18 décembre 2021

Bioterrorisme rampant

Quoiqu’on en dise, la pandémie COVID-19 avec ses agressifs variants comme l’omicron, a toutes les caractéristiques d’une attaque bioterroriste.

Mais comment se concoctent des virus aussi infectieux et contagieux? Les passages suivants, tirés d’un roman noir, ne sont même pas fictionnels : les guerres bactériologiques ont toujours existé – elles ont servi à éliminer des populations entières en des temps records tout au long de l’histoire.

Je suis Pilgrim / TERRY HAYES, 2012 / V.F. Le livre de poche 2014

Résumé de l’éditeur

Une jeune femme assassinée dans un hôtel sinistre de Manhattan. Un zoologiste, père de famille, décapité en public sous le soleil d'Arabie Saoudite. Le directeur adjoint d'un institut médical énucléé en Syrie. Un complot visant à commettre un effroyable crime contre l'humanité. Et en fil rouge, reliant ces événements, un dénommé Pilgrim.

Pilgrim n'existe pas officiellement. Sous ce nom de code se cache un homme qui, autrefois, a dirigé une unité d'élite des services secrets et qui, avant de se retirer dans l'anonymat le plus total, a écrit un livre de référence sur la criminologie et la médecine légale. Un homme rattrapé par son passé d'agent secret.

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Après bientôt deux ans de pandémie galopante, on est en droit de se questionner sur le bioterrorisme. Dans cet extrait du roman de Hayes, un ex-djihadiste né en Arabie saoudite décide un beau jour qu’il est temps de rayer les Américains de la carte. Dans ce but, il concocte un variant de la variole plus violent que celui d’origine. Aucun vaccin au monde ne protégera pas contre cette version. Pour le tester, avant d’infecter ses trois cobayes (deux hommes et une femme) l’homme avait pris soin de les inoculer avec le meilleur vaccin existant qu’il avait volé dans un laboratoire ultra sécurisé. Le surnom de cet homme est le Sarrasin.

P. : 337-340

Après la mort des hommes, victime elle aussi d’une forte poussée de fièvre et d’horribles sueurs nocturnes, la femme sut qu’elle était condamnée à brève échéance. [...] Tard un soir, le Sarrasin la regarda tituber jusqu’au baquet pour rafraîchir son visage brûlant et découvrir les premières pustules sur le dos de sa main. Le Sarrasin sut alors que le virus ultra-violent qu’il avait synthétisé était non seulement hautement infectieux, mais que l’adjonction du gène supplémentaire avait également permis d’annihiler les effets du meilleur vaccin que la science puisse offrir. C’était, sans l’ombre d’un doute et sans la moindre chance de salut, une arme terroriste de nature à éliminer toutes les autres.

... Pour couvrir ses cris et pouvoir continuer d’observer ce qui se passait, le Sarrasin dut se bourrer les oreilles de coton et réciter le Coran.

Quand l’hémorragie finit par la tuer, il ne bougea pas. Il voulait savourer le moment : les trois corps attestaient de la menace qu’il avait désormais à sa portée et qui fait tellement peur aux experts en terrorisme qu’ils lui ont donné un nom spécial : «le Soft Kill» de l’Amérique.

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C’est un fait : en l’absence d’un vaccin efficace, aucun pays au monde ne pourrait survivre à une attaque de variole de grande ampleur, pas même un pays comptant trois cents dix millions d’habitants, à l’origine de cinquante pour cent de la richesse du monde, détenant suffisamment d’armes nucléaires pour détruire plus de cent fois la planète, et ayant produit plus de Prix Nobel en sciences et en médecine que toute autre nation. Il serait aussi impuissant face à la variole majeure que les trois prisonniers gisant morts dans leurs propres sécrétions au fond de leur tombeau de pierres.

Mais, un seul homme, un virus – était-ce vraiment réalisable? Le Sarrasin s’en savait capable et, curieusement, Washington aussi.

On l’avait baptisé Hiver Noir.

C’était le nom d’une simulation de bioterrorisme conduite à la base Andrews de l’armée de l’air au printemps 2001. Des années plus tard, alors qu’il travaillait au Liban, le Sarrasin avait lu sur Internet un rapport présentant les conclusions de l’exercice. Même s’il n’avait jamais pensé à faire de la variole une arme, le rapport tenu secret à l’époque l’aurait certainement orienté dans la bonne direction.

