelques extraits complémentaires tirés du roman prémonitoire Je suis Pilgrim / TERRY HAYES, 2012 / V.F. Le livre de poche 2014
Pourquoi? Parce que la similitude avec ce que l’on vit est sidérante.
Remise en contexte
Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un zoologiste, père de famille, décapité en public sous le soleil d'Arabie Saoudite. Le directeur adjoint d'un institut médical énucléé en Syrie. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l'humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un dénommé Pilgrim.
Pilgrim n'existe pas officiellement. Sous ce nom de code se cache un homme qui, autrefois, a dirigé une unité d'élite des services secrets et qui, avant de se retirer dans l'anonymat le plus total, a écrit un livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Un homme rattrapé par son passé d'agent secret.
Un ex-djihadiste né en Arabie saoudite décide un beau jour qu’il est temps de rayer les Américains de la carte. Dans ce but, il concocte un variant de la variole plus violent que celui d’origine. Aucun vaccin au monde ne protégera contre cette version trafiquée. Pour le tester, avant d’infecter ses trois cobayes (deux hommes et une femme), l’homme avait pris soin de les inoculer avec le meilleur vaccin existant qu’il avait volé dans un laboratoire ultra sécurisé. Le surnom de cet homme est le Sarrasin.
En l’absence d’un vaccin efficace, aucun pays au monde ne pourrait survivre à une attaque de variole de grande ampleur, pas même un pays comptant trois cents dix millions d’habitants, à l’origine de cinquante pour cent de la richesse du monde, détenant suffisamment d’armes nucléaires pour détruire plus de cent fois la planète, et ayant produit plus de Prix Nobel en sciences et en médecine que toute autre nation. Il serait aussi impuissant face à la variole majeure que les trois prisonniers gisant morts dans leurs propres sécrétions au fond de leur tombeau de pierres.
Pour lire les premiers extraits :
https://situationplanetaire.blogspot.com/2021/12/bioterrorisme-rampant.html
Progression du projet morbide
Le Sarrasin avait fait livrer ses dix mille fioles d’holocauste liquide au laboratoire Chyron Chemicals, à Karlsruhe, Allemagne, où «il avait obtenu une place de magasinier dans l’équipe de nuit. Chyron Chemicals était l’un des fabricants et exportateurs de médicaments les plus respectés au monde».
(Précédemment)
P. 302-308
Il décida très vite que son premier objectif devait être de se protéger lui-même : la variole est un agent pathogène impitoyable et le risque était grand que, au cours de processus de synthèse complexe et instable, il commette une erreur.
Une fois la forme naturelle de la variole éradiquée de la planète, l’OMS se retrouva à la tête d’un énorme stock de vaccins... bien qu’un grand nombre de gens, par habitude, aient été vaccinés contre la variole – surtout des enfants du monde occidental –, le Sarrasin savait aussi que le vaccin perdait de son efficacité au bout de cinq ans. Résultat, plus personne au monde n’était immunisé. Ce qui était idéal compte tenu de ses objectifs. Sauf que sa cible, les États-Unis s’inquiétait de plus en plus d’une attaque terroriste par des armes biologiques et, à la suite du 11 septembre, avait décidé de produire et de conserver plus de trois cents millions de doses de vaccin, une par habitant. Le Sarrasin découvrit que jusqu’à vingt pour cent d’une population resterait sans protection : le vaccin ne prenait pas chez un certain nombre de personnes, et on ne pouvait pas l’administrer aux femmes enceintes, ni aux nouveau-nés, ni aux personnes âgées, ni à quiconque ayant un système immunitaire déficient.
P. 448-449
Il [le Sarrasin] arriva à Beyrouth, retrouva son austère petit appartement d’el-Mina et se remit au travail sans tarder. Avant de démissionner de l’hôpital local quelques mois plus tôt, il était allé faire une razzia dans la réserve, qui était affreusement mal rangée, et avait emporté avec lui deux combinaisons de protection et leur alimentation d’air, des boîtes contenant dix mille petite ampoules de verre qu’il avaient commandées spécialement pour ses projets, et un carnet d’étiquettes d’expédition officielles de l’hôpital.