Hiver Noir partait de l’hypothèse d’une attaque de variole contre les États-Unis dans laquelle une personne porteuse du virus entrait dans une galerie marchande d’Oklahoma City. Le rapport décrivait le développement de l’épidémie et établissait une simulation de la statistique de mortalité. Treize jours après que le vecteur atteint était entré dans la galerie marchande, le virus s’était étendu à vingt-cinq États, avait infecté des centaines de milliers de personnes – dont un tiers étaient mortes –, débordé le système de santé publique, provoqué un effondrement rapide de l’économie et plus ou moins conduit à l’écroulement de l’ordre social. Naturellement, le virus frappait à tort et à travers, et les policiers, les pompiers ainsi que le personnel de santé en étaient aussi rapidement victimes que la population en général, peut-être un peu plus vite, et c’était une prolifération de pillages et d’incendies non maîtrisés. Les hôpitaux devaient fermer et barricader leurs portes. L’exercice avait vite été interrompu : on n’avait nul besoin d’en savoir plus.

Tous ceux qui ont lu ce rapport et participé à son élaboration ont sans doute pensé la même chose : il ne s’agissait que d’une personne infectée dans une galerie marchande d’Oklahoma City, porteuse d’une souche de ce virus relativement peu agressive. Imaginez la même chose transposée dans le métro de New York, à la parade de Thanksgiving de Macy’s ou au Superbowl.

Et alors que les autorités ordonnaient la production et le stockage du vaccin, aucun financement substantiel n’a été alloué à la recherche d’un traitement de la maladie, seule manière certaine de renvoyer la variole au magasin de l’histoire et de l’enlever des rayons des armes potentielles. Comme on l’a souvent observé, les généraux sont toujours en train de préparer la dernière guerre, pas la prochaine.

Et si ce n’était pas une personne qui avait été infectée, mais vingt, cent, ou mille? Bien que le rapport Hiver noir ne l’ait jamais précisé, tous les analystes de la CIA, les experts de la défense contre les attaques biologiques, les épidémiologistes et leurs simulations informatiques à n’en plus finir semblaient partir de l’hypothèse que la personne d’Oklahoma City était un contaminé-suicide, un volontaire ayant reçu une dose de virus avant d’être lâché aux États-Unis.

Pour le Sarrasin, l’utilisation de contaminés-suicide, ou vecteurs pour les pathologistes, était absurde. (...)

Non, il avait imaginé quelque chose de beaucoup plus efficace que tous les scénarios envisagés par les experts américains. Selon ses estimations, son plan devait fournir au moins dix mille vecteurs répartis sur tout le territoire de l’ennemi éloigné.

Soft Kill de l’Amérique, en effet.

[Les Américains ayant découvert le lieu d’expérimentation du Sarrasin et une pièce de couverture de selle épargnée de la chaux, celle-ci fut analysée.]  

P. 361

Penché sur l’écran de son microscope électronique, il [Walter Drax] n’en crut pas ses yeux. Le cœur battant, en nage dans sa combinaison de biosécurité, il s’y reprit trois fois avant d’être convaincu – changeant même de microscope et revenant à sa station de travail pour consulter la documentation correspondante ainsi que les manuels secrets de l’institut.

Il était bien en présence de la Variola major. D’instinct, il sut que c’était une souche très virulente, mais il fut plus terrifié encore en observant le noyau d’ADN qui se trouvait au centre : il avait été génétiquement modifié. Il n’eut pas le moindre doute qu’il s’agissait d’une souche pathogène militarisée, une arme de destruction massive pour une guerre où tous les coups seraient permis.

Fin des extraits

Parallèle avec COVID-19 et ses variants toujours plus invasifs et infectieux  

En 2010, j’ai vu un reportage inquiétant sur le Laboratoire national de microbiologie (LNM) situé à Winnipeg – des liquides contaminés avaient fui dans la nature. Ce laboratoire abrite les pires virus qui existent. On y conserve même un spécimen de la variole prétendument éliminé complètement depuis des décennies.

Prêts pour la prochaine pandémie? / Québec Science / 3 octobre 2019

Article intégral :

https://www.quebecscience.qc.ca/sante/prets-pour-la-prochaine-pandemie/

(...) On ne manipule pas des bestioles aussi virulentes à la légère. Des précautions extrêmes doivent être prises pour garantir la sécurité des employés, limiter les risques d’accident, de fuite ou d’attaque terroriste. D’ailleurs, les consignes sont claires : il m’est interdit de photographier les portes, les fenêtres et les caméras de surveillance, histoire de prévenir tout acte malveillant.

Le LNM, qui fête ses 20 ans cette année, est la seule installation au Canada à être classée niveau 4 sur l’échelle de sécurité biologique. Cela correspond au plus haut degré de confinement, indispensable pour manipuler les «P4», les pathogènes de classe 4. «Cette catégorie regroupe des pathogènes susceptibles de provoquer des maladies graves, avec des taux de mortalité et de transmission élevés, et contre lesquels nous n’avons en général ni vaccins ni traitements», explique Mike Drebot, virologue réputé du LNM. Tous les P4 connus sont des virus, dont la plupart causent des fièvres hémorragiques comme Ebola.

Les échantillons viraux sont eux-mêmes confinés dans des fioles spéciales. On refuse de me pointer l’endroit où ils sont stockés dans le laboratoire… Reste que les pires virus du monde sont tapis là, dans l’un des frigos ou derrière la porte close que j’aperçois au fond. Y compris celui de la grippe espagnole de 1918, que des scientifiques ont «ressuscité» ici, en 2007, dans le but de l’étudier.

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Quand j’ai lu des articles sur les allégations d’espionnage chinois en juillet 2019, j’ai pensé que les élus Canadiens atteignaient des niveaux de naïveté, d’inconscience ou d’hypocrisie inégalables. Nous sommes tellement imbéciles que nous leur décernons même des prix!

Photo : En 2018, Dre Xiangguo Qiu avait reçu le Prix du Gouverneur général pour l'innovation des mains de la gouverneure générale Julie Payette.

Le couple de chercheurs chinois et leurs étudiants ont finalement été expulsés du LNM. Ils partageaient des informations et des échantillons avec l'Institut de virologie de Wuhan.  

Je comprends que certains scientifiques ont établi des liens directs entre COVID-19, Wuhan et le bioterrorisme délibéré.

Le Covid échappé d’un laboratoire : la théorie qui n’a plus rien de conspirationniste

Par Jean-Loup Adenor / Marianne / Le 14 mai 2021

Qualifiée de complotiste lorsqu’elle a émergé fin 2019, alors que le coronavirus se répandait comme une traînée de poudre, la théorie selon laquelle le virus aurait fuité d’un laboratoire chinois est aujourd’hui prise au sérieux par une partie de la communauté scientifique. Une leçon d’humilité pour les journalistes prompts à crier à la conspiration.

Devant l'institut de virologie de Wuhan le 3 février 2021.

Le temps du «fact-checking» n’est assurément pas celui de la science. Une lettre de 18 scientifiques américains renommés publiée dans le magazine Science le 14 mai exhorte les autorités sanitaires et le reste de la communauté scientifique à envisager toutes les pistes quant aux origines, toujours inconnues, de l’épidémie de Sars-Cov-2.

Les signataires rappellent, dans un ton mesuré, un fait qui demeure incontestable : plus d’un an après le début de la crise, personne n’est en mesure d’établir avec certitude l’origine du virus, ni le chemin qu’il a emprunté pour contaminer l’homme. «Nous devons considérer les deux hypothèses d’origine de l’épidémie, celle d’une origine naturelle et celle d’une fuite de laboratoire, comme sérieuses jusqu’à ce que nous ayons assez de données pour trancher», écrivent les auteurs. Ils appellent à «conduire toutes les investigations nécessaires» pour déterminer cette origine.

Une courte escale dans le passé s’impose. Fin 2019, ce qui n’est encore qu’une épidémie chinoise frappe très durement la ville de Wuhan. De nombreux observateurs notent la présence d’un laboratoire de recherche virologique non loin du marché où l’épidémie est censée avoir démarré.

Article intégral

https://www.marianne.net/societe/sante/le-covid-echappe-dun-laboratoire-la-theorie-qui-na-plus-rien-de-conspirationniste

Virus : la fuite de Wuhan... et celle de Winnipeg

Normand Lester / Journal de Montréal / Le 4 juin 2021 

Article intégral :

https://www.journaldemontreal.com/2021/06/04/virus-la-fuite-de-wuhan-et-celle-de-winnipeg

Aussi incroyable et invraisemblable que cela puisse paraître, le Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, le principal centre de recherche sur les virus au Canada, mène depuis des années avec des scientifiques militaires chinois des expériences et des études sur les virus.

Les services de sécurité du Canada mettent pourtant depuis longtemps en garde contre la coopération en matière de recherche avec Pékin. La Chine s’approprie des découvertes étrangères pour faire avancer ses programmes militaires, y compris dans le domaine viral pour rendre des maladies plus contagieuses ou plus mortelles.

Malgré tout cela, deux scientifiques travaillant pour l'armée chinoise ont pu s’intégrer aux équipes de recherches du labo de Winnipeg. L'un d'eux était même responsable d'une section du programme sur les agents pathogènes spéciaux. Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) s'est dit particulièrement préoccupé par les informations voulant qu’il ait transmis des informations à l'Institut chinois de virologie de Wuhan (WIV).