Tout cela, il l’avait conservé dans son garage. Portant l’une des combinaisons et un réservoir d’oxygène, il s’employa à produire autant de supervirus que possible. [...]
Jour après jour, travaillant à partir de réservoirs pharmaceutiques qu’il avait bricolés pour en faire une sorte de bioréacteur de fortune, il transféra le virus mortel dans des flacons de verre, scella leurs bouchons de caoutchouc et les stocka dans des réfrigérateurs industriels d’occasion qu’il s’était procurés à Beyrouth.
P. 450-451
Ayant pris presque toutes les dispositions [d’expédition], le Sarrasin revint à son appartement et alla au garage. Les machines de séquençage de gènes, les tenues de protection contre les périls biologiques et le reste de l’équipement avaient déjà disparu, mis en pièces et brûlés en une bouillie non identifiable, puis transportés à la décharge du coin dans le coffre de sa voiture. Il plaça les flacons de virus hermétiquement fermés dans des cartons, colla les étiquettes officielles d’expédition de l’hôpital et, dans le champ approprié, les désigna comme «vaccin périmé».
Il mit les cartons au réfrigérateur, verrouilla le garage et monta à l’appartement. [...]
...trois hommes appartenant à une association caritative locale arrivèrent avec une camionnette pour récupérer son lit, son bureau et d’autres objets domestiques. Une fois tout ça chargé, il se retrouva seul dans son appartement vide.
[...] Pour la mort douce de l’Amérique, il avait fixé une date connue de lui seul, un jour qui perdurerait dans l’histoire, longtemps après sa propre disparition. [...] Il avait travaillé dur, mais, s’il voulait respecter son calendrier, il ne devait pas perdre de temps. Il sortit de son appartement, verrouilla la porte et mit le cap sur l’Allemagne.
P. 667-669 (Une fois au laboratoire)
Quand bien même les cartons contenaient un agent pathogène de classe 4, aucun d’eux ne fut ouvert pour inspection, encore moins pour analyse. Les fonctionnaires débordés crurent ce qui figurait dans les documents qui les accompagnaient : il s’agissait de vaccinés périmés renvoyés à leur fabricant en Allemagne.
[Avisé de la livraison] le Sarrasin stocka immédiatement les cartons dans une zone rarement visitée de l’entrepôt [Chyron Chemicals], réservée aux emballages à jeter, et apposa, en turc et en allemand, une affichette sur le devant : NE PAS DÉPLACER. EN ATTENTE D’INSTRUCTIONS SUPPLÉMENTAIRES.
Son plan originel avait été de détourner des fioles d’un certain médicament destiné aux quarante plus grandes villes des États-Unis, de les vider de leur contenu et de le remplacer pas sa propre création. Un processus qui aurait été lent et dangereux. En arrivant le premier jour à son travail, cependant, il s’était rendu compte que ce ne serait pas nécessaire. Les fioles de verre dont il s’était servi au Liban ressemblaient tellement à celles utilisées par Chyron que même un œil d’expert aurait bien du mal à faire la différence. Il n’avait plus qu’à étiqueter. [...]
[...] Les petits flacons de virus de la variole seraient expédiés parfaitement camouflés aux États-Unis dans les quarante villes et il pourrait compter sur le système de santé américain pour faire le reste.
Il savait que changer les étiquettes serait long et fastidieux, mais, heureusement, il était seul dans l’équipe de nuit, et il y avait peu de travail réel pour le détourner de cette tâche. [...] Il serait prêt pour la date fatidique. Il ne restait plus que neuf jours.
P. 743
Il était évident qu’ils [président et directeur national du Renseignement] étaient sur la piste du vecteur humain et, même s’ils avaient raison quant à la méthode de dispersion, plus de cinq mille immigrants pénétraient chaque année dans le pays – preuve évidente de l’inefficacité de toute tentative de boucler les frontières.
P. 746 – 749
On était en Allemagne; les camions arrivèrent donc à l’heure. (...) Le gars de l’entrepôt était déjà au volant du charriot élévateur à fourche, prêt à aider au chargement des cartons de produits pharmaceutiques à expédier vers l’Amérique. (...) le Sarrasin était parvenu à entreposer le tout à l’arrière des camions en moins de cinq minutes. Tous les documents d’expédition étaient prêts et les chauffeurs savaient qu’avec lui point n’était besoin de vérifier : tout était toujours en règle.