Les deux chercheurs chinois ont été licenciés du laboratoire de Winnipeg après avoir expédié des échantillons des virus Ebola et Henipah au laboratoire de Wuhan. L'Agence de la santé publique du Canada dit qu’elle a alerté la GRC à ce sujet, mais elle s’est refusée à tout autre commentaire.

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Des experts signalent un possible cas d’espionnage de la Chine au Canada

Radio-Canada / Le 10 juin 2021

Article intégral :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1800648/espionnage-chine-canada-laboratoire-national-microbiologie-qiu

Selon des experts en sécurité nationale, le congédiement de deux scientifiques chinois du Laboratoire national de microbiologie (LNM), situé à Winnipeg, pourrait révéler un cas d'espionnage.

La Dre Xiangguo Qiu, une médecin venue de Chine qui s'était hissée à la tête de la section Développement de vaccins et thérapies antivirales du programme des agents pathogènes spéciaux du Laboratoire national de microbiologie LNM, ainsi que son mari, Keding Cheng, un biologiste, ont officiellement été congédiés en janvier dernier, après avoir été escortés à l'extérieur du laboratoire et s'être vu retirer leur habilitation de sécurité il y a deux ans.

Lors de l'expulsion des deux scientifiques, en juillet 2019, les étudiants chinois qui travaillaient dans l'équipe de la Dre Qiu s'étaient eux aussi fait montrer la porte et la chercheuse avait vu ses voyages jusque-là effectués en Chine de façon régulière suspendus. De plus, des ordinateurs avaient été saisis et un registre de laboratoire était manquant.

Le Laboratoire national de microbiologie LNM est l'unique laboratoire de niveau 4 au Canada sur l’échelle de sécurité biologique, équivalant au plus haut niveau de confinement, ce qui lui donne la capacité de traiter les agents pathogènes les plus mortels du monde, comme l'Ebola.

L'expulsion des scientifiques est survenue deux mois après qu'ils eurent partagé des informations et des échantillons de deux types de paramyxovirus, l'Ebola et l'Henipah, avec l'Institut de virologie de Wuhan. Le laboratoire de Winnipeg avait accepté d'envoyer les échantillons au laboratoire chinois, autorisé lui aussi à manipuler des pathogènes dangereux.

"La Chine a un programme d'armes biologiques très actif, très agressif et extrêmement dangereux, souligne M. Leuprecht. Alors, les autorités chinoises pourraient se réapproprier toute la recherche générée ici pour faire avancer des causes plutôt néfastes."

Compte tenu des antécédents de la Chine en matière d'espionnage de la propriété intellectuelle, un autre expert s'inquiète du fait que des établissements de recherche chinois aient contribué à financer certains des travaux effectués en collaboration avec les scientifiques du Laboratoire national de microbiologie LNM.

Doit-on s’inquiéter de vol de données biologiques dans les laboratoires

Radio-Canada, juillet 2019

Article intégral :

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1222894/grc-chercheuse-chinoise-ebole-sous-enquete-evincee-laboratoire-recherche

L'accès sécurisé pour le couple de chercheurs et leurs étudiants chinois a été annulé, selon des sources travaillant au sein du laboratoire et qui ne souhaitent pas être identifiées par crainte de représailles.

Cette mise à l’écart intervient plusieurs mois après que des informaticiens du Laboratoire national de microbiologie LNM furent entrés dans le bureau du Dre Qiu, en dehors des heures de bureau, et eurent remplacé son ordinateur. Ses voyages réguliers en Chine ont également commencé à être refusés.

Lors d'une réunion tenue le 8 juillet, le personnel du Laboratoire national de microbiologie LNM a appris que le couple était en congé pour une période indéterminée. On leur a spécifié de ne pas communiquer avec eux.

Affilié à une université chinoise

Originaire de Tianjin, Xiangguo Qiu est arrivée au Canada en 1996 pour y suivre des études supérieures. Elle est toujours affiliée à l'université de cette ville et a fait venir de nombreux étudiants au fil des années afin de l'épauler dans son travail.

Elle occupait jusqu'alors le poste de responsable du développement de vaccins et de traitements antiviraux au sein du Programme des agents pathogènes spéciaux du laboratoire. Son domaine de prédilection est l'immunologie, mais la Dre Qiu est également professeure auxiliaire au département de microbiologie médicale de l'Université du Manitoba.

Son mari, Keding Cheng, travaille également au sein du laboratoire en tant que biologiste. Il a publié des travaux de recherche sur les infections du VIH, le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), les infections à l’E. Coli et le syndrome de Creutzfeldt-Jakob.

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