[...] C’était fini, hors de son contrôle désormais, et le soulagement fût tel que les larmes montèrent. Il se sentit allégé de l’écrasante responsabilité de ces trois dernières années, de l’énorme fardeau consistant à accomplir le travail d’Allah. Il n’avait plus aucun contrôle sur son arme, et le sort de la mission, le bien-être des nations, la survie de ce qui restait d’innocence dans le monde, reposaient sur un système d’inspection aux frontières que le Sarrasin jugeait fragile, au point d’être quasi inexistant. Mais cela ne dépendait plus de lui; il avait fait tout ce qu’il pouvait, le reste était entre les mains de Dieu.
L’Amérique – le grand Satan – deviendrait ground zero, le taux de mortalité serait astronomique. [...] À court terme, le monde serait paralysé et voyager deviendrait impossible car les nations chercheraient la sécurité dans la quarantaine et l’isolement. [...] Personne ne pourrait prévoir oû allaient se déverser les rivières de l’infection.
Fin des extraits
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(1) D’hier à aujourd’hui, l’adhésion vaccinale jamais entièrement acquise
Mathieu Gobeil / ICI Radio-Canada Santé / 15 janvier 2022
À chaque époque – que ce soit au temps de la variole, de la polio ou de la rougeole – les autorités publiques ont déployé toutes sortes de moyens pour convaincre les populations de se faire vacciner, avec plus ou moins de succès. L’ère de la COVID-19, et l’hésitation vaccinale qui semble la caractériser, n’est pas si différente, rappellent des experts.
[...]
La variole à Montréal
En 1885, Montréal et le Québec vivent une épidémie de variole qui fera des milliers de morts, dont beaucoup d’enfants, et défigurera nombre de survivants.
Durant l’épidémie, la Ville commence par vacciner les citoyens, puis impose la vaccination et l’isolement des malades. Beaucoup dans la population canadienne-française s’opposent aux vaccins, les jugeant inutiles et dangereux, mais se méfient aussi des autorités anglaises et de la médecine moderne.
La population montréalaise, pauvre, connaît aussi à l’époque un des pires taux de mortalité infantile en Occident. Les vaccins, eux, pouvaient être de mauvaise qualité et l’injection se faisait dans des conditions d’hygiène inadéquates.
«C'était un vaccin très expérimental et dangereux, au regard de ce qu'on connaît maintenant, de la science vaccinale. [...] Il y avait des accidents, des morts et d'autres infections qui naissaient de la vaccination antivariolique. C'est une des raisons pour lesquelles les gens la refusent à l’époque», rappelle Laurence Monnais, professeure d’histoire à l’Université de Montréal et spécialiste de l'histoire des maladies infectieuses.
Des policiers vont chercher des enfants dans les maisons pour les faire vacciner de force. Des amendes sont données en cas de refus vaccinal.
Le 28 septembre, des centaines de gens manifestent au centre-ville, s’en prenant aux immeubles et aux autorités; les policiers ripostent. Les violences cesseront par la suite. Les ecclésiastiques et la presse devront exhorter la population à se faire vacciner.
«Les contextes épidémiques créent des angoisses particulières, rappelle Mme Monnais, professeure au Département d’histoire de l’Université de Montréal. Il y a un contrôle particulier de l'État, où l'urgence justifie des mesures extrêmes. On est aussi souvent face à des situations de polarisation sociale, d'aggravation des inégalités et des vulnérabilités.»
«En 1885, l’obligation vaccinale va attiser les oppositions et les frustrations et pousser les gens à manifester, à se dire antivaccins. Mais pas forcément parce qu'ils sont antivaccins; ça devient un geste politique», explique-t-elle.
L’historienne trace un parallèle avec la pandémie actuelle de COVID-19. Beaucoup refusent de se faire imposer quelque chose par les autorités ou l’État, mais ne sont pas nécessairement contre l’injection, à la base, rappelle-t-elle.
